« Les Dieux et le Cosmos », de Saloustios - Partie 1
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- Catégorie : PAGANISME
Joël LaBruyère souhaite donner des pistes de recherches philosophiques et mythologiques dans un monde en perte de repères.
Il commencera par commenter le traité du philosophe et préfet romain Saloustios, "Les Dieux et le Cosmos", dont l’objectif était de revitaliser et de redéfinir le polythéisme hellénique face au monothéisme naissant.
Georges Dumézil et la trifonctionnalité
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- Catégorie : Georges Dumézil
Aristide Leucate est l'auteur de plusieurs livres, dont l'excellent « Carl Schmitt », paru dans la collection « Qui suis-je », chez Pardès. Il nous propose aujourd'hui un livre passionnant qui est une remarquable biographie et une synthèse de l'œuvre de Georges Dumézil, qui permit aux Indo-Européens (IE) de sortir du relatif oubli où ils semblaient végéter depuis la fin du XIXème siècle. Son coup de maître fut sa fameuse découverte, en 1938, de la trifonctionnalité. Dans ses travaux de mythologie comparée, il a montré que beaucoup de récits, dans l'aire indo-européenne, étaient organisés selon des structures narratives semblables et que les mythes exprimés par ces récits traduisaient une conception de la société organisée selon trois fonctions : la fonction du sacré et de la souveraineté ; la fonction guerrière ; la fonction de production et de reproduction. Cette organisation en trois fonctions se retrouve aussi bien dans : la mythologie ; les récits fondateurs comme ceux de la Rome antique ; les institutions sociales comme celles du système de castes en Inde ; la société d'ordres d'Ancien Régime segmentée en clergé, noblesse et tiers état. La société médiévale est ainsi divisée en oratores (ceux qui prient, le clergé), bellatores (ceux qui combattent, la noblesse) et laboratores (ceux qui travaillent, le tiers état). La société indienne est quant à elle divisée en brahmanes (prêtres, enseignants et professeurs), kshatriyas (roi, princes, administrateurs et soldats), plus la caste productive, qui se subdivise en artisans, commerçants, hommes d'affaires, agriculteurs, bergers et serviteurs. Cette tripartition se retrouve dans le vocabulaire, l'organisation sociale et le corpus légendaire de tous les peuples indo-européens.
Enfance et jeunesse d'un surdoué
Georges Dumézil voit le jour le vendredi 4 mars 1898 dans le XIIème arrondissement de Paris. Son grand-père paternel était artisan-tonnelier. Le futur père de Georges, Jean Anatole, se passionne pour la poésie latine. Polytechnicien en 1877, il devient général de Division en 1916 et sera plusieurs fois décoré. Sa mère est la petite-fille d'un militaire qui sera plus tard maire de Mascara en Oranie. Le père très lettré de Georges Dumézil lui transmet dès l'âge de huit ans, un goût prononcé pour l'Antiquité grecque et romaine. A l'âge de neuf ans, il lit l'Enéide dans le texte et fait l'apprentissage de l'allemand par la lecture assidue d'un livre offert par son père sur la mythologie grecque. Il découvre avec passion l'histoire de Jason et des Argonautes, comme celle d'Héraclès. Et puis, il va découvrir avec gourmandise le sanskrit. Aucun doute, Dumézil est intellectuellement précoce et développe, de surcroît, une remarquable aisance dans l'apprentissage des langues. Son père étant affecté pour une courte période de six mois à Tarbes, il en profite pour apprendre le basque, une langue non-indo-européenne dont on ignore toujours l'origine. Bachelier, il passera le concours d'entrée à l’Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, auquel il sera reçu « cacique », c'est-à-dire premier, en 1916. En mars 1917, il reçoit son ordre de mobilisation. Il vient à peine de fêter ses dix-neuf-ans. Il participera, en première ligne, à la seconde bataille de la Marne. Ses supérieurs de l'état-major estimeront qu'il a « toujours donné des preuves de courage et d'insouciance au danger ». Le voici titulaire de la Croix de guerre. C'est la guerre, mais sa curiosité intellectuelle ne faiblit pas. Déambulant dans un village bombardé, il débusque un livre contenant une légende populaire russe, premier jalon d'une quête mythologique qui ne le quittera plus. Au sortir de la guerre, Dumézil admettra que cette terrible expérience fut « la grande transformation, presque l'épanouissement de (sa) vie », ajoutant: « La guerre m'a fait entrer dans l'humanité, et j'espère n'en être jamais sorti; ça donne le sentiment de l'extrême fragilité et de l'insignifiance de ce qu'on fait jour après jour ».
De brillantes études
Dumézil va passer la redoutable épreuve de l'agrégation de Lettres en novembre 1919 et, dans la foulée, en dépit de ses protestations, il apprend sa nomination comme professeur de seconde au lycée de Beauvais. Il s'y ennuie à mourir et décide de se mettre en « congé d'inactivité ». Le voici de retour à Paris où, entre deux cours particuliers, il écrit, pour le compte d'un député « bleu horizon », des discours d'inauguration de monuments, tout en assurant un service de presse pour le Quai d'Orsay. En janvier 1921, à sa demande, il part en Pologne comme premier lecteur de français à l'université de Varsovie. Son projet de thèse s'affermit et, renouvelant son « congé d'inactivité », il rentre en France, abandonnant définitivement l'enseignement secondaire. Il entreprend sa thèse de doctorat. C'est dans ces années 1921/1924 qu'il fait la connaissance de Pierre Gaxotte auquel il sera lié par une forte amitié, et qui lui permettra de côtoyer Charles Maurras. C'est Antoine Meillet, grand philologue et fondateur de la sociolinguistique, qui acceptera de parrainer son travail. Celui-ci conçoit toute langue comme un fait social. Meillet défend l'existence d'une civilisation indo-européenne attestée par une unité linguistique originelle, affirmant: « une langue une, suppose une civilisation une ». Le jury décerne son doctorat à Dumézil, assorti de la mention «très honorable ».
Séjour en Turquie, puis en Suède
En 1925, Dumézil a vingt-sept ans. Ses immenses connaissances en linguistique, en philologie, en mythologie et en histoire des religions ont été remarquées et saluées par ses maîtres et presque pairs. Mais ses travaux n'arrivent pas à convaincre. Même Antoine Meillet a des doutes quant à la pertinence de certaines de ses thèses. En attendant, notre jeune chercheur va épouser -nous sommes en 1925- Madeleine Legrand, qui lui donnera deux enfants promis, eux-aussi, à de belles carrières. Leur fils Claude (1929-2013) sera un psychanalyste reconnu tandis que leur fille, Anne-Perrine, née en 1930 sera, comme son père, reçue première à l'Ecole normale supérieure de Sèvres en 1949, embrassera la profession d'astrophysicienne et épousera le physicien Hubert Curien qui deviendra, par deux fois, ministre de la Recherche et de la Technologie de François Mitterrand (en 1984 et en 1988). Georges Dumézil va avoir l'opportunité de partir en Turquie. Le normalien Jean Mistler, futur secrétaire permanent de l'Académie française, qui dirigeait alors le Service des relations culturelles au ministère des Affaires étrangères, décide de l'envoyer à Istanbul où venait de se créer une chaire d'histoire des religions à la faculté de théologie islamique de l'université. L'enjeu pour le gouvernement turc de Mustafa Kemal était de laïciser le jeune Etat. Dumézil et sa femme vont y demeurer six ans, période durant laquelle le philologue découvrira et se consacrera à la linguistique caucasienne, tout en explorant la région. De retour en France en 1931, il ne tarde pas de partir à Upsala, en Suède, revenant à ses chères études indo-européennes. Ce passage par la Scandinavie le marquera durablement,au point qu'il y reviendra régulièrement pendant plusieurs étés.
Dumézil journaliste, directeur d'études et... franc-maçon
Revenu en France en 1933, « conférencier temporaire » à l'Ecole pratique des hautes études, il devient, sous le pseudonyme de Georges Mercenay, collaborateur du Jour fondé par Léon Bailby. Il y sera chargé de la rubrique « politique étrangère » jusqu'en novembre 1935. Il y dévoile, nous apprend Aristide Leucate, ses « dilections mussoliniennes » comme ses plus solides préventions antihitlériennes. Nous y reviendrons dans un prochain chapitre. Le 23 octobre 1936, Dumézil est admis à la loge Le Portique de la Grande Loge de France, fondée en 1910 par l'historien de la franc-maçonnerie Albert Lantoine. Il participera aux tenues et autres réunions jusqu'en juillet 1939. Il est avéré que cette adhésion maçonnique pèsera lourdement dans son renvoi, certes temporaire, de l'enseignement universitaire par les autorités de Vichy. Pour ce qui est de la carrière professionnelle de Dumézil, il sera particulièrement soutenu par Sylvain Lévi, maître de l'indianisme français, juif alsacien, président de l'Alliance israélite universelle, ardent patriote, grand spécialiste du sanskrit et professeur au Collège de France. En grande partie grâce à lui (Dumézil dira qu'il a été son « sauveur »), il sera désigné comme Directeur d'études pour l'enseignement de mythologie comparée. Pierre Gaxotte, qui était intervenu auprès du ministre Georges Mandel, lui avait donné un dernier coup de pouce. Dumézil, qui commence à être reconnu depuis sa « découverte » de la structure tripartie commune à tous les idiomes indo-européens, enseignera à l'Ecole jusqu'en 1968, année où il fera valoir ses droits à la retraite.
Destitué de la fonction publique
Mais voici à nouveau la guerre. Dumézil sera officier de liaison de juillet 1939 à janvier 1940, avant d'être rattaché à l'armée d'Orient comme agent de renseignement. Durant un séjour à Ankara, il se convertira au christianisme, une conversion sans lendemain, puisqu'il retournera assez rapidement à son scepticisme athée originel. Après la débâcle, Dumézil va reprendre le cours normal de ses activités d'enseignement et de recherches jusqu'à sa destitution (qualifiée de « démission d'office ») de la fonction publique, le 21 novembre 1941, pour son appartenance maçonnique. Il vivra chichement de quelques heures d'enseignement de grec et latin dans un collège, grâce à l'intervention d'un condisciple de l'Ecole normale supérieure, le Père Festugière. Dumézil nourrira d'amers regrets quant à son engagement passé au sein de la Loge du Portique. Un de ses proches, Didier Eribon, qui le connaissait bien, a relevé: « Dumézil, aussi surprenant que cela puisse paraître, était malléable et influençable: c'est un ami qui l'a entraîné dans une loge maçonnique, un ami qui l'a converti au christianisme ». Pendant cette période, il travaille d'arrache-pied à la publication d'articles dans des revues scientifiques, ou d'ouvrages. Grâce à son introduction auprès de Gaston Gallimard, il fait paraître, à un rythme effréné: Jupiter, Mars, Quirinus (1941), Horace et les Curiaces (1942), Servius et la fortune (1943), Naissance de Rome (1944), Naissance d'archanges (1945). Il publie également deux articles dans La Nouvelle Revue française dirigée par Pierre Drieu la Rochelle. Dumézil parviendra, grâce à ses appuis et nombreuses relations, et aussi de « quelques petits mensonges et d'opportuns faux témoignages », à se faire réintégrer au sein de l'Université. Il bénéficiera des soutiens de l'archevêché de Paris, de Pierre Laval et d'Abel Bonnard, ministre de l'Education nationale, et réintègre, par arrêté du 15 décembre 1942, l'Ecole pratique des hautes études, où il reprend son cours de religion romaine. L'arrêté, qui faisait état des « preuves de dévouement de Dumézil à l'endroit du maréchal Pétain », lui vaudra d'être traduit, sur dénonciation du linguiste stalinien Marcel Cohen, devant la commission d'épuration de l'enseignement supérieur le 12 décembre 1944, heureusement sans conséquences notables.
Georges Dumézil académicien
Georges Dumézil sera élu professeur au Collège de France, à la chaire de « civilisation indo-européenne », en avril 1949. Il y enseignera régulièrement, le jeudi et le samedi, jusqu'en 1968, année officielle de sa mise en retraite. En 1955, il est fait Docteur honoris causa de l'université d'Uppsala. Il poursuit ses voyages en Turquie et dans le Caucase, tout en abattant une masse colossale de travail. Quand sonne l'heure de la retraite, il s'envole pour les Etats-Unis où il va rejoindre son ami Mircea Eliade à l'université de Chicago. En 1970, il entre à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, premier pas vers la Coupole qui l'élit au fauteuil de Jacques Chastenet, le 26 octobre 1978. Le voici « immortel ». Il prononce son discours de réception le 14 juin 1979, auquel répond Claude Lévi-Strauss, qui semble admiratif, sinon émerveillé, par un hommage mémorable. Jugez-en: « On penserait souvent en vous lisant à Voltaire, dont vous avez la grâce d'écriture, le style rapide et incisif, le goût de la formule brillante et du mot juste, si ce n'était que, chez vous, l'humour ne s'exerce jamais aux dépens des grands textes, mais, pour reprendre vos propres termes, dans un esprit d'"affectueuse complicité". En 1984, il recevra le prix mondial Cino Del Duca, richement doté (l'équivalent de 200 000 euros), et le public commence à découvrir cet étonnant personnage, qui parle plus de trente langues, dans la grande presse, à la radio et à la télévision où il sera l'invité de Bernard Pivot dans sa célèbre émission Apostrophes.
La découverte de la trifonctionnalité
Parler des indo-européens revient, écrit Aristide Leucate, à isoler, dans la longue nuit des temps, ces quelques milliers d'années qui séparent cette période qui n'appartient pas tout à fait à la préhistoire de celle que l'on appelle conventionnellement l'Antiquité. Ainsi les Indo-Européens seraient cette communauté ethnolinguistique qui remonterait au stade terminal du Néolithique et les débuts de l'âge de bronze. Les Indo-Européens seraient ainsi apparus vers 4500 avant J.-C. pour se disperser vers 2000 avant J.-C. Leur datation semble faire à peu près consensus, tandis que leur localisation géographique ne laisse pas de perdre archéologues, philologues, historiens et linguistes dans un abîme de conjectures. On est à peu près sûr, cependant, de leur provenance eurasiatique sans que leur berceau d'origine (l' Urheimat) à partir duquel les IE rayonnèrent sur toute l'Europe, soit parfaitement circonscrit. Faisons un sort aux divagations romantiques d'une origine circumpolaire, avec l'Ultima Thulé ou la fantasmagorique Atlantide, évacuées par tous les indo-européanistes sérieux. L'hypothèse la plus probable, mais toujours en débat, est que ce foyer originel se situe dans les steppes européennes (Ukraine et Russie méridionale). Ainsi, la théorie de Kourganes, formulée en 1956 par l'archéologue Marija Gimbutas, avance le scénario, jusque là non contredit, d'une continuité ethnoculturelle indo-européenne fondée sur des caractéristiques communes: rites funéraires (kourgan, mot russe d'origine turque, signifie 'tumulus'), économie d'élevage, société hiérarchisée, patriarcale et guerrière, architecture massive, habitat fixe, sacrifices rituels, etc... Notons au passage que Dumézil conteste la synonymie des mots « indo-européen » et « aryen », réservant ce dernier, qui est aujourd'hui obsolète, aux seuls Indiens et Iraniens qui se définissent eux-mêmes comme « Arya ». Dumézil « tâtonna » longtemps, raconte-t-il, avant de formuler ce qui apparaît aujourd'hui comme une évidence, à savoir la structuration trifonctionnelle des sociétés indo-européennes, de leur mentalité, de leur psyché, de leurs représentations symboliques, bref, de leur « vue du monde » ou « Weltanschauung ». C'est en effet Dumézil qui sut le premier dégager une « idéologie » propre à la communauté ethnolinguistique indo-européenne, soit une façon à nulle autre semblable de penser le monde, les hommes et les divinités. Il raconte que c'est en préparant un de ses cours à l'Ecole pratique, en 1938, qu'il eut soudainement la révélation de ce qui allait constituer sa découverte fondamentale. Dans La Religion romaine archaïque, il explique ainsi son « invention »: « j'ai proposé d'appeler cette structure ' l'idéologie des trois fonctions'. Les principaux éléments et rouages du monde et de la société sont répartis en trois domaines harmonieusement ajustés qui sont, en ordre décroissant de dignité, la souveraineté avec ses aspects magique et juridique, la force physique et la vaillance dont la manifestation la plus voyante est la guerre victorieuse, et enfin la fécondité et la prospérité. » C'est ainsi, poursuit-il, que le groupement « Jupiter Mars Quirinus » romain répond à « Odin Thor Freyr » en Scandinavie et à « Mitra-Varuna Indra Nasatya » en Inde. Certains chercheurs évoquent une « quatrième fonction », complémentaire avec la tripartition initiale, qui recouvrirait le « non-ordre », pas forcément synonyme de « chaos », qu'évoqueraient par exemple les Saturnales de l'ancienne Rome. Dumézil avait assenti à cette hypothèse, en 1982, dans son « Apollon sonore et autres essais ».
Georges Dumézil, admirateur de Maurras
Certains ont tenté de faire passer Dumézil pour un « homme d'extrême droite ». Certes, il a été maurassien dans ses jeunes années de chercheur et cultiva, toute sa vie, un certain attachement pour le principe dynastique. Après sa démobilisation, en 1919, préparant l'agrégation de lettres et déambulant dans les thurnes de la rue d'Ulm, il rencontre Pierre Gaxotte, khâgneux comme lui au lycée Henri IV, avec lequel il va se lier d'amitié, ce qui le conduira, en 1924, à lui dédier sa thèse Le Festin d'immortalité. Reconnaissant, Gaxotte lui dédiera, en retour, sa Révolution française parue en 1928. Il sera même le parrain de sa fille. Gaxotte assurait alors le secrétariat de nuit de Charles Maurras. C'est ainsi que Georges Dumézil fut présenté au chef de l'Action française. Le futur académicien se décrit alors comme « socialiste indépendant ». Lui-même dira plus tard: « Je ne sais plus très bien ce que j'entendais par-là ». On découvre cependant dans ses carnets le concept d' « anarchisme aristocratique », un concept qui pourrait s'apparenter à la figure de l'Anarque qu'Ernst Jünger développera bien plus tard. Dumézil décrit ainsi son « anarchisme »: « L'attitude de celui qui est affranchi intellectuellement. L'anarchiste doit autant que possible se détacher des passions populaires, des courants d'opinion, des convictions tyranniques des partis ». Dumézil va se laisser peu à peu convaincre par le royalisme maurrassien au point de rédiger de petites notices non politiques qui paraîtront dans la toute jeune Revue universelle lancée par Jacques Bainville et Henri Massis. Il collaborera aussi sous pseudonyme, à la rédaction de L'Action française, prêtant sa plume à Bainville ou Maurras. Il dira plus tard: « J'allais avec Gaxotte à l'imprimerie de l' Action française, rue du Sentier. J'aimais bien le décors, la fièvre de ces heures nocturnes pendant lesquelles un quotidien prend forme ». Il est un fait, nous raconte Aristide Leucate: Dumézil est subjugué par Maurras, dont il dira, quelques mois avant sa mort qu'il était « un homme fascinant, et vraiment, d'instinct et de volonté, un maître à penser », allant jusqu'à le comparer à Antiphon, le précepteur de Thucydide qui, après les malheurs de la guerre du Péloponnèse, exerça ce genre de magistère sur la jeunesse d'Athènes. Dumézil poursuit ainsi son exercice d'admiration: « Il faisait une impression qu'il est impossible de mettre en mots. Et surtout pour les jeunes, quelles que fussent leurs opinions, il était toujours disponible. Il était presque fraternel, malgré son tempérament de patron ». Leucate nous raconte cette anecdote amusante. Dumézil se piquait d'écrire des poèmes et rêvait de les voir édités. Il raconte: « un après-midi, je lui avais fait remettre quelques poèmes de moi qui me paraissaient dignes d'être publiés. Le soir même, il me déclara franchement son sentiment: 'Faire des vers, me dit-il, est une très bonne manière d'écrire ses Mémoires'. Et il ajouta: 'Pour soi' ». C'en était fini de la carrière de poète de Dumézil. Il dira plus tard: « Il m'a rendu en tout cas un très grand service »... Dumézil affirme n'avoir jamais adhéré à l'AF, et encore moins avoir été membre de Camelots du roi, mais les idées de Maurras l'ont marqué. Il dira : « Le principe non pas simplement monarchique, mais dynastique, qui met le plus haut poste de l'Etat à l'abri des caprices et des ambitions, me paraissait, et me paraît toujours, préférable à l'élection généralisée dans laquelle nous vivons. » Il ajoutera cependant que, « bien sûr, la formule n'est pas applicable en France », où « la fierté même de l'histoire séculaire a disparu depuis trop longtemps », concluant par: « Ce n'est sans doute pas pour notre bien ». Aristide Leucate résume ainsi la pensée de Dumézil: « Il était bien plus maurrassien que royaliste ».
Soutien au fascisme. Vive hostilité au nazisme
Dumézil, qui s'éloigne progressivement de l'Action française va, par l'intermédiaire de son ami Pierre Gaxotte, faire son entrée au Jour, nouveau quotidien fondé par Léon Bailby, le 3 octobre 1933. Antidreyfusard, membre de la Ligue de la patrie française, il fut rédacteur en chef puis directeur du quotidien nationaliste L'Intransigeant d'Henri Rochefort. Pendant deux ans, de 1933 à septembre 1935, il va, sous le pseudonyme de Georges Marcenay, donner entre quatre et cinq fois par semaine, une chronique de politique étrangère. Dumézil y développe un certain nombre d'opinions personnelles, dont l'hostilité au régime parlementaire et à son corollaire, le système des partis. Sa préférence va à un régime fort. Il soutient le fascisme italien et se montre aussi fermement antibolchevique que viscéralement germanophobe. Admirateur du Duce, il n'hésite pas à l'inscrire dans la lignée de ses augustes prédécesseurs antiques. L'antigermanisme de Dumézil lui vient assurément de sa lecture de Bainville auquel il consacrera une recension laudatrice à ses Dictateurs, dans lequel l'historien n'a pas de mots assez durs pour vilipender Mein Kampf, « ouvrage singulièrement pauvre et primaire ». Marcenay-Dumézil ne cesse d'afficher son inquiétude croissante face aux menées bellicistes et impérialistes du chancelier allemand. Il déchiffre les événements outre-Rhin à travers la Germania de Tacite et La Guerre des Gaules de Jules César. Il connaît, mieux que personne ces « vieux Germains, des Germains de toujours, pour qui le sang est une denrée sacrée, mais de consommation courante ». Commentant dans Le Jour la Nuit des longs couteaux et l'assassinat de Röhm, il estime y retrouver « la beauté, l'épouvante, l'ironie des sagas du Nord, l'esprit sombre, vindicatif et sommaire des Nibelungen».
Dumézil sulfureux ?
La collaboration de Dumézil avec Le Jour n'aura duré que deux ans, mais certains voudront, après la guerre, lui coller une réputation d'homme d'extrême droite, voire de nazi. L'offensive est lancée en Italie par Arnaldo Momigliano, qui répand son venin, voyant dans Mythes et dieux des Germains, publié en 1939, « des traces très claires de sympathie pour la culture nazie ». Précisons que Momigliano, bien que juif, fut un fasciste actif durant les années trente, adhéra au Partito Fascista de 1928 à 1938, et prêta serment au Duce, ce qui lui permit, en 1933, d'occuper la chaire d'histoire romaine de l'université de Turin. Un autre excité, Carlo Ginzburg, évoqua « l'évidente sympathie nazie » de Dumézil, qu'il détectait dans Mythes et dieux des Germains, faisant au passage le procès en nazisme de l'Action française et de ses chefs de file. Dumézil n'eut aucune peine pour tordre le cou à cette assertion, rappelant que le grand historien juif Marc Bloch, fusillé par les Allemands en 1942, avait encensé l'ouvrage. Dans les années 1970, Dumézil fut violemment attaqué pour sa proximité supposée avec la Nouvelle Droite. Il avait accepté, avant de s'en retirer, de figurer dans le comité de patronage de la revue Nouvelle Ecole fondée par Alain de Benoist qui avait fait découvrir les thèses de Dumézil aux lecteurs français. La Nouvelle Droite sera accusée plus tard d'exhaler, raconte Aristide Leucate, « de nauséabondes fragrances de racisme sur fond de nostalgie nazie ». On se souvient du colloque du GRECE, en 1979, porte Maillot, attaqué par des commandos juifs au cri de « Nouvelle Droite, nouveaux nazis ». L'autre grande attaque viendra d'outre-Atlantique, en 1990, où Dumézil fut accusé d'avoir justifié le génocide perpétré par les Turcs contre les Arméniens. Il était accusé d'avoir écrit une étude intitulée « De faux massacres » alors qu'il était professeur à l'université d'Istanbul en 1927. En fait, Dumézil ne se référait nullement à cet épisode historique dans ses travaux.
Georges Dumézil meurt à son domicile, le 11 octobre 1986, à quatre-vingt huit ans, terrassé par une crise cardiaque. Voici, en conclusion, le portrait qu'Aristide Leucate fait de Dumézil: « Un savant aussi attachant que prodigieusement érudit. Un honnête homme comme il n'en est plus. »
Robert Spieler
« Dumézil » d' Aristide Leucate, éditions Pardès, 128 pages, 12 euros,
Vikings, à l'assaut de l'Empire franc
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- Catégorie : HISTOIRE
Alors que les raids vikings se succèdent en Occident depuis presque un siècle, en novembre 885, des centaines de drakkars se présentent sous les murs de Paris et assiègent la ville.
La résistance acharnée du comte Eudes permet aux habitants de tenir jusqu’à l’arrivée de l’empereur Charles III le Gros, qui, contre une forte somme d’argent, obtient le retrait des Scandinaves.
Pour se prémunir de la menace, le roi des Francs, Charles III le Simple, propose en 911 un traité au chef viking Rollon, à qui il abandonne des terres en échange de la protection de l’estuaire de la Seine.
C’est le début du duché de Normandie.
Contes et Légendes Corses
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- Catégorie : Contes et Légendes d'Europe
A travers les contes et légendes c'est toute l'identité d'un pays, de ses hommes, de sa mémoire collective, de ses espaces de vie qui s'expriment et s'incarnent.
Entre mémoire vivante et superstitions, les contes et légendes sont le fruit d'une longue tradition méditerranéenne.
Ces histoires sont toute l'âme du terroir, et le film s'attache à restituer ces récits et ces univers par des prises de vues des paysages de la Corse dans les différentes parties de l'île.
La droite sénatoriale est-elle aux ordres de Macron pour le Pass Sanitaire ? | Stéphane Ravier
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La droite sénatoriale est-elle aux ordres de Macron ?
Si le ministre n'était pas présent pendant les débats, il était très bien représenté par les Sénateurs LR qui ont largement défendu le Pass Sanitaire, aveugles aux centaines de milliers de Français qui manifestaient.
Pour ma part, j'ai voté CONTRE ce Pass de la honte.
On mangeait du porc à Jérusalem il y a 2 700 ans
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- Catégorie : HISTOIRE
© DR/Israel Antiquities Authority
C'est une petite révolution dans les pratiques rituelles, révélée par une équipe d'archéologues israéliens : lors de fouilles au c?ur de Jérusalem, à quelques mètres du mont du Temple, le squelette complet d'un cochon remontant à 2 700 ans a été exhumé dans la cuisine d'un logement luxueux. L'étude complète, publiée dans la revue spécialisée Near Eastern Archaelogy, prouve sans conteste que l'animal allait être dévoré sous peu par la famille, malgré la cacherout, le code alimentaire qui prescrit notamment l'interdiction pour les juifs de consommer du porc.
L'animal est mort avant de passer à la casserole, sans doute à cause d'un éboulis qui a emporté une partie de la pièce au VIIIe siècle avant notre ère. Selon les chercheurs, il ne s'agit pas d'un cochon sauvage, mais bien d'un porc domestique comme le prouve le crâne de l'animal. Et la pièce où il se trouvait servait manifestement à préparer la cuisine pour une famille aisée du royaume de Juda : tout autour ont été retrouvés des récipients de cuisson, ainsi que des dizaines d'ossements de moutons, chèvres, gazelles, poissons et oiseaux? Selon l'état des fouilles, les locaux ont ensuite été reconstruits et utilisés jusqu'à environ 586 av. J.-C., lorsque les Babyloniens ont conquis Jérusalem et détruit le premier Temple.
Porcs élevés sur place
« Compte tenu de l'endroit où nous avons trouvé le cochon, il n'y a aucune raison de croire qu'il était là pour un autre but que la consommation », a reconnu l'archéologue Joe Uziel, l'un des auteurs de l'étude. « Bien que la consommation de porc n'était clairement pas préférée dans la région de Juda, la présence d'un squelette articulé d'un petit cochon semble indiquer que non seulement le porc était consommé en petite quantité, mais que les porcs étaient élevés à cette fin dans la capitale de Juda », écrivent les chercheurs.
Reste à savoir pourquoi des juifs aisés ayant pignon sur rue bravaient ainsi l'injonction biblique qui interdisait de manger de la chair d'un animal clairement considéré comme « impur ». Les auteurs rappellent que des os de porc ont été régulièrement découverts sur plusieurs sites, sans jamais dépasser 2 % des restes d'animaux mis au jour, plutôt près des côtes que dans les zones rurales ? on les importait sans doute de Grèce. Selon le quotidien israélien Haaretz, qui revient sur cette découverte, les pratiques du judaïsme sous la période du premier Temple étaient très différentes de celles qui adviendront plus tard, notamment après l'exil babylonien, lorsque le second Temple sera construit et les textes sacrés auront enfin trouvé leur forme définitive.
Le journal rappelle notamment qu'une étude récente montrait que des poissons sans écaille et sans nageoire, également interdits par les règles alimentaires issues de la Torah, étaient régulièrement consommés à Jérusalem et à Juda jusqu'à la fin du premier Temple, notamment des poissons-chats et des requins, pratiques qui disparaissent à la fin de la période du second Temple. « En d'autres termes, conclut le journal, les interdictions bibliques qui sont considérées aujourd'hui comme des panneaux indicateurs de la foi juive étaient inconnues, ignorées ou inexistantes à l'époque du premier Temple. Et il semble que, de temps en temps, les anciens Israélites n'étaient pas opposés à rapporter littéralement du bacon à la maison? »
Marc Fourny (LE POINT)
I-Média n°352 – Zemmour candidat, la vraie gifle pour Macron ?
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Très belle recension du N° 87 de terre & Peuple magazine par notre camarade Robert Spieler
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L'Amérique aux mains des sionistes
Terre et Peuple Magazine est une revue trimestrielle de très grande qualité, à l'iconographie remarquable, dirigée par Pierre Vial. Le ton est donné dans son éditorial dont le titre est « Liberté »: « Aujourd'hui les meilleurs de nos frères et sœurs de sang sont prêts à entrer en résistance. Résistance passive, le plus souvent. Pour le moment. Car parmi les mondialistes qui conservent encore -pour combien de temps?- les rênes du pouvoir, les plus lucides savent qu'ils dorment sur un volcan. Son éruption sera pour eux le temps de l'Apocalypse ». Pierre Vial rappelle cette phrase de Jean Cau dans Le temps des esclaves: « Regardez-les, Mais regardez-les ! Regardez les affreuses gueules molles toujours souriantes (Keep smiling !) de nos hommes politiques. Des têtes courtisanes de chefs de rayon ».
Terre et Peuple consacre un dossier très complet au « Psychodrame américain ». Dans un article passionnant, « Le sionisme au cœur du système américain », Pierre Vial nous rappelle ce propos de Biden: « Je suis sioniste. Vous n'avez pas besoin d'être juif pour être sioniste », ajoutant pour s'en féliciter que ce sont les dirigeants juifs qui sont derrière les changements concernant le mariage homosexuel. Le 21 mai 2013, il affirmait: « L'héritage juif a fait ce que nous sommes, chacun d'entre nous. Il a pesé plus qu'aucun autre facteur durant ces 223 dernières années. Le fait est que l'héritage juif, la culture juive, les valeurs juives, sont une part si essentielle de ce que nous sommes qu'on doit dire en toute honnêteté que l'héritage américain est en fait un héritage juif ». Grâce à Pierre Vial, on est heureux de l'apprendre. L'auteur nous informe, au passage, de la liste impressionnante de Juifs installés par Biden aux postes clefs, et nous livre cette considération de Joël Stein, éditorialiste au Los Angeles Times, qui écrivait en 2008: « C'est vrai que nous contrôlons Hollywood. Peu importe que les Américains pensent que c'est nous qui dirigeons les médias d'information, Wall Street ou le gouvernement, ce qui compte c'est que nous continuions de le faire ».
La malédiction américaine
L'Amérique est le fruit de multiples immigrations qui ont généré des antagonismes identitaires, des troubles raciaux, une guerre civile et même un génocide, celui du peuple indien. Tout cela en deux siècles d'existence. Terre et Peuple évoque les 102 Pilgrims (Pèlerins) qui, en 1620, débarquent du Mayflower. Ce sont des puritains fanatiques en rupture avec la monarchie anglaise. Puis vint l'immigration allemande, essentiellement protestante. Les Germano-américains représentent aujourd'hui 15% de la population. Puis vinrent les Irlandais (1845) qui fuyaient la Grande Famine, mal accueillis parce que « papistes ». 10% des Américains se revendiquent aujourd'hui d'origine irlandaise. Puis ce fut le tour des Italiens (1880) qui furent fort mal accueillis. En 1891, onze Italiens sont battus à mort. Les Italiens sont aujourd'hui 17 millions, soit 5% de la population. L'immigration juive avait commencé en 1815. En 1860, on dénombre 50 000 juifs aux Etats-Unis, puis 250 000 en 1880. La communauté juive va très vite s'organiser avec la création du B' nai B'rith en 1843 ou de L'Anti-Defamation League en 1913. A partir de 1881, deux millions de juifs prennent le chemin de l'Amérique, suite aux pogroms qui ont suivi l'assassinat d'Alexandre II en Russie. Ils sont pauvres, parlent le yiddish et pratiquent un judaïsme orthodoxe. En 1900, 60% d'entre eux étaient ouvriers; ils ne sont plus que 20% en 1930, contre 75% de cols blancs. Pendant la guerre, les Américains, juifs compris, se désintéressent du sort des juifs d'Europe. Cela changera très vite après la guerre, avec l'instauration de la religion de la Shoah, fort lucrative. Aujourd'hui, les juifs américains sont sept millions, mais dès 1960, ils représentent 16% des médecins et 11% des avocats. Terre et Peuple aborde aussi la question noire avec cette affirmation du général sudiste Robert E. Lee: « Pour moi, je suis convaincu que l'esclavage est un malheur plus grand pour la race blanche que pour la race noire ». Contentons-nous de citer un seul chiffre qui donne le tournis: en 1850, les quatre Etats de la Caroline du Sud, de l'Alabama, du Mississipi et de la Louisiane comptent 1,67 million de Noirs pour 1,80 million de Blancs. La guerre de Sécession fut une tragédie. Au bout de quatre ans de guerre, le Sud vaincu déplore 258 000 soldats tués, soit 18% des Blancs, autant de blessés et d'amputés. Les Nordistes mettront un acharnement frénétique à détruire le Sud dans toute sa profondeur. Terre et Peuple aborde aussi la question des « guerres indiennes » en citant des chiffres effrayants. Officiellement, ces guerres ont provoqué la mort de 19 000 soldats et pionniers, et de 30 000 Indiens: des chiffres parfaitement fantaisistes. On estime qu'au XVème siècle, les Indiens étaient entre 9 et 12 millions. A la fin des guerres indiennes, en 1890, ils ne sont plus que 250 000 ! Il s'agit tout simplement d'une politique d'extermination planifiée par les dirigeants américains. L'article consacré à ce sujet nous apprend que dès 1703, le scalp d'Indien était acheté 40 dollars par les autorités. Entre autres méthodes d'extermination (trafic d'alcool, déportation vers des milieux hostiles, assassinat systématique des chefs indiens, etc...), la destruction systématique des troupeaux de bisons, principale nourriture des Indiens des plaines, entraîna l'anéantissement des tribus indiennes: 60 millions de têtes au début du XVIème siècle; 250 000 à la fin du XIXème. Terre et Peuple consacre aussi des pages passionnantes à la question noire et à la submersion latino: 58 millions de Chicanos en 2016, soit 18% de la population des USA, des chiffres multipliés par 6 depuis 1970 ! Depuis quelques années, un enfant sur deux qui naît sur le territoire des Etat-Unis n'est pas blanc. Entre 2025 et 2030, les Blancs ne seront plus majoritaires. Le début de la fin...
Les lecteurs de la revue Terre et Peuple découvriront des articles tout à fait passionnants. Citons, entre autres « Le cancer venu des campus américains », « La grande réinitialisation », « Le devenir de l'Amérique pressenti par les écrivains de science-fiction », « L'économie du socialisme national en Allemagne », « La guerre après la guerre » (les crimes des alliés en Allemagne). Et pour conclure, « Les fourneaux d'Epona avec la recette du Pavé de truite au Reblochon et morilles ». Bon appétit !
Robert SPIELER – Rivarol du 28 juillet 2021
Liste des députés ayant voté le pass sanitaire
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Gerry Adams, Bobby Sands et le socialisme patriotique en Irlande
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- Catégorie : Régions d'Europe
Sur les traces du patriote de Belfast - Le Brexit comme opportunité de référendum : l'unification irlandaise exige des réponses et des perspectives.
En Irlande du Nord, nous recommençons à parler des « Troubles ». Une expression réductrice, si l'on y réfléchit, si l'on passe en revue les épisodes explosifs qui ont éclaté entre les années 70 et 80 dans la malheureuse terre des Six Comtés : de la lutte pour l'autodétermination menée par les patriotes républicains aux affrontements avec les troupes « régulières » et les milices unionistes, de la répugnance mutuelle (presque inépuisable) des nationalistes catholiques pour les loyalistes protestants aux grèves contre les conditions inhumaines subies dans les prisons anglaises et au martyre héroïque de Bobby Sands, les événements du pays opprimé par le pouvoir étouffant de l'Union Jack évoquent avant tout - et malheureusement - des histoires de violence et d'abus. Pourtant, la bataille, la guerre de rédemption du peuple irlandais n'a pas cessé, ne s'est pas éteinte. Elle continue à inspirer les vocations idéales de tous les combattants de la liberté qui ont identifié la cause de leur existence à l'indépendance de leur peuple et de leur communauté. L'un d'entre eux est sans aucun doute Gerry Adams, la figure emblématique du Sinn Féin (le parti nationaliste présent sur toute l'île), ami et associé de Sands, qui voit désormais la possibilité d'une réunification réelle.
Les effets du Brexit
Après les événements de 2016, avec la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne, l'Irlande du Nord a connu un mécontentement -rebelle- généralisé: « Le Brexit, explique Adams dans une récente interview à L'Espresso, accordée à l'occasion du quarantième anniversaire de la mort de Bobby Sands (5 mai 1981), a accru l'intérêt pour un référendum ». Il est important de rappeler que la majorité des habitants du Nord ont voté pour rester dans l'UE, tout comme l'Écosse. Les partis unionistes pro-britanniques et le gouvernement britannique ignorent ce vote démocratique. En conséquence, de nombreux citoyens qui n'auraient peut-être jamais pensé à l'unité irlandaise la considèrent désormais comme une option viable pour l'avenir. En effet, il convient de noter que le représentant du Sinn Féin lui-même s'était distingué, au cours de son mandat, par une certaine méfiance à l'égard de l'UE et de son establishment. Mais la question, de toute façon, n'est pas celle-là: selon Adams, la déconnexion du conglomérat européen n'aurait fait que renforcer le désir croissant de renforcer l'opportunité de réaliser enfin une Irlande unie, posée comme une meilleure perspective d'avenir; une hypothèse réalisable, reconnue par l'Accord du Vendredi Saint qui, il y a vingt-trois ans, a été signé pour remettre en cause la ségrégation imposée au détriment des catholiques nationalistes, des irrédentistes et des franges identitaires dévouées à l'émancipation des Six Comtés qu'ils souhaitaient soustraire à la domination coloniale britannique.
« Mais je veux me rappeler », insiste Adams dans son dialogue avec Gigi Riva, « que ce traité n'était pas une solution, mais un accord pour d'autres changements à venir. Depuis qu'il a été atteint, de nombreux progrès ont été réalisés dans le domaine des droits de l'homme et de la fin de la discrimination. Cependant, les événements de ces derniers jours nous apprennent qu'il reste encore beaucoup de travail à faire. Ce n'est que dans une Irlande unie que le passé sera vraiment du passé et que les gens pourront se concentrer sur l'avenir. »
Au nom de Bobby Sands
L'accord de 1998 avait été conclu par la communauté irlandaise après des décennies de répression policière implacable, d'attaques et d'exécutions. Des décennies profondément marqués par le sang tourmenté des rebelles, qui n'ont jamais voulu accepter la suppression d'une tradition millénaire, de ses symboles et de sa physionomie. Une convention qui, affirme Adams, aurait fait la fierté de Bobby Sands et des révolutionnaires enfermés dans les cellules de Long Kesh: c'est grâce à leur sacrifice que nous pouvons aujourd'hui envisager la possibilité de reconstruire une patrie souveraine, maîtresse de son destin et de ses aspirations. Il faut rappeler que dans la grande conflagration de la seconde moitié du vingtième siècle en Irlande du Nord, plus de trois mille personnes ont perdu la vie, alors que les expéditions contre les catholiques mises en place par les escadrons paramilitaires loyalistes avaient déjà commencé en 1966, avec les raids supplémentaires suivants perpétrés par les troupes britanniques dans les villes de Derry et Belfast. Dans ce contexte, l'action politique était de peu d'importance; l'engagement armé devenait, aux yeux des nationalistes, la seule forme de résistance, la seule promesse de rédemption: une effigie de la liberté, un étendard inconsommable pour les peuples soumis à toute forme de servitude impérialiste. La guérilla populaire est la méthode également préconisée par Sands ; il avait dix-huit ans lorsqu'il a décidé de rejoindre l'Armée républicaine irlandaise, l'armée des volontaires républicains qui, dans la clandestinité, luttait pour voir s'effondrer le régime supervisé par les marionnettistes de Londres. Il serait mort en prison, élu quelques semaines plus tôt au Parlement de Westminster, épuisé par les soixante-six jours de jeûne qu'il a décidé de s'infliger, avec fierté et constance, contre le refus du statut de prisonnier politique et la rétrogradation conséquente au rang de délinquant de droit commun; pour Bobby Sands et les neuf prisonniers qui sont morts avec lui, il n'était pas acceptable que l'Angleterre qualifie la bataille irlandaise de crime ou d'acte déplorable de terrorisme: « Nous nous souvenons maintenant », souligne Adams, « des 40 ans de la grève de la faim, de la mort de Bobby et de ses neuf camarades. La cause pour laquelle ils ont été emprisonnés et pour laquelle ils sont morts est la cause irlandaise. C'est la fin de la partition imposée par la force il y a 100 ans [...] Les luttes dans les prisons et les succès électoraux qui ont eu lieu ont été un moment décisif pour notre lutte et pour l'histoire moderne de l'Irlande. L'élection de Bobby Sands comme député de Fermanagh South Tyrone et de Kieran Doherty et Paddy Agnew au Parlement irlandais a prouvé que les affirmations du Premier ministre britannique Margaret Thatcher et d'autres figures politiques britanniques, selon lesquelles la lutte ne bénéficiait d'aucun soutien populaire, étaient fausses. » L'avertissement reste donc impérissable ; il ne cesse de conserver sa valeur prophétique au-delà de toutes les barrières idéologiques et temporelles. Et il nous rappelle que là où il y a de l'injustice, « il y aura toujours des gens courageux qui prendront position ».
La voie sociale vers la république
S'il est certain, comme le répète Gerry Adams, que la fusion tant désirée des deux Irlandes n'est pas qu'une utopie réconfortante, nous devrions nous demander quelle solution devrait être esquissée pour sanctionner une agrégation réelle et définitive entre deux factions qui, depuis longtemps, semblent irréductiblement incompatibles. S'il est certain qu'un référendum pourrait entériner la réunification de l'île sous un seul drapeau, il serait alors impératif de trouver un remède qui consoliderait une réconciliation durable entre le camp catholique, prépondérant en République d'Irlande, et le camp protestant, prévalant en Irlande du Nord, dans la région des Six Comtés. Ce sont des questions qu'Adams avait providentiellement posées dans les années 1990. Des questions dont les réponses dessinent des objectifs intéressants, des intentions qui se traduisent par des ambitions politiques novatrices, au-delà des catégorisations usagées qui prévalent. La république qu'Adams tente d'imaginer a une claire intonation sociale et solidaire; elle s'oppose cependant aux tendances mondialistes et atomisantes qui semblent avoir complètement annihilé toute aspiration patriotique et identitaire. « On ne devient pas socialiste », écrit-il dans Pour une Irlande libre, « en abandonnant le nationalisme et le républicanisme et en les remplaçant par des slogans gauchistes vides de sens [...] le républicanisme est une philosophie dans laquelle les dimensions nationale et sociale sont fusionnées »; et il poursuit: « Cette vision classique du problème s'oppose à celle de ceux qui opposent républicanisme et socialisme et qui brisent l'unité du mouvement pour l'indépendance nationale en donnant la priorité à des objectifs socialistes qui ne peuvent être atteints tant que l'autonomie n'est pas réalisée; avec le risque de n'atteindre ni l'indépendance ni le socialisme. » Ce n'est que selon ces coordonnées, comme le souligne Gerry Adams, que les différences et les pluralités qui fragmentent la structure civique des deux Irlandes peuvent être réaménagées, harmonisées dans un cadre unitaire et organique. Néanmoins, les voies du rétablissement de la paix refusent d'abdiquer leur complexité intrinsèque ; elles exigent un dévouement généralisé et assidu qui absorbe les controverses, qui ramène les disparités dans une réalité communautaire et eurythmique. Et alors, peut-être, comme l'a prédit Bobby Sands, nous verrons enfin la lune se lever.
Tiocfaidh ár lá, Tiocfaidh ár lá, il a été répété entre les mesures de Long Kesh.
Domenico Pistilli
Source : https://www.barbadillo.it/99808-gerry-adams-bobby-sands-e-il-socialismo-patriottico-in-irlanda/
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