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Au cœur de Toul, une ville imprégnée d'histoire dans la région Grand Est, une récente intervention archéologique a permis de déterrer les vestiges d’un temple romain. Ce morceau d’histoire, pesant près de 400 kg, témoigne de la richesse et de l’importance capitale de Toul durant l’antiquité romaine.

EN BREF

  •  Des archéologues de l'INRAP ont découvert des vestiges d'un temple romain à Toul, datant du premier siècle.
  •  La découverte souligne l'importance de Toul dans l'Empire romain et offre un aperçu des transitions culturelles de la région.
  •  Le vestige sera exposé au Musée d'Art et d'Histoire Michel Hachet à Toul, enrichissant le patrimoine culturel local.

Toul, ancienne cité de l’Empire romain au cœur de la région Grand Est, vient de révéler un pan méconnu de son passé avec la découverte des vestiges d’un temple romain. Mis au jour par des archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) lors de travaux d’urbanisation, ce vestige, datant vraisemblablement du premier siècle, apporte un nouvel éclairage sur la signification culturelle et historique de Toul dans l’Empire romain.

Cette trouvaille exceptionnelle, pesant près de 400 kg, confirme l’intégration de la ville dans le réseau urbain romain. Elle offre de nouvelles perspectives sur les pratiques de réutilisation des matériaux et les transitions culturelles entre paganisme et christianisme.

 

Une découverte fortuite à Toul

Au cœur de Toul une intervention sur le réseau de chaleur urbain a conduit à une découverte archéologique majeure. Les archéologues de l’INRAP, en fouillant le sous-sol, ont mis au jour un entablement d’un temple romain. Il daterait vraisemblablement du 1er siècle de notre ère. La pièce, exceptionnellement préservée, affiche des détails sculptés minutieux qui évoquent le raffinement architectural de la Maison Carrée de Nîmes.

En effet, la Maison Carrée à Nîmes est l’un des temples romains les mieux préservés au monde. Il constitue un exemple remarquable de l’architecture classique de l’époque impériale. Construit entre 20 et 12 avant notre ère sous le règne d’Auguste, ce temple dédié aux petits-fils de l’empereur, Caius et Lucius César, est un chef-d’œuvre de l’ordre corinthien.

La structure, avec son portique majestueux et ses colonnes élancées, illustre la finesse et la précision des techniques de construction romaine. Sa conservation exceptionnelle offre un aperçu fascinant de l’art et de la culture de l’ancienne Rome.

La récente découverte à Toul d’un temple présentant des caractéristiques similaires souligne non seulement l’influence architecturale romaine, mais aussi l’importance des échanges culturels à travers l’Empire. Jean-Denis Lafitte, responsable des fouilles pour l’INRAP, souligne alors, pour France 3 régions offre un aperçu rare de l’art et de l’architecture de l’époque romaine.

 

Une réutilisation des matériaux pour une ville chargée d’histoire

Il faut savoir que Toul remonte à l’époque romaine. Elle fut établie comme une importante cité sous le nom de Tullum Leucorum. Située stratégiquement le long de la Moselle, elle devint un point de convergence majeur pour les voies commerciales et militaires. Au Moyen Âge, Toul se distingue par son statut de ville libre de l’Empire romain germanique. Elle devient l’un des trois évêchés qui avec Metz et Verdun formèrent les Trois-Évêchés.

Son riche patrimoine architectural témoigne de cette période florissante, avec des édifices comme la cathédrale Saint-Étienne, chef-d’œuvre de l’art gothique. Au fil des siècles, Toul a subi de nombreux assauts et reconstructions. Chacun laissa une empreinte sur le tissu urbain et culturel de la ville.

Ainsi, les archéologues suggèrent entre autres que le temple aurait été démantelé délibérément. Ses éléments architecturaux ont été réutilisés au IVe siècle, une période de réorganisation urbaine et de consolidation défensive, pour renforcer le rempart romain encerclant la ville. Cette pratique de réutilisation des matériaux n’était pas rare, mais elle révèle les couches de l’histoire urbaine et les transitions culturelles que la ville a traversées.

Le maire de Toul, Alde Harmand, a indiqué que cela reflétait les changements dans les pratiques religieuses et sociales, de l’ère païenne au christianisme émergent. Cette redécouverte contribue ainsi à enrichir notre compréhension du passé complexe et stratifié de Toul, en témoignant de son importance dans l’histoire romaine et post-romaine.

 

Analyse et conservation

En révélant un entablement d’un temple romain, les fouilles ont confirmé le rôle prééminent de Toul en tant que centre stratégique et culturel de l’Empire romain. « Cette découverte renforce notre conviction que Toul occupait une place de choix dans l’administration romaine. [Elle était] comparable à d’autres villes capitales de l’époque » explique Harmand.

Cette affirmation est soutenue par la sophistication et la qualité de la sculpture sur le vestige, qui indiquent un investissement significatif dans les constructions publiques et un haut degré de civilisation urbaine.

Suite à l’exhumation du vestige, celui-ci a été transporté à la direction régionale de l’INRAP à Metz. Là, des spécialistes en archéologie et en histoire romaine vont effectués des analyses plus poussées. Ils doivent déterminer son origine et la fonction initiale du temple dont il faisait partie. Jean-Denis Lafitte précise : « Nous examinons chaque détail de la sculpture pour comprendre non seulement son esthétique, mais aussi les techniques de construction romaine et l’éventuelle symbolique religieuse ou sociale représentée ».

 

Retour à Toul et exposition

Après cette série d’analyses, le vestige du temple romain sera retourné à Toul. Son exposition permanente au Musée d’Art et d’Histoire Michel Hachet permettra de célébrer ce fragment de l’histoire ancienne. Il s’intégrera de manière tangible dans le patrimoine culturel de la ville.

Le maire déclare également : « On avait déjà retrouvé des statues ou des poteries, mais jamais d’éléments de bâtiments civils. [La découverte s’est déroulée en centre-ville] sur une extension de la ville en 1700 par Vauban ».

 

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Les experts de l’INRAP ont découvert les vestiges rue Drouas, à Toul. © M. Boudiba, France Télévisions

L’exposition de ce vestige au musée ne se contente pas d’ajouter une pièce à la collection locale. Elle sert également d’outil éducatif essentiel pour les écoles, les historiens et les résidents intéressés par l’histoire de leur région. Elle ouvre un dialogue sur les transformations urbanistiques, sociales et religieuses de Toul à travers les âges.

En définitive, cette initiative enrichit la connaissance collective. Elle enracine le sens de l’identité locale et célèbre l’histoire longue et variée de Toul. Cela renforce ainsi son statut de ville d’importance historique et culturelle dans le Grand Est de la France.

LAURIE HENRY - HTTPS://WWW.SCIENCE-ET-VIE.COM - 22 AVRIL 2024

Source : France 3 régions

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