Catégorie : Terre et Peuple Magazine n°21– Automne 2004

PAIX LÉGALE ET GUERRE RÉELLE

On sait que Maurras opposait pays légal et pays réel. On peut transposer aujourd'hui ce clivage : nous vivons dans une paix légale mais dans une guerre réelle.

Ce benêt de François Fillon, ministre de l'Éducation (sic), fait dans l'autosatisfaction. Il assure en effet que la rentrée scolaire 2004 aura été, grâce à la loi sur la laïcité, "le symbole du coup d'arrêt au processus de la montée des communautarismes". Il concède seulement qu'il y a "101 cas problématiques (…) où les jeunes filles refusent encore de retirer leur foulard".

Mais, comme l'avoue un enseignant de Mantes-la-jolie (Le Monde, 21 septembre), la "confusion" persiste. Une manifestation de musulmanes a d'ailleurs eu lieu dans sa ville pour réclamer le droit de porter le voile. Les organisateurs de la manifestation affirmant mener un combat "démocratique, laïque et féministe". Il serait utile de leur acheter un dictionnaire, car ils semblent ignorer le sens des mots qu'ils utilisent… Mais, en fait, ils savent très bien que les mots sont des armes, qu'ils utilisent avec un sens aigu de la dialectique. Une jeune musulmane "brimée" déclare ainsi : "On refuse de se soumettre à l'injustice". D'ailleurs elle met en avant sa normalité : "On fait tout comme les autres jeunes filles. Je fais du théâtre, des percussions africaines". Une autre dénonce "l'islamophobie dans les transports, dans la rue". Elles ont bien appris leur leçon…

L'Union des Organisations Islamiques de France ne cachait d'ailleurs pas son ambition, lors de son congrès annuel de Pâques 2004 : la banderole de son stand annonçait : "L'UOIF à l'aube du XXIe siècle, une dynamique en marche". Cette dynamique, c'est celle du djihâd. Pour atteindre cet objectif, une stratégie bien huilée est mise en pratique : noyautage du Conseil Français du Culte Musulman, mis en place par Sarkozy ; création de lycées privés musulmans (le premier a été ouvert à Lille en septembre 2003) ; interventions tous azimuts, par le biais de diverses manifestations, pour obtenir une couverture médiatique et se voir reconnue une existence institutionnelle, qui permet d'être désormais interlocuteur incontournable.

L'UOIF est la partie visible d'une vaste nébuleuse, en partie financée par des fonds saoudiens, destinée à imposer un islam pur et dur dont les vecteurs sont les communautés musulmanes présentes sur le sol européen. Pour cette guerre de religion, les femmes sont utilisées en première ligne, avec le prétexte en or massif du voile. Le cheikh Ahmed al-Rawi, patron de l'Union des Organisations Islamiques en Europe (dont l'UOIF est une filiale), est clair : "Le port du voile fait partie intégrante de la pratique de l'islam. L'objectif de toute association musulmane est de favoriser cette pratique. Nous ne pouvons pas dire à nos soeurs de quitter le voile !". Et il dénonce la loi française sur la laïcité : "Cette loi encourage le racisme et l'exclusion des musulmans" (Valeurs actuelles, 16 avril 2004). Le cheikh sait, à l'évidence, quels sont les mots fétiches dans un Occident complexé, culpabilisé : "racisme", "exclusion"…

Parmi les relais que cet agitateur utilise, les femmes sont en bonne place. Ainsi Aïcha, qui explique : "Il faut encadrer la nouvelle génération pour qu'elle soit armée pour demain, pour qu'elle puisse défendre ses droits. Cela prendra du temps, peut-être des années, mais cela finira par porter ses fruits".

En attendant, les musulmans installés en France font patte de velours, appliquant une maxime bien connue au sein des communautés islamiques : "La main que tu ne peux couper, baise-la". Avec la complicité active du pouvoir en place, ils ont sauté sur la magnifique occasion qui s'est présentée à eux, pour enfumer l'opinion française, avec l'affaire des deux journalistes enlevés en Irak. A grands renforts d'une couverture médiatique exceptionnelle, les notables de l'UOIF et du CFCM sont allés jouer les bons apôtres pour "dialoguer" par notables irakiens interposés, avec les kidnappeurs. Ce "dialogue" fut facilité par le fait que tous les acteurs de cette comédie parlaient arabe entre eux et qu'ils étaient frères en religion. A l'égard de l'opinion française le message était clair : "Plus républicains que nous, tu meurs… ". Et les officiels et journalistes de s'extasier : ah, les braves gens… Comment, qui pourrait encore douter qu'ils sont de bons, d'excellents, de vrais Français ?

Ce déversement de guimauve est destiné, bien sûr, à anesthésier toujours plus les Européens. La formule est bien rodée. Mais, parfois, une fausse note se glisse ici ou là. Et la vérité sort du puits. Ainsi, lorsque se lâche un certain Abdelkader devant un journaliste de Valeurs actuelles : "Il ne faut pas se leurrer. Il y a bien un choc de civilisations. Le jour où les jeunes appliqueront le Coran à la lettre il y aura un vrai problème, car il y a dans le Coran des choses que le système occidental ne peut pas comprendre (…) Une partie devra plier et ce n'est pas à l'islam de le faire. Si l'autre côté ne plie pas, il y aura des tensions. Moi, je suis contre la violence, mais il y a des groupes de jeunes qui y sont prêts et qui s 'y préparent".

Au moins, on ne pourra pas dire qu'on n'a pas été prévenu…

Poutine, lui, a compris depuis longtemps que la guerre est là. Et il la fait.

P. VIAL

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