« Complot à l'italienne » Le putsch contre Mussolini
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Alessandro Sanguedolce est l'auteur d'un livre tout à fait passionnant, et remarquablement bien écrit, paru aux éditions Konfident, relatant les dernières heures du régime fasciste, victime, les 23/24 juillet 1943, d'un coup d'Etat, fomenté par le Roi et par des hiérarques fascistes, dont le propre gendre du Duce, Galleazzo Ciano. Ce livre est remarquable car il est structuré comme une pièce de théâtre à l'italienne, avec un certain sens de la commedia de l' arte, mais aussi comme une pièce classique, respectant l'unité de temps, de lieu et d'action. L'auteur a choisi de diviser son récit en cinq actes, composés de trois scènes chacun, ce qui rend sa lecture particulièrement plaisante. Son titre des plus pertinents: « Complot à l'italienne ».
Réunion du Grand Conseil fasciste
Le Grand Conseil fasciste, qui se réunit au palais de Venise, à Rome, en présence de Mussolini, dans la soirée et une partie de la nuit du 24 juillet, va désavouer le Duce et, face à une situation militaire il est vrai difficile, voire catastrophique (les alliés ont débarqué en Sicile le 10 juillet), forcer Mussolini de remettre ses pouvoirs au roi. L'action débute le samedi 24 juillet, à 16h45, au palazzo Montecitorio. Dino Grandi, un des hauts responsables fascistes, chef de la conjuration, y pénètre avec un objectif: faire approuver la motion qu'il va présenter lors de la réunion du Grand Conseil du fascisme, organe suprême du Parti National Fasciste (PNF), qui ne s'est pas réuni depuis décembre 1939. Il est déjà loin le temps où Mussolini annonçait triomphalement, le 9 mai 1936, au balcon du palais, la création de l'Empire, puis la déclaration de guerre à la France et à la Grande-Bretagne. Mussolini venait de rencontrer Hitler le 19 juillet à Feltre, dans une ambiance pesante. Hitler avait fustigé le manque de combativité des troupes italiennes en Sicile et évoqua même, suprême affront, l'éventualité de placer l'armée royale italienne sous la tutelle de la Wehrmacht. Il avait lancé à Mussolini, qui vivait un chemin de croix: « Vous n'êtes entouré que par des généraux incapables », ce qui est au demeurant la stricte vérité. Le Führer se souvient évidemment de la lamentable offensive des Italiens contre une France à genoux, en 1940, où ils furent tenus en échec par des forces moitié moindres, de la peu glorieuse équipée des volontaires italiens auprès de Franco, et surtout de la catastrophique invasion de la Grèce, le 28 octobre 1940, où l'armée allemande dut intervenir pour sauver les Italiens du désastre, retardant d'autant le déclenchement de l'opération Barbarossa. Le général Ambrosio, chef du Comando supremo et ses généraux d'opérette, vont entreprendre de manœuvrer en coulisse pour liquider le Duce et négocier une paix séparée avec les Alliés, oubliant que les Allemands pourraient du jour au lendemain occuper tout le pays. Mais revenons à la réunion du Grand Conseil fasciste. Le cérémonial habituel a été oublié, notamment la fanfare jouant l'hymne fasciste Giovinazza, ce qui aurait dû alerter le Duce. Grandi s'active pour recueillir de nouvelles signatures pour sa motion. A l'entrée du Duce dans la salle, les 28 membres de l'assemblée se lèvent tour à tour, pour faire le salut fasciste en répondant: « Présent ». Parmi les conspirateurs, il y a notamment le maréchal De Bono, qui dirigea la police et la milice, et Césare Maria De Vecchi, tous deux les derniers « quadrumvirs » de la Marche sur Rome. De Vecchi, monarchiste convaincu, est connu pour être un incompétent d'élite, que Mussolini qualifie d' « énergique incompétent ».
La cécité de Mussolini qui ne veut rien voir
L'auteur note fort justement que « la vision totalitaire du fascisme, sa volonté de façonner un homme nouveau vont pourtant accoucher d'un régime bien moins révolutionnaire qu'envisagé au départ ». Gravissime erreur de Mussolini, le roi restait à la tête de l'Etat, Mussolini n'étant « que »chef du gouvernement. Le Duce s'en mordra les doigts puisque, le moment venu, Emmanuel III s'empressera de le trahir. Ce fut pareil avec l'église catholique et le Pape. Constatons que si le national-socialisme résista, avec le soutien du peuple allemand, jusqu'à l'extrême fin, le fascisme s'écroula comme un château de cartes. Alexandre Sanguedolce le dit fort bien: « Les compromis passés avec la Couronne, l'Eglise mais aussi le patronat et l'armée, l'exercice du pouvoir et le confort que procure l'aisance matérielle ont considérablement émoussé l'ardeur révolutionnaire d'une partie des fascistes ».
Où est passée la lucidité de Benito Mussolini ? Il ne veut rien voir de ce qui se trame. La police secrète du régime l'a pourtant mis en garde quant aux agissements de certains hiérarques, de leurs contacts avec les Alliés, des relations qu'entretient Ciano avec l'ambassadeur britannique auprès du Saint-Siège, d'un complot militaire orchestré par le maréchal Badoglio. Il répond à Farinacci, le plus germanophile des chefs fascistes, surnommé le « Gauleiter de Cremone », qui l'exhorte à faire arrêter Grandi, Badoglio et le général Ambrosio: « Tu vois des complots partout ! » Son épouse Rachele lui avait lancé avant son départ pour le palazzo Venezia: « Fais les tous arrêter avant le début de la réunion » ! Peine perdue...
Le procès du Duce devant le Grand Conseil fasciste
Mussolini prend la parole en début de réunion, déclarant: « Je suis actuellement considéré comme l'homme le plus détesté d'Italie ». Il évoque amèrement les erreurs de Rommel, avec notamment Tripoli, abandonné trop rapidement, et celles d'Hitler, qui n'avait pas su ou pu occuper Gibraltar. Puis il se lamente sur la reddition peu honorable de la garnison italienne de l'île de Pantelleria, le 10 juin 1943, une forteresse censée être inexpugnable, dont le chef, Gino Pavesi, avait comme surnom « pavide » (peureux)... : « 38 morts et 11 000 prisonniers, alors que l'îlot devait être le Stalingrad de la Méditerranée », relève-t-il. Et puis, il y a cette débandade des soldats siciliens qui retournent chez eux après le débarquement allié, habillés en civil, 70 000 hommes capturés en quelques heures, dont cinq généraux et deux amiraux. Mussolini pose la question: « Guerre ou paix, reddition sans conditions ou guerre à outrance ? » Mussolini parle d'une voix calme, confinant à un manque de conviction. Il n'est plus que l'ombre de lui-même. Même le dévoué Scorza en est ébranlé. Le Duce racontera: « J'avais l'impression d'assister à mon procès. Je me sentais à la fois accusé et spectateur ». Le gendre du Duce, Ciano, nerveux, déchiquette en petits morceaux le buvard posé sur sa table. L'atmosphère est pesante. Personne n'ose se regarder en face. Grandi, le chef des conjurés, prend la parole: Il propose de transférer le commandement suprême au roi. De Bono défend quant à lui l'armée, s'en prenant à « l'influence pernicieuse d'un parti ou d'éléments politiques qui ont prétendu interférer dans les affaires militaires sans aucune compétence ou expérience », et soutient la motion Grandi. Grandi, anglophile, pacifiste, opposé au nazisme, qui fut à 34 ans le plus jeune ministre des Affaires étrangères d'Europe, va prendre la parole. La tension dans la salle surchauffée est à son comble. Sa motion, signée par 17 membres du Grand Conseil sur un total de 28 « prie le chef du gouvernement de demander à Sa Majesté le roi de bien vouloir, pour sauver le pays et son honneur, assumer le commandement effectif des forces armées ainsi que toutes les initiatives que nos institutions réclament de lui ». En d'autres termes, de remettre tous les pouvoirs au Roi. Grandi ajoute, grandiloquent: « Nous ne pensons pas à la survie du régime. Les partis et les régimes sont éphémères, seule la Patrie est éternelle ». Il poursuit, impitoyable: « Le peuple italien n'a pas cru et ne croit pas en cette guerre. » « La Dictature a tué la révolution. Hitler a corrompu l'esprit du fascisme italien. Notre fascisme a été italien jusqu'en 1932, avant de copier la militarisation du parti nazi ». A la stupeur générale, alors que tous attendent ou craignent une dure réplique, Mussolini garde le silence.
Galeazzo Ciano, l'époux d'Edda, la fille préférée de Mussolini s'est lui aussi rangé dans le camp des comploteurs. Haï par le peuple, vomi par les fascistes les plus intransigeants et suspect aux yeux des modérés, détesté de Rachele, sa belle-mère, d'origine paysanne, car trop mondain, trop conservateur, trop éloigné du vrai fascisme, c'est à dire, selon elle, des révolutionnaires, vaniteux et capricieux, de vilaines rumeurs courent sur sa vie dissolue et sur l'addiction d'Edda aux tables de poker où elle dépense des fortunes. Ciano, dans son intervention, va s'en prendre à l'alliance italo-allemande, dénonçant la duplicité du Führer, qui n'avait même pas daigné informer l'Italie de l'attaque de la France et de la Belgique, traitant ainsi son allié « comme un domestique ». Ciano l'ignore, mais il vient de signer son arrêt de mort. Il paiera au prix fort son ralliement à Grandi, au procès de Vérone, en janvier 1944 à l'issue duquel il sera exécuté. Mussolini, quant à lui, met en garde ceux qu'il n'appelle plus « camarades », mais « messieurs » et déclare: « L'ordre du jour de Grandi peut mettre en jeu l'existence du régime ». Grandi a franchi le Rubicon, déclarant: « C'est le moment de dire halte à l'oppression qu'exerce sur nous le Parti, qui est devenu une caserne et une prison ». Sa motion, que Mussolini avait qualifiée la veille d' « inadmissible et vile » est adoptée par 19 « oui » contre 7 « non » et une abstention. C'est la crise de régime.
La crise de Régime: Mussolini, atone
Mussolini, au lieu de réagir avec force, entend minimiser auprès du roi le vote du Grand Conseil, déclarant avec une stupéfiante naïveté: « Le Roi est un soldat loyal ». Scorza notera dans son journal: « Quel étrange révolutionnaire et dictateur! » Le Duce veut rencontrer le Roi le lendemain. En attendant, son épouse Rachele, qui a hérité d'un gros bon sens paysan, le houspille: « Tu les as tous fait arrêter au moins ? » Il répond d'un air las! « Je le ferai demain ». Où est donc passé le flamboyant révolutionnaire, fondateur du fascisme ? Mussolini a une confiance tout à fait extravagante en l'amitié et en la fidélité du roi. Alexandre Sanguedolce a cette phrase définitive: « La trahison est une tradition séculaire chez les Carignan-Savoie, prêts à tout pour sauvegarder leurs intérêts personnels. Louis XIV, en son temps, les avait mis à jour, prononçant ces mots prophétiques: La Savoie et son duc ne terminent que rarement une guerre dans le camp où ils l'ont commencée ». Pendant ce temps, les putschistes débattent du sort de Mussolini qui devra être capturé à l'issue de son audience avec le roi; puis exfiltré vers un endroit sûr au moyen d'une ambulance. Ils dressent une liste de 850 personnalités fascistes à mettre hors de nuire. Mussolini doit rencontrer le Roi, ce 24 juillet 1943. Il est confiant, déclarant: « Je suis allé deux fois par semaine chez le roi pendant vingt ans. Il m'a toujours témoigné de la solidarité et de l'amitié ». Incroyable aveuglement. « N'y vas pas Benito, implore Rachele, n'y vas pas ! Tu ne reviendras pas ». Sa maîtresse, Clara Petacci, tente aussi de l'en dissuader. Peine perdue. En accord avec les putschistes, le Roi a déjà pris sa décision. Le nouveau chef du gouvernement sera le maréchal Badoglio, l'ancien chef d'état-major des armées: un incapable et un opportuniste avide d'honneurs, qui fut affilié au Grand Orient d'Italie. Mussolini, qui n'envisage pas une seconde le lâchage du roi va le rencontrer le 25 juillet à 15h. Celui-ci lui dit: « Vous êtes l'homme le plus haï d'Italie. Vous ne pouvez compter sur vos amis. Il n'en reste qu'un, moi ». Quel extraordinaire cynisme ! Et de demander à Mussolini de démissionner de toutes ses fonctions. Livide, le Duce lâche: « Alors, tout est fini ? Tout est fini ? » L'entrevue est terminée. Le roi bafouille: « Je suis désolé. Je suis désolé, mais il n'y a pas d'autre solution ». Dans ses Mémoires, Mussolini notera: « Il était livide et il semblait encore plus petit (il mesurait 1m53) que d'ordinaire, presque rabougri. »
L'arrestation de Mussolini : fureur de Hitler
Au sortir de l'entretien, un capitaine des carabiniers vient à sa rencontre et lui annonce: « Excellence, au nom de sa Majesté le Roi, je vous prie de bien vouloir me suivre, j'ai reçu l'ordre d'assurer votre protection ». Mussolini est prisonnier. Une ambulance va le transporter en toute discrétion vers la caserne Pastrengo. Un carabinier a l'ordre d'arracher les fils du téléphone. Mussolini va dormir sur un divan inconfortable. Triste fin. L'appareil fasciste est neutralisé sans qu'un seul coup de feu n'ait été tiré, et le régime s'est effondré sans qu'il n'y ait eu la moindre résistance.
Hitler est fou de rage. Il ordonne le bouclage de Rome par les parachutistes. Il annonce qu'il compte investir le Vatican, persuadé à juste titre qu'une bande de comploteurs œuvrant contre l'Allemagne et ses alliés, y sévit. Quant au traître Badoglio, il tient à rassurer le Führer sur ses intentions, jurant qu'il entend continuer le guerre aux côtés du Reich. Hitler n'en croit évidemment pas un mot. Sa priorité est désormais de retrouver et libérer Benito Mussolini afin d'empêcher qu'il fût livré aux alliés: ce sera la mission d'Otto Skorzeny.
Le brillant livre d'Alexandre Sanguedolce s'arrête là. Nous attendons avec impatience la suite: l'opération audacieuse des commandos allemands, le 12 septembre 1943, qui libérèrent Mussolini de sa geôle du Gran Sasso, la création de la République sociale italienne et le procès de Vérone où les traîtres dont Ciano, le gendre du Duce, furent lourdement châtiés.
Conclusion
La postface d'Olivier Pigoreau est absolument passionnante. Elle répond aux questions que l'on est en droit de se poser: comment expliquer que les Allemands n'aient pas eu vent du complot et qu'ils aient été incapables d'ordonner des contre-mesures susceptibles de mettre en échec les projets des conjurés ? On ne peut, notamment, que s'interroger sur l'attitude pour le moins troublante des diplomates allemands en poste à Rome, qui cachèrent soigneusement à leur hiérarchie, les préparatifs de coup d'Etat, dont ils étaient parfaitement informés. Notons au passage que la même question se pose quant à la décision insensée de Mussolini d'envahir la Grèce qui aurait pu être bloquée si les services allemands en avaient informé Hitler.
Lisons la conclusion du livre. « La destitution de Mussolini et les tentatives d'assassinat et de putsch visant Hitler ont cela en commun qu'elles eurent pour origine les mêmes cercles, hauts responsables militaires et milieux conservateurs dans lesquels le Vatican joua un rôle de premier plan. Ce fut sans doute la grande erreur de ces dictateurs, de ne pas avoir, à l'inverse des dirigeants soviétiques, conduit jusqu' à leur terme les révolutions qui auraient purgé leurs pays des forces hostiles à leur régime ».
Robert Spieler - Rivarol 2021
« Complot à l'italienne. La destitution de Mussolini » d'Alexandre Sanguedolce, 230 pages, 18,50 euros, à l'ordre de Editions Konfident 27, rue des Boulangers, 75005 Paris.
Capitalisme bancaire - L'usure et l'argent dette
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- Catégorie : Le Profit avant le Politique
Le prêt à intérêt est une manière de faire de l’argent avec de l’argent. Au cours de l’histoire nombre de sociétés et de religion l’ont banni. Quand on comprend l’effet que l’usure a sur l’économie à long terme on comprend mieux ces interdictions passées.
L’usure est au cœur de l’économie capitaliste, ce que le journaliste économique Paul Grignon appelle l’argent dette. Ce système d’argent dette repose sur un équilibre fragile entre la croissance économique et la croissance de la masse monétaire.
L'Anneau des Nibelungen (L'Or du Rhin, la Valkyrie, Siegfried, Le Crépuscule des Dieux)
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Du Graal à Wagner, splendide est le chemin spirituel ! En la cathédrale wagnérienne, si les Fées, Rienzi, le Vaisseau Fantôme, et les Maîtres Chanteurs sont les chapelles latérales et le déambulatoire, on peut dire que Parsifal est le chœur, Lohengrin et Tristan, les deux bras du transept, Tannhäuser le narthex et l'Anneau des Nibelungen la nef. Au triple point de vue biographique, thématique et esthétique, la Tétralogie occupe, en effet, une position centrale dans l'univers wagnérien. Patiemment élaborée, au milieu de bien des traverses, pendant trente années, l’œuvre fut, au dire même de son auteur, «le poème de ma vie, l'expression de tout ce que je suis et de tout ce que je sens... », c'est elle qui lui suggéra l'idée du théâtre idéal de Bayreuth et qui, comme les doigts de la main autour de la paume, lui suggéra le thème et la forme de ses œuvres ultérieures.
En cet été 1847, Richard Wagner a trente-quatre ans, et se trouve à Dresde, chef d'orchestre du Grand-Théâtre et maître de chapelle, en une brève époque heureuse qui tranche sur cette longue période d'épreuves et de nomadisme qui s'étend de sa vingtième à sa cinquantième année; Wurtzbourg, Magdebourg, Königsberg, Riga l'ont vu promener sa malchance besogneuse d'où sont nés les Fées, la Défense d'aimer et Rienzi. A Paris, pendant deux terribles années et demi, au cours desquelles il a côtoyé plusieurs fois avec sa première femme, la mort par misère et inanition, il a composé le Vaisseau Fantôme, où sont apparus les thèmes mystiques et désormais envahissants de Chute, de Rédemption, et de Salut, de même qu'il s'est plongé dans les poèmes allemands légendaires d'où sont nés Tannhäuser et Lohengrin. Le Vaisseau Fantôme et Tannhäuser ont été représentés à Dresde en 1843 et 1845 ; il commence les Maîtres Chanteurs, humoristique réponse à Tannhäuser. Ces quelques années heureuses de Dresde vont être brisées lorsqu'en mai 1849, il participera à la révolution, et que, proscrit, il devra se réfugier en Suisse.
C'est alors qu'il se plonge dans la foisonnante matière légendaire de la mythologie celtique et Scandinave : d'abord les poèmes de l’Edda transcrits entre 800 et 1250 d'après des œuvres orales antérieures ; le Nibelungen, transcription médiévale germanique de la matière Scandinave ; la Saga des Valsungs transcrite vers 1260... Toutes ces légendes proviennent plus ou moins directement de cette Islande du haut moyen âge, véritable « conservatoire » de la Tradition hyperboréenne. Le caractère principal de toute cette mythologie est de se rattacher aux sources traditionnelles et pré-chrétiennes du mythe : une conception unitaire et magique du Monde où, entre la divinité et l'homme s'éploie la pyramide formidable de la nature et de ses forces, celles-ci étant personnifiées par des dieux voués à un incessant combat, à la ronde fatale des morts et des résurrections. Car le « Ragnarök » ou destinée finale des dieux est le symbole de cette continuelle et divine destruction — personnifiée dans l'Hindouisme par la déesse Kali — premier aspect de cet impitoyable équilibre du monde, dont l'homme ne peut connaître le second — la Création continuelle du monde, œuvre du Verbe Divin, symbolisé par le Graal — que s'il s'élève au-dessus de la matière, de la sensation et de l'intellect, que s'il brise la terrestre et terrible chaîne de la fatalité, et accède en lui-même à sa nature la plus haute où, dans la contemplation du Créateur, s'éploie enfin la liberté spirituelle.
De cette pyramide gigantesque dont l'Anneau des Nibelungen va être la base et dont, à la fin de sa vie, Parsifal sera le couronnement « traditionnel » et chrétien, Richard Wagner, en ce milieu du siècle, élabore lentement le plan: il fait pour l'Anneau ce que Joseph Bédier fait pour Tristan: il réunit les textes de sources diverses et les fond en une unité nouvelle. Peu à peu, les personnages prennent leur visage et leur fonction symbolique tandis que les épisodes s'architecturent, souvent porteurs dès leur naissance de leurs thèmes musicaux spécifiques.
A côté de ces sources légendaires, le XIXe siècle allemand lui-même fournit à Wagner le drame de la Motte-Fouqué (le Tueur de Dragons, Siegfried de Schlangentöter) de 1808, les deux drames de Hebbel (Der Gehörnte Siegfried et Siegfrieds Tod) tandis que la Suède lui apporte le poème de Lenström (Sigurd och Bryhilda) de 1836. Wagner a conscience de son audace : pour la première fois, un musicien occidental va remplacer les dieux grecs par des dieux Scandinaves ! En février 1848, toujours à Dresde, son plan est fait : cette nef gigantesque aura quatre travées : un prélude, l'Or du Rhin, qui sera joué sans interruption, puis une trilogie, la Valkyrie, Siegfried et le Crépuscule des dieux. Il y aura des variations dans les titres, mais jamais dans la fonction théurgique des différentes parties. Du printemps 1850 à Noël 1852, Wagner réfugié aux environs de Zurich « monte » peu à peu les pièces de son édifice, notant çà et là, à mesure qu'il écrit son poème, les thèmes musicaux directeurs. Parallèlement à ce travail, et issus de lui, naissent les admirables manifestes justement célèbres où il expose sa théorie du «drame musical». Quelques années plus tard, il écrira dans sa lettre sur la musique : « Mes conclusions les plus hardies relativement au drame musical dont je concevais la possibilité se sont imposées à moi, parce que dès cette époque (1849-1852) je portais dans ma tête le plan de mon grand drame des Nibelungen, et il avait revêtu dans ma pensée une forme telle que ma théorie n'était guère autre chose qu'une expression abstraite de ce qui s'était développé en moi comme production spontanée... »
L'Or du Rhin composé en 1853 constituera ainsi une complète rupture de formes à l’égard de l'ancien opéra, «simple conglomérat arbitraire de minuscules morceaux de chants isolés, juxtaposition toute de hasard d'airs, de duos, d'arias, etc. » (in Une communication à mes amis, 1851). Poussant beaucoup plus loin les tentatives de Gluck et de Berlioz, Wagner travaille à fond tous les éléments poétiques, instrumentaux, humains et visuels en une symphonie continue où la voix humaine est utilisée comme un instrument privilégié certes, mais faisant corps avec la féerie mélodique ininterrompue. La partie orchestrale ne se contente plus d'accompagner le chant, elle tient un rôle capital et autonome : celui même du chœur de la tragédie antique qui commente l'action et la hisse en son plan spécifique : celui du sacré. Les motifs thématiques attachés aux personnages font de ceux-ci des symboles sensoriellement préhensibles : comme dit Baudelaire, ils les « blasonnent». La musique devient encore davantage un langage et l'action progresse avec le minimum de dialogues; l'effusion lyrique continue n'est traversée d'aucun prosaïsme. Enfin, le théâtre devient un lien magique (et Wagner entendait ce dernier épithète dans son sens fort) où la fusion de tous les arts arrive à libérer dans le spectateur les énergies les plus profondes et à faire du spectacle une communion sacrée.
Extraordinaire ambition ! Extraordinaire réalisation qui n'a dans le passé que deux précédents, différents certes dans leur forme, mais analogues dans leur intention : la Tragédie grecque et le Mystère du Moyen Age.
Au début de février 1853, pendant qu'il travaille à l'Or du Rhin, Wagner bien que toujours en butte à d'incessants problèmes matériels, publie le quadruple poème, à ses frais, et pour ses seuls amis. Sans perdre de vue son grand dessein, plantant au contraire les jalons de son extraordinaire synthèse mythologique et mystique, en mars-avril 1856, il pense à mettre en scène et en musique, une légende hindoue d'amour et de pitié, sous le titre les Vainqueurs (il en trace une esquisse en mai), car en ces années 1856-1858 il est plongé dans le bouddhisme, et G. Leprince a pu avancer, avec quelque vérité que Parsifal était « un surgeon bouddhique transplanté dans un sol et sous un climat chrétiens, ou plus exactement encore un essai de correspondance et de fusion entre le bouddhisme et le christianisme, ce dernier sans la confession, mais avec la Présence réelle... (1)»
De 1854 à 1856, Wagner compose la Walkyrie. En 1956, il commence Siegfried. Le 3 mai 1864 (il a 51 ans) alors qu'il est de passage à Stuttgart, un événement providentiel met fin à ses lancinants problèmes pécuniaires : le jeune roi Louis II de Bavière, admirateur passionné de l'œuvre en gestation, lui dépêche un secrétaire, pour lui apprendre qu'il n'a d'autre désir que de « l'aider, l'aimer et le servir ». Grâce à lui, Tristan, terminé en 1859, est représenté à Munich, le 10 juin 1865, et grâce à lui, malgré la jalousie des Munichois, le projet du théâtre de Bayreuth va peu à peu prendre forme. Dans l'automne 1864, dans un rendez-vous de chasse des Alpes bavaroises que lui a prêté le roi, Wagner reprend le poème et la partition de Siegfried, qu'il terminera en février 1871. Mais sous la pression des Munichois, Wagner reprend en décembre 1965 sa vie errante : Genève, Lyon, Avignon, Toulon... bien qu'aidé pécuniairement par Louis II de Bavière. En 1867, les Maîtres Chanteurs sont représentés à Munich. En septembre 1869, Cosima, qui sera sa seconde femme, lui donne un fils baptisé Siegfried. Le père, tout à sa joie, compose la célèbre «Siegfried Idyll». En janvier suivant, il entreprend le Crépuscule des dieux, qu'il achève en novembre 1874.
Bien qu'il eût préféré ne révéler l'Anneau des Nibelungen que dans sa grandiose unité, Wagner ne peut refuser au roi mélomane et mécène une représentation de l'Or du Rhin à Munich le 22 septembre 1969, et de la Valkyrie le 26 juin 1870. La première pierre du «théâtre modèle» de Bayreuth est posée le 19 mai 1872, jour de la Pentecôte. Enfin c'est l'apothéose du premier festival de Bayreuth du 13 au 26 août 1976 : pour la première fois le monument de pierre et celui de musique s'offrent en leur éblouissante architecture : l'Anneau des Nibelungen, quatorze heures du spectacle le plus intense, est donné pour la première fois dans son intégralité. Six années plus tard, quelques mois avant la mort de Wagner, le 13 février 1883, Parsifal y sera à son tour créé, parachevant la cathédrale sonore.
Faire l'analyse suivie du quadruple poème de l'Anneau des Nibelungen, outre que cela nécessiterait une livraison entière d'Atlantis, aurait surtout le tort d'être sous ma plume la nouvelle version maladroite d'un travail qui a été fait maintes fois de façon fort satisfaisante. Je me bornerai ici à indiquer au passage quelques thèmes et quelques symboles fondamentaux.
L'Or du Rhin est le récit de la faute originelle : Wotan (même racine que le latin vates) l'inspiré, mais aussi le furieux, le possédé, fou d'orgueil et d'ambition, fait construire le Walhalla (wal, mort ; hall, salle), burg du plaisir et de la puissance, par les Géants auxquels il promet de livrer Freya la belle déesse, qui assure aux dieux la jeunesse et l'immortalité. Wotan cède à la tentation de Logue, le dieu du Feu (inutile, n'est-ce pas, d'expliquer aux lecteurs d'Atlantis l’étymologie de Log, la plus importante peut-être de toutes les racines celtiques) qui l'aide à s'emparer de l'or du Rhin. Pour posséder cet « or », Albérich, le roi des nains, a renoncé à l'amour : ainsi, surprenant les Filles du Rhin, il pourra posséder l'Anneau magique, formé avec le métal de lumière. Hélas, si l'or était pur dans l'abîme, il devient maléfique lorsqu'on le possède matériellement. Wotan, qui vole l'Anneau à Albérich, se charge à son tour de malédiction. Aussi cède-t-il aux instances d'Erda, la Terre maternelle et prophétique : il livre le trésor aux Géants avec le Casque magique et l'Anneau, plutôt que de le rendre aux Filles du Rhin. Aussitôt en possession de l'Or, les Géants se battent: Fafner tue Fasolt et se change en dragon pour mieux garder le Trésor.
La Valkyrie marque l'intervention de l'homme. Wotan n'a plus qu'un désir : arracher l'Or au dragon Fafner et le rendre aux Filles du Rhin. Ne pouvant intervenir lui-même, car il a juré sur les runes de sa propre lance, il suscite un héros, né des amours incestueuses de ses propres enfants : Sfegmund et Sieglinde. Mais Albérich poursuivant sa vengeance, de terribles combats s'engagent, à l'issue desquels Brunehilde — la Valkyrie, l'aînée des neuf filles que Wotan a eues avec Erda, la Terre — pour avoir sauvé Sieglinde qui porte le futur Siegfried en son sein, est déchue de sa divinité. Protégée par les cercles de feu dont Logue et Wotan l'entourent, elle attend son libérateur: seul un héros inaccessible à la peur pourra franchir l'enceinte ignée.
Siegfried, bien qu'élevé par Mime, le frère d'Albérich, est le symbole du courage et de la liberté. «L'homme libre s'engendre lui-même», dit Wagner. Il forge l'épée Notung par laquelle l'Or sera restitué aux Filles du Rhin. Siegfried comme Parsifal est un simple, un ignorant ne sachant rien de la mission qu'il doit accomplir, et conduit par une force qui est ou bien Fatalité ou divine Prescience, mais qui toujours procède de l'intuition. Souvent d'ailleurs, contrairement à Parsifal, il s'en montre indigne et obéit à ses seuls instincts. Mais ici comme là, le héros se débat dans les conséquences de la faute originelle. Il se révolte contre Wotan qui représente la Loi ancienne. Grâce à son épée, il tue Fafner le dragon, qui représente l'éternelle concupiscence, les désirs de la chair et de l'intellect, et la volonté de puissance. N'ayant gardé du Trésor que l'Anneau et le Casque magique, encore éclaboussé du sang du monstre, il comprend enfin, dépouillé de l'animalité et de l'humanité inférieure, le chant de l'Oiseau qui ne cesse de le suivre dans la forêt, délivre la Valkyrie et l'éveille. Siegfried et Brunehilde travaillent à instaurer désormais la Loi d'Amour, et Siegfried, pour mettre fin à l'antique malédiction, brise la lance aux runes qui emprisonne la liberté de Wotan.
Le Crépuscule des dieux est la traduction poétique et musicale de l'idée de cycle, de fin d'un monde et de naissance d'un monde nouveau. (A la même époque Nietzsche parlait d'Eternel Retour.) Les épisodes des deux premiers actes montrent Siegfried en proie à la machination de Hagen, fils d'Albérich, le Nain maudit. Brunehilde, se croyant trahie, décide la mort du héros, prend l'Anneau à son doigt, le passe au sien, et se jette dans le Bûcher. Les flammes embrasent le Walhalla, le Rhin déborde et noie le Bûcher ; les Filles du Rhin reprennent le Trésor et l'Anneau qui retrouve ainsi sa pureté. Alors que Siegfried était un fervent hommage à l'éternelle jeunesse, le Crépuscule nous fait témoins de toutes les puissances de décrépitude, et, sous des aspects symboliques, à la mort d'un monde qui est le nôtre, à la malédiction due à l'emploi de la force, de la lutte égoïste et bestiale pour la richesse et la puissance, et à ses bouleversements politiques.
Wagner, pèlerin de l'Europe, méprisé en France, banni de sa propre patrie pendant onze années, en butte à la misère jusqu'à l'âge de cinquante ans, humaniste aux mains de Lumière, conquérant d'un idéal à la fois terrestre et céleste, y incarne toute son angoisse, toute sa prescience de témoin de la fin de la race blanche. Dans une première version du poème, Brunehilde proclamait : « La race des dieux a passé comme un souffle, le monde que j'abandonne désormais est sans maître... Ni l'or, ni la richesse, ni la grandeur des dieux, ni maison, ni domaine, ni pourpre du rang suprême, ni les liens fallacieux des tristes conventions, ni la rigoureuse Loi d'une morale hypocrite !... Dans la douleur comme dans la joie... : l'Amour!»
Jean PHAURE
Note :
(1) G. LEPRINCE, Présence de Wagner (La Colombe, 1963), p. 369-370.
SOURCES : ATLANTIS – NOVEMBRE, DECEMBRE 1985
Les druides - Prêtres des peuples celtes
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- Catégorie : Traditions
Représentant l’élite intellectuelle du monde celtique, les druides n’ont laissé aucune trace écrite. Ce documentaire expose les dernières découvertes des archéologues sur leur culture.
Née en Europe centrale vers le Ier millénaire avant J.-C., la civilisation celte a occupé une grande partie du continent européen, des Balkans à l’Angleterre, de l’Italie du Nord à la Galice, avant d’être lentement absorbée par la civilisation romaine. À la fois dignitaires religieux, bâtisseurs, astronomes, mais aussi juges et guérisseurs, les druides constituaient l’élite intellectuelle des tribus celtes. S’ils savaient lire le grec et le latin, ils n’ont laissé aucune trace écrite. Nous devons ainsi le peu de connaissances qui nous sont parvenues à quelques auteurs de l’Antiquité. Quel rôle jouaient les druides ? Quelle est la part de vérité dans l'image que nous nous faisons de ces sages, représentés, depuis le XVIIe siècle, en tunique claire et longue barbe blanche, coupant le gui à la serpe pour concocter de mystérieuses potions ?
Redécouverte en Irlande au XVIIIe siècle, en réaction à l’occupation britannique, la mémoire de la culture celte ne s’est pas éteinte. Aujourd’hui encore, des druides et même des druidesses célèbrent, dans plusieurs pays d’Europe, la nature et le cycle des saisons, comme le faisaient peut-être leurs lointains ancêtres. Plongeant dans le passé, des archéologues poursuivent leurs recherches sur le terrain. Les fouilles entreprises dans un tumulus du Jura souabe, sur un site du nord de la France où furent retrouvés les restes de sept cents guerriers sans tête, ou encore sur celui de Bibracte, la capitale des Éduens, dans le Morvan, apportent de précieuses informations sur l’organisation de la société celtique. Elles éclairent en particulier les prérogatives des druides, dont on sait désormais que, s’ils conseillaient les rois, il pouvait leur revenir également de les sacrifier rituellement pour satisfaire les puissances célestes. Documentaire de Manfred Uhlig (2020, 53mn)
Les succursales vertes de Washington en Europe
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- Catégorie : ECOLOGIE
Le parti allemand des Verts est susceptible d’entrer dans une coalition gouvernementale aux élections de septembre après avoir renié ses origines et s’être rallié à Washington.
Pour l’Empire Américain, il est essentiel de dominer l’Europe, directement grâce à l’Otan, et indirectement par le biais d’un réseau de traités, d’institutions et d’organisations de l’élite qui établissent un consensus politique et sélectionnent les futurs dirigeants des pays européens. L’influence envahissante de Washington a profondément détérioré les relations entre les pays de l’Europe de l’Ouest et la Russie.
La Russie est une grande nation qui a une place importante dans l’histoire et la culture européenne. La politique de Washington est d’expulser la Russie de l’Europe de manière à affermir sa propre domination sur le reste du continent. Cette politique conduit à susciter artificiellement de l’hostilité et a détruire ce qui devrait être des relations mutuellement profitables entre la Russie et l’Occident.
Il est tout à fait évident pour tous les observateurs sérieux que le commerce entre une Russie riche en ressources et une Allemagne hautement industrialisée s’impose naturellement et profite aux deux parties – en particulier à l’Allemagne. L’oléoduc Nordstream 2 symbolise cette coopération profitable : il est sur le point d’être achevé et fournirait à l’Allemagne et à d’autres consommateurs européens, du gaz naturel à un prix raisonnable. Les États-Unis sont déterminés à empêcher que l’opération Nordstream 2 s’accomplisse. Les raisons évidentes sont de faire barrage à « l’influence russe », de vendre à l’Allemagne un gaz américain plus cher obtenu par fracturation hydraulique, et en dernière instance d’affaiblir le soutien populaire à Poutine dans l’espoir de le remplacer par une marionnette américaine, comme l’ivrogne Eltsine qui ruina la Russie dans les années 90.
Mais pour ceux des Européens qui préfèrent s’opposer au Nordstream 2 en prenant une posture d’une grande élévation morale, il y a tout un ensemble de prétextes disponibles, tous largement fictifs : le vote de la Crimée pour réintégrer la Russie, faussement présenté comme une mainmise militaire ; l’incroyable saga du non-empoisonnement d’Alexei Navalny ; et le dernier en date : une obscure explosion en République Tchèque, en 2014, qu’on attribue tout à coup à ces deux mêmes espions russes qui, prétendument, n’ont pas réussi à empoisonner les Skripal à Salibury en 2018.
Selon la doctrine libérale qui justifie le « libre-marché » capitaliste, c’est leur intérêt économique qui conduit les gens à faire des choix rationnels. Il s’ensuit que beaucoup de bons observateurs ont placé leurs espoirs d’une véritable opposition à la politique américaine d’isolement de la Russie, dans l’intérêt bien compris des politiciens allemands et en particulier des dirigeants économiques allemands.
Annalena Baerbock
Les élections allemandes de septembre : pragmatisme contre pharisaïsme
En septembre prochain il y aura en Allemagne des élections parlementaires qui décideront de l’identité du prochain chancelier successeur d’Angela Merkel. En politique étrangère, le choix pourrait être entre le pragmatisme et le moralisme, et on connaît maintenant celui qui l’emportera.
Le pharisaïsme agressif a sa candidate : Annalena Baerbock, que les Verts ont choisie pour être le futur chancelier. Le moralisme ostentatoire de Baerbock se révèle dans ses remontrances à la Russie.
Baerbock a quarante ans, elle est environ d’un an plus jeune que le parti des Verts lui-même. Elle est la mère de deux jeunes enfants, ancienne championne de trampoline et elle sourit même lorsqu’elle parle – l’image même d’une heureuse et innocente nature. Elle a appris à parler anglais couramment en Floride, lors d’un échange entre lycées, elle a étudié le droit international à la London School of Economics, et elle prône (surprise, surprise !) un partenariat étroit avec l’administration Biden pour sauver le climat et le monde en général.
Après que Baerbock fut choisie comme candidate des Verts, un sondage Kantar la montra en tête avec 28%, de tout un ensemble de candidats, juste devant le parti chrétien-démocrate à 27%. Plus surprenant fut un sondage de quinze cents dirigeants d’entreprise fait par l’hebdomadaire économique Wirtschaftswoche, qui montra que Baerbock était, de loin, leur favorite.
Résultats du sondage :
Annalena Baerbock : 26.5%
Christian Lindner, FDP : 16.2%
Armin Laschet, CDU : 14,03%
Olaf Scholz, SPD : 10.5%
Indécis : 32.5%
Il est naturel que le FDP libéral obtienne un bon score chez les dirigeants d’entreprises – Christian Lindner est également partisan de sanctions sévères contre la Russie, ce qui montre que les chefs d’entreprise préfèrent les deux candidats les plus antirusses. Bien entendu, ils peuvent être motivés d’abord par des questions intérieures. Le candidat CDU, Armin Laschet, en revanche, est un modéré raisonnable, qui prône des relations amicales avec la Russie. Mais on dit qu’il manque de charisme personnel.
Deux autres partis figuraient dans le sondage Kantar. Die Linke, le parti de la Gauche, faisait 7%. Ses figures les plus connues, Sarah Wagenknecht et son mari Oskar Lafontaine, sont ouvertement critiques de l’Otan et de l’agressive politique étrangère étatsunienne. Mais les dirigeants du parti qui s’accrochent à leurs faibles espoirs d’être inclus, à titre d’associés minoritaires, dans une hypothétique coalition de gauche, craignent d’être disqualifiés en adoptant de telles positions.
Le parti « Alternative pour l’Allemagne » est favorable à une normalisation des relations avec la Russie, mais depuis qu’il a été étiqueté d’extrême droite, aucun autre parti ne voudrait se joindre à lui dans une coalition.
Les gouvernements allemands sont mis en place par des coalitions. Les Verts peuvent aller vers la gauche (leurs origines) ou vers la droite. Le déclin historique des Sociaux Démocrates (SPD) et la faiblesse du parti de la Gauche, font qu’une coalition des Verts avec la CDU est la plus probable. Cette coalition pourrait inclure le SPD ou le FDP, selon le résultat des élections.
Dans les pays occidentaux, l’un après l’autre, l’opposition à la politique belliqueuse de l’OTAN se renforce, soit à droite, soit à gauche du spectre politique, mais ces opposants ne peuvent se rassembler car ils se divisent sur maints autres sujets. De sorte que c’est le centre conformiste qui l’emporte, et comme le soutien des partis traditionnels, CDU et SPD, s’érode, les Verts ont toutes les chances d’occuper ce centre.
Le programme des Verts : R2P et le Grand Reset
Baerbock est le pur produit d’une sélection transatlantique des dirigeants politiques. Entre deux sauts sur son trampoline, son intérêt professionnel a toujours porté sur les relations internationales dans une perspective anglo-américaine, y compris sa maîtrise de droit international à la London School of Economics.
Sa formation à la gouvernance transatlantique comprend son appartenance au Fonds Marshall pour l’Allemagne, au Programme des Jeunes Dirigeants du Forum Economique Mondial et au Comité Europe/Transatlantique de la Fondation Heinrich Böll du parti des Verts.
A partir de cette base, elle s’est élevée rapidement jusqu’à la direction du parti, avec très peu d’expérience politique et aucune expérience administrative.
Les Verts sont en complète harmonie avec la nouvelle croisade de l’administration Biden, laquelle vise à refaire le monde sur le modèle américain. En écho au Russiagate, et sans la moindre preuve, les Verts accusent la Russie d’immixtion malveillante en Europe, alors qu’ils mettent en avant leur propre immixtion bienveillante dans la politique intérieure russe, en faveur d’une « opposition démocratique » toute théorique.
Leur programme électoral affirme que « la Russie est devenue progressivement un État autoritaire et sape de plus en plus la démocratie et la stabilité de l’Union européenne et des pays limitrophes ». En même temps, le Verts « veulent soutenir et intensifier les échanges » avec le mouvement démocratique en Russie qui, selon eux, « se renforce eu égard aux droits de l’homme, à la démocratie et au règne de la loi ».
Pile de tuyaux pour le gazoduc North Stream 2 au port de Mukran, septembre 2020
Les Verts prônent de strictes sanctions contre la Russie et l’arrêt complet de Nordstream 2 : « Le projet d’oléoduc Nordstream 2 est non seulement dommageable quant au climat et à la politique énergétique, mais également d’un point de vue géostratégique – en particulier quant à la situation en Ukraine – on doit donc y mettre fin. »
Les Verts exigent aussi que le gouvernement russe remplisse ses engagements des accords de Minsk pour mettre fin au conflit dans l’est de l’Ukraine, ignorant le fait que c’est le refus du gouvernement de Kiev de respecter ces accords qui empêche toute solution au conflit.
Baerbock est entièrement favorable aux « interventions humanitaires ». Les Verts proposent ainsi de changer les règles des Nations Unies pour pouvoir passer outre le veto des grandes puissances (détenu par les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et la France) afin d’utiliser la force militaire pour « empêcher un génocide ». Son enthousiasme pour la R2P (« Responsabilité Pour Protéger » [« Responsability to Protect »], si bien utilisée en Libye pour détruire ce pays) devrait avoir un écho favorable dans une administration Biden où l’ancien ambassadeur aux Nations Unies, Samantha Power, est à la recherche de victimes à sauver.
Inutile de dire que les Verts n’ont pas oublié l’environnement, et ils voient la « neutralité climatique » comme une « grande chance pour l’Allemagne en tant qu’espace industriel ». Le développement des « technologies de protection du climat » devrait fournir « une impulsion pour de nouveaux investissements ». Leur programme demande la création d’un « euro digital », la « sécurisation d’une identité numérique sur le portable », et des « services administratifs numérisés ».
De fait, le programme économique des Verts ressemble beaucoup au Grand Reset prônée par le Forum Economique Mondial de Davos, avec une nouvelle économie centrée sur le changement climatique, l’intelligence artificielle et la numérisation de tout.
Le capitalisme international a besoin d’innover pour stimuler l’investissement productif et le changement climatique lui en fournit l’aiguillon. En tant que «young leader » du Forum Economique Mondial, Baerbock a sûrement appris cette leçon.
Quarante ans plus tôt, les Verts allemands demandaient la fin de la Guerre Froide et condamnaient les « images de l’ennemi », ces stéréotypes malveillants appliqués aux anciens ennemis de l’Allemagne. Aujourd’hui, les Verts promeuvent les « images de l’ennemi » russe et sont les premiers à contribuer à la nouvelle Guerre Froide.
Baerbock n’a pas eu besoin de trahir les idéaux des Verts, ils avaient déjà été entièrement trahis avant qu’elle adhère au parti, il y a 22 ans, par Joschka Fischer.
Joschka Fischer, champion des retournements de vestes
Fischer était un ancien gauchiste beau parleur qui dirigeait l’aile « réaliste » des Verts. Sa nomination comme ministre des affaires étrangères en 1998 fut accueillie avec enthousiasme par de hauts dirigeants américains en dépit du fait qu’il avait abandonné ses études secondaires et qu’il avait passé sa jeunesse comme bagarreur de rue gauchiste à Francfort, non loin des bases américaines.
En mars 99, le ministre des affaires étrangères Fischer donna la preuve de ce qu’il valait en conduisant l’Allemagne et son parti Vert « pacifiste » à participer au bombardement de l’Otan contre la Yougoslavie. Un renégat est particulièrement appréciable dans ce genre de circonstances.
Beaucoup de Verts hostiles à la guerre par principe quittèrent le parti, mais les opportunistes s’y engouffrèrent. Fischer réussit à toucher les cordes sensibles : la raison qu’il donna pour faire la guerre était « Jamais plus Auschwitz » – ce qui n’avait rien à voir avec la question du Kosovo mais était moralement intimidant.
Fischer apprit de son mentor, l’ancienne secrétaire d’état américaine Madeleine Allbright, l’art de la porte tournante, et en 2007 il se lança dans le métier de consultant avec sa propre firme de conseil d’entreprises sur la manière de mettre à profit les circonstances politiques dans les différents pays.
L’opportunisme peut être un art. Il collectionna aussi les conférences lucratives et les doctorats honoraires d’universités de par le monde – lui qui ne termina jamais ses études secondaires. De son squat de jeunesse, il était passé à une luxueuse villa dans le plus beau quartier de Berlin, en compagnie de sa cinquième épouse, tout aussi séduisante que les précédentes.
En s’enrichissant, Fischer prit ses distances avec la politique et avec les Verts, mais la candidature de Baerbock semble avoir ranimé son intérêt. Le 24 avril, Der Spiegel publia un entretien avec Fischer et un politicien en vue du FDP, Alexander Graf Lambsdorff, entretien intitulé : « Nous devons frapper la Russie là où ça fait mal ». Fischer laissa entendre que cette rencontre avec Lambsdorff annonçait l’entrée possible du FDP dans une coalition avec les Verts.
Pendant ce temps-là en France
De l’autre côté du Rhin, en France, les Verts français, « Europe Ecologie les Verts », ont également profité de la désaffection à l’égard des partis traditionnels, notamment les Socialistes, en voie de disparition, et les Républicains, très affaiblis. Les Verts ont remporté plusieurs grandes municipalités à l’occasion d’élections à faible participation pendant la pandémie. Ils ont causé quelques remous en condamnant les sapins de Noël (victimes de coupes) ; en privant de subventions un aéroclub, au motif que les enfants ne devraient plus rêver de voler (c’est mauvais pour l’environnement) ; et en contribuant à hauteur de deux millions et demi d’euros au financement public d’une mosquée géante à Strasbourg, mosquée parrainée par le président turc Recep Tayyip Erdogan afin de promouvoir l’islam en Europe ( Strasbourg a déjà une demi-douzaine de petites mosquées pour sa population d’immigrés turcs).
Le candidat EELV aux élections présidentielles de 2022, Yannick Jadot, inspiré par l’actuelle popularité de Baerbock, nourrit de grandes ambitions. Dans un article du Monde du 15 avril, il écrivait : « L’arrivée des Verts au pouvoir en Allemagne à l’automne 2021, si s’y ajoute celle des écologistes en France en 2022, contribuera à créer les conditions de l’émergence d’une puissante politique étrangère et de défense commune aux Européens. »
Jadot intitulait son article : « Les régimes autoritaires ne comprennent que les rapports de force ». « Ils ne comprennent que la force » est un cliché éculé débité par les pouvoirs qui préfèrent eux-mêmes utiliser la force.
Jadot se plaint de « l’agressivité croissante des régimes autoritaires de la Chine, de la Russie et même de la Turquie » et du fait qu’ils « fragilisent nos démocraties en diffusant des fausses nouvelles » ou « en rachetant nos entreprises-clés ». Ce qui est une excellente plaisanterie puisque ce sont les États-Unis qui sont intervenus contre le producteur français de matériel de centrales nucléaires Alstom pour faciliter son rachat par General Electric. (Voyez : Le piège américain, de Frédéric Pierucci).
L’élément commun aux Verts allemands et français, c’est Daniel Cohn-Bendit, qui a intégré et quitté les deux partis, les poussant tous les deux dans les bras de l’Otan et de Washington. Mais la différence entre eux, c’est que les Verts allemands peuvent entrer dans une coalition avec la droite ou bien avec la gauche, alors que les Français s’identifient encore à la gauche et que celle-ci a de très faibles chances de gagner les prochaines élections présidentielles, même avec une tête de liste vert-kaki.
Biden a déclaré que le 21ième siècle est celui de la compétition entre les États-Unis et la Chine. Pour les États-Unis, il n’y a que la compétition, jamais la coopération. L’Europe n’est pas dans la course : elle l’a perdue depuis longtemps. Son rôle est d’être le suiveur, alors que les États-Unis sont les meneurs. Les Verts européens aspirent à prendre la tête des suiveurs, partout où Washington les mènera.
Diana Johnstone
Source : Consortium News
Diana Johnstone était attachée de presse du groupe des Verts au Parlement européen, de 1989 à 1996. Dans son dernier livre, Circle in the darkness : memoirs of a world watcher (Clarity Press, 2020), elle raconte les moments clés de la transformation du parti allemand des Verts, d’un parti de la paix en un parti de la guerre. Ses autres livres sont : Fools’ crusade : Yugoslavia, NATO and Western delusions (Pluto/Monthly Review), ainsi que From MAD to madness : inside Pentagon nuclear war planning(Clarity Press), écrit en coopération avec son père, Paul H. Johnstone. On peut la joindre à
[Diana Johnstone, née en 1934, est une journaliste américaine indépendante, de grand talent, qui vit à Paris depuis une trentaine d’années. Ses autres articles, notamment une remarquable analyse du mouvement des Gilets Jaunes, se trouvent sur la Unz Review, Ndt]
Traduit par J.A., relu par Hervé pour le Saker Francophone
Importance du celtisme dans les Asturies
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- Catégorie : Régions d'Europe
Quelle est l'importance du celtisme, au-delà de la curiosité scientifique ? Son importance en termes de préoccupations identitaires ne fait aucun doute. Le passé celtique des Asturies, partagé avec celui de nombreuses régions de la péninsule ibérique, est très remarquable. En fait, si nous nous débarrassons du préjugé linguistique de certains étrangers (seules les nations qui conservent un parler celtique seraient celtiques), il existe en Espagne et au Portugal des témoignages accablants de la présence celtique, ainsi que de la celtisation profonde de nombreux peuples autochtones dont nous sommes issus. Ces super-vies vont au-delà des archives archéologiques ou de quelques traces dans la toponymie, par exemple. Ce sont des « expériences » qui s'actualisent dans une myriade de rituels, de festivals, d'habitudes collectives. Le fait que dans le Pays Asturien (qui dépasse largement l'actuelle Principauté et s'étend à ce qui, au début du Moyen Âge, était un Royaume dans le nord-ouest de la péninsule), tant de rituels, de fêtes, d'habitudes et de physionomies celtiques aient été préservés ne peut s'expliquer uniquement par un isolement séculaire. L'isolement des Asturies et du nord-ouest de l'Espagne par rapport aux territoires qui, plus tard, ont été le théâtre de l'histoire de la grande politique, du grand destin, n'explique pas tout. Il s'agit d'une considération purement négative d'un fait : le fait qu'il existe une celticité très marquée dans notre pays. Outre ce factum, pris dans un sens positif, il faut tenir compte d'une chose qui passe généralement inaperçue : des racines solides, une volonté collective et persistante de rester ce que nous sommes.
Du celtisme asturien, de nombreux points doivent être clarifiés, et mis au milieu de tous, aussi bien du côté des détracteurs que devant les yeux des partisans. Le premier de ces points est qu'il n'est pas possible d'être ni détracteur ni partisan. C'est un fait, un substrat factuel qui est là, attendant d'être de plus en plus exploré. Ce substrat ne contredit en rien la profonde romanisation de nombreuses zones de la Principauté actuelle. Rome nous a légué la langue et de nombreuses institutions. L'étude historique d'un pays implique l'analyse des différentes couches de sa constitution, ainsi que la dialectique et la synthèse de ces substrats. La romanisation du Nord-Ouest lui-même a été très différente de celle des régions du sud et de l'est de l'Espagne : le substrat est informé par les structures de colonisation d'une manière différente. Ici, les Romains sont venus avec le feu et l'épée, pas comme alliés. C'est là que se déroulent les guerres asturiennes, bien plus féroces que les guerres de Gaule et de Germanie de l'époque. On ne colonise pas ou on ne gouverne pas de la même manière un peuple soumis manu militari, et avec une grande distance ethnique d'eux, comme un peuple ami, préalablement soumis à l'influence des civilisations méditerranéennes. Rome y a trouvé de véritables peuples « barbares », c'est-à-dire des altérités inassimilables sauf par la guerre et l'asservissement.
Et c'est là qu'intervient le principal facteur identitaire du celtisme, qui a pu jouer un rôle politique et culturel majeur. Mais, comme ce fut le cas pour la langue asturienne, elle n'a finalement joué aucun rôle. Je pense que cela n'a pas été le cas en raison du lavage de cerveau des « impérialistes hispaniques » dans une large mesure. Les Asturiens, comme d'autres peuples voisins et ethniquement très proches (Galice, Cantabrie, León), ont une conscience assez diffuse de l'existence de deux « Espagnes ». Plus d'Espagne « rouge » et « bleue », car la bipolarité de la guerre civile est déjà loin derrière nous, et le clivage purement idéologique, en plus d'être désastreux, n'est plus opérant au XXIe siècle. Je me réfère plutôt au clivage entre l'Espagne atlantique et l'Espagne méditerranéenne, qui a servi à de nombreux Asturiens ayant une conscience identitaire - à droite ou à gauche du spectre idéologique - à trouver un miroir dans lequel revoir leurs propres racines, leurs entrailles, leurs particularités face à un moule « castellaniste » et jacobin fondamentalement méditerranéen.
L'Espagne castillaniste sent déjà le cadavre. Le schéma que les hispanistes castillanocentriques d'aujourd'hui utilisent n'est rien d'autre qu'une transposition du schéma de l'impérialisme romain. Ce que Gustavo Bueno, père et fils, ce dernier avec ses acolytes et ses pseudonymes, ont fait au cours des dernières décennies n'est rien d'autre que de défendre des idées extrêmement usées et discréditées, les idées d'un impérialisme que j'appelle absorbant, dont le paradigme est Rome et que l'Espagne des Habsbourg a à peine essayé d'imiter. VOX même, et les régénérateurs qui ont précédé ce mouvement, se sont fait une idée absolument déformée de l'Empire hispanique, une idée jacobine, qui ne correspond pas du tout à la nature agglutinante de la couronne espagnole des Habsbourg, plus proche de l'impérialisme également agglutinant de ses parents autrichiens. J'appelle Empire agglutinant celui qui centralise au sommet -dans une Couronne et dans la même idée spirituelle de -Communauté de destin- une hétérogénéité de territoires, de juridictions, de principautés, de villes, de royaumes. L'Empire à la manière du Saint Empire romain germanique, ainsi que de l'Empire austro-hongrois, mais surtout de celui-ci, était plutôt une idée : l'idée d'une fédération efficace d'égaux dans la diversité. L'extrême droite espagnole, ainsi que l'extrême gauche espagnole, se sont donné la main sur ce point. L'intérêt de vouloir nous imposer à tous une vision uniforme, unitaire, homogène, jacobine. Certains, en revitalisant l'idée d'un Empire hispanique qui n'était en rien une transcription de l'Empire romain en pleine modernité. Ce n'est pas parce que la Couronne des Habsbourg d'Espagne était encore totalement imprégnée de droit et de philosophie politique germaniques. Une union par le haut, par la Couronne et par les grandes maisons nobles, une union de la diversité. Gustavo Bueno et ses proches (dans les différents sens du mot « proches ») veulent nous confondre tous, en faisant de l'Empire espagnol (XVIe-XVIIe siècles) un Empire absorbant, alors qu'il s'agissait, en réalité, d'un Empire agglutinant, bien que l'hégémonie castillane ait certainement été excessive et même préjudiciable à cette même nationalité.
Carlos X. Blanco
Sources : Euro-Synergies
Militant au Front national. Nostalgie...
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- Catégorie : POLITIQUE
Né en 1970, Pierre Gillieth collabore à l'excellent magazine Réfléchir et agir, et a écrit deux romans dont un salué par Michel Déon et A.D.G., et plusieurs essais. Il nous propose une plongée dans ses années de jeunesse des plus tumultueuses. Ce roman autobiographique au titre bizarre (Western électrique), paru chez Auda Isarn, décrit le milieu ultra bourgeois dont il est issu (la famille Baudis, son grand-père Pierre et son oncle Dominique furent maires de Toulouse), aux antipodes de ses convictions et de son militantisme nauséabonds. Il milita, en effet, au Front national, certes pas dans la tendance « cages aux folles », et nous livre quelques pages roboratives et amusantes, mais aussi profondes. Notons que quelques paragraphes un peu lestes pourraient cependant choquer certains lecteurs.
Le début du livre évoque « cinq types (qui) jaillirent d'une vieille Talbot au rouge fatigué, des affiches à la main, avec un seau et des pinceaux dégoulinant d'une colle blanchâtre ». Les affiches, siglées du triangle du Front national de la jeunesse, représentent un avion au décollage, « Quand nous arriverons, ils partiront ! » Parmi les « colleurs », il y a bien sûr Bertrand qui n'est autre que le double de Pierre Gillieth. Bertrand, qui est huissier, s'ennuie prodigieusement dans son travail. Il y jouit cependant de quelques distractions, observant, tel un entomologiste, le fils de son patron qui est un peu attardé et sert de coursier: l'occasion pour l'auteur de dépeindre avec talent et cruauté le personnage en quelques lignes: « Un gnome d'à peine un mètre soixante, avec une tête disproportionnée par rapport à son corps malingre, des cheveux noirs courts et une paire de lunettes masquant mal les tics nerveux du personnage. Il marchait en levant alternativement bien haut les genoux, comme un soldat de plomb à la parade, d'un pas d'hoplite. Mais on ne le plaignait pas, généralement comme il sied à ce genre de malheureux, parce qu'il était teigneux, égoïste et sournois ». On constate dès l'introduction la haute empathie qu'éprouve l'auteur pour l'humanité souffrante...
Famille bourgeoise et bête immonde
« Rien ne m'avait prédestiné à rallier la bête immonde, raconte Bertrand, J'étais né dans une famille bourgeoise de centre-droit. Mes parents et leurs amis étaient hédonistes, bien dans l'air du temps post-68, tout un mode de vie fait d'aisance et de luxe décontracté ». Quand Bertrand apprit aux siens qu'il militait au Front national, ce fut la consternation. Il explique les raisons de son engagement: l'immigration, la mort du monde paysan, la mondialisation. Son père, qui vit dans une magnifique maison XVIIIème et dans un hôtel particulier, lui réplique: « On ne pouvait rien y faire ». Commentaire de Bertrand: « Là, forcément, le bruit et l'odeur chers à Chirac sont moins olfactifs et urticants. Oui, l'égoïsme est le maître mot de la bourgeoisie française qui ne vote qu'en fonction de sa feuille d'impôts ». Bertrand évoque aussi son arrière-grand-père Albert Baudis, dit Papé, un autre personnage. Il se prénommait en réalité Adolphe mais « changea son prénom quad le Grand Moustachu se fit un prénom dans les années trente ». Il racontait au petit Bertrand, pour son plus grand délice, d'horribles histoires de la Grande Guerre, les obus, les schnarpels, mais aussi les coups de grisou des mines qu'il dirigeait. L'enfant adorait et disait à sa mère effondrée: « Dis Maman, quand est-ce qu'il y aura une guerre ? » Commentaire douloureux de Pierre Gillieth: « Cet enfant était déjà perdu pour la démocratie et l'humanitaire. Les crimes contre l'humanité et le fascisme lui tendaient déjà les bras ». Et c'est ainsi que Bertrand devint assez tôt « le punk de la famille, un pied dans le rock, l'autre dans le fascisme ». Bertrand n'était cependant pas le seul de la famille Baudis, si bourgeoise, à flirter dangereusement avec l'excentricité. Il y avait son oncle Jean-Pierre qui avait quelques fixettes. Il détestait les anesthésistes qui, pour lui, étaient une bande de fainéants inutiles qui, une fois leur piqûre faite, se roulaient les pouces. Il s'emportait aussi contre les pilotes d'Air France qui faisaient grève et lui faisaient louper quelques jours à New-York, dans un palace. Sa solution, quelque peu radicale? « Il faut les fusiller. Tu comprends ? Tous ! » Commentaire de Bertrand: « Jean-Pierre m'amusait car il fusillait souvent ». Il ajoute: «Moi, j'ai toujours aimé les dingues. Leur poésie, leur fantaisie »...
Au Front national
Le « Fasciste" se devait évidemment de se rendre, avec ses camarades, à une manif' nationale du Front à Carpentras, pour protester contre l'ignoble manipulation dans l'affaire du cimetière. Toute la classe politique, de gauche et de droite s'indignait et désignait l' « extrême droite ». L'auteur rappelle cette image de Pierre Joxe, le ministre de l'Intérieur, « la mine grave, son chapeau quasi-loubavitch », déclarant: « Il n'y a pas besoin d'enquête policière pour savoir quels sont les criminels ». « L'exagération, chez ces gens-là, est une habitude », commente Gillieth. Il rappelle que, curieusement, Simone Veil sut garder la tête froide, appelant à « ne pas imputer à quiconque, sans preuves, la responsabilité de Carpentras ». « Cet imbécile » de Louis Aliot, « avec sa gueule de plouc endimanché », a droit à un dézinguage en règle: « Louis Aliot était un grand type de notre âge, vingt-trois ans, une carrure de rugbyman, le genre agricole, mal déguisé en bourgeois. Il portait une chemise bleue et un blazer bleu-marine. Jusque-là, tout était parfait. Mais une chaîne terminée d'une médaille en or scintillait dans l'ouverture de sa chemise ». L'élégance cachère, sans doute... Un des comparses de Bertrand ironise au sujet de ces étudiants modérés (donc modérément courageux) que nous avons tous connus, qui se baladent en première année de droit avec un attaché-case de ministre et se la jouent futur énarque. « Ce que j'aime chez ces gens, c'est une certaine intelligence au sujet d'un idéal désintéressé. On sent que ces mecs-là auraient pu défendre le bunker du Führer à Berlin en 1945 », persifle le camarade de Bertrand qui en rajoute dans l'ironie: « Il y a chez eux un côté Malraux, Saint-Loup, Hemingway ou Brasillach ». Qu'il est méchant !
Nostalgie...
1er mai 1995, la « Jeanne d'Arc, notre Facho Pride à nous », se rappelle Bertrand. Jean-Marie Le Pen venait de faire 15% à la Présidentielle deux semaines auparavant. Les slogans d'une époque révolue: « Europe Jeunesse, Révolution », « Le Pen Président », « Deauville-Sentier, territoires occupés », « Immigrés dehors les Français d'abord ». « Nous avions alors foi et espoir dans le Front national. Qui nous décevra ensuite par sa dérive monégasque et la médiocrité de ses cadres, sa non-envie de montrer un visage radical mais également sérieux. Au lieu de cela, nous aurons tout un ramassis de médiocres ambitieux ». « Les gens étaient heureux, cela se voyait sur leur visage. Ils avaient repris espoir », constate Bertrand. Et puis, poursuit-il, « il y eut la dédiabolisation qui vida le RN de son contenu, en en faisant tout juste un clone du RPR des années 80. Une déception totale ». Bertrand se souvient aussi avec nostalgie de ces formidables BBR (Bleu, Blanc, Rouge) sur la Pelouse de Reuilly, cette fête inspirée de celle de l'Huma. De nombreux militants ou simples curieux étaient attablés dans les restaurants des diverses fédérations. Chacun proposait des spécialités de sa région. On pouvait aussi bien manger un cassoulet sur le stand de la Haute-Garonne qu’une fondue sur celui de la Savoie ou une choucroute sur celui de l'Alsace. L'ambiance était bon enfant, se souvient l'auteur. Et puis, « cela faisait du bien de pouvoir enfin dire le fond de notre pensée, sans être regardé d'un sale œil ou de risquer sa place au boulot ». Bertrand et ses camarades vont choisir une baraque à frites du stand du Nord pour se sustenter. Derrière le comptoir, « cinq ou six militants nordistes s'activaient aux fourneaux. Ca fumait, Ca crépitait, et les mains tournaient et retournaient les viandes et saucisses pleines de graisse ». On a l'impression d'y être... Et puis, on achetait quelques bouquins. De la bonne littérature: Brasillach, Rebatet, Saint-Loup, Drieu, Abel Bonnard, Benoist-Méchin et tant d'autres. « Nous étions heureux, le temps était enfin devenu léger, amical, fraternel même », se souvient avec nostalgie Bertrand.
Vive la liberté !
Bertrand en a marre de ce métier d’huissier de justice. Il décrit un constat d'adultère auquel il a participé. Et puis, ces descentes dans la banlieue, là où s'applique l'adage « Parabole au balcon, Arabe au salon ». Ces petites gens à qui on vient saisir le mobilier pour quelques dizaines d'euros dus au fisc. Bien sûr, il y a aussi ces gens gagnant le SMIC et achetant une télé valant deux fois leur salaire, avec home-cinéma et des enceintes de stade. Bertrand rencontre aussi de pauvres gens qui n'ont même pas de quoi s'acheter de quoi manger, chez qui il vient procéder à une saisie de leur mobilier. Mais après tout, de quoi se plaignent-ils? On leur laisse les chaises, la table et le lit... On était là, commente l'auteur, « dans ce que ce métier pouvait avoir de pire et d'injuste ». Et puis, il y a ce nouveau stagiaire qu'il ne supporte pas, avec qui il n'a rien de commun, « petit, sérieux, avec une tête de premier de classe». Il avait, raconte-t-il, « tous les tics du bourgeois sans imagination, ascendant plouc-nouveau riche: la rolex, le blazer avec un écusson bidon de collège anglais, des Churchs, une cravate club. » Non, décidément, ce destin de bourgeois minable, Bertrand n'en veut pas. Il est temps de changer d'horizon. C'était, dit l'auteur, « la fin des années heureuses, avant la gueule de bois des années 9O, la mondialisation, le politiquement correct qui se durcissait, l'arrivisme et le fric, la fin de la jeunesse et de l'insouciance, les premiers copains qui mouraient du sida et de la drogue. »
Voici Bertrand libre, en route pour de nouvelles aventures. Accompagnons-le avec cette magnifique chanson d'Hervé Christiani qui exalte la liberté: « Il est libre, Max, y'en a qui l'ont même vu voler ». Voici la première strophe: « Il met de la magie, mine de rien, dans tout ce qu’il fait / Il a le sourire facile, même pour les imbéciles / Il s’amuse bien, il n’tombe jamais dans les pièges / Il n’se laisse pas étourdir par les néons des manèges / Il vit sa vie sans s’occuper des grimaces / Que font autour de lui les poissons dans la nasse ».
Robert Spieler – Rivarol 2021
Western électrique, de Pierre Gillieth, 153 pages, 16 euros, éditions Auda Isarn BP 90825 31008 Toulouse cedex 6
TOUT DESPROGES Par Eugène KRAMPON
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- Catégorie : KRAMPON A LU
S’il existe une arme tout aussi redoutable que la bombe à neutron et la dialectique, c’est bien le rire. Il faut bien avouer que ce dernier demeure l’apanage de ceux qui malgré les épreuves parfois très rudes de la vie, considèrent que leur passage sur terre n’est pas une longue marche dans une vallée des larmes. Il est l’outil de ceux qui savent tirer le glaive du fourreau quand c’est nécessaire mais aussi se réunir entre camarades pour unir leur voix autour d’un verre de vin. Il est l’essence de ceux qui aiment la bonne chère et les femmes, l’amitié et la fête qui est païenne par essence.
COMIQUE SUBVERSIF
Nous estimons nous qu’il n’y a pas de tabous, que l’on peut rire de tout et de tous, surtout si la moquerie s’opère avec talent. Molière en son temps avait bien compris cela lui qui se permettait de railler les puissants, dont les gens d’Eglise et de brocarder les courtisans bien en vue de la Cours de Louis XIV. Ça n’est pas l’avis des comiques subventionnés par nos impôts, dont le seul fait d’être de gauche ou sépharade tient lieu de talent, et qui seuls sont habilités, avec la totale complicité des médias et de ceux qui les produisent, de nous dire avec qui nous avons le droit de rire et surtout quels en sont les frontières ! Un comique de grand talent comme Dieudonné, qui se définissait lui-même comme « comique subversif » l’a appris à ses dépends : procès, amendes, menaces d’emprisonnement, intimidations sur sa famille, contrôles fiscaux, interdiction d’antenne, de scènes…à tel point qu’il envisage désormais de s’exiler en Turquie, estimant qu’a Ankara, il serait plus libre qu’a Paris, phare culturel du monde et des droits de l’homme auto-proclamés !
LA RUPTURE DU 18 AVRIL 1988
Pierre Desproges est mort le 18 avril 1988. Depuis cette date, une véritable chape de plomb du politiquement correct s’est abattue sur la France au point qu’on se demande aujourd’hui ce qu’il est encore permis d’aborder et qui peut être mis en boite. On a l’impression qu’il existe désormais une grande catégorie d’intouchables, de véritables vaches sacrées (aussi encombrantes sur nos écrans qu’inutiles dans nos vies) et autres sujets tabous à un point tel que même un artiste classé à gauche et de talent comme Coluche serait réduit au silence en 2021. Pourrait-il encore dire sur scène que « le changement, c’est quand on prendra les Arabes en stop…Bah Il est pas arrivé le pauvre mec ! » Idem pour les Inconnus : « Quelle est la première ville arabe traversée par le rallye Paris-Dakar ? Marseille ! »
Desproges était inclassable politiquement et surtout pas de nos idées. Peu importe en vérité car contrairement aux gens de gauche, nous savons-nous reconnaitre du talent même à un de nos ennemis, la réciproque n’étant pas vrai. Avec un talent insurpassé depuis lors, Desproges n’a épargné personne et osait même s’aventurer sur des sujets avec un ton et des propos si acerbes qu’il serait de nos jours un client fétiche de la XVIIe Correctionnelle. De l’intégrale de ses écrits, chroniques radiophoniques et sketchs joués sur scène rassemblés dans une véritable somme de 1450 pages intitulé Tout Desproges, j’ai exhumé pour vous quelques pépites. 1988-2021, vous pourrez toucher du doigt la véritable descente aux enfers de la liberté d’expression en France, réduite comme peau de chagrin. A vous de sortir les mouchoirs pour en pleurer…ou en rire :
SUR LE PEN :
- - Il y a plus d’humanité dans l’œil d’un chien quand il remue la queue que dans la queue de Le Pen quant il remue son œil.
SUR LA HAINE :
- - Puisque la haine est le moteur de la guerre, apprenons à nous haïr entre nous. Ah certes, il est plus facile de haïr les Arabes et les Anglais dont les mœurs incroyablement primitives ont de quoi nous révulser. Est-ce que je mange du gigot à la menthe en me tournant vers La Mecque ?
- - L’ennemi n’est pas contagieux, il est héréditaire (tiens qu’en aurait pensé Carl Schmitt et le professeur Julien Freund ?)
SUR LES MOEURS NOUVELLES :
- - Pire que le mariage blanc, il n’y a pas. Sauf bien sûr le concubinage nègre, au sein duquel le sang d’un héros de 1789 se mêle au sang des cocotiers au risque d’aboutir à la venue au monde d’un être hideux, mi-homme mi-nègre.
- - Comment reconnait-on un homosexuel ? Lorsqu’on lui sert une banane flambée. S’il regarde la banane flambée sans piper, c’est un hétéro. Mais s’il regarde la banane flambée en lui disant « comment tu t’appelles ? » c’est une autre paire de manches !
SUR LES FEMINISTES :
- - Je n’aime pas les racistes, mais j’aime encore moins les nègres. Je mets dans le même panier les connards phallocrates et les connasses MLF.
- - On ne saurait me taxer d’antiféminisme primaire. Je le jure, pour moi la femme est beaucoup plus qu’un objet sexuel. C’est un être pensant comme Julio Iglesias.
- - Dépourvue d’âme, la femme est dans l’incapacité de s’élever vers Dieu. En revanche, elle est en général pourvue d’un escabeau qui lui permet de s’élever vers le plafond pour faire les carreaux. C’est tout ce qu’on lui demande.
SUR LA RELIGION :
- - Jésus-Christ, un autonomiste palestinien, Hitler un autonomiste allemand mort en 1945 avant moi.
- - Au moment de l’Eucharistie, Dieu fond dans la bouche, pas dans la main.
- - Maudit soit le Sémite et autre bigote de bénitier qui branlotte du chapelet en chevrotant sans trêve les bondieuseries incantatoires et dérisoires de sa foi égoïste d’aborigène.
SUR LES IDEOLOGIES :
- - La compagnie d’un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d’un terroriste hystérique, je pouffe à peine de sa présence. Être à coté d’un militant d’extrême-droite assombrit couramment ma jovialité monacale.
SUR LES ARABES :
- - Les Arabes forment un peuple fier et orgueilleux avec tapes sur l’épaule. Ils envahirent la France bien avant le mildiou, mais furent arrêtés à moitié dans le Poitou…Au Nord, l’Afrique est peuplée de chèvres, appelées biques et d’Arabes, également appelés biques mais plus susceptibles.
SUR LA SHOAH :
- - On ne peut pas être au four et au moulin disait Himmler quittant Auschwitz pour la Hollande.
- - Mieux vaut rire d’Auschwitz avec un Juif que de jouer au scrabble avec Klaus Barbie.
SUR LES JUIFS :
- - Pour bien gagner sa vie dans la Collaboration, fallait dénoncer les Juifs. C’est pas très joli, comme occupation, pour gagner sa vie, de dénoncer les Juifs. Oui mais dans la Résistance, on ne dénonçait pas les Juifs mais fallait vivre avec !
- - Les Arabes, c’est comme les Juifs, ça s’attrape par la mère.
- - On me dit que des Juifs se sont glissés dans la salle ? Vous pouvez rester. N’empêche qu’on ne m’ôtera pas de l’idée que pendant la dernière guerre mondiale, de nombreux Juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi.
- - Je suis fier d’être citoyen de ce beau pays de France ou les Juifs courent toujours.
- - Je sais faire la part des choses. Je me méfie des rumeurs malveillantes. Quand on me dit que si les Juifs allaient en si grand nombre à Auschwitz, c’est parce que c’était gratuit, je pouffe.
Allez, une petite dernière, pour la route :
- - Le Juif assimilé a perdu son âme en même temps que son identité. Il bouffe du cochon pas casher en regardant Il est infoutu de reconnaitre le Mur de Berlin du Mur des lamentations. J’en connais. J’en ai plein mes soirées. Ils sont la honte des synagogues. Ils n’auront même pas la consolation d’être reconnus par les nazis lors de la prochaine. Le Juif-juif c’est différent. Le Juif-juif se sent plus Juif que fourreur. Il renâcle à l’idée de se mélanger aux gens du peuple non-élu en dehors des heures d’ouverture de son magasin.
Monsieur Desproges, je ne sais ou vous êtes aujourd’hui. Peut être détestiez-vous ce que je pense et ce que j’écris. Mais sachez qu’avec mes camarades, nous étouffons en ce monde devenu triste à mourir. Bordel Pierre, reviens ! Ou plutôt attend-nous là-haut. Qu’au moins on s’explique, on s’engueule et qu’on finisse comme toujours en Gaule, autour d’un verre de vin. Toi tu étais plutôt Saint Emilion, moi Aloxe Corton. En se marrant, on devrait bien trouver un terrain d’entente…
Eugène KRAMPON
I-Média n°344 – Notre-Dame : l’enquête patine, les médias enfument
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