Les archéologues de l’Inrap ont mené une fouille à Marliens, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Dijon, préalablement à l’extension d’une gravière (Eqiom) dans la vallée de l’Ouche, affluent de la Saône. Les trois zones fouillées, représentant une surface cumulée de 60 000 m², ont livré une série d'occupations s'échelonnant du Néolithique jusqu'au premier âge du Fer.
L'occupation la plus ancienne se caractérise par un monument constitué de trois enclos imbriqués. Au centre du monument se trouvait un enclos circulaire de 11 m de diamètre. Au nord, un enclos en forme « de fer à cheval » de 8 m de long se couple à l’enclos circulaire et au sud, c’est un enclos ouvert qui s’adosse à l’enclos central. La présence d’une couche de graviers, observée dans le comblement des deux enclos latéraux, témoigne de l’existence d’une palissade. Les différentes coupes stratigraphiques réalisées indiquent que les trois enclos sont contemporains.
Ce type de monument semble inédit et actuellement aucune comparaison n’a pu être établie. La datation reste encore incertaine cependant les seuls artefacts découverts dans les fossés correspondent à des silex taillés qui laisseraient supposer une attribution chrono-culturelle à la période néolithique. Pour plus de précision, des analyses radiocarbones sont en cours afin de préciser la chronologie de ce monument.
La période campaniforme est attestée par plusieurs objets découverts juste sous la terre végétale dans une structure très arasée. Ce lot d’objets se compose de sept pointes de flèches en silex, de deux brassards d’archer, d’un briquet en silex et d’un poignard en alliage cuivreux.
Objets constituant la « panoplie » d’un archer campaniforme.
© Pauline Rostollan, Inrap
Des traces « d’oxyde de fer » ont été observées sur l’un des brassards correspondant à de la pyrite, élément indispensable pour allumer un feu. Cette série d’objets accompagne le plus souvent une sépulture, cependant, en raison de sa position stratigraphique située à la base des labours, cette hypothèse n’a pas pu être confirmée. Des analyses sur la composition de l’alliage cuivreux du poignard devraient permettre d’établir son origine et de nous renseigner sur les échanges commerciaux à cette époque.
Restitution de la parure d’archer.
© François Gauchet, Inrap
L’occupation durant le début de l’âge du Bronze est caractérisée par la présence de plusieurs puits qui sont les seuls témoins restant des habitats de cette période. Les analyses palynologiques et carpologiques des couches argileuses au fond de ces structures apportent de nombreuses informations sur l’environnement naturel et le paysage de la vallée dans la première moitié du second millénaire avant notre ère.
Entre 1500 av. J.-C. et 1300 av. J.-C. une nécropole de cinq enclos circulaires composée de quatre enclos ouverts et un fermé s’implante dans la plaine sur une surface de 6000 m². L’acidité du sol n’a pas permis la conservation des os non brûlés si bien qu’aucune inhumation complète n’a été mise au jour, cependant des restes d’inhumations et un bûcher funéraire ont été identifiés dans les fossés du plus grand enclos ouvert dont le diamètre atteint 24 m. La datation de cet enclos se base sur cinq épingles en alliage cuivreux et un collier d’une quarantaine de perles en ambre découverts en dépôt dans son fossé. Les rares tessons de céramique recueillis dans les autres enclos confirment la datation de cette nécropole et la contemporanéité des différents enclos.
Enfin, la dernière occupation correspond à une seconde nécropole distante de près de 400 m de celle précédemment décrite. Elle se caractérise par la découverte de six incinérations datées du premier âge du Fer. Les urnes, recouvertes par un couvercle, contenaient un seul dépôt osseux accompagné parfois par des parures (bracelets et/ou anneaux en alliage cuivreux et en fer).
Ces petites nécropoles dont la superficie est inférieure à 100 m² sont difficiles à repérer lors des diagnostics et c’est la première fois qu’un de ces ensembles est fouillé en Bourgogne orientale. Les études des os crématisés sont en cours pour déterminer les pratiques funéraires et les gestes liés à ces dépôts.
Le bilan de cette opération révèle la présence de nombreuses petites occupations diachroniques relativement denses de cette partie de la plaine de l’Ouche. La fouille s’étant terminée en février, les différentes études sont en cours. Combinées aux études paléo-environnementales, elles apporteront de nombreuses informations sur l’occupation spatiale qui permettront de proposer un scénario de l'évolution de ce territoire aux cours des âges.
05 avril 2024
Aménagement : Gravière Eqiom
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Régis Labeaune, Inrap
Source : Inrap