Les Occidentaux rigolaient. Pour eux, c’était sûr, Poutine s’était déballonné. Les sanctions économiques avaient mis la Russie à genoux et le dictateur de Moscou avait dû renoncer à l’annexion du Donbass. Poutine ? Un tigre de papier !
Retour de flammes. La Russie riposte. L’Ukraine refuse de payer sa dette à Gazprom ? C’est qu’elle s’élève quand même à 4,5 milliards de $ ! Gazprom va lui couper le gaz. Imparable : ce n’est pas de la géopolitique, c’est simplement une mesure de rétorsion contre un mauvais payeur. Une solution pour l’Ukraine serait de détourner le gaz qui continuera à transiter par son territoire, un gaz destiné à l’Europe, comme elle l’a fait en 2006 et 2009. Mais c’est manière de voyou. Et Moscou risque de fermer totalement les tuyaux. Salauds de Russes !
Pourtant, Gazprom avait fait un geste. Du temps du méchant Ianoukovitch, elle vendait son gaz à l’ukrainienne Naftogaz au prix de 268 $ les 1 000 m3. Après l’éviction du président prorusse, elle a aligné ses prix sur les cours mondiaux : 485 $. Dans sa récente proposition à Porochenko, elle a consenti à baisser son tarif à 385 $, un « prix d’amis ». Mais ce dernier fait le fier.
Pendant ce temps, le FMI continue de saigner l’Ukraine. Sur les 11 milliards de $ promis, il n’en a versé que 3,2. L’Ukraine est devenue un gouffre financier : le déficit budgétaire qui représentait déjà 6% du PIB en 2013 s’est envolé à 15% au premier trimestre 2014. Et le FMI exige la mise en place de mesures économiques qui étrangleront la population ukrainienne. L’ennemi du FMI, c’est le peuple qu’il faut transformer en troupeau d’esclaves dociles.
Qu’est-ce qu’ils sont naïfs, ces Occidentaux ! On l’a vu l’autre soir sur TF1 quand deux journalistes tout acquis au système, Jean-Pierre Elkabach et Gilles Bouleau, ont essayé de piéger le tsar Poutine.
La Russie menacerait ses voisins ? Poutine a répondu très calmement qu’il s’agissait là de fantasmes. Et d’une propagande américaine destinée à faire peur aux Polonais et aux Baltes. Qui pourrait croire que la Russie est décidée à les envahir ? Il a aussi rappelé que les USA avaient des bases militaires sur toute la planète et qu’aucun Etat au monde n’avait été impliqué dans autant de guerres depuis 1945. Rappelons-les pour lui : Corée, Vietnam, Nicaragua, Salvador, Honduras, Grenade, Somalie, Yémen, Bosnie, Serbie, Kosovo, Afghanistan, Irak, Libye…
La Russie se réarmerait à toute vitesse ? Poutine a répondu tout aussi calmement que le seul budget militaire américain était supérieur à la somme des budgets militaires de tous les autres pays du monde.
Poutine aurait pu rajouter que l’annexion de la Crimée s’est faite en douceur, par la volonté d’une population entièrement acquise à la Russie depuis des siècles. Ce qui ne fut pas le cas au Kosovo, province serbe arrachée par les Occidentaux à la Serbie au prix d’une purification ethnique qui donne la nausée.
Poutine est accusé de souffler sur les braises en Ukraine et d’envoyer des mercenaires dans le Donbass. Mais pour le moment, aucune preuve n’est venue étayer ces accusations. Par contre, l’avion militaire ukrainien récemment abattu par les prorusses transportait 40 mercenaires suédois, lituaniens, anglais et américains… à la solde d’Academi. Academi est le nouveau nom de Blackwater, l’officine américaine chargée de toutes les basses besognes. Elle avait dû changer de nom après avoir quitté l’Irak où elle était devenue indésirable tant elle avait commis d’exactions et de bavures.
Il est gentil, Poutine, et il est poli…
Alain CAGNAT