Catégorie : ECONOMIE

L’arrivée de Christine Lagarde à la tête de la BCE signe la continuation – et même l’accélération – des politiques monétaires accommodantes. Avec un objectif bien précis en tête…

On ne voit pas beaucoup d’analyses intéressantes sur la nomination de Christine Lagarde à la tête de la Banque centrale européenne (BCE). Elle connaît un peu de choses en matière d’échanges internationaux grâce à sa formation par l’ex-patron de l’OMC, Pascal Lamy, mais quasi-rien en matière monétaire, financière, bancaire – et bien sûr, rien aux marchés.

Christine Lagarde est une « politique » et une politique intellectuellement sous influence anglo-saxonne, c’est-à-dire ralliée à l’inflationnisme et aux dépenses déficitaires. Les médias l’ont bien vu, disant qu’elle était “colombe”, dovish– et que comparé à elle, Draghi serait considérée comme un faucon, un hawk.

Cette nomination est très importante ; selon moi, elle constitue une victoire pour Macron. Elle signe la chute d’Angela Merkel.

Il s’agit là d’une sorte de conspiration politique menée par l’élite européenne pour éviter de placer un Allemand à la barre de la BCE. Jens Weidmann était peut-être un choix difficile, mais il était logique. Lagarde, elle, est un choix absurde, sauf si on l’analyse dans une perspective politique et non dans une perspective technique.

La future ex-directrice du FMI reste une politicienne suprême. Le rôle qu’elle a joué dans le plan de sauvetage de la Grèce était de la pure politique ; le prix payé par les citoyens grecs a été sévère, voire inhumain. Tout cela dans le but de renflouer les nombreuses institutions financières européennes qui avaient failli. On attend les commentaires de Yanis Varoufakis sur ce qu’il pense de de Lagarde…

Une question essentielle

La question qui devrait préoccuper les investisseurs et les analystes financiers est la suivante : quel a été le chantage politique que la France a pratiqué dans le but de garantir la direction de la BCE à un politicien français ?

Certes, les Allemands ont pu désigner l’actuelle ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen, à la présidence de la Commission européenne – mais c’est un poste et un rôle bidon et sans réelle substance.

Le Financial Times affirme comme nous que le bilan des nominations est un succès absolu pour Macron.

Mercredi, les rendements italiens à 10 ans ont chuté, Bruxelles ayant annoncé que le pays respectait les exigences budgétaires de l’Union européenne (UE) et ne subirait pas la redoutable « procédure de déficit excessif ». Cela aurait entraîné des pénalités monétaires pour Rome.

Les Italiens ont donc obtenu un arrangement de Bruxelles en ne s’opposant pas à la candidature de Lagarde !

A qui d’autre a-t-on promis des faveurs politiques pour ne pas s’opposer aux nominations de haut niveau issues des réunions de l’UE ?

La semaine dernière, le Financial Times a publié un article intitulé « Macron se moque de Weidmann pour anéantir les espoirs de la BCE en Allemagne ».

Railler un haut fonctionnaire allemand très respecté n’est pas du meilleur goût. Il convient de rappeler à Macron – comme l’a d’ailleurs fait la presse allemande – que c’est la carte de crédit allemande qui permet à la dette française à 10 ans de se négocier à des taux négatifs.

Triste fin de règne pour Angela Merkel

Les efforts de Draghi pour faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro ont débouché sur un programme de quantitative easing gigantesque et une accumulation massive de dette souveraine dans le bilan de la BCE. Cette dette ne trouve aucun acheteur aux taux actuels.

L’accumulation a été cynique, encore plus cynique que celle de la Fed, et dépourvue de toute stratégie de sortie. L’écart entre la valeur des dettes accumulées par la BCE et la valeur de marché est colossale, c’est un gouffre.

La seule issue – et c’était certainement l’objectif de Draghi – consiste à créer un eurobond synthétique en fondant tous les avoirs en un seul instrument d’emprunt.

Sur ce sujet, Draghi a gagné car la position de Merkel était contradictoire : elle voulait, elle avait donné comme instruction, de défendre la construction européenne à tout prix… mais sans avoir les moyens de contrôler ce prix. Et le prix élevé qu’a payé Draghi fait que, maintenant, l’Allemagne va devoir accepter la couleuvre majeure : l’eurobond !

Merkel termine bien mal son règne ; la postérité ne sera pas tendre avec elle.

Le récent discours de Draghi à Sintra était tout à fait révélateur : il visait à laisser un testament, à faire en sorte que le prochain président de la BCE soit bloqué pour très longtemps dans le programme de QE. C’était déjà une manœuvre contre la nomination de Weidmann.

Maintenant que Lagarde succède à Draghi, il n’est plus question de mettre fin aux programmes européens d’assouplissement quantitatif et de taux d’intérêt négatifs. Au contraire !

Lagarde a le poids politique et le respect international pour mener à bien l’eurobond.

Vous aurez été prévenu.

source : https://la-chronique-agora.com/christine-lagarde-bce-chantage-politique/

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