Catégorie : COLLABOS ET RENEGATS
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« Dans la série « Les Intouchables », nous vous présentons ce soir » : Grandeur et décadence d’une caste : L’inspection des Finances, d’après le livre remarquable et très bien documenté de Ghislaine OTTENHEIMER aux éditions Albin Michel (424 p. mars 2004) dont nous vous conseillons vivement la lecture pour plus de détails (à Terre & Peuple, nous préférons la série « Les Incorruptibles » avec Elliot Ness).


Les inspecteurs des Finances sont les enfants chéris de la République. Ils incarnent la quintessence de ce que peut produire le système éducatif français. Ils sont le symbole de l’excellence. Parce qu’ils sont censés être les meilleurs, les plus fiables moralement, les plus honnêtes, l’Etat leur a confié – de manière aveugle – la mission essentielle de penser et d’administrer l’économie française. Puis de gérer les plus grandes entreprises. Ces hauts fonctionnaires étaient réputés infaillibles. Les postes de commandement les plus sensibles ne pouvaient être confiés qu’à eux. Quel est le bilan de ces « surhommes » de l’inspection ?

Un Etat affaibli, désorganisé, épuisé, qui a perdu toute capacité d’action. Une fonction publique démobilisée, dégoûtée, mal gérée. Des déficits chroniques. Un endettement record. Des dizaines de contribuables qui quittent le pays chaque jour. Un chômage endémique. Des délocalisations en série. Des scandales à répétition. Des familles ruinées. Un pays au bord de la faillite.

Et pourtant, ils sont tous issus du même moule. Ils ont été sélectionnés selon les mêmes critères. Et ils forment une sorte de fraternité, toujours unie dès qu’il s’agit de défendre ses « territoires ».

« Tous les inspecteurs ne sont pas à mettre dans le même panier. A côté des faillites retentissantes, regardez les réussites : Michel Pébereau, président de BNP-Paribas ; Louis Schweitzer, patron de Renault ; Daniel Bouton, PDG de la Société Générale ; Henri de Castries, président du directoire d’AXA ; Jean-Marc Espalioux, président d’Accor ; Marc Tessier, président de France Télévisions ».

Combien de fois cette phrase m’a été répétée !  

Justement, ces hauts fonctionnaires devenus PDG de grandes entreprises ont-ils tous réussis ?  Se sont-ils montrés à la hauteur du privilège qu’ils ont eu d’hériter de ces fermages des temps modernes. D’autres qu’eux, recrutés dans un système ouvert, concurrentiel, auraient-ils eu de moins bonnes performances ?  Ont-ils fait preuve d’un génie particulier ?  En un mot, le système français de sélection des super-élites est-il pertinent et juste ?  Permet-il aux citoyens issus de la société civile de s’épanouir.  Est-il adapté à notre époque ?

Depuis plus de cinquante ans, ils ont dominé le ministère des finances de manière hégémonique. Ce sont eux qui ont largement inspiré la politique économique de la France. Parce qu’ils sont sortis premiers à vingt ans de l’Ecole Nationale d’Administration, ils ont été placés aux postes sensibles, dans les grandes directions de l’Administration et dans les cabinets ministériels.

Et là, les résultats sont accablants. Après des années et des années de rigueur, la France ne cesse d’accumuler les déficits.

La haute administration est empêtrée dans un mode de fonctionnement mandarinal. Bercy est un modèle du genre. On peut déplorer d’un ton compassé le corporatisme des postiers, des cheminots, des enseignants, etc. mais l’Etat de « tout en haut » ne fonctionne que comme cela : chasses gardées et prés carrés.

Or, la France a abandonné un à un tous les leviers du pouvoir économique, tous les stabilisateurs – création de monnaie, dévaluation, politique industrielle, plans quinquennaux, barrières douanières, etc. – tout en conservant des structures administratives archaïques, sans moyen de contrôler la dépense.

Eux qui ont su être si tenaces pour éviter l’explosion du système  monétaire ou pour faire l’euro ont été beaucoup moins combatifs pour imposer une réforme radicale du fonctionnement de l’Etat. Faire l’un sans l’autre a conduit à une situation catastrophique.
Le résultat ?  Un pays affaibli, pire encore, découragé, dégoûté, car il a fait des sacrifices, sans, en contrepartie, voir la situation s’améliorer. Seule une poignée d’hommes a goûté aux stock-options. Les autres ont le sentiment d’un marasme prolongé. Des faillites en série, un Etat en lambeaux, des chômeurs par millions. Et si peu de sanctions…   

Crédit Lyonnais, Vivendi, Alstom, France Télécom…

Jean-Yves Haberer, Jean-Marie Messier, Pierre Bilger, Michel Bon. Ces noms ont fait les unes de tous les journaux pendant des semaines, voire des mois, des années. Il s’agit des plus grandes faillites de l’histoire du capitalisme français avec de records mondiaux d’endettement. Des milliards d’euros partis en fumée, d’innombrables licenciements, des actionnaires ruinés (ça, c’est déjà moins dramatique !), des salariés brisés. Ces quatre entreprises étaient dirigées par des inspecteurs des Finances. L’élite de l’élite française.

0n parle d’une micro-société de 250 personnes. Chaque année, sur la centaine d’étudiants qui entrent à l’ENA, une grande école réputée extrêmement sélective, ils sont seulement 14 ou 15 élèves à être admis dans ce corps qui conduit aux plus brillantes carrières (et même flambantes pour certains d’entre eux !!!). Ces hommes – et quelques très rares femmes – « triés sur le volet », formés à l’exercice du pouvoir, occupent depuis des décennies les plus hauts postes du très puissant ministère des Finances, dirigent un grand nombre de banques et les plus grandes entreprises, trustent les sièges des conseils d’administration des sociétés les plus puissantes et s’arrogent les présidences des autorités de tutelle ou des organes de régulation.

L’inspection des Finances, objet de tous les fantasmes, a également donné à la France son plus jeune Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing. Quatre Premiers ministres, Jacques Chaban-Delmas, Maurice Couve de Murville, Michel Rocard et Alain Juppé. Partout, il existe des clubs très selects de gens qui ont réussi, mais nulle part au monde, de tels titres ne propulsent ainsi, dès le départ, de jeunes fonctionnaires, sans véritable expérience notamment sur le plan psychologique, vers les sommets.

Nulle part au monde, il n’existe de caste aussi restreinte, aussi soudée, qui se coopte et se protège. Une sorte d’armée secrète, tendue vers le même but : le pouvoir. Tellement cohérente qu’il n’y a même pas besoin d’instances disciplinaires pour y faire régner l’ordre. Entre eux, ils s’appellent « camarades ». Cela ne vous rappelle rien ?

Installés au sommet de la pyramide de la nomenklatura française dès le plus jeune âge professionnel, ils ne sont jamais ni sanctionnés, ni contestés, ni contrôlés, ni évalués. Ils sont « intouchables ». Leur parole, leur pensée ne peuvent, ne doivent pas être critiquées ni remises en cause. Puisqu’ils incarnent l’excellence, l’Etat, l’intérêt général, ils savent mieux que le peuple ce qui est bon pour son bonheur. Leur impunité est totale. Il a fallu des scandales retentissants, d’une extrême gravité, avec des conséquences désastreuses, pour que certains d’entre eux soient traduits en justice et d’autres démis de leur fonction.

COMMENT DEVIENT-ON INSPECTEUR DES FINANCES ?

Le prix à payer pour accéder au camp des saints (euh, excusez-nous, nous voulions dire au saint des saints), est extrêmement élevé. Sortir « dans la botte » selon l’expression consacrée (et celle de Juppé : « droit dans ses bottes ! »), c’est deux années de travail intensif, qui font suite à déjà deux ou trois années de bachotage, ou plus, car la plupart des élèves  reçus en tête du classement ont déjà fait Science po, Normal sup, Polytechnique ou HEC. Cette course d’obstacle exige une discipline de fer. Loïc Armand (promo 1980), Directeur général des relations extérieures de l’Oréal, qui est sorti second, à un point du major Henri de Castries, raconte qu’il avait établi, dès le départ, un plan de travail pour toute l’année. Demi-journée par demi-journée, il avait programmé tout ce qu’il devait étudier…

« Une fois qu’on a acquis la technique et qu’on a réussi un concours, on peut les réussir tous. Il faut savoir optimiser ses connaissances et les adapter aux exigences des examinateurs, c’est le principe de la docimologie», raconte, modeste, Laurent Fabius qui est normalien, agrégé de lettres et membre du Conseil d’Etat (docimologie : science qui a pour objet l’appréciation des différents moyens de contrôle des connaissances). Peut-être, mais cela représente tout de même des années d’effort intensifs et de sacrifices. Pas de place pour les passions, les voyages, la vie de bohême, les soirées passées à reconstruire le monde, à écouter du jazz, à faire la cour aux femmes et à les satisfaire. Nous pensons qu’il peut difficilement ne pas en résulter des séquelles d’ordre psychologique. D’où certains « dysfonctionnements » au sein de l’Administration républicaine…

« Pour réussir, il faut beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices, beaucoup d’abnégation. Il faut également faire preuve d’un incroyable respect du système. Pour avoir de bonne notes, mieux vaut avoir l’échine souple » raconte Véronique Hespel, l’une des rares femmes à être sortie « dans la botte » et à avoir intégré l’inspection.

Car il ne s’agit pas de développer un mode de pensée original, mais de se conformer à un modèle, d’assimiler et de reproduire ce qu’enseignent les aînés. Gare aux récalcitrants !  Membres de T & P, évitez d’engager vos enfants dans ce genre de cursus !!!

Le classement est tellement déterminant que tout tourne autour de cela : le rang de sortie. C’est une obsession. Il ne s’agit pas de se passionner pour une matière, de faire des recherches, d’explorer des pistes. Non, il faut rabâcher, toujours rabâcher. Et le moment, tant redouté,, où chaque élève , à la fin de sa scolarité, est invité à retirer l’enveloppe blanche où figure son classement est, à lui seul, une véritable épreuve. Car, pour participer à la course au pouvoir, il faut sortir dans les grands corps : l’inspection générale des Finances (l’IGF pour les intimes), le Conseil d’Etat, la Cour des comptes. C’est là qu’on recrute les membres des grands cabinets ministériels qui ouvriront les portes du pouvoir. C’est parmi ceux-ci que le secteur privé pioche ses dirigeants. Seuls les quinze premiers d’une promotion (sur une centaine) peuvent y prétendre. Le Conseil d’Etat est plus intello. Plus indépendant aussi, puisque cette institution est une sorte de contre-pouvoir dans l’Etat : elle rend la justice et défend les droits des citoyens face à l’Etat. Et puis le Conseil permet de mener une carrière plus librement, de faire de la politique, d’écrire des livres, de s’occuper de culture, d’audiovisuel. L’inspection et le Conseil sont, et de loin, les deux corps les plus prestigieux.

La Cour des comptes a une image un peu bâtarde. Plus terne. Mais elle jouit d’une réputation de sérieux et bénéficie, elle aussi, de l’aura des grands corps. Chirac est issu de la Cour des comptes Elle permet sans difficulté d’entrer dans un cabinet ministériel, avant d’entamer une carrière avec l’assurance d’avoir ses arrières protégés quelque soient les aléas. Mais au total, à la Cour, on compte (c’est le cas de le dire !) beaucoup plus de modestes conseillers référendaires ou d’obscurs directeurs d’administration que de grands patrons…

Ensuite, au-delà du quinzième rang de sortie à l’ENA, l’avenir devient moins radieux. Les élèves peuvent encore choisir des corps prestigieux comme la préfectorale, la diplomatie, mais les carrières sont évidemment très dépendantes des majorités politiques. Elles contraignent à mener des vies errantes, avec des obligations de représentation permanentes et il est souvent difficile d’en sortir. Mieux vaut avoir la vocation. Tous les autres deviennent administrateurs civils. Un titre peu valorisant qui rappellera à vie que cet énarque-là n’est pas sorti dans un grand corps (pas de quoi être vraiment traumatisé quand on voit les prestations de certains inspecteurs des Finances !), qu’il est un « sous-homme » (comme dirait Gérard Frêche en parlant des harkis).

Mais là encore, il y a administrateur civil et « administrateur civil» Les mieux classés peuvent choisir le Trésor ou le Budget. Les autres n’ont plus qu’à se tirer une balle dans la tempe ou se jeter dans la Seine en plein hiver. Tout cela montre l’absurdité du système qui génère de graves dysfonctionnements dans l’appareil étatique et, également, chez les individus concernés…

Dans ce système de caste rigide et arrogant, il faut également savoir que les énarques issus du concours interne, réservé à ceux qui sont déjà fonctionnaires, appartiennent à une autre sous-catégorie (décidément, c’est sans fin !). Ils entrent plus âgés à l’Ecole nationale d’administration. Ils se hissent rarement aux premières places. Difficile à 30-35 ans, avec charge de famille, de potasser comme des bêtes de concours. Du coup les jeunes élèves, passés par Sciences po, reçus au concours externe, les regardent un peu de haut, ou les ignorent. Un conseil, lisez ce livre avant de vous lancer dans pareille aventure. Vous éviterez des efforts inutiles !

PSYCHO-PATHOLOGIE DE L’INSPECTEUR DES FINANCES

L’énarque aspire à une carrière. L’inspecteur des Finances rêve d’un destin. Mais il a surtout une solide ambition et une bonne dose d’autosuffisance. Les inspecteurs des Finances sont intelligents mais d’un certain type d’intelligence. Ils sont d’une politesse exquise vis-à-vis du monde extérieur. Capables d’une grande maîtrise, ne laissant rien paraître. Ils savent, selon les circonstances, présenter une image d’eux-mêmes conforme à ce qu’on attend d’eux. Tour à tour modestes, ambitieux, sincères, vertueux, machiavéliques, distants, confidents. Mais obsédés par l’argent (le leur, pas celui des citoyens !), le pouvoir, et la réussite. Ce sont des hommes desséchés, aseptisés, indifférents au sort d’autrui, qui n’ont rien à voir avec ceux de la génération des Couve de Murville, Chaban-Delmas, Nora ou Bloch-Lainé. Entre eux règne une solidarité à toutes épreuves. En cas de malheur, c’est toujours de la faute des autres ou du système (comble du paradoxe, n’est-il pas vrai ?). Mais il y a plus grave. Certes, les plus brillants, les plus ambitieux ont une capacité de synthèse étonnante, le goût du concept, le sens de la formule, mais ils souffrent d’une incroyable faille narcissique. Ils sont sans cesse à la recherche de nouveaux défis, pour se faire aimer, admirer. Et ils sont totalement insensibles aux émotions des autres et à leur environnement. Ce qui les conduit à perdre trop souvent le sens des réalités, à dépasser les limites du faisable ou du possible, à avoir des comportements dangereux, à adopter des stratégies risquées, à prendre des décisions aventureuses.

Cette obsession de la première place, cette indifférence aux autres, cette soif de reconnaissance permanente, ce complexe de supériorité exacerbé, cette façon de toujours être dans un rapport d’autorité, cette incapacité à vivre dans le réel…

On s’interroge. Ces hommes sont-ils déformés par le pouvoir ou briguent-ils le pouvoir parce qu’ils sont fabriqués comme cela ?

Explications d’Alain Lizotte, psychiatre et psychanalyste : « On est en pleine perversion du pouvoir. Une perversion qui est la conséquence d’une évolution contrariée. Il faut comprendre que si bon nombre d’inspecteurs des Finances sont dans un rapport d’oppression, de maître à esclave, c’est parce qu’eux-mêmes ont été victimes de trop d’exigences. Ils ont été esclaves de la  conception éducative de leurs parents et maîtres. Ils ont été réprimés pendant des années et, par un phénomène bien  connu d’identification à l’agresseur, ils reproduisent ce comportement de domination. Ils ont été clonés. C’est bien triste. Un dressage trop rigoureux peut engendrer une pathologie du narcissisme, des comportements paranoïaques ou des troubles obsessionnels. En réalité, compte tenu de ce type d’éducation, certains ont été bloqués dans leur développement psychologique. Ils ont été entravés dans leur processus de maturation ». Paranoïa. Obsession. Perversion. Ces mots paraissent très excessifs. En réalité, ils sont au psychanalyste ce que sont les couleurs pour un peintre. Ils servent à décrire un caractère, des tendances. Tous les inspecteurs ne souffrent pas de paranoïa ou de troubles narcissiques. Disons que c’est un terrain. Tout est question de proportion, d’équilibre ou d’excès. Et il existe toute une palette de nuance, mais ces mots permettent de toucher du doigt l’univers psychique de ces brillants éléments dressés au commandement, comme en toile de fond ». Il n’empêche, cette description n’est pas franchement rassurante. Elle permet sans doute de comprendre le fonctionnement psychologique de ces tenants du pouvoir et de faire le rapprochement avec les dérives scandaleuses de la gestion criminelle de certains d’entre eux.

Et  Alain Lizotte de poursuivre : « Pour se libérer de ce traumatisme passé, ils n’ont de cesse de réitérer ce rapport maître / esclave qu’ils ont subi, dans une « compulsion aliénante du même » (Cette fois, c’est carrément affolant : nous sommes dirigés par une bande de sado-masochistes. Pour les amateurs de soirées privées, il n’y a rien à dire. Mais pour gérer un pays, c’est tout de même assez inquiétant…). Ils vont restituer cette haine vers le monde extérieur. Ils déchargent sur l’autre ce qui est mauvais, sale, immoral. Eux sont purs. Ils ne sont pas dans une relation d’échange, de reconnaissance de l’autre dans sa différence (cela ne les empêche pourtant pas d’être favorables à l’immigration !). Ils n’ont pas atteint ce point d’équilibre du moi où l’on passe de la méfiance à la prudence, du mensonge à la sincérité, de la persécution au dévouement, de la dissimulation à l’honnêteté. Ils sont dans un rapport dialectique de domination hiérarchique, de diktat et non dans un rapport dialectique fertile d’échange, de considération de l’autre, d’ouverture, d’innovation ».

Il nous a semblé intéressant de vous livrer tel quel ce charabia psychanalytique de manière à bien vous montrer qu’au sommet du pouvoir républicain évoluent des personnages au mental plutôt trouble et qui nous mènent inexorablement vers la catastrophe finale.  Continuons l’analyse :

« Ils sont dans le domaine de la pensée opératoire, administrative et non dans la créativité. Ils ont une incroyable capacité à jongler avec les chiffres, les textes réglementaires, servis par une mémoire prodigieuse. Mais ils sont dans l’incapacité de mettre des mots sur des émotions. C’est un univers étouffant, oppressant. Ils manipulent, y compris en usant de la séduction, comme ils furent eux-mêmes manipulés par leurs éducateurs. Ils ne peuvent s’empêcher de dominer, contrôler, assujettir, fût-ce au prix d’un naufrage collectif. Ils sont méfiants et ne peuvent faire confiance qu’à leurs pairs – et encore – car ils ne rendent compte à personne. On est dans une logique absurde de destruction…».

L’autre, c’est le manant, forcément stupide, qui ne comprend rien, à qui l’on ne peut pas faire confiance, qu’il faut empêcher de s’exprimer. Ce sont les masses laborieuses dont il faut faire le bonheur, fût-ce contre leur gré, sans leur demander leur avis.

L’absence de créativité, le conformisme de la pensée sont également des caractéristiques de cette caste. Quant au narcissisme, c’est un trait de caractère patent. Ils ne pensent qu’à eux. Freud avait décelé deux constantes dans le cas de névrose obsessionnelle : la précocité et la manie du développement intellectuel. Tout ce qu’adule l’inspection.

Encore une fois, il ne faut pas généraliser. Mais quelle fulgurance dans cette description. Quand on pense à ce leitmotiv des inspecteurs lorsqu’on leur parle de leurs privilèges exorbitants, de leurs retraites, de leurs chasses gardées, de leurs « stock-options », de leurs parachutes dorés : « J’y ai droit » se contentent-ils de dire avec une totale indécence, indifférents à l’injustice, insensibles au désarroi d’un pays qui bascule.

C’est Juppé « droit dans ses bottes » alors qu’il est mis en cause dans l’affaire de son appartement. Trichet qui se plaint – auprès d’un juge ! -  d’être mis en examen parce que cela va nuire à sa carrière. Haberer qui demande à téléphoner au Crédit Lyonnais pour obtenir un prêt au moment où un autre juge le met en examen dans l’affaire du Crédit Lyonnais et exige une caution pour le libérer.

Quand on regarde les immenses dégâts, les milliards d’euros dilapidés, les dizaines de milliers de licenciements, les vies brisées, quand on pense à tous les naufrages, on reste sidéré. Les inspecteurs des Finances ne sont pas les seuls, mais ils sont l’incarnation d’un mal : l’obsession pathologique du pouvoir.

Amis lecteurs et chers camarades, si après cela (et ce n’est pas fini !), vous n’êtes pas révoltés, la Rédaction ne pourra plus faire grand chose pour vous…

UN PEU D’HISTOIRE…

Par un arrêté du 19 fructidor an X (16 septembre 1801), Bonaparte crée un corps d’inspecteurs généraux « chargés de vérifier les caisses, non seulement des préposés des payeurs généraux dans les divisions militaires et dans les départements, mais aussi des receveurs généraux et particuliers, de s’assurer de la régularité de la gestion de tous ces comptables… ».

Un corps composés d’hommes totalement indépendants, qui ne rendaient de compte qu’à lui seul.  A eux de débusquer les fausses factures, les militaires jamais embauchés, les manœuvres jamais exécutées, les obus jamais tirés. Des pratiques, comme on le voit, ancestrales et dont usèrent et abusèrent les munitionnaires pendant la période révolutionnaire. L’ancêtre de l’Inspection générale était né.

L’année suivante, il crée une inspection générale du Trésor, chargée du contrôle des caisses, un contrôle physique, sur place, pas sur pièces, mais aussi de la vérification du portefeuille de l’Etat et de sa comptabilité. Et même du contrôle des villes, puis de l’intendance des provinces conquises. Le Premier Consul veut tout savoir.

L’idée de contrôle n’est pas totalement nouvelle. Le nom apparaît déjà sous l’Ancien Régime. Les rois envoyaient des « escouades » sur le terrain pour surveiller les fermiers généraux et autres serviteurs du Trésor. Et en 1709, Louis XIV avait recruté un corps de « conseillers inspecteurs des finances ». Mais les contrôles étaient éphémères, sans aucun suivi. Rien n’était véritablement formalisé. Cela dit, avec Napoléon, ces contrôles ne sont pas véritablement rigoureux. En fait, ces chiens de garde étaient au service exclusif de l’empereur et ce dernier a laissé sa famille, ses généraux, ses amis s’enrichir abondamment.

Il faudra attendre la Restauration, pour que l’inspection devienne un vrai service garant de la bonne utilisation des deniers publics, un principe de base de toute « démocratie ». Mais complètement ignoré par la classe politique toute entière depuis 1981, en particulier. L’inspirateur de cette petite révolution ?  Le baron Louis. L’homme qui a crée le ministère des Finances dans toute sa puissance, tel qu’il demeure près de deux siècles plus tard et qui fut cinq fois ministre des Finances. En 1806, il est nommé par l’Empereur administrateur du Trésor Public et s’attelle à une réforme de cette administration, créant ce qui deviendra la direction du Mouvement général des fonds, avant de reprendre, en 1940, l’appellation de direction du Trésor. Il modernise le mode de recouvrement de l’impôt, liquide les dettes extérieures, récupère les créances, organise les finances à travers l’Empire. On est loin du laisser-aller et de la gabegie actuelle !

L’Empereur le fait baron. Puis maître des requêtes au Conseil d’Etat. Mais ce n’est que sous la Restauration qu’il donnera sa pleine mesure. Au lendemain de l’abdication de Napoléon, c’est son ancien mentor, Talleyrand – qui a changé de camp – qui négocie avec les alliés la restauration des Bourbons. Et en 1814, Louis XVIII fait appel au baron Louis pour redresser les finances et liquider les arriérés des guerres napoléoniennes. Il a 59 ans, il est enfin ministre. Le Raymond Barre de l’époque, en plus austère, croit à un principe simple : la confiance. Il paie donc toutes les dettes contractées par Napoléon. Nomme le banquier Laffitte gouverneur de la Banque de France. Supprime les impopulaires droits réunis et les remplace par les contributions indirectes. Vend et donc, en quelque sorte, « privatise » une partie des biens nationaux confisqués sous la Révolution, pour désendetter le Trésor. Il est également un ardent défenseur de l’orthodoxie budgétaire, car il sait que l’ancienne monarchie comme la Convention ont été balayées par la crise financière. Comme le sera très certainement la Vème République mais, cette fois, non pas par une crise mais par un désastre financier (un tsunami) comme la France n’en a jamais connu dans toute son histoire…

Il instaure donc une pratique nouvelle : l’établissement d’un budget, avec la liste détaillée des dépenses et des recettes. En 1815, le vote par le Parlement du premier budget de la France donne lieu à des débats animés. C’est de cette époque que date la prééminence du ministère des Finances sur tous les autres ministères qui doivent désormais débattre de leur budget avec les services des Finances. Et non plus directement avec le roi. Le baron Louis, impitoyable, taille dans les dépenses, traque les abus, réduit d’un tiers la dépense publique. Aurions-nous, actuellement, un  « baron Louis » à la tête du ministère de l’Economie et des Finances que nous n’arriverions pas à sauver la situation de la France (voir le livre de Jean Roux : « La Grande Braderie du patrimoine public des français ») à cause de la classe politique corrompue et de la technostructure complètement vermoulue que nous avons. Le système parvient à maintenir la tête hors de l’eau mais plus pour très longtemps car le corps est déjà paralysé par la dette abyssale qui augmente chaque jour encore davantage, plombé par le coût astronomique de l’immigration-invasion-colonisation-substitution de population, des retraites et de l’assurance-maladie.

Pour renforcer son pouvoir et instaurer plus de cohérence, il décide de fusionner les ministères des Finances et du Trésor et les administrations qui en dépendent en un seul grand ministère. Seule manière, à ses yeux, de prendre le contrôle des innombrables directions et d’imposer ses arbitrages en Conseil des ministres. Mais il le fait progressivement, sans secousse, en étroite relation avec les chefs de service qu’il réunit régulièrement. Le regroupement des diverses inspections en une seule entité dénommée « Inspection générale des Finances » est à l’origine de l’institution que nous connaissons actuellement.

ATMOSPHERES, AMBIANCES, AMBIVALENCES

L’annuaire de l’inspection est fort bien fait. Un annuaire de 398 noms (les retraités y figurent également). Tout y est, même l’adresse e-mail. Chaque année, ces 398 personnes (en 2004), accompagnés de leurs conjoints, se retrouvent pour un cocktail annuel organisé par l’Association des membres de l’inspection générale des Finances. Cela se passe dans un des palais dont dispose la technostructure : à la Caisse des dépôts et consignations, à la Banque de France ou dans un ministère. Les gens très importants n’y mettent pas les pieds. On n’ y voit jamais Giscard, Juppé, Deniau…

Chaque année, une messe est célébrée en l’église Saint-Germain l’Auxerrois à la mémoire des membres disparus, par l’abbé de Chalendar, frère et oncle d’inspecteurs des Finances. Très chic.

En réalité, les inspecteurs incarnent ce que l’élite a de plus prestigieux. Même si nombre d’entre eux sont issus des classes moyennes et sont montés de leur province pour faire Sciences po Paris, Normale ou les prépas, ils ont vite été happés par le style de vie et la mode vestimentaire de la grande bourgeoisie. En regardant les adresses personnelles des chers camarades, on a plutôt l’impression de voir défiler la France de tout en haut.

Boulevard Raspail ou boulevard Saint-Germain dans le 6e. Rue Soufflot ou rue Guynemer près des jardins du Luxembourg. Rue de Bellechasse ou quai d’Orsay dans le 7e. Rue Rémusat ou boulevard Murat dans le 16e. Rue de Longchamp ou boulevard Maillot à Neuilly…

Ceux qui habitent dans le fin fond du 12e ou dans des banlieues plus éloignées, comme Sceaux ou Sèvres, sont soit des jeunes inspecteurs de 3ème classe, soit des retraités, soit des hauts fonctionnaires qui ont fait toute leur carrière dans l’administration : des ratés, selon les critères de cette caste de mandarins. Mais après tout, quoi d’étonnant, l’inspection, c’est une élite extrêmement restreinte. Le corps des Mines, plus nombreux, est beaucoup plus mélangé socialement et géographiquement. Les ingénieurs dirigent des usines en province ou habitent en proche banlieue (ouest en général), près des sièges opérationnels des grands groupes.

Ces heureux privilégiés (« happy few » en anglo-saxon) de l’inspection des Finances possèdent également des résidences secondaires dans des lieux choisis : en Corse, à l’île de Ré, Pornichet, Carnac, Dinard, Etretat…  En revanche, cette élite cultivée et plutôt distinguée ne fréquente guère Saint-Tropez. Trop vulgaire. Nombre d’entre eux ont des propriétés en Sologne, dans la Sarthe, en Normandie ou dans le Tarn. Quelques manoirs et quelques châteaux de famille. Beaucoup d’inspecteurs sont d’ailleurs dans le Bottin mondain. Même s’ils ne sont pas tous issus du grand monde, ils font souvent de beaux mariages. Autant dire que ces gens-là sont bien loin, pour ne pas dire à des années lumières, des préoccupations quotidiennes des français de souche. Bien loin, également, de la promiscuité avec les allogènes. Ce qui ne les dissuade pas, bien au contraire, de prendre des mesures en leur faveur dès qu’ils en ont la possibilité. Ils participent, comme toute la grande Bourgeoisie, activement et sans le moindre scrupule à l’invasion de notre pays et à l’extinction progressive de la race européenne. Ces grands esprits ne songent pas une seconde à leur descendance et n’imaginent pas un instant le sort qui lui sera réservée…

L’inspection est tellement élitiste qu’elle impressionne. Et c’est sans doute la raison pour laquelle on y retrouve un grand nombre de fils (et filles, mais beaucoup moins) d’inspecteurs ou de hauts fonctionnaires : avoir vu fonctionner de près l’institution fait tomber les inhibitions (les exemples foisonnent dans le livre).  Ils ont bien souvent des pères, frères, sœurs ou oncles, conseillers d’Etat, magistrats à la Cour des comptes, diplomates. On connaît même quelques couples d’inspecteurs.

Comme dans toutes les familles, il y a des haines, parfois tenaces. Mais on ne les étale pas en public. La Rosière et Haberer se détestent. Même animosité, pour ne pas dire plus, entre Michel Pébereau et Daniel Bouton. Rares sont ceux qui osent transgresser l’ordre établi, le « consensus ». Ceux qui s’y essaient sont vite traités de « sales gosses » et se retrouvent isolés dès qu’ils sont en difficulté. Alain Minc, qui a attaqué indirectement La Genière lors du raid sur la Générale de Belgique, s’est retrouvé avec tout l’establishment contre lui et a échoué. Jean-Marie Messier (Vivendi), qui a trahi la confiance de Viénot et Friedmann, s’est retrouvé sans appui.

D’une manière générale, les grandes bagarres voient s’affronter des clans issus de différents grands corps. Et les plus belles batailles ont eu lieu entre membres de corps rivaux. C’est un polytechnicien, Claude Bébéar, qui a pris le contrôle d’AXA, au nez et à la barbe de l’inspecteur Friedmann. C’est un polytechnicien, encore, un X-Mines, Thierry Desmarest, président de TOTAL, qui a battu à plates coutures l’inspecteur Jaffré, président d’Elf (viré et parti la queue entre les jambes mais avec une fortune en stock-options). Et c’est Jean-René Fourtou, X lui aussi, qui a remplacé Messier à la tête de Vivendi.

Paradoxalement, ils sont nombreux à nier toute influence de l’inspection dans leurs brillantes carrières. Cela amuse beaucoup leurs camarades. Début 2004, lors de ses vœux au service général de l’inspection, le chef du service, Thierry Bert,  s’est indigné de ce type de réaction : « S’ils n’avaient pas été soutenus, formés, poussés par le service, puis par le corps, ne seraient-ils pas en ce moment directeurs d’une caisse d’épargne à Brive ?  Prétentieuse et méprisante humanité : même les chiens ont la reconnaissance du ventre (et pas seulement : les chiens sont d’une fidélité à toutes épreuves, ils donnent toute leur affection à leurs maîtres et leur vie, si nécessaire, pour les défendre). Sans ce système, ils n’auraient jamais été là où ils sont. C’est un système qui fait fonctionner l’ascenseur social. Le recrutement est assez démocratique. Quand on en fait partie, on en bénéficie ».

Cela dit, que vaut ce système français qui permet à d’anciens hauts fonctionnaires d’accéder à la tête d’immenses groupes sans aucune légitimité, sans connaissance du métier ?  Pourquoi est-il si difficile d’accéder à la tête de grandes entreprises si l’on n’est pas issu d’une des grandes écoles de fonctionnaires ?  Pourquoi cette idée très française qu’il ne serait pas possible de promouvoir des hommes et des femmes qui auraient fait leurs preuves en interne ?  

Mais comme dit un camarade : « Quand nous préférons un inspecteur des Finances à un autre profil, c’est parce que nous pensons que nous avons moins de chance de nous tromper ». Ce n’est pas vraiment un système organisé. Comme celui des polytechniciens, par exemple. Mais ils sont grégaires, se cooptent. Seul un inspecteur est digne, à leurs yeux, de succéder à un autre inspecteur. Puis il ajoute : « Mais, c’est aussi sociologique. On veut que le poste revienne à un inspecteur. Sinon, d’une certaine manière, ce serait dévalorisant pour la fonction qu’on a occupée ».

Quoi de choquant ?  C’est partout pareil, non ?  Et d’évoquer d’autres secteurs de la vie économique qui fonctionnent par cooptation de manière encore plus évidente, avec des mandarinats, des conseils de l’ordre : la production cinématographique, la médecine, les avocats. C’est en partie exact mais il s’agit de structures professionnelles, sans répercussion sur l’ensemble du système économique. Et les risques ne sont pas de même nature avec un possible mélange des genres entre autorités de régulation, cabinets ministériels, banques, entreprises privées. Seuls les corps des Mines et des Ponts sont dans une situation équivalente, très critiquée au demeurant, mais beaucoup moins hégémonique. Là on parle de 4 ou 5 personnes par an, qui se retrouvent, dans différents clubs, de manière totalement « consanguine » dans tous les lieux de pouvoir. C’est unique au monde : c’est en fait le cœur de l’exception française.

Ces messieurs se réunissent une fois par mois, à l’occasion d’un déjeuner, pour discuter des grandes questions du moment : taux d’intérêt, croissance, conjoncture (immigration clandestine peut-être, de temps en temps, non ?). Pas un économiste, pas un représentant des petits actionnaires ou des PME. Pas une personne qui aurait une chance de penser différemment !  Nulle part ailleurs, sauf au Japon, une telle endogamie est pratiquée. Et même s’il existe des cercles très fermés aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, notamment dans la Finance, ce mélange des genres où se côtoient finance, grandes entreprises du CAC 40 et autorités de tutelle, est impensable là-bas. Dans les pays anglo-saxons, par exemple, il est quasiment inimaginable qu’un banquier soit au conseil d’administration d’un de ses gros clients. Et vice versa !

On comprend, dans ces conditions, à travers ce système de connivence et de fréquentations privilégiées, de quelle texture est faite la pensée unique. Comment se forge l’idée dominante. Comment se font et se défont les réputations. Comment ils se soutiennent entre eux. L’histoire du parachute doré de Philippe Jaffré, président d’ELF n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres.

En septembre 2002, alors que le président de TOTAL, Thierry Desmarest, prend le contrôle d’Elf, la polémique enfle sur le principe et le montant du parachute de Jaffré : 200 millions de francs pour avoir amené ELF à disparaître, absorbé par TOTAL. C’est l’indignation, y compris des médias. Toute la France est scandalisée.

Mais très vite, c’est une toute autre histoire qui est racontée dans le petit monde de la Finance. Le président d’ELF a rempli son contrat, dit-on : 1. il a considérablement valorisé l’action ELF ; 2. en obtenant une surenchère financière dans la bataille boursière, il a fait gagner 40 milliards de francs supplémentaires à ses actionnaires. 200 millions de francs, ce n’est jamais que 0,5 % de cette somme. Et certains, sur la place, se félicitent de l’attitude de Jaffré qui s’est retiré « avec beaucoup de dignité », dans l’intérêt des actionnaires. Pourtant la réalité est un tout petit peu différente (nous vous laissons la découvrir dans ce livre qui vaut d’être lu). Mais le résultat est là : le scandale est retombé comme un soufflé…

Un haut fonctionnaire de Bercy, administrateur civil, affirme : « C’est une espèce de noblesse républicaine, qui a le sentiment, disons plutôt la certitude, d’avoir la vérité révélée, qui est transpolitique, très arrogante intellectuellement. Il y a toujours cette idée qu’eux savent ce qui est bon pour le pays ou pour l’entreprise et que si l’interlocuteur ne comprend pas, c’est qu’il est un con !  Il ne faut pas donner la parole aux sans-grade, citoyens ou cadres, ils pourraient faire des bêtises »

Le problème, c’est que ce sont eux, les intouchables, qui ont fait les plus grosses bêtises.

A suivre.... 

VC

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