Illustration JohnHunt Morgan 2

 

Général sudiste et officier de cavalerie, John Hunt Morgan (1825-1864) est né à Huntsville, Kentucky (mais selon d’autres sources il serait né en Alabama). C’est l’aîné d’une fratrie de dix enfants.

Ses grands-parents paternels sont Luther et Anna (née Cameron) Morgan. Luther Morgan, comme son fils Calvin (le père de John Hunt) plus tard, connaîtra des revers de fortune. La famille quittera alors Huntsville pour s’installer à Lexington et se reconvertir dans l’agriculture.

Pendant deux ans, John Hunt suivra les cours du Transylvania College. Il en sera exclu pour s’être battu en duel avec un de ses condisciples. Ce qui ne l’empêchera pas – et tout au contraire – de se préparer à une carrière militaire.

En 1846, avec son frère, Calvin, il s’engage dans la cavalerie US et participe à la guerre américano-mexicaine. Nommé sous-lieutenant, puis promu lieutenant, il reçoit le baptême du feu à la bataille de Buena Vista. De retour au Kentucky, il s’occupe d’une manufacture de chanvre. En 1848, il épouse la sœur de son associé, Rebecca Gretz Rice, âgée de 18 ans.

En 1853, sa femme donne naissance à un enfant mort-né. Avec de graves conséquences pour elle-même : une phlébite qui nécessitera qu’on l’ampute. John Hunt, qui mène une vie un peu dissolue (le jeu et les femmes), n’a pas abandonné sa vocation militaire. En 1852, il lève une milice (une compagnie d’artillerie) qui sera dissoute deux ans plus tard par les autorités de l’État. En 1857, il met sur pied une compagnie d’infanterie connue sous le nom de Lexington Rifles.

A l’origine, John Hunt n’est pas un partisan de la sécession qui s’annonce. Après l’élection de Lincoln, en 1860, il écrit à son frère Thomas : « J’espère que notre État ne va pas faire sécession. Je ne doute pas que Lincoln sera un bon président, on doit au moins lui laisser une chance et si, par la suite, il dérive, alors le Sud devra s’unir ».

Au printemps suivant, ce même frère, Thomas, choisit de soutenir la sécession. Le 4 juillet (date symbolique) 1860, il s’engage dans la Kentucky State Guard. John Hunt, lui, s’occupe de sa femme dont l’état ne cesse de s’aggraver. Elle meurt le 21 juillet 1861.

Cette même année, il passe au Tennessee avec ses Lexington Rifles pour se mettre au service de la Confédération. Il crée le 2nd Kentucky Cavalry Regiment dont il devient le colonel le 4 avril 1862. A la tête de son régiment, il sera de la bataille de Shiloh et milite pour que le Kentucky fasse sécession.

Le 4 juillet 1862, il quitte Lexington avec 900 hommes et mène un raid audacieux loin à l’intérieur du Kentucky, sur les arrières de l’armée nordiste du major général Don Carlos Buell. Il capture 1200 Yankees (il les libérera sur parole), récupère plusieurs centaines de chevaux et cause de lourds dommages matériels à l’armée ennemie.

Promu brigadier général le 11 décembre 1862, il reçoit les félicitations du Congrès confédéré pour ses raids répétés et toujours dévastateurs, notamment contre le général nordiste William S. Rosecrans. Il participera à la bataille de Hartsville le 7 décembre 1863.

Le 14 décembre de la même année, il épouse Martha « Mattie » Ready, fille du représentant des Tennessee United States, Charles Ready, et cousine d’un autre ancien représentant des États-Unis au Tennessee, William T. Haskell.

 

Illustration John Hunt Morgan 1

 

Espérant pouvoir tailler des croupières aux forces yankees mobilisées par les combats de Vicksburg et de Gettysburg, il monte un raid passé à la postérité sous le nom de Morgan’s Raid (le raid de Morgan). Il traverse la rivière Ohio et fonce droit devant à travers le sud de l’Indiana et de l’Ohio. A Corydon, il est accroché par 450 hommes de la Home Guard.

Au cours de nombreuses escarmouches qui lui permettront de capturer des centaines de Nordistes (toujours libérés sur parole, il ne peut s’encombrer de prisonniers), le Morgan’s Raid prend fin le 19 juillet 1863 à Buffington Island, Ohio, où près de 700 de ses hommes sont capturés alors qu’ils tentaient de passer en Virginie occidentale. Ils connaîtront les horreurs du camp de concentration de Camp Douglas à Chicago (on y comptera des centaines de morts). Le 26 juillet, Morgan et ses hommes, traqués, épuisés, affamés, sont contraints de se rendre.

Confederate prisoners Camp Douglas4

 

Le 27 novembre, avec six de ses officiers (dont Thomas Hines, un combattant de légende), il s’échappe du pénitencier de l’Ohio en creusant un tunnel sous les baraquements. Morgan et trois officiers grimpent dans un train près de Columbus et en descendent en marche à Cincinnati. Sur un radeau, ils vont descendre la rivière Ohio et, grâce à la complicité de sympathisants de la Cause, réussir à regagner les lignes sudistes.

Malgré les succès des Raiders, les Nordistes ont regroupé des milices – près de 110 000 hommes – dans l’Illinois, l’Indiana et l’Ohio. Des douzaines de canonnières yankees croisent sur l’Ohio et des forces de cavalerie mènent la vie dure aux francs-tireurs sudistes.

Ce n’est pas pour faire peur à Morgan qui organise de nouveaux raids au Kentucky. Mais la donne à changer : les Nordistes tiennent désormais la plus grande partie de l’État. Son dernier raid a lieu en juin 1864, avec un pic, la seconde bataille de Cynthiana. Ayant dispersé les Yankees à Keller’s Bridge, sur la rivière Licking, près de Cynthiana, Morgan commet l’erreur d’affronter une force de cavalerie supérieure en nombre. Un désastre. Ses hommes sont laminés et seule une petite partie d’entre eux réussiront à sortir de la nasse.

Cet échec lui fait perdre la confiance du général sudiste Braxton Bragg (qui n’a jamais vraiment apprécié ces électrons libres rétifs à la discipline militaire). Il n’empêche que, le 22 août 1864, il prend le commandement du Trans-Alleghany Department engagé dans l’est du Tennessee et le sud-ouest de la Virginie.

Mais la chance a tourné. Le raid du 4 septembre 1864 sur Knoxville, Tennessee, lui est fatal. Il est tué par des cavaliers nordistes près de Greenville.

Il sera enterré au cimetière de Lexington, peu de jours avant la naissance de sa seconde fille.

 

tombe

 

Une tombe toujours très visitée car Morgan n’est pas oublié :

  • la Morgan High School de McConnelsville, Ohio, qui porte son nom, a nommé sa mascotte « The Raiders » en hommage aux exploits de John Hunt dans le sud-est de l’État
  • la South Ripley High School de Versailles, Indiana, a également nommé sa mascotte « The Raiders » en souvenir d’un des raids victorieux de Morgan dans la région
  • la Hart Country High School de Munfordville, Kentucky, site d’une bataille remportée par les Sudistes, a aussi une mascotte « The Raiders » .
  • une fresque, sur un mur de la ville, rappelle les exploits de Morgan
  • la Trimble Country High School de Bedford, Kentucky, a elle aussi sa mascotte « The Raiders »
  • à Lexington, John Hunt a sa statue au John Hunt Morgan Memorial
  • on peut visiter la Hunt-Morgan House, sa maison à Lexington
  • le pont sur East Main Street/ US Route 11 d’Abingdon, Virginie, s’appelle le John Hunt Morgan Bridge
  • le pont sur South Main Street/ US Route 27 à Cynthiana, Kentucky, s’appelle aussi le John Hunt Morgan Bridge
  • à Greenville, Tennessee, où il fut tué, il y a une General Morgan Inn
  • le bataillon de la Kentucky Army National Guard Field Artillery est connue sous le nom de Morgan’s Men (« Les hommes de Morgan »)
  • il y a des statues de Morgan à Pomeroy, Ohio, et à Lexington, Virginie.

 

Pour aller plus loin :

  • Duke, Basil W., Morgan’s Cavalry, New York, 1906
  • Gorin-Smith, Betty Jane, « Morgan Is Coming ! » : Confederate Raiders in the Heartland of Kentucky, Harmony House Publishers, 2006
  • Johnson, Robert Underwood, and Buel, Clarence C., Battles and Leaders of the Civil War, Century Co., 1884-1888
  • Mowery, David L., Morgan’s Great Raid : The Remarkable Expedition from Kentucky to Ohio, History Press, 2013
  • Rue, George Washington, Maj. (1828-1911), Celebration of the Surrender of General John H. Morgan, Ohio Archaelogical and Historical Publications, Volume 20 (1911).

Alain Sanders

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