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En 1495, le Gribshunden, vaisseau amiral de la flotte danoise, sombrait près de la côte suédoise de Blekinge, emportant avec lui un pan de l'histoire maritime de la fin du Moyen Âge. Les fouilles récentes de cette épave ont révélé un coffre d'armes unique, offrant un aperçu sans précédent de la technologie militaire de l'époque.

EN BREF

  •  En juillet 1495, le Gribshunden, navire amiral de Hans de Danemark, sombre suite à un incendie dans l'archipel de Blekinge.
  •  Des archéologues ont découvert un coffre d'armes médiévales à bord, révélant des avancées dans les technologies et tactiques militaires maritimes de l'époque.
  •  Cette découverte souligne l'importance du Gribshunden dans l'histoire navale nordique et l'évolution des guerres maritimes.

En juillet 1495, le Gribshunden, navire amiral du roi Hans de Danemark, prend feu et sombre dans les eaux de l’archipel de Blekinge, marquant un événement dramatique dans l’histoire maritime nordique. Plus de cinq siècles plus tard, des archéologues de l’Université de Södertörn et du CEMAS à Stockholm ont exploré cette épave, révélant des détails fascinants sur les technologies et tactiques militaires de la fin du Moyen Âge.

Leur découverte majeure, rendue publique dans un communiqué de l’université, un coffre d’armes contenant des outils de fabrication de munitions, offre un aperçu précieux des changements dans la conduite de la guerre navale, illustrant une période de transition vers des affrontements maritimes plus technologiques et à distance.

 

Découverte et importance du coffre d’armes médiévales

Le Gribshunden est un vaisseau amiral sous le règne du roi Hans de Danemark et de Norvège. Il jouait un rôle crucial dans la projection de la puissance navale. Il permettait la mise en œuvre des stratégies militaires de la fin du XVe siècle. Construit pour dominer les mers, ce navire incarnait l’avant-garde des technologies navales de son époque.

Il facilitait non seulement le transport et la communication entre les royaumes scandinaves. Il défendait les intérêts maritimes du Danemark-Norvège. Les récentes fouilles de son épave ont mis en lumière la complexité de son équipement et son importance stratégique. Elles confirment sa place centrale dans l’histoire navale nordique.

 

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Coffre à outils contenant : (1) des plaques de plomb, (2-3) des moules, (4) le côté allongé du coffre avec la corrosion du fer (de la serrure et des raccords ?), (5) des « boîtes » cylindriques (éventuellement des conteneurs de poudre) et (6) moisissure. © Dr Florian Huber, avec aperçus et notes de Rolf Warming.

 

Les découvertes archéologiques du coffre d’armes à bord du Gribshunden, en particulier, ont révélé des aspects jusqu’alors inconnus de la logistique militaire médiévale. L’épave a été découverte dans les années 1970 par des plongeurs amateurs. Elle n’a été révélée aux chercheurs qu’en 2000, puis explorée plus exhaustivement en 2023.

Le coffre contenait divers outils essentiels pour la préparation des munitions. On y trouvait des moules à balles et des plaques de plomb. Ces artefacts témoignent de la capacité du navire à soutenir des opérations militaires prolongées. Le coffre et son contenu appartenaient probablement aux mercenaires allemands qui se trouvaient à bord lors du naufrage du Gribshunden. Ces éléments, couplés à la présence de pièces de monnaie corrodées, illustrent également la vie quotidienne des équipages et la gestion des ressources durant les longues campagnes en mer.

 

Technologie et armement à bord du Gribshunden

Le contenu du coffre trouvé dans l’épave du Gribshunden offre donc un aperçu de la sophistication technique de l’équipement militaire maritime à la fin du Moyen Âge. Les moules à balles et les plaques de plomb découverts illustrent la transition vers une ère où la technologie militaire évoluait rapidement.

Ces outils servaient à la fabrication de projectiles pour les arquebuses directement à bord. Ces dernières figuraient parmi les premières formes de fusils à main. Cette innovation représentait une avancée significative, car elle permettait aux navires d’augmenter leur puissance de feu.

Elles transformaient les méthodes de combat traditionnelles basées sur le combat rapproché et l’abordage. On se dirigeait maintenant vers des « guerres à distance » plus impersonnelle et mécanisée. L’existence de tels équipements sur le Gribshunden indique alors une capacité accrue à mener des combats maritimes de manière plus stratégique.

Cette découverte est essentielle pour comprendre l’évolution des tactiques de combat maritime durant cette période. Cette artillerie modifie également la conception des bâtiments de guerre. Ils deviennent plus robustes et adaptés au transport de canons lourds. Ce changement a fait évolué les doctrines militaires. Il préfigura l’ère de la domination maritime européenne caractérisée par des flottes puissamment armées.

Les chercheurs ont également procédé à une analyse approfondie des fragments de cotte de mailles trouvés sur le site de l’épave lors d’enquêtes précédentes. Ces fragments proviennent probablement d’une ou plusieurs chemises en cotte de mailles. L’analyse, réalisée en collaboration avec le professeur Kerstin Lidén de l’université de Stockholm, montre que le tissage en anneau contenait plusieurs fils et techniques de construction différents. Cela indique qu’on a dû le réparer à plusieurs reprises. D’après les dimensions des anneaux conservés, ces chemises en cotte de mailles de haute qualité pourraient contenir 150 000 anneaux.

 

Conservation et enseignements du site du naufrage Gribshunden

L’excellent état de conservation de l’épave du Gribshunden vient des eaux glaciales de la mer Baltique. Elles ont agi comme un conservateur naturel pour les matériaux organiques et métalliques. Ces conditions ont ralenti les processus de décomposition et de corrosion qui auraient normalement détruit le bois et les objets métalliques exposés à un environnement marin.

Grâce à cela, des détails minutieux tels que les inscriptions sur les plaques de plomb et les structures en bois du navire ont été préservés. Les archéologues peuvent dès lors visualiser et étudier la construction navale de la fin du Moyen Âge.

 

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Bordure ornementale avec anneaux en laiton rivetés pour une chemise en cotte de mailles (dite haubert). © Rolf Warming

 

L’utilisation de techniques de pointe comme la photogrammétrie 3D a été cruciale pour cartographier l’épave en détail. Elle permet de reconstituer ses structures supérieures. Les bois proviennent de la dunette et du pont supérieur, les plates-formes de combat du navire. Ces reconstructions numériques ont permis aux chercheurs de comprendre la disposition physique du navire, Elles ont aussi révélé comment le Gribshunden, en tant que navire de guerre, intégrait des innovations techniques. Ces dernières le plaçaient à l’avant-garde des développements militaires maritimes de son époque.

Enfin, une ancienne arme à feu et une chope à boire ont été découvertes lors de plongées précédentes menées sous la direction du professeur Johan Rönnby. Les recherches suggèrent que le navire a très probablement été construit dans le sud des Pays-Bas.

LAURIE HENRY - HTTPS://WWW.SCIENCE-ET-VIE.COM - 22 AVRIL 2024PAR

Source : Université de Stockholm

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