Un article saignant où l'on apprend que le salaire minimum en Ukraine est tombé en dessous de celui du Botswana (50 $ par mois). Petit florilège des spoliations que subit le peuple ukrainien depuis la "révolution de la dignité" en 2014 fomentée par l'état profond US avec l'aide des mafias locales.

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L’Ukraine post-nationale est entrée en religion néolibérale sans douceur excessive.

L’Ukraine post-nationale est entrée en religion néolibérale sans douceur excessive :

1 – Le 7 mars 2014, au lendemain du putsch de Maidan, l’or ukrainien s’est littéralement évaporé.
La présidente de la banque centrale reconnait les faits tout en déclarant ne pas trop savoir où il a pu partir.
Le site financier Zero Hedge assure pour sa part qu’il a pris son vol pour New-York. La presse russe y voit le prix payé par l’Ukraine pour le soutien américain tandis que la presse occidentale ne pipe mot.

2 - Le fils cocaïnomane du vice-président américain y administre le secteur de l’énergie pour le compte du parrain des parrains ukrainiens.

3 – Le FMI y récompense l’insolvabilité et ignore délibérément l’état de guerre.

4 - Les meurtres de rue et autres « raids corporatifs » y règlent concrètement la question des transferts de propriété.

La Russie voisine est passée par là dans les années 90.

Le pays fut bradé immédiatement après le putsch « manqué » d’août 1991 sous la houlette des Chicago boys et d’un FMI aiguilloné par le Département du Trésor américain.

Pour sauver les « réformes », Boris Eltsine fit bombarder son Parlement en octobre 1993.

Dans le même temps, l’espérance de vie des hommes russes chutera de près de 10 ans.

Le cas ukrainien, après le cas russe, montre que les prédations économique et financière n’épuisent pas la question véritable qui est celle de la validité universelle du modèle américain.

Depuis que la fin de l’histoire a été décrétée, Madeleine Albright, John Kerry, Hillary Clinton n’ont cessé de le répéter : "Les États-Unis sont la seule nation indispensable" dans le monde.

La voie démocratique étant incertaine et semée d’embûches on préfèrera - ici comme sous d’autres latitudes plus exotiques (Amérique latine, Asie du sud-est, Moyen Orient) - le changement de régime brutal comme préalable à l’accomplissement des promesses d’efficience et de prospérité.

Au coup de force initial succèdera rapidement une stratégie intrusive mettant délibérément à profit l’état de choc psychologique pour faire avancer un calendrier de réformes impopulaires – et donc nécessairement rejetées par les peuples en temps ordinaire.

  • Quel Alien a pris le contrôle du vaisseau Ukraine ?

C’est l'Etat profond US : une entité hybride – largement indépendante du pouvoir légal - d'institutions publiques et privées dont les particules élémentaires sont une matière noire de bureaucrates et de contractants très typique d'un système de 'revolving doors' généralisé entre l’industrie, la finance et la fonction publique.

Il y a ainsi aux Etats-Unis plus de 1200 agences gouvernementales et près de 2000 entreprises privées liées au monde du renseignement au sens large et 854.000 contractants privés jouissant d’une habilitation top-secret (Washington Post du 19 juillet 2010) 

L’entité mêle étroitement Silicon Valley et NSA, multinationales et CIA, Département d’Etat, USAID et réseaux affiliés d’ONG, Departement de la Justice et prisons ou autres intérêts privés (dont furent récemment victimes Total, BNP, Deusche Bank), Pentagone, mercenaires et marchands d’armes, SEC et Wall Street. L’entité a bien sûr des liens organiques avec toutes les instances intergouvernementales où elle fait valoir ses intérêts (Banque Mondiale et FMI en particulier).

Nullement affectée par l'impotence apparente des pouvoirs légaux l’entité est toujours en mesure trouver les fonds nécessaires pour renverser des régimes rebelles à l'ordre américain, même en période de disette budgétaire ou de blocage parlementaire.

Cet Etat profond n'est pas un Etat secret et il n’est pas invincible comme en témoignent ses échecs répétés au Moyen Orient. Mais il est irresponsable et s'il agit en toute impunité c’est parce qu’il se protège de l’adversité par un système de surveillance panoptique et des médias complaisants.

Par parenthèse, si la presse tape régulièrement et sans retenue sur Wall Street, c'est sans doute que le pouvoir réel ne s'y trouve pas alors même que le trader endosse les habits du méchant de l'histoire.

En définitive, Wall Street pourvoie en cash l'entité en échange d'une garantie d'immunité de type 'too big to fail, too big to jail'.
Les agents de l'Etat profond sont régulièrement récompensés par une seconde et lucrative carrière dans la finance : ainsi, la reconversion expresse de David Petraeus, ancien directeur de la CIA père de la stratégie Daesh, comme directeur du fonds d'investissement KKR.

Cependant, Wall Street a créé un golem qu’il ne contrôle plus et qui ne rend de compte à personne tout en vivant in fine sur l’argent de contribuables qu’il ruine ; il lui faut donc de nouveaux débouchés, ie de nouvelles vaches à traire.

  • L’orthodoxie et la neutralité axiologique d’Alien

Le fameux « consensus de Washington » (FMI et Banque Mondiale contrôlés en coulissses par le Département du Trésor américain + think tanks basés à Washington) fonde l’orthodoxie de cette bureaucratie / ploutocratie hybridée par le système des revolving doors. En particulier, le Département du Trésor recrute largement dans les milieux d’affaires et dans les grandes Universités.

L’habitus – et l’intérêt bien compris – de cette classe dominante l’amène à promouvoir inexorablement délocalisations, privatisations / dérèglementation, marchandisation généralisée et financiarisation de l’économie.

Les conseillers et autres 'experts' qui promeuvent la guerre permanente, les gourous économiques qui démontrent perpétuellement que la mondialisation et la déréglementation sont une bénédiction mettent toujours un point d'honneur à prétendre qu'ils n'ont pas d’idéologie. Leur pose préférée est celle du technocrate élaborant une expertise axiologiquement neutre. 

De ce fait, l’élimination de dirigeants étrangers récalcitrants peut passer pour un simple processus technique – ou prophylactique – de ‘due diligence’.

Or, les politiques de réformes structurelles issues de ce corpus « axiologiquement neutre » n'ont jamais un caractère spontané dans les pays candidats / désignés aux délices du libéralisme avancé : elles succèdent toujours à un changement de régime brutal.

  • Les agents de l’entité ou la semence d’Alien

Pour faire d’un ukrainien un américain comme les autres, il faut bien sûr d’abord et avant tout capter le pouvoir politique.

Ce n’est pas très difficile en l’occurrence, puisque l’Ukraine n’a pas de tradition étatique et ne peut donc être gouvernée que de l’extérieur (Xavier Moreau).

L’Ukraine passera sous pavillon US à l’occasion du coup du Maïdan - rebaptisé sans rire « révolution de Dignité » et une élite étrangère liée au Département d’Etat américain sera mise sans délai aux postes de commande.

Les oligarques locaux seront invités à se soumettre aux volontés de l’ambassade US faute de quoi, ils s’exposeraient à la saisie de leurs avoirs détenus à l’étranger.

Au ministère des finances débarquera donc Natalie Jaresko, citoyenne des Etats-Unis d’Amérique fraîche émoulue du Département d’Etat.
En bonne adepte du système des revolving doors, cette banquière néocons, diplômée de Harvard et de l'université de Chicago dirige concurremment le fonds d'investissement Horizon Capital et le Western NIS Enterprise Fund (WNISEF), métastase du USAID (United States Agency for International Development).

Elle ne sera pas reconduite dans le gouvernement formé par Volodymyr Hroïsman en avril 2016.

Au ministère du commerce et du développement économique le ci-devant citoyen Lithuanien Aivaras Abromavicius, également banquier et ancien cadre dirigeant d'un fonds d'investissement suédois East Capital . Il démissionnera en février 2016 arguant de son impuissance à venir à bout de la corruption locale et dénonçant "une tentative claire d'établir un contrôle sur les flux financiers" en premier lieu au sein de l'opérateur gazier ukrainien Naftogaz (extraction, transport et raffinage de pétrole) dont une filiale est détenue par un certain Ihor Kolomoïsky…

Relevant de la catégorie « farce et satrapes », la nomination celle de Mikhaïl Saakashvili intrigue : pion occidental en exil à New York (poursuivi par la justice géorgienne pour abus de pouvoir) et ancien Président - putschiste - de la Géorgie il sera nommé gouverneur de la région d’Odessa.

Si elle peut être perçue comme les prémisses d’une discorde entre les « réformateurs » de Washington et les oligarques locaux (Saakashvili remplace un proche de Kolomoïski) son arrivée aurait pu être liée à la préparation d’une guerre russo-ukrainienne par Washington.

Voici ce qu’en dit le journaliste Simon Uralov dans une tribune donnée au Réseau Voltaire en Juin 2015 :

… les tâches qui attendent le citoyen Saakashvili au poste de gouverneur de l’oblast d’Odessa. 
 Sur le plan géopolitique : 
bloquer complètement la Transnitrie, commencer une guerre dans la région contre elle, et pourquoi pas, contre la Gagaouzie. 
 Sur le plan politico-économique : 
• finaliser la privatisation des ports dans l’intérêt des grandes sociétés états-uniennes, en écartant l’oligarchie locale, qui pensait jusqu’ici prendre part au processus ; 
• organiser le transport de céréales et de vivres par le port, ce qui peut par la suite provoquer une famine dans les territoires au sud de l’Ukraine d’avant Maïdan. 
 Sur le plan politique : 
• dissoudre de façon définitive tous les regroupements d’opposants au nouveau pouvoir, surtout au sein des médias et des conseils locaux ; 
• attirer de son côté une partie de l’élite locale et de la bourgeoisie en échange de biens appartenant à l’élite dissidente. 
 Sur le plan militaire : 
• rassembler et organiser les groupes de bandits issus des unions paramilitaires en un organe de répression effectif ; 
• épurer la milice de ses membres opposés au nouveau régime de Kiev.

Pourtant, comme les autres créatures du Département d’Etat, Saakashvili disparaitra dans le trou noir de la corruption ukrainienne et démissionnera le 7 novembre 2016.

  • « Dans l’espace – privatisé -, personne ne vous entendra crier ! »

La dette est comme on le sait la route de la servitude ; elle forme la clé de voute du système financier, l’arme de destruction massive à l’usage de Wall Street

Et c’est le FMI, prêteur en dernier ressort, qui va précipiter la déstabilisation économique de l’Ukraine.

Il a pourtant fallu que le FMI viole ses propres règles pour maintenir dans les fers cet emprunteur insolvable.

Sous la pression de l’entité, une institution censée garantir la stabilité financière de ses membres a donc étendu son crédit à un pays en guerre - les statuts du FMI interdisent pourtant explicitement l’octroi de prêts à des pays en guerre.

De même aucun prêt ne saurait théoriquement être consenti à un pays en défaut sur sa dette souveraine, situation dans laquelle se trouve objectivement l’Ukraine après l’annonce 2015 que les 3 milliards de dollars dus à la Russie ne seraient pas remboursés.

Madame Lagarde aura peut-être été d’autant plus sensible à l’amicale pression de son actionnaire américain et amnésique des règles de sa propre institution, que ses tracas judiciaires - arbitrage Tapie-Crédit lyonnais en 2008 – ont opportunément ressurgis du néant en… décembre 2015.

Toute tentative de contrôle budgétaire étant de facto annihilé par la gestion de la dette, il s’agit de hâter le calendrier de la curée :

La privatisation de l'usine portuaire d'Odessa qui entame le processus de privatisation de structures liées aux trois ports de l’oblast aura été l’affaire du gouverneur régional, Mikhaïl Saakachvili.
Elle a été approuvée le 18 octobre 2016 par une décision du conseil des ministres sous la pression du FMI.
Elle se fera à prix d’ami en dépit de l’importance stratégique majeure de ces ports sur lesquels repose « l’essentiel du commerce maritime du pays, notamment l’exportation de denrées agricoles, de métal, d’acier, de minerai de fer, de bois et de produits manufacturés ; et l’importation de produits manufacturés et agro-alimentaires. » - Les ports d’Odessa : l’impossible modernisation ? Sébastien Gobert La Documentation Française 10/11/2015
Les lois de privatisation poussées par le FMI incluent également les compagnies régionales du secteur de l’énergie et une trentaine de sites miniers.

Des centaines d’usines du secteur de la construction mécanique et d'équipements sont également promises à la braderie.

Enfin, les terres agricoles publiques seront mises aux enchères, l'Ukrainese préparant vraisemblablement un destin de grenier à OGM de l'Europe.

L’adaptation forcée à la mondialisation se fera par l’abaissement des droits de douanes qui conduira inéluctablement à la destruction d’un tissu économique – en particulier le secteur industriel concentré à l’est du pays – orienté vers la Russie.
L’accord d’association avec l’UE garantit la destruction d’une industrie (y compris dans les secteurs de pointe du spatial et de l’aéronautique) désormais privée du client russe.
Comme le signale Xavier Moreau, la dérussification passe par la désindustrialisation.

Surtout, la colonisation est une colonisation par la norme et le droit.
Cette dernière est un peu le ‘back office’ de la mondialisation :

Il faut dérèglementer (la finance, le code du travail) tout en enfermant la société dans un maillage de règles et normes supranationales. (Michel Drac :"En faisant remonter les processus de décision à l'échelon supranational, on détruit de-facto les libertés populaires et au final on détruit les peuples").

C’est la bonne gouvernance – ie l’obéissance aux normes élaborées dans les lieux de pouvoir déterritorialisés que sont les instances internationales – contre les préférences collectives et donc la soumission finale du politique à la morale des affaires.
Ainsi, l’accord d’association avec l’UE – que les hollandais ont récemment refusé de ratifier par referendum – concerne-t-il 20 000 normes sachant que chaque norme représente le travail pendant un an d’un comité de 10 à 15 experts (Moreau)

La lutte contre la corruption est un excellent moyen de créer une demande de système légal ; c’est la technique du pied dans la porte adaptée à la colonisation par le droit. Nous verrons plus loin que l’affaire est compliquée dans le cas ukrainien.

Il faut enfin gagner la guerre des représentations en fabriquant du consentement par medias interposés. Ainsi, le rapport préliminaire de la loi sur le budget 2017 du Département d'Etat, présenté le 15 juillet à la Chambre des représentants, préconise de débloquer - sur un total de 663,5 millions de dollars de fonds pour l'Ukraine - près de 8 millions de $ pour mener des opérations de "contre-propagande" à l'égard des chaînes et des sites d'informations russophones. "Ces opérations d'influence sont en partie menées depuis la Special Projects Division de l'USEuropean Command (EUCOM), basée à Kaiserslautern en Allemagne, avec l'aide de GDIT, une filiale de General Dynamics" (Intelligence Online, 27 juillet 2016).

  • Alien et Predator : les noces de l’Etat US et de la Mafia ukrainienne contre le peuple

Ihor Kolomoïsky est le principal chef de la mafia ukrainienne.

Il détient le secteur de la métallurgie, la Privat Bank et à travers elle contrôle discrètement - selon l’Anticorruption Action Center - la Burisma Holdings, première compagnie d’exploitation du gaz d’Ukraine enregistrée à Chypre.

Il finance également des groupes armés – avec lesquelles il pratique le raid corporatif, c’est-à-dire la saisie d’entreprises par la force - et a occupé de mars 2014 à mars 2015 le poste de gouverneur de l’oblast de Dnipropetrovsk.

Accessoirement, il a créé le Parlement juif européen en février 2012.

En juin 2014, il s’est offert un employé de luxe - comme on achète un toit (krycha dans la mafia russe) - qui le protègera par gros temps : Hunter Biden.

Né dans le paradis fiscal du Delaware, Hunter Biden est un cocaïnomane avéré dont le papa, Joe Biden, est vice-président des États-Unis - et le favori d’Hillary Clinton pour le poste de Secrétaire d’État dans l’hypothèse d’une l’élection de la méduse en novembre 2016.

Lobbyiste new-yorkais, Hunter préside en outre le World Food Program USA.

Nommé au directoire de Burisma, il l’administrera aux côtés d’Aleksandre Kwasniewski, ancien Président polonais et de Devon Archer, président du comité de soutien au secrétaire d’État John Kerry en 2004, également partenaire chez Rosemont Seneca Partners société de conseil en investissement dont le président est… Hunter Biden.

Selon Sputnik News, le FMI a réalisé en avril 2015 un versement de 4,51 milliards de dollars à la Banque nationale d'Ukraine. Cet argent a été ensuite utilisé pour soutenir les banques commerciales du pays, en particulier, la PrivatBank. Cette dernière a pour sa part fait sortir 1,8 milliard de dollars de l'aide financière du FMI vers les offshores.

Bien évidemment, le matériel humain est censé s’adapter à ce nouveau Nomos de l’Ukraine.

Le peuple ukrainien est paupérisé et se retrouve pris en otage entre les acteurs mafieux locaux et les instances occidentales americanocentrées.

Soumis aux purges austéritaires, le pays a vu son PIB s’effondrer de 6,6 % en 2014 puis de 9,9% en 2015. En 2015, le PIB par habitant place l’Ukraine entre le Soudan et la République du Congo !

La dette publique a plus que doublé en moins de 2 ans, le commerce extérieur s’est réduit d’un tiers.

Le salaire moyen a été divisé par deux entre 2013 et 2015 pour se fixer à environ 150$ selon les données officielles du ministère des Finances (2 mars 2016),

Le salaire minimum en 2015 est de 50$ bruts par mois, en dessous du revenu minimum garanti d’un ouvrier agricole au Botswana.

Pour fêter la « révolution de la Dignité », les pensions ukrainiennes ont été divisées par deux (de 160 $ ​​à 80 $) dès 2014 et plafonnent à 54 $ en juin 2015.

Le taux d’inflation pour 2015 est de 43,3%.

Le prix du gaz a doublé en avril 2016 après avoir triplé entre 2014 et 2015, les tarifs pour le chauffage (déjà multiplié par 6 en 2015) et pour l'eau chaude ont été multipliés par deux au mois de juillet 2016. Les prix « sociaux » de l’énergie sont abolis en avril 2016, le marché triomphe en majesté !
Après un premier paquet de réformes dans le secteur de la santé initiées au printemps 2015 par Alexandre Kvitashvili (ex-ministre géorgien) prévoyant des fermetures d’hôpitaux et des privatisations, l’Ukraine est « livrée aux maladies infectieuses » (Le Monde Diplomatique du 1 mai 2016).

L’espérance de vie pour les hommes y devient inférieure de onze ans à la moyenne de l’Union européenne.

  • Système légal : Alien aurait-il fécondé un organisme trop gangréné pour lui ?

La corruption sévit toujours en Ukraine, deux ans après le coup de Maïdan et le développement du système légal est dans une ornière.

Les nouvelles recrues de la police et des douanes, naturellement formées aux États-Unis, ne pèsent pas lourd face à la déréliction de l’État qui fait vivre les populations dans l'angoisse permanente de l'arbitraire et de la mort violente.

L'insécurité est certes le pendant démocratique de la terreur en régime totalitaire, mais la résilience du pouvoir mafieux local met en cause la pérennité de l'aide financière occidentale en interdisant la mise en place « d’autorités compétentes, neutres et transparentes » selon le cœur des stratèges américains. 

L’argent du FMI est ainsi parti sur des comptes numérotés et les fonctionnaires corrompus ont eu raison des ministres réformateurs dépêchés par le Département d’Etat américain en 2014.

Les privatisations sont compliquées par le fait que de nombreuses entreprises « d’Etat » appartiennent de fait à une économie informelle en odeur de Mafia.

En définitive, les défenseurs des réformes – marionnettes de Washington - se retrouvent en guerre ouverte avec les obligés que les oligarques ont pu maintenir au cœur du système. L’affaire du limogeage du procureur général Viktor Chokine est éclairante à cet égard.

La "révolution de Dignité" pourrait vite se réduire à un sordide règlement de compte mafieux et faire tourner sans cesse la roue fatiguée du changement de régime.

A moins qu'une bonne dose de féroce vitalité asiatique administrée par la nouvelle Russie ne mette tout le monde d’accord…

par Thierry Thodinor
samedi 25 août 2018

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-ukraine-ou-le-capitalisme-du-207049

 

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