Sous le sabre de l'islam
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La violence n'est pas le fait d'une dérive intégriste de l'islam.
Elle est constitutive de l'histoire musulmane. Le Coran justifie tout à la fois le djihad et la réduction des non-musulmans à un statut inférieur.
Il existe, à propos de l'histoire de l'islam, une étrange controverse. Pour les uns, l'édification et le maintien de la puissance musulmane furent régis par un esprit de tolérance inconnu à la même époque en Occident. Pour les autres, la religion de Mahomet s'imposa par le fer, pliant par la force tout ce qui lui résistait. Les tenants des deux camps présentent leurs arguments. Mieux, ils les étaient de preuves historiques qui se veulent irréfutables. A la naissance de Mahomet, en 570, et de l'actuel Maroc à Babylone, les chrétiens, souvent mêlés à des communautés juives, constituaient la majorité de la population de l'Orient et de l'Afrique du Nord.
Le prophète naquit dans une tribu païenne de La Mecque. En 622, afin d'échapper aux mauvais traitements de ses concitoyens, il se réfugia à Yathrib (actuelle Médine), ville à forte population hébraïque. Il tenta bien de convertir cette dernière à l'islam mais, comme elle demeurait fidèle à sa foi, les relations se tendirent entre elle et la jeune communauté musulmane. A l'occasion de la mauvaise plaisanterie d'un orfèvre juif dont une néophyte islamique fut la victime, Mahomet ouvrit les hostilités, le djihad, contre «les sectateurs de Moïse». Vainqueur, il imposa aux survivants de quitter leur cité dans les trois jours et partagea leurs biens avec les autres musulmans. Cette violence, banale en ces temps, préfigure en fait le comportement de l'islam à l'égard des autres religions. Après la phase, plus ou moins longue, de séduction, vient la soumission par la force. En même temps, cet événement nous éclaire sur le mécanisme du djihad, opération militaire sanctifiée par Allah mais dont les codes, distribution du butin ou traitement des prisonniers, remontent en fait aux traditions des nomades arabes de l'époque. C'est en s'appuyant sur ces principes que Mahomet, puis son successeur, Abou Bakr, exterminèrent les chrétiens et les juifs d'Arabie. Au XXe siècle ne subsiste qu'une communauté juive au Yémen qui devra acheter aux autorités du lieu l'autorisation d'émigrer vers Israël. C'est toujours au nom du djihad que les tribus arabes s'emparèrent de l'empire sassanide, d'une partie des territoires de Byzance, dont la Palestine, de l'Afrique du Nord, puis de la Sicile et de l'Espagne à partir de 711. Ibn Khaldoun, célèbre historien musulman du XIXe siècle, écrivit qu'Idriss Ier, «étant arrivé au Maghreb, fit disparaître de ce pays jusqu'aux dernières traces des religions chrétienne, juive et païenne». Au XIXe siècle, Ibn al-Athir, un écrivain de la même confession, rapportait qu'Abou Yezid, en 944, envoya une colonne militaire contre Sousse «qui fut emportée l’épée à la main: les hommes furent massacrés, les femmes réduites en captivité et la ville incendiée. Les envahisseurs fendaient les parties génitales des femmes, les éventraient, si bien que l’ifrîqiyya (Tunisie) ne présenta plus ni un champ cultivé ni un toit debout...»
Quant à l'Espagne qui, selon certains, se serait soumise de plein gré à l'islam, le même auteur dit : «En 231 (septembre 845), une armée musulmane pénétra en Galice sur le territoire des infidèles, où elle pilla et massacra tout. Elle s’avança jusqu'à la ville de Léon... Les habitants, effrayés, s’enfuirent... de sorte que les musulmans y pillèrent à leur gré, puis ruinèrent ce qui restait. » Le Coran justifiait cette avancée fulgurante. On y lit au verset 29 de la sourate IX: «Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ni au jour dernier et ne s'interdisent pas ce que Dieu et son envoyé ont prohibé. (Combattez) également ceux parmi les gens du Livre (juifs et chrétiens) qui ne professent pas la religion de la vérité, à moins qu'ils ne versent la capitation directement et en toute humilité. » (Traduction de Si Hamza Boubakeur, ancien recteur de la mosquée de Paris).
Ibn Khaldoun se montrait plus explicite encore : «Dans l'islamisme, écrivait-il, la guerre contre les infidèles (ici essentiellement les chrétiens) est d'obligation divine, parce que cette religion (l'islam) s'adresse à tous les hommes et qu'ils doivent l'embrasser de bon gré ou de force... Nous ne jugeons pas convenable de salir nos pages en rapportant leurs opinions impies... Nous n'avons pas à discuter ou à raisonner là-dessus avec eux; nous n'avons qu'à leur donner le choix de l'islamisme, de la capitation ou de la mort.»
Nomades guerriers des régions désertiques, les Arabes ne savaient ni cultiver la terre ni administrer les immenses empires dont ils prirent le contrôle. Ils durent faire appel à l'expérience des peuples conquis et, donc, laisser la vie sauve à certains d'entre eux. Inspiré par les propos et les comportements de Mahomet au cours des siècles, les califes et les oulémas (docteurs de la loi) mirent sur pied une juridiction propre à définir le cadre social des non-musulmans, essentiellement chrétiens, juifs et mazdéens. C'est ce qu'on appelle le statut de dhimmi. La fonction économique du dhimmi apparaît clairement dans les écrits d'al-Damanhuri, théologien du XVIIIe siècle, quand il glose longuement sur la manière de saluer un non-musulman: «La déférence envers l'infidèle est manque de foi. Celui qui salue un dhimmi avec déférence est coupable d'infidélité... On peut (lui) dire "que Dieu vous donne longue vie, grande richesse et beaucoup d'enfants" parce que cela implique le paiement de nombreuses taxes de capitation. »
En résumé, le dhimmi devait payer deux impôts spéciaux, la jizya (la capitation) et le kharaj (la taxe foncière), dont les montants dépendaient du bon vouloir du souverain. En outre, il lui fallait se soumettre à nombre de mesures discriminatoires, souvent vexatoires.
Al Maghili, théologien maghrébin du XVIe siècle, affirmait : « Le jour de la perception (de la jizya) on rassemblera les dhimmis... les auxiliaires de la loi se tiendront au-dessus d'eux en prenant une attitude menaçante... En payant, le dhimmi recevra un soufflet et sera repoussé de telle façon qu'il estimera avoir échappé à l’épée grâce à cette avanie... car la force appartient à Dieu, à son Apôtre et aux Croyants. »
Entre autres règles qui gouvernaient la vie du dhimmi, on remarquera l'interdiction de monter à cheval ou de s'habiller comme un musulman, parfois l'obligation de porter un signe distinctif. Mais aussi l'interdiction de construire une maison plus haute que celles des Mahométans ou de «froisser les oreilles musulmanes » en faisant sonner les cloches des églises.
Plus grave, le dhimmi ne pouvait pas témoigner à l'égal d'un musulman dans un procès ce qui, dans la pratique, l'empêchait de faire valoir son droit et l'abandonnait souvent au despotisme ambiant. Ajoutons que, outre les milliers d'églises détruites par la guerre ou converties en mosquées, les chrétiens n'avaient pas la liberté d'en construire de nouvelles. La plupart des peuples orientaux conquis par les Arabes parlaient des langues différentes de celle des vainqueurs. Elles disparurent le plus souvent sous la pression dominatrice de ces derniers pour ne survivre, parfois, que dans les pratiques cultuelles : tel fut le cas, par exemple, de l'araméen, idiome du Christ, et du copte.
Certes, à la même époque, en Europe, il est vrai que l'usage allait de la liquidation pure et simple des hérétiques, comme pour les Albigeois au XIIIe siècle, à la protection ambiguë et versatile du roi, dans le cas des juifs. Nombre d'auteurs occidentaux en ont déduit que la société musulmane d'alors se caractérisait par une plus grande tolérance que celle de nos ancêtres. Les faits démentent pourtant leur vision. Car, en réalité, jamais les califes ne parvinrent à exercer un véritable contrôle sur leur empire et des commentaires récents ont, à juste titre, parlé de «l'anarchie musulmane». Outre les pressions fiscales du prince, les dhimmis subissaient donc l'insécurité engendrée par une population nomade, arabe, puis kurde et enfin turco-mongole, qui, interprétant le Coran à sa manière, en exagérait la rigueur dans le but de s'emparer des biens des non-musulmans. A plusieurs reprises, pour des raisons économiques, les califes tentèrent d'y mettre bon ordre. Bar Hebraeus, évêque d'Alep au XIIIe siècle, rapporte qu'en 1285, à la suite des exactions commises contre les dhimmis par une bande de brigands, « le sultan Massoud et les chevaliers qui se trouvaient dans la ville (de Mossoul) montèrent en selle et chevauchèrent hors de la ville pour engager (les brigands) dans la bataille. Mais quand ils virent combien était grand leur nombre, et qu'eux-mêmes n'avaient pas de forces égales aux leurs, ils tournèrent le dos et rentrèrent dans la ville».
Très rapidement on assista à une collusion des Turcs, originaires de Sibérie et des plateaux de Mongolie, avec les princes musulmans, puisque, dès le VIIIe siècle, ces derniers embauchèrent des mercenaires de cette ethnie. Sans doute la promesse du butin et la rudesse de leurs mœurs nomades unissaient-elles les intérêts de ces deux peuples. En tout cas, à partir du Xe siècle, les conversions des Turcs à l'islam se multiplièrent. Brusquement, le monde musulman s'enrichissait d'une force nouvelle et repartait à l'assaut de nouveaux pays : l'Inde, pour commencer, puis le sud de la Russie, et surtout, l'empire de Byzance qui, depuis longtemps, tentait les guerriers musulmans. Constantinople tomba en 1453, sous Mehmed II. Puis les Turcs pénétrèrent en Europe, s'emparant de la Grèce, de l'actuelle Yougoslavies, de la Hongrie, pour s'arrêter devant Vienne en 1529.
A partir de cette date, on peut parler des prémisses du déclin de l'empire musulman passé aux mains des Turcs. Sans doute parce que l'Occident montait en puissance mais aussi parce que le monde islamique tirait sa richesse des biens qu'il pillait chez l'ennemi et des dhimmis qu'il soumettait au servage de fait. En même temps qu'il voyait ses frontières fixées, son expansion bloquée, il réduisait ses ressources intérieures en islamisant les populations dhimmies, par la contrainte militaire ou sociale.
Sous le règne des Ottomans, les méthodes de la domination musulmane ne changent pas beaucoup. Si des innovations apparurent, ce fut sous la forme d'une plus grande sophistication des moyens de soumission des non-musulmans. Ainsi naquit le devshirme, pratique qui consistait à prélever régulièrement, sous forme de tribut, un cinquième des enfants chrétiens des pays conquis. Convertis par la contrainte à l'islam, les garçons âgés de quatorze à vingt ans constituaient l'essentiel des troupes de janissaires. Les Grecs, les Serbes, les Bulgares, les Arméniens et les Albanais composèrent, par ce biais, l'essentiel de ces unités d'élite. Quand on sait que, dans le même temps, les sultans installaient des colons musulmans sur les terres de ces peuples, on comprend mieux l'animosité que les Grecs nourrissent à l'égard des Turcs ou l'ostracisme que les Bulgares manifestent à l'encontre de leur minorité turcophone. Le prélèvement de la capitation ou le procédé du devshirme s'accomplissaient cependant parfois avec la collaboration des notables chrétiens et en particulier de la hiérarchie religieuse. Certes contraints à cette fonction par les circonstances, beaucoup de nobles et de prélats se sont pourtant enrichis de cette manière, quand ils ne se convertirent pas à l'islam pour protéger leurs biens. Ils tiraient nombre d'avantages de cette collaboration. Comme par exemple le patriarcat de Constantinople qui, en obtenant l'administration de tous les orthodoxes de l'empire ottoman, augmenta d'autant les prébendes qu'il percevait sur les différents impôts.
Un peu plus tard, le sultan abolit les Eglises nationales slaves catholiques, privilégiant ainsi les orthodoxes. La Sublime Porte ravivait à son profit l'animosité entre les deux Eglises sœurs. Ce qui expliquera, en 1975, le ralliement de certains orthodoxes libanais au camp musulman, contre les maronites dépendant de Rome. Ou la haine, entretenue jusqu'à aujourd'hui par d'autres conflits, entre les Croates catholiques et les Serbes orthodoxes dans la défunte Yougoslavie. L'existence des chrétiens nantis a souvent occulté la réalité, donnant à penser aux Occidentaux que, somme toute, le statut de dhimmi n'avait rien de terrible. Cette perception fut cultivée par les puissances européennes, singulièrement la France et la Grande-Bretagne qui, jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale, soutinrent l'empire turc par crainte de voir la Russie se renforcer en s'emparant des provinces ottomanes. L'affaiblissement évident de l'empire ottoman annonçait sa fin prochaine quand son alliance avec l'Allemagne sonna son glas, en 1918, lors de la victoire des alliés. De peuples dominateurs, les musulmans passaient au rang de peuples soumis, non seulement à la force, mais aussi à des techniques nouvelles qui surgissaient d'Occident. Réveil brutal pour une partie de l'humanité qui se croyait appelée par Dieu pour imposer sa loi au monde.
Aujourd'hui, c'est à la résurgence de cet esprit que nous assistons, indirectement, sous la forme de l'arabisme militant, et directement, dans l'expression islamiste révolutionnaire.
Alain Chevalérias
Sources : Le Spectacle du Monde – Décembre 1993.
Legendes et mythes nordiques : ce que vous avez rêvez de savoir.
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Les damnés de la Commune
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Du soulèvement du 18 mars 1871 à la "Semaine sanglante" qui s'acheva le 28 mai 1871, Paris fit il y a 150 ans l'expérience d'une insurrection populaire et démocratique. Raphaël Meyssan nous plonge au cœur de cette révolution singulière, grâce à un étonnant dispositif esthétique, construit autour de gravures d'époque.
L’Empire américain agite l’arme des « droits de l’homme » pour justifier ses guerres hybrides
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L'Occident, dans sa phase actuelle de décadence, n'a pas les moyens de rivaliser avec le développement impétueux de la Chine. Ajoutez à cela l'étroite coopération entre la Chine et la Russie, étendue de la sphère économique à la sphère militaire, qui fait du bloc Russie/Chine un antagoniste capable de remettre en question l'intention, proclamée par Biden, de restaurer le leadership américain sur le monde.
Dans son dernier discours officiel, le Premier ministre chinois Xi Jin Ping a lancé un avertissement aux États-Unis : le monde ne connaîtra pas la paix et la stabilité tant que les États-Unis ne cesseront pas de s'ingérer dans les affaires des autres pays. Il a également dénoncé les tentatives éhontées de l'Occident de compenser son incapacité réelle, dans son obsession à contrer les menaces chinoise et russe, en organisant des soulèvements et en orchestrant de la propagande pour provoquer des changements de régime. C’est là une forme de guerre hybride avec un objectif bien circonscrit, d'ailleurs, et explicitement déclaré comme tel par les dirigeants de Washington, qui refusent de considérer comme légitimes les gouvernements des pays qui s'opposent à l'hégémonie nord-américaine et qui, dès lors, s'engagent à les combattre en utilisant l'arme des sanctions ou des embargos. Cependant, le jeu avec la Chine et la Russie est plus compliqué, les sanctions sont inefficaces et Washington recourt alors à la rhétorique habituelle des « droits de l'homme », sans reconnaître que ce sont les États-Unis qui sont les plus responsables des violations des droits de l'homme dans le monde.
Pour appuyer leur propagande, soutenue par le méga-appareil médiatique occidental, Washington et Londres mobilisent leurs services de renseignement pour créer des empoisonnements préfabriqués, de l'affaire Skripal à l'affaire Navalny, dont la Russie est accusée (sans preuve), ou pour fomenter des émeutes et des manifestations à Hong Kong. Dans le cas de la Russie, Vladimir Poutine est dépeint comme le nouveau tyran impitoyable qui lâche ses agents à la recherche de prétendus opposants à empoisonner, tandis que Xi Jin Ping est décrit comme le nouveau danger pour le « monde libre ». Sinon, les services de renseignement de Washington et de Londres préparent les habituels « False Flag » (provocations scénarisées) d'attaques aux armes chimiques menées par les Russes et les Syriens en Syrie pour accuser Poutine et Assad et préparer de nouveaux « bombardements humanitaires ».
On ne peut pas dire que les Anglo-Américains fassent preuve de beaucoup d'imagination à cet égard, il suffit de se rappeler les « armes de destruction massive » présentées comme motif de la guerre contre l'Irak, mais ce peu d'imagination est parfois compensé par Israël avec ses attaques préméditées contre certains navires dans le Golfe Persique, dont l'Iran est accusé, bien sûr. La plus récente fausse attaque contre un navire commercial israélien a été démentie par des images aériennes d'un drone iranien. Des provocations visant à convaincre du « danger » de l'Iran, un pays qui depuis 41 ans est le plus grand antagoniste d'Israël et de l'hégémonie américaine dans la région. Dans tous les cas, l'arme préférée de Washington (et de Londres) est toujours celle des « droits de l'homme ». En réalité, l'embargo, pour affamer les peuples et les pousser à mettre en œuvre un changement de régime, est la marque de fabrique de la politique américaine : la même technique que celle mise en œuvre par Israël, depuis plus de onze ans, contre les Palestiniens de Gaza.
Tout ce qui menace la vie et la dignité des personnes est un crime contre l'humanité. Honteux est le comportement de l'Europe qui se plie à ces blocages décidés par Washington, démontrant ainsi sa servilité envers le maître. Cependant, le cas de l'Arabie saoudite est comme une « poutre dans l'œil » des défenseurs des droits de l'homme, avec la couverture accordée par les États-Unis au prince sanguinaire Bin Salman, qui est tout à la fois derrière le meurtre du journaliste Khashoggi et derrière l'agression contre le Yémen. Cette énorme pierre d'achoppement met en évidence l'hypocrisie de cette propagande que seuls les imbéciles peuvent encore croire aujourd'hui.
Luciano Lago
Sources : http://www.ilpensieroforte.it/mondo/4575-l-impero-usa-agi... et Euro-Synergies
L'équinoxe de printemps, le mariage divin entre le Ciel et la Terre
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- Catégorie : Fêtes Païennes
L'équinoxe de printemps a toujours marqué la transition vers le moment où la nature refleurit, où la vie s'épanouit, où la terre renaît. Dans de nombreuses cultures, l'équinoxe a été lu dans sa promesse de régénération comme le début de l'année. Le mythe du viol de Proserpine est emblématique à cet égard. Proserpine, fille de Cérès, enlevée par Hadès, suite à l'intervention du Père des Dieux, revient sur la Terre Mère, mais seulement pour les six mois du printemps et de l'été. L'équinoxe est donc un point fondamental de la Révolution propre au cycle annuel. Mais il n'y a pas que l'aspect "naturel" dans ce passage important de l'année. Dans les religions indo-aryennes, les cycles liés à la terre et à la nature étaient évidemment importants, mais ils n'étaient pas la seule charnière sur laquelle reposait la vision spirituelle, et donc la vision du monde. Ils étaient en fait intégrés dans une vision cosmique beaucoup plus large. C'est pourquoi l'équinoxe de printemps, moment où la lumière a grandi au point d'égaler les ténèbres et est finalement sur le point de les vaincre, n'a marqué l'épanouissement de la terre que dans son sens "inférieur", tandis qu'il a pris un sens beaucoup plus "élevé" en indiquant la porte qui mène à la voie anagogique de l'ascension vers le Ciel.
Ce n'est pas une coïncidence si, pendant la période équinoxiale à Rome, la classe patricienne, à partir de la deuxième guerre punique, a mis côte à côte avec les cultes populaires et plébéiens de Liberalia en l'honneur des dieux Libero et Libera - étroitement liés à la terre, à la fertilité et au grain - les festivités en l'honneur de la Magna Mater Cybèle. Cybèle était une déesse très différente des grandes mères méditerranéennes honorées par les populations dans les cultes pré-aryens. Elle n'était pas du tout liée à la terre, à la fécondité du monde terrestre et naturel, et n'avait pas non plus les aspects "cannibales" classiques des divinités matriarcales qui génèrent la vie animale et végétale mais auxquelles tout revient pour se dissoudre dans un cycle continu sans débouchés verticaux.
Cybèle, selon les mots du dernier grand empereur païen Julien, est la "source des dieux intellectuels et démiurgiques qui gouvernent les dieux visibles" (1). Pour Julien le païen comme pour son ami Salluste, le dernier grand penseur néoplatonicien, tout le mythe de Cybèle représente l'arrêt de la génération (la mutilation d'Attis) et le retour non pas à la Terre Mère mais à l'origine des Dieux dans une anabasis céleste, à travers les rayons d'Hélios "qui partage le trône avec la Mère et qui, avec elle, est le démiurge de toutes choses" et le long du fleuve Gallus, ou la Voie lactée, le chemin que les âmes immortelles empruntent dans leur parcours descendant d'incarnation et ascendant de retour aux Dieux.
L'équinoxe de printemps marque également l'entrée dans le signe du Bélier, un signe strictement martial - nous sommes en mars, sans surprise - représentant le Feu céleste "principe viril de toute génération, manifestation directe de la puissance de l'Or" (2). Ce n'est pas un hasard si les deux choses coïncident et si les fêtes de la Magna Mater sont célébrées en mars et en même temps que deux fêtes dédiées à Mars : l'Agonalia du 17 et le Tubilustrium du 23. Comme le note Alexandre Giuli dans son essai fondamental sur la Magna Mater, "la matrice cosmique des Dieux intelligibles reste une feuille végétative infertile si elle n'est pas illuminée par le feu céleste viril et actif émis par le Bélier bicéphale" (3). A l'équinoxe de printemps, nous célébrons ce mariage mystique entre le principe viril céleste et la matrice universelle d'où doit naître la vie.
Dans le nord germanique, le début du printemps était dédié à la déesse Eostre, qui devint ensuite Ostara d'où Ostern et Easter, respectivement Pâques en allemand et en anglais. La divinité était liée à la fertilité, il suffit de penser au lièvre, animal fertile par excellence, qui accompagne toujours la déesse et qui, dans le folklore, est devenu le "lapin de Pâques", mais elle était aussi liée à l'aube - Eostre vient du proto-indo-européen Hewsos ou Ausos d'où le grec Eos et le latin Aurora - dont la splendeur annonce la lumière qui remplacera les ténèbres. Tout comme Ostara est l'"étoile de l'Est" ou Vénus, l'étoile qui annonce le matin.
Le concept de l'aurore cosmique annonçant la lumière annuelle et non seulement quotidienne est une réminiscence de la patrie polaire indo-aryenne où l'alternance obscurité/lumière a pour nous une durée annuelle et où l'aurore marque le retour de la vie. Parmi les symboles d'Eostre, on trouve également l'œuf - qui est ensuite devenu un symbole de Pâques - qui renvoie au concept de "matrice cosmique des dieux" et de "source" avant toute chose. Mais même ici, l'œuf reste infertile sans le feu viril et actif, qui intervient par l'intermédiaire de Thor qui, avec son marteau et sa foudre, qui correspondent au même feu céleste et principe viril vus précédemment, féconde l'œuf et le "casse" pour libérer le potentiel de vie qu'il contient.
Le sens ultime de l'équinoxe est donc celui du mariage divin, de la synthèse entre le Ciel et la Terre et de la génération d'une vie nouvelle, mais la Vie qui naît de ce mariage mystique n'est pas seulement celle qui naît de la génération matérielle, qui n'est que l'aspect extérieur. La Vie qui éclate en mars est donc bien plus qu'une promesse de régénération : c'est le fruit de la Lumière qui participe éternellement à la splendeur, et qu'il faut faire nôtre. C'est la vie "intelligible", telle que définie par l’Empereur Julien, une ‘’vie intelligible’’ qui ne se contente pas de jouer un rôle dans le cycle caduc de la naissance et du retour à la terre, mais qui participe à cette étincelle divine née dans l'obscurité solsticiale, qui s'est transformée en flamme à Imbolc/Chandeleur et qui brille maintenant d'une lumière aurorale, la vie qui est prête à parcourir le chemin ascendant indiqué par les rayons d'Helios et qui est prête à accompagner son chemin céleste si elle est correctement façonnée et guidée.
Carlomanno Adinolfi et Flavio Nardi
Notes :
1 - Flavio Claudio Giuliano, Hymne à la Mère des Dieux in Uomini e Dei, ed. Mediterranee
2 - Julius Evola, La Tradizione Ermetica, ed. Mediterranee
3 - Alessandro Giuli, Venne la Magna Madre, Settimo Sigillo ed.
Ex: https://www.ilprimatonazionale.it/ et Euro-Synergies
I-Média n°335 – Trappes : conquête islamique, silence médiatique
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François Duprat et le nationalisme-révolutionnaire
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Sous la direction d’Alain Renault - RÉÉDITION : MAI 2020 - Pour mieux connaître les idéesde François Duprat cliquez ici
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