Catégorie : Chroniques, par Pierre Vial
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Sciences Po Paris fut longtemps une grande école cultivant le goût de l’excellence, où furent formés nombre d’hommes  et de femmes politiques, ainsi que de grands fonctionnaires cultivant la tradition du service de l’Etat. Ce temps est révolu. Car un homme, par aveuglement idéologique mais aussi goût de l’argent, a tout fait pour qu’il en fût ainsi.

Cet homme s’appelait Richard Descoing.  Il a trouvé la mort dans une chambre d’hôtel à New York, son décès ayant eu lieu dans des conditions assez glauques, liées semble-t-il à ses goûts homosexuels (mais les enquêteurs ont été d’une grande discrétion sur cette affaire, évidemment sur ordre, car elle faisait mauvais genre…). Les autorités officielles, les milieux intellos, les media, en une touchante unanimité, ont dit leur regret de voir disparaître un homme aussi exceptionnel. C’est que le directeur de Sciences Po, qui faisait partie du sérail, avait réalisé le vieux rêve de certains : casser le bel outil – et aussi le symbole – qu’était cette école, en supprimant le recrutement sélectif des étudiants, basé sur l’excellence, fruit de l’intelligence et du travail, pour mettre à la place un système démagogique, dont la base était l’accueil, sans concours ni examen (c’est traumatisant et carrément réactionnaire) de « jeunes » issus de la « diversité », venant  des banlieues les plus pourries (pardon : des « cités en difficultés »).

Mais la Cour des comptes a remis les pendules à l’heure : elle « dénonce la gabegie de Sciences Po Paris » (titre d’un article sur six colonnes dans Le Monde du 9 octobre 2012) et « fustige la gestion dispendieuse de l’ex-directeur » tout en réclamant « des réformes profondes de structure ». Ceci dans le cadre d’un rapport de 210 pages qui, dixit Le Monde, est « un long réquisitoire » décrivant « une fuite en avant financière » et « une gestion peu scrupuleuse des deniers publics » dont s’est rendu coupable feu Richard Descoing et ses petits copains qu’il avait invités à la table du festin, aux frais de la République (c'est-à-dire du contribuable, le ministère de l’enseignement supérieur ayant augmenté de 33,3 % en cinq ans sa subvention à Sciences Po). Ainsi, les dirigeants de Sciences Po s’octroyaient de très grosses primes, en dehors de tout circuit administratif normal (qui aurait pu se montrer trop curieux). Ces « petits arrangements entre amis » (nous citons toujours Le Monde…) ont permis au patron de Sciences Po d’augmenter sa rémunération annuelle de 60,4 % entre 2005 et 2011, pour atteindre 537 246 euros en 2010 (n’importe quel prof de fac pourra faire la différence avec son traitement…). Jean-Claude Casanova, président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP, qui gère Sciences Po), en a profité pour porter sa prime, en 2009, à 69 000 euros. Quant aux enseignants-chercheurs, ils n’effectuaient que 30% de leur service… tout en étant payés à 100% pour un travail aux deux tiers non effectué. La Cour des comptes dénonce aussi des avantages en nature : par exemple, un directeur de centre de recherche a bénéficié gracieusement pendant cinq ans d’un logement de fonction situé rue d’Ulm. C’est pas du beau monde, tout ça ?

 

Pierre Vial

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