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Henry Lee III (1756-1818), officier et gentleman

La famille Lee, d'origine anglaise, est attestée depuis le XIIe siècle. Aux côtés de Richard Cœur de Lion on trouve, en première ligne à Saint-Jean d'Acre, un Lionel Lee qui fut fait comte de Lichtfield. Les bannières et les armes des Lee sont suspendues dans la chapelle Saint-Georges à Windsor.

Sous le règne de Charles 1er, Sir Henry Lee de Ditchley fut dépêché en Virginie comme premier secrétaire de la colonie. Il s'y fixa. Et avec lui ses descendants, parmi lesquels le célèbre général confédéré Robert Edouard Lee, qui écrivirent une grande partie de l'histoire de la Virginie. Un Thomas Lee en fut le gouverneur et, pendant la guerre d'indépendance, son descendant, Henry Lee, fut un des acteurs majeurs du Congrès. Un Francis Lee signa l'acte d'indépendance. Un Arthur Lee représenta les États-Unis auprès de la France.

Quand éclate la révolution américaine, le père de Robert (le futur général Lee), Henry Lee III (1756-1818) n'hésite pas à choisir son camp : « La Virginie est mon pays. J'obéis à sa volonté quelles qu'en puissent être les conséquences pour moi ». C'est, presque exactement, ce que va déclarer le général Lee quand, en 1861, il choisira de servir la cause confédérée (dont la Virginie fut un des États déterminants). Henry Lee III (surnommé Harry) sera un des combattants les plus vaillants de la guerre d'indépendance. A la tête de la cavalerie de George Washington, il gagnera le surnom de Lighthorse Harry.

Henry Lee III sera élu par trois fois gouverneur de Virginie. En 1793, alors âgé de 37 ans, il épouse Ann Hill Carter qui en a 20. Quand Washington meurt, en 1799, c'est Henry qui aura la charge et l’honneur de prononcer son éloge funèbre. Gouverneur, honorable membre du Congrès, riche, marié à une femme délicieuse, père de cinq enfants, Henry aurait tout pour être heureux. Mais il ne peut s'empêcher de spéculer. Sur les terres, les biens, les affaires en cours ou à venir. Parfois avec beaucoup de flair. Mais aussi avec une propension à se mettre dans des « coups » flirtant avec la loi. Ce qui lui aliénera nombre de ses relations qui ne voulaient pas se compromettre avec un agioteur.

Quand le futur général Lee, Rober Edouard (il a reçu les prénoms de ses deux oncles, les frères de sa mère), naît le 18 janvier 1807, son père est dans une situation financière difficile. Au point qu'en 1809 il est emprisonné pour dettes impayées. Il restera un an en prison et un an seulement parce que les amis qui lui sont restés attachés ont désintéressé ses créanciers. En les payant. Mais la famille doit quitter l'immense domaine ancestral de Stratford, dans le Westmoreland County, pour s'installer dans une modeste maison de la ville voisine d'Alexandria.

En 1812, quand éclate la seconde guerre d'indépendance contre les Anglais, Henry – contre toute attente et sans que son entourage ait jamais pu expliquer ses réticences – se retrouve dans le camp des opposants, peu nombreux, à ce conflit qui aurait pu coûter cher à la jeune Amérique (les Britanniques occuperont et incendieront Washington avant d'être défaits à la Nouvelle-Orléans).

Henry s'abouche même avec un jeune éditeur de Baltimore qui publie des libelles contre la guerre. Une nuit que les deux hommes sont à l’œuvre dans l'imprimerie, le bâtiment est pris d'assaut par une foule déchaînée. Les locaux sont dévastés et Henry, quasiment lynché, est laissé pour mort. Secouru et soigné, il ne se remettra jamais de ses blessures. En 1813, infirme, défiguré, ruiné, il décide d'aller tenter sa chance aux Barbades. Nouvelles désillusions. Sa santé se dégrade encore et ses poches sont plus vides que jamais... En 1818, il s'embarque pour rentrer au pays, dans sa chère Virginie. Il n'y parviendra pas : sur le chemin du retour, il meurt sur l'île de Cumberland, Géorgie.

Mrs. Lee, qui a eu plus d’heures grises que de moments choisis, va élever ses enfants dans le respect et le souvenir de leur père qui, avant de dériver, aura été un grand Virginien. Robert E. Lee ne l'oubliera jamais. La famille Lee continue de vivre dans une honnête pauvreté. Mais en tenant son rang. Car elle a quelque chose qui compte plus que l’argent : son nom et son renom. Le second président des États-Unis, John Adams, avait ainsi salué cette reconnaissance nationale : « Aucune autre famille en Amérique n'aura eu autant d'hommes de mérite en son sein ».

Alain Sanders

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