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Nous avons regardé la cérémonie d’investiture et ses à-côtés en passant d’une chaine américaine à la chaine d’information en continu CNEWS, puis en écoutant les échos qu’en donnaient des chaines YouTube de l’information alternative comme Tocsin, Ligne Droite, GPTV ou TVL.

Nous ne redirons pas le détail de ce qui s’est produit, les gens sensibilisés qui regardent ce site ayant déjà une information complète.

En revanche certaines impressions méritent d’être indiquées pour prendre date à l’aube de la nouvelle présidence Trump.

Tout d’abord il faut préciser notre motivation au visionnage de cet événement américain. La France est pays vassal des États-Unis d’Amérique au moins depuis la présidence Sarkozy. Il est donc toujours nécessaire pour un ressortissant d’un pays vassal de comprendre quel est l’état d’esprit du Maître lors d’un changement qui paraît plus important que d’habitude.

Mais, en écoutant la chaine bien-pensante CNEWS et surtout les chaines d’information alternative, nous avons eu le sentiment bizarre que Donald Trump était le nouveau président français. Les gens se félicitaient ou s’inquiétaient comme si les nouvelles mesures prises par Trump allaient s’appliquer chez nous sans filtre et, nous pensons ici aux « alternatifs » nous seraient totalement bénéfiques. On veut bien croire que certaines de ses décisions, si elles sont bien suivies d’effet, en matière de lutte contre le wokisme, de lutte contre les manipulations sanitaires ou l’escrologie auront des répercussions chez nous en affaiblissant notre oligarchie occidentaliste, mais il conviendrait de bien comprendre que le président Trump a en charge les intérêts de son pays, qu’il travaille exclusivement pour lui sans se préoccuper de nos vrais intérêts et, qu’à ce jour, les « Davos boys and girls » restent les maîtres incontestés des pays européens et qu’à ce titre ils vont continuer leur œuvre totalitaire. Mais peut-être tout cela est-il simplement lié au complexe du colonisé qui projette ses attentes sur le Maître …

Concernant la cérémonie elle-même, deux choses nous ont frappé. D’abord son caractère consensuel, contrastant avec les violents affrontements antérieurs. Il a été remarqué que Trump portait une cravate mêlant le rouge et le bleu, couleurs respectives des Républicains et des Démocrates. Le couple Trump a été cordialement accueilli à la Maison Blanche par le couple Biden et, lors de la cérémonie, on a pu remarquer les anciens présidents Clinton et Obama tout sourire. Nous remarquons qu’on nous a beaucoup vendu l’image d’un pays en quasi guerre civile. Ce n’est pas complètement faux à la base mais il faut convenir qu’au sommet, une fois passée la campagne électorale et ses excès (jusqu’à deux tentatives d’assassinat tout de même !), on sait faire preuve d’amabilités. Cela interroge sur les capacités de rupture réelles de la nouvelle administration avec les fondamentaux de l’État Profond, comme on dit. Si on prenait au pied de la lettre ce qui se disait sur les règlements de compte au sommet, les Clinton, Obama et Biden auraient plutôt dû être sur des avions volant vers les cieux plus cléments de l’Union Européenne.

Le deuxième fait qui nous a marqué est le discours de Donald Trump très empreint d’un sincère messianisme américain dont il prétend réactiver un certain âge d’or.

On peut l’interpréter de plusieurs manières. D’abord au premier degré, et il y avait indubitablement une grande sincérité personnelle chez Trump. Ce peut être aussi de la méthode Coué. Selon les analyses d’Emmanuel Todd, quelles que soient les volontés du nouveau président la messe est dite pour les États-Unis en fonction d’éléments structurants de longs termes. Ce peut être enfin une manière d’aménager le recul américain en ménageant les susceptibilités nationales.

Les décisions immédiates, commentées en direct par Trump lui-même lors d’une conférence de presse « improvisée » laissent parfois rêveur sur le degré d’information d’un président sensé avoir appris de ses échecs passés.

On sait Trump sensible au déclin américain. Ce déclin s’peut s’analyser sous trois angles principaux : le déclin de la population dans son état sanitaire et intellectuel (on peut rejoindre ici les analyses de Todd sur la baisse de l’âge moyen au décès, la hausse de la mortalité infantile et le déficit de formation d’ingénieurs) ; le déclin industriel qui rend les USA structurellement dépendants dans tout un ensemble de domaines, y compris militaro-industriel ; le déclin géopolitique qui se perçoit à travers des échecs retentissants et coûteux (Irak, Afghanistan, Ukraine) comme à travers le processus enclenché par les BRICS de dédollarisation et de désengagement de la dette américaine.

Trump semble vouloir prendre à bras le corps ces lourds problèmes. La nomination de Robert Kennedy Junior au ministère de la santé en est un indice quand on connaît son obsession de lutter pour la santé populaire en combattant les lobbies agroalimentaires et pharmaceutiques qui minent la santé des américains pour la rentabilité du capital et des dividendes. Sans que cela réponde bien aux défis de l’industrie (les États-Unis sont incapables de rivaliser avec la seule Russie pour la production d’obus), le plan de 500 milliards de $ pour développer l’Intelligence Artificielle d’un bout à l’autre du processus semble aller dans le bon sens comme la sortie des politiques escrologiques de l’agenda vert (mais 500 milliards pris où ? dans un accroissement d’une dette plus difficile à placer ?). La volonté d’engager un bras de fer économique avec les BRICS et leurs partenaires à coup de droits de douane est plus risquée : elle oublie que nous ne sommes plus dans les années 1990 quand les USA dominaient encore l’économie mondiale.

De toute façon, ces politiques vont demander du temps et de la continuité pour porter leurs fruits. Et le temps, c’est ce qui manque à Trump quand ses adversaires (BRICS etc.) ne vont pas s’arrêter pour attendre les USA. Trump a deux ans sans nuage devant lui. Si les prochaines élections de mi-mandat suivent la loi du genre, où les mécontents font payer le pouvoir en place, il pourrait perdre sa majorité au Congrès, ce qui handicapera la fin de sa présidence. Le temps est court, d’autant qu’il devra à la fois se battre en interne contre un État Profond très puissant et lové depuis longtemps dans toutes les strates de la puissance et en externe sur des terrains minés. Pourra-t-il en même temps affronter les BRICS sur le terrain économique, la Russie et l’Iran sur le terrain politique et la Chine sur les deux terrains ? Concrètement cela veut dire être capable de mener au moins trois guerres simultanément…

Parler de guerre n’est pas inutile. On a fait crédit à Trump dans sa première présidence d’être le premier président à n’avoir pas lancé de guerre depuis longtemps. Ça lui vaut une réputation pacifiste. C’est aller un peu vite en besogne. Trump veut réaffirmer la puissance américaine. Par l’économie d’abord, mais ce n’est pas gagné. Par la diplomatie ensuite, mais la diplomatie d’un pays qui se veut exceptionnel suppose que les interlocuteurs se soumettent au pays exceptionnel. Il n’est pas certain que la Russie, la Chine, la Corée du Nord et même l’Iran se soumettent de bonne grâce. L’heure de vérité viendra vite en ce qui concerne la Russie à propos de l’Ukraine. Les paroles de Trump sur une Russie qui a perdu sa guerre, avec 1 million de morts (!) et une économie dévastée semblent déconnectés de la réalité s’ils doivent servir de base à une proposition de paix qui ferait perdre à la Russie sur le terrain diplomatique, la guerre qu’elle est en train de remporter sur le terrain. Pas sûr que les Russes soient enthousiastes. Que fera alors Trump face à un refus, même poli, accepter la défaite au risque de plomber sa présidence ou escalader ? Poser la question, c’est y répondre…

On a vu par ailleurs le retour à une politique impériale en Amérique du Nord par la réactivation d’une doctrine Monroe agressive. Il y a deux façons différentes, avec des conséquences opposées, d’analyser les revendications de souveraineté sur Panama, le Canada et le Groenland directement, et indirectement sur le Mexique. On peut y voir la volonté de bétonner stratégiquement et économiquement la base nord-américaine pour pouvoir se relancer dans une politique d’hégémonie mondiale. A l’inverse, on peut y voir la même volonté de construire une forteresse nord-américaine pour trouver une place puissante dans un nouvel ordre mondial multipolaire. Le premier cas nous prépare à la guerre mondiale pour le maintien de l’hégémonie américaine face à des compétiteurs qui veulent se dégager de cette hégémonie.  Le second cas correspondrait à l’acceptation américaine du monde multipolaire où les États-Unis resteraient puissants mais ramenés à une puissance comme les autres. cela nécessiterait un énorme changement de logiciel idéologique dont il est loin d’être sûr que Donald Trump soit porteur.

Une chose est à remarquer dès les premiers jours de la présidence Trump, c’est la brutalité de l’affirmation impériale tant vis à vis des adversaires que vis à vis des soit disants alliés. C’est le style de l’homme mais ça tranche avec le style de l’état Démocrate qui jouait la solidarité oligarchique contre les intérêts des peuples des « alliés ». De ce fait, l’état Démocrate ménageait la susceptibilité des dirigeants, en particulier européens sur la même ligne idéologique que lui. Pour cette raison d’ailleurs, Trump ne va pas prendre de gants et commence à traiter les dirigeants européens pour ce qu’ils sont : des valets corrompus. Il les voudra à genoux et que ça se sache. Ce sera très déstabilisant pour nos élites et peut-être une chance pour leurs opposants.

Pour terminer, Trump ayant l’habitude de négocier en criant fort et en faisant des propositions extrêmes avant de revenir à des positions plus douces, il faut moins scruter ce qu’il dit que ce qu’il fait réellement. Le fait qu’il ait mis un moratoire de 90 jours sur l’aide globale des États-Unis pour faire un audit, c’est du concret qui va affecter en particulier Israël et l’Ukraine. Donc, comme Trump n’en est qu’à ses débuts, attendons et voyons venir.

Jean-Patrick Arteault - 24 janvier 2025

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