euro bombe

 

"Tout projet de transformation significative de l’euro est ipso facto un projet de démantèlement du pouvoir des marchés financiers et d’expulsion des investisseurs internationaux du champ de la construction des politiques publiques. Conclusions : jamais les marchés ne laisseront s’élaborer tranquillement, sous leurs yeux, un projet qui a pour évidente finalité de leur retirer leur pouvoir disciplinaire."

Frédéric Lordon

Car il faut bien vous en convaincre, mes camarades, l’euro est un outil qui permet d’assujettir les peuples et les politiques économiques.

Roberto Fiorini

Lire l'article complet paru dans le numéro 61 de la revue de Terre et Peuple

http://www.terreetpeuple.com/terre-et-peuple-magazine-communaute-6/280-terre-et-peuple-magazine-nd61-automne-2014.html

 euro non

 

 

 
Un ouvrage collectif sorti en avril 2014, « Casser l'euro pour sauver l'Europe » (1) apporte un éclairage intéressant sur la question de la sortie de l’euro, et revient sur certains aspects « oubliés » de la construction européenne.
Quatre journalistes exerçant dans des média aux lignes politiques différentes ont pourtant pris le temps d’écrire ce livre avec l’ambition de créer un débat salutaire, à la veille des élections européennes, mais il a été occulté par le système.
Ouvrir le débat sur la sortie de l’euro est effectivement essentiel, et pour se convaincre de l’importance du sujet, il faut remonter loin. Jacques Rueff, haut fonctionnaire français, prophétisait dès 1950, que « l'Europe se fera par la monnaie ou ne se fera pas ».

Car ce projet Européen est né après-guerre de la volonté des Américains, grand libérateurs désintéressés, de nous inonder des marchandises que leur industrie produisait, et qui devait décélérer progressivement. Le Plan Marshall devait nous aider à nous reconstruire, mais en échange, l’Europe devrait s’unifier et ouvrir ses barrières douanières à son sauveur.

Dans le marché Commun signé en 1957, la concurrence devait déjà être libre et non faussée : la libre circulation des marchandises, des capitaux, des hommes et des services seront la règle. Sans prévoir d’harmonisation fiscale ou sociale. Tout était là, en germe. Le temps ferait son œuvre…

Cette charpente libérale devait permettre de réduire le dirigisme des états nations, tout en promouvant l’essor du capitalisme libéral qui deviendrait mondial.

Ordolibéralisme Allemand et sociaux libéraux Français

L’autre enjeu de la construction européenne, était d’arrimer à tout prix l’Allemagne (de l’Ouest) à l’UE, alors que l’ogre communiste veillait si près d’elle. Mais cette Allemagne vaincue qui sera désormais libérale et même ordolibérale, va poser des conditions drastiques à son adhésion. Et elles seront très lourdes de conséquences… La première des demandes formulées par notre cousine Germaine fut la libre circulation des capitaux. Car c’était pour elle la suite logique de la loi de 1973 en France qui oblige les états à emprunter sur les marchés. Grâce à cette mesure qui créera une vaste zone de circulation monétaire en UE, les coûts de financement des états pourraient baisser, tout en soumettant les politiques économiques nationales à la surveillance des marchés. Et ainsi obliger les dits Etats à la nécessaire discipline budgétaire qui forcera à surveiller les dépenses afin de ne pas augmenter la dette. Notre « présent » était scellé… La directive de libéralisation totale des mouvements de capitaux sera mise en œuvre par Mitterrand dès Juin 1988, juste après sa réélection. Encore les sociaux libéraux, qui n’étaient pas encore totalement démasqués (Lamy et Delors étaient dans les coulisses) !

Mais les Allemands demandèrent aussi la libre circulation avec l’extérieur de l’UE. Ce sera le traité de Maastricht en 1992 qui soumettra les entreprises de l’UE à la compétition financière internationale et ouvrira encore plus les portes aux délocalisations.

Le père du miracle économique allemand Ludwig Erhard, était un membre de la société du mont Pèlerin, qui verra sortir de ses rangs pas moins de sept prix Nobels d’économie. C’est dire leur influence sur ce qui se passera dans la reconstruction d’après-guerre. Leur projet était d’intégrer l’économie Allemande au nouvel ordre économique mondial de libre échange qui se construit. Avec la libéralisation des capitaux les bases de ce nouvel ordre seront solides !

La seconde demande des Allemands sera de demander à ce que la Banque Centrale Européenne (BCE) soit construite à l’image de la Bundesbank (sans contrôle politique) en imaginant que cette demande ne serait pas acceptée. Mais ce fut le contraire qui arriva, la France céda encore. Mitterrand en mesurait le risque « La Bundesbank est complètement hors de contrôle des gouvernements. Notre banque de France est indépendante, mais c’est le gouvernement qui définit la politique économique et monétaire. J’hésite à faire cette concession…).

La BCE aura pour seule mission le pilotage de cette stabilité monétaire en évitant à tout prix l’inflation. Mais les Allemands avec leur économie forte n’avaient pas besoin du bouclier monétaire « euro ». Par contre à partir de 1973 et la mise en place du système de change flottants entre les monnaies (consécutif à la fin du système monétaire de Bretton Woods en 1971) la donne changera. L’euro sera l’aboutissement de cette protection monétaire contre les spéculations des marchés dont Soros et d’autres s’étaient faits spécialistes.

La concurrence industrielle neutralisée

La suite est connue, puisque notre industrie la subit de nos jours, et qu’elle s’est fait tailler des croupières par son concurrent Allemand (voir le rapport Gallois sur la régression de notre industrie depuis 10 ans).

Sans l’euro, les pays pouvaient encore faire évoluer la concurrence entre pays en ajustant leurs monnaies. Avec l’euro cette souplesse disparaitra, et désormais on ne pourra plus dévaluer les monnaies nationales.

L’Allemagne neutralisera ainsi avec l’euro des rivaux économiques, (directement dans la zone euro) j’ai nommé les autres principaux pays exportateurs, France et Italie notamment. Elle les neutralisera en empêchant désormais toute dévaluation monétaire compétitive.

Pour s’en sortir ces pays n’ont pas d’autres choix que de tenter de se relancer en abaissant leurs coûts salariaux, et la variable d’ajustement ce sera désormais les salaires des petites gens…

Mais tenter de s’aligner sur des taux horaires de 1 € de l’heure en Chine ou ailleurs est suicidaire, et c’est toute la logique de ce système qui nous conduit tout droit, si rien ne change, à la déchéance et à l’esclavage.

Si l’Allemagne veut maintenir son modèle économique, qui lui convient car il est propre à sa population, à sa mentalité et à son histoire, il est cependant dangereux de continuer sur cette voie avec elle. Il est désormais évident que ces principes monétaires et économiques ne conviennent pas aux structures économiques et sociales des autres pays, et, en l’occurrence, en conduisent quelques-uns au désastre.

En 2001 Delors promettait une croissance économique optimale pour le navire UE de 3,5 % par an. Dix ans plus tard cet optimum sera ramené à 1 % par an. Hors les économistes de tous bords nous rabâchent que pour créer des emplois il faut au moins 2 % de croissance. En dessous de ce niveau de croissance on en détruit ! Alors pas étonnant si en 2014 nous sommes en récession et que le chômage et la déflation salariale s’installent comme autant de maladies mortelles porteuses des plus sombres présages.

En Suède, pourtant très « sociale », qui connait une dépense publique élevée, la croissance sera proche des 2,7 % sur la même période, mais eux n’ont pas choisi l’euro !

Politique de l’offre ?

Avec la mondialisation des échanges et de la finance, et l’ouverture des marchés, les modèles économiques sont modifiés. Les actionnaires qui peuvent placer l’argent là où il sera le plus rentable, spéculent à la minute près, n’importe où sur la planète, sans contrôles, ni contraintes, en profitent allégrement. Et ils abusent de leur pouvoir de financement qui exige la meilleure rentabilité pour obtenir toujours plus de flexibilisation du marché du travail, de modération salariale, de compression des salaires, exigent encore plus d’allègements de cotisations sociales… Face à la rentabilité à très court terme ils privilégient la spéculation au détriment de l’investissement ou de l’innovation, ces véritables moteurs de la création d’emplois. C’est un autre facteur inhérent au capitalisme financier que de détruire des emplois rentables (ou pas assez rentables), mais aussi de cesser de créer du travail.

Une politique de l’offre cela vise donc à favoriser les exportations de produits fabriqués chez nous pour aller les vendre ailleurs (mais aussi chez nous puisque nous sommes compétitifs). Nos technocrates redécouvrent les vertus de l’industrie, et la richesse qu’elle procure. Après avoir vantés les vertus de l’économie de services, et détruits combien d‘entreprises et d’emplois ?

Question ? Comment devenir compétitif à l’exportation ? Soit en vendant des produits de qualité qui seront difficiles à imiter ; soit vendre des produits peu chers obtenus par la compression de tous les couts salariaux et non salariaux qui composent le prix de revient. Comprenez encore une fois toujours plus de flexibilisation du marché du travail, de modération salariale, de compression des salaires, plus d’allègements de cotisations sociales… Mais aussi moins de services publics qui obligent les entreprises à participer aux charges de la nation. Autant de charges qui n’existent pas ou peu dans les pays moins développés.

Le CICE, le choc de compétitivité, ce sont autant de concessions qui procèdent des contraintes apportées par la mondialisation. Sauf que 80 % des entreprises qui reçoivent de l’argent du gouvernement Français via le CICE ne sont pas soumises à la compétition internationale ! Ils ne font qu’engranger des bénéficies supplémentaires, ou pour ceux qui ne trichent pas, cela leur apporte un peu d’oxygène.

L’Etat social autre victime de l’euro

 

L’autre possibilité offerte aux états pour gagner en compétitivité au sein de l’UE, c’est de modifier sa fiscalité. C’est ce qu’a fait l’Irlande grâce à un taux d’imposition sur les résultats des sociétés abaissé à 12.5 %, quand la France et l’Allemagne sont au-delà des 30 %. Voilà d’où vient la force du « Tigre » Irlandais, voilà comment l’Irlande a attiré les entreprises et l’emploi : en faisant de la concurrence déloyale (autorisée par Bruxelles en l’absence de volonté d’harmonisation). Le but ? Tout tirer vers le bas… au détriment du niveau de vie de ses propres concitoyens.

Incapable d’harmoniser des pays qui ne le voulaient de toute façon pas, l’UE aura été un grand système pour tout déréguler. Demain on rase gratis ? Vous connaissez la formule ! Car pour permettre de créer cette UE « fédérale » dont les libéraux rêvent tant, il faudrait abandonner encore un peu plus nos souverainetés, et construire la fameuse Europe fédérale, qui sera la panacée à tous nos problèmes… Au passage, ils détournent le vocable de « fédéralisme » qui pour nous reste noble, et trompent les peuples car leur illusion de fédéralisme, n’est que suppression de souveraineté, quand pour nous il veut justement dire rendre le pouvoir au peuple.

L’Europe continue de se suicider

L’Etat providence du modèle Européen d’après guerre se voulait social. Le bien être des hommes était encore au centre de son modèle. Pour financer ses dépenses il faisait appel à l’impôt, aux recettes fiscales, ou à la création monétaire avant que ce droit régalien ne soit remplacé par l’obligation d’emprunter sur les marchés, contre intérêts.

Avec l’ouverture à la compétition internationale des marchés, les Etats doivent veiller à ne pas trop augmenter les cotisations sociales ou les recettes fiscales, sous prétexte de voir les entreprises délocaliser.

Par ailleurs les critères de convergence du pacte de stabilité encadrent la possibilité de s’endetter, et pose des bornes : le déficit public (État + sécurité sociale) annuel doit être inférieur à 3 % du PIB, et la dette publique (ensemble des emprunts contractés par l'État et l'ensemble des administrations publiques, dont les organismes de sécurité sociale) doit être inférieure à 60 % du PIB.

Ainsi les états sont pris au piège et la surveillance des dépenses l’emporte sur le bien être. C’est aussi la porte ouverte aux privatisations de secteurs entiers qui pouvaient être rentables, et qui font perdre autant de recette dans les caisses du dit état. Diabolique...

D’autant plus que les politiques de restrictions budgétaires plombent les rentrées fiscales tout en continuant de dégrader le PIB. Comme le ratio d’endettement est calculé sur une base (le PIB) qui baisse, on continue de voir ces ratios augmenter, malgré les efforts de réduction des dépenses consentis. Et le serpent se mord la queue… C’est ce qu’ont dénoncé (notamment) Amon et Montebourg en démissionnant du gouvernement.

A ce stade on comprend nettement à quel point l’euro, cette construction artificielle est une arme qui tente de niveler les identités, et combien il a été nocif pour une grande majorité d’Européens. On comprend aussi que cette monnaie a surtout servi l’industrie Allemande, mais que le costume n’est pas adaptés pour tous… On ne peut plus dévaluer nos anciennes monnaies respectives pour sortir des crises ? C’est pourtant ce qu’on fait Anglais, Américains, Chinois, et même les Suisses… quand la crise fut venue.

La seule solution que nous proposent les élites du moment, ce sont forcément les seules qu’eux veulent concevoir : baisser le niveau de vie du peuple, pour maintenir l’ordre établit par les puissants pour leur plus grand profit.

De la monnaie unique à la monnaie commune

Pourtant la sortie de l’UE, voire de l’euro n’est en rien irrémédiable. Les marchés ont chiffré cette éventualité pour chaque pays (voir le graphique Nomura ci-joint). Ceux qui auraient beaucoup à perdre sont ceux qui voudraient convertir leur argent en monnaies étrangères. Les nationaux, les locaux, ne perdraient pas grand-chose…

Nombre d’économistes, dont 8 prix Nobels d’économies avaient émis des réserves sur la création de cette monnaie. Mais ceux qui voulaient créer cet espace n’étaient pas « raisonnables », il agissait par conviction idéologique, au service d’un maitre qui les commandait…

Les « persuadeurs permanents », ces défenseurs de l’euro, nous promettent des cataclysmes et des secousses dont on ne se relèverait pas. Pourtant un économiste Américain (Jonathan Tepper) a montré que plusieurs unions monétaires avaient pris fin au 20° siècle, sans que rien de tout cela n’arrive, et que les impacts négatifs étaient restés limités.

Nous sommes ici face à une vérité révélée qui ne se conteste pas, et on voudrait nous faire croire que tout est irrémédiable, et que l’on ne peut rien faire d’autre que continuer la musique, afin que ceux qui dansent en profitent… Quant aux autres ils seraient condamnés à regarder le bal, en silence, jusqu’à la fin des temps ?

Le simple fait que le Front National ait proposé de revenir à une monnaie commune avec un retour éventuel au Franc, a rendu toute discussion sur le sujet quasi impossible, puisque c’est le « diable » du système qui l’a proposé. Car parler de retour au Franc est trop souvent assimilé à des réflexes de repli sur soi. Pourtant d’autres pays ont leur monnaie nationale, sans pour autant « haïr » les autres. On est donc là encore dans le vieux (et encore efficace) système de diabolisation qui vise à empêcher le débat.

Le mieux si on ne veut pas avoir à combattre certaines idées c’est de les empêcher d’émerger ; c’est ce qu’a fait Terra Nova, ce laboratoire de pensée, proche du PS, en stoppant l’étude d’un chercheur de l’OCDE, Romain Perez, qui chiffrait les scénarios de sortie de l’UE.

Le retour aux monnaies nationales permettrait de rendre à nouveau possible les ajustements de change (dévaluations) adaptées aux situations de chacun. Les détracteurs de cette solution diront immédiatement que les monnaies nationales seraient alors à nouveau vulnérables à cause justement de la compétition entre monnaies qui peut produire l’instabilité mondiale… Mais n’est-ce pas déjà ce qui se passe quand on dévalue le taux horaire de salaire d’un pays à l’autre ? Allez demander aux frontaliers de l’Espagne pour combien les Espagnols acceptent de venir travailler dans nos champs ? Avec la formule actuelle les plus riches ne sont pas impactés, et ce sont les petits qui trinquent dans la compétition mondiale.

On reprocherait aussi aux monnaies nationales de redevenir vulnérables à la spéculation. Ici la réponse est incontournable, il faut déconstruire ce qui a été fait, et revenir sur la libre circulation des capitaux. Notamment en mettant fin aux ventes à découvert qui stimulent et encouragent la spéculation… Les réponses étant techniques j’invite ceux qui voudraient creuser le sujet à lire cet ouvrage.

Le SME, Système Monétaire Européen, avait répondu à cela par un panier de monnaies communes. Dans le système de Frédéric Lordon repris par les auteurs, il y aurait désormais une parité entre les monnaies communes, mais elles ne seraient pas fixes. La monnaie commune offrirait ainsi les avantages de la stabilité de la monnaie unique, et apporterait un peu de souplesse entre les états membres, en autorisant une flexibilité en son sein.

Les scénarios de sorties de l’euro sont possibles, et le Daily Telegraph a offert le premier prix du concours lancé sur ce sujet à une dénommé Roger Bootle, qui a décrit ce scénario en 200 pages… L’humour British ! La Tchéquie avait elle changé de monnaie en … une semaine. Mais la Tchéquie n’est pas l’Europe : Jacques Sapir estime dans ses travaux qu’il faudrait près de 300 jours pour réussir le retour au franc.

Les marchés financiers seraient fortement déstabilisés lors d’une sortie de l’euro. Car alors pour certains les risques seraient grands de perdre dans les dévaluations entre monnaies. Certains préconisent de négocier les sorties, d’autres peuvent aussi penser que les usuriers ont assez profité, et que comme l’Argentine, on pourrait effacer nos dettes…

Selon la Société Générale qui a aussi travaillé le sujet, les taux d’intérêts opposables à la France s’envoleraient sur les marchés jusqu’à 13 %. Cela peut sembler élevé, mais tout dépendrait alors de l’inflation. Ces taux pourraient s’appliquer à condition de continuer à emprunter sur les marchés, et de payer des montagnes d’intérêts.

La France d’après-guerre s’est reconstruite grâce à la Banque de France, sans trop s’endetter ! Pourquoi ne pas remettre en cause aussi la loi du 3 janvier 1973 (et sa continuatrice, l’article 123 du traité de Lisbonne, et les règlements de la BCE) qui nous empêchent de produire notre propre argent ?

La France risquerait de manquer d’argent pour financer ses projets ? Que neni Mon Saigneur ! On pourrait faire ce qui se faisait avant la mondialisation, en faisant appel à l’épargne populaire, nationale… Les solutions existent, encore faut-il s’en souvenir. Il faudra surtout du courage politique pour balayer la canaille qui défendra le système, tout en résistant à la pression populaire qui sera excitée par les traitres et les collabos.

L’UE est une dictature démocratique au service de la finance

Delors disait que le marché unique serait la première étape, puis viendrait la monnaie unique, et enfin la porte serait ouverte à l’intégration politique.

La tournure que prend cette UE tutélaire préfigure le fédéralisme punitif à venir. Car ce que sous entendent ces deux formules, c’est que les peuples ne sont pas capables, et qu’ils ne doivent plus être consultés et qu’ils doivent être dirigés « autoritairement ». Car impotents, ou en tout cas ceux qui servent leurs propres intérêts voudraient nous le faire croire.

Un think tank (Notre Europe) fondé par le même Delors déclarait le 14/12/2014, que « la souveraineté s’arrêtait là ou cesse la solvabilité »… La dictature économique montre son visage et est même légitimée…L’argent roi qui écrase les hommes ! Le culte du veau d’Or est de retour.

Les jalons du diktat économique sont posés : ils se nomment « règle d’or », TSCG (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance) qui fixe les règles à ne pas dépasser, et MES (Mécanisme Européen de Stabilité) qui comme le FMI (Fonds Monétaire International) conditionnera ses aides à la soumission à toutes sortent de sacrifices ou de privatisations.

Ceux qui tentent de se soustraire aux diktats sont débarqués du pouvoir tels Papadémos en Grèce qui voulait faire un référendum sur la poursuite de l’austérité ou Berlusconi en Italie qui refusait de réformer (raboter) les retraites… Ils ont été remplacés par des hommes de Goldmann Sachs, sans élections ! Car les élections démocratiques sont désormais perçues comme des risques par les marchés si le bon candidat n’est pas élu… Alors le mieux c’est de les financer, et de les porter au pouvoir, afin de s’assurer que rien d’essentiel ne sera remis en cause… Hollande est l’emblème de ces retournements, lui qui a fait campagne contre l’austérité et la finance, et qui la sert mieux que personne.

Car il faut bien vous en convaincre, mes camarades, l’euro est un outil qui permet d’assujettir les peuples et les politiques économiques.

Laissons Frédéric Lordon, des économistes Attérés, nous dire ce qu’il pense de l’euro (2).
« L’euro actuel procède d’une construction qui a eu pour effet, et même pour intention, de donner toute satisfaction aux marchés de capitaux et d’organiser leur emprise sur les politiques économiques européennes. Tout projet de transformation significative de l’euro est ipso facto un projet de démantèlement du pouvoir des marchés financiers et d’expulsion des investisseurs internationaux du champ de la construction des politiques publiques. Conclusions : jamais les marchés ne laisseront s’élaborer tranquillement, sous leurs yeux, un projet qui a pour évidente finalité de leur retirer leur pouvoir disciplinaire. Sitôt qu’un tel projet commencerait d’acquérir un tant soit peu de consistance politique et de chances d’être mis en œuvre, il se heurterait à un déchaînement de spéculation et à une crise de marché aiguë qui réduiraient à rien le temps d’institutionnalisation d’une construction monétaire alternative, et dont la seule issue, à chaud, serait le retour aux monnaies nationales. »
L’euro dans la mondialisation nous nuit, plus qu’il ne nous apporte, alors tirons en les conclusions et sortons en.
Les propagandistes nous diront alors que ce sont les nationalismes, les ancrages identitaires, qui sont sources de guerre. Ils nous diront que le protectionnisme a déjà été facteur de guerres.

Nous aurons à leur répondre que le capitalisme tente d’abattre (à n’importe quel prix) ceux qui refusent de se soumettre à son ordre mondial, et à sa dictature financière. Dans le combat qui vient, les hommes libres seront debout, face aux profiteurs, et les autres seront soumis et instrumentalisés…

Les années d’acier sont devant nous, et pour imager ce qui nous attends, je laisserais le mot de la fin à Pierre Vial : « Face aux chacals il nous faut être des loups… »

Roberto Fiorini

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