« Pourquoi y a-t-il encore de nos jours d’un côté de glorieux martyrs sans cesse honorés, et de l’autre des morts honteux que l’on s’efforce d’oublier ? »
Le 7 décembre 1941 la marine impériale japonaise agressait sans préavis l’US-Navy dans la rade de Pearl Harbor, aux îles Hawaï, provoquant la mort de 2 476 Américains…
Le président Roosevelt dénonça aussitôt ce « Jour de l’Infamie », qui depuis n’a cessé d’être rappelé ad nauseam, et couronné pour son 60e anniversaire par un film à grand spectacle dont même le public français a pu profiter.
Le 3 juillet 1940, la Royal-Navy agressait après un bref ultimatum la Marine nationale dans la rade de Mers-el-Kébir, département d’Oran, provoquant la mort de 1 277 Français…
L’émotion fut sur le moment considérable, d’aucuns demandant même l’entrée en guerre contre le Royaume-Uni, ce que le Maréchal Pétain, dernier Président du Conseil de la IIIe République, se refusa. Depuis, qui a entendu parler de commémorations de ce massacre ?
Au contraire, le cimetière où reposent les corps des marins français, après avoir été abandonné aux profanateurs, a été discrètement rénové, mais en ôtant les croix des tombes pour ne pas provoquer l’actuelle République algérienne et sa population de confessions autres que catholique. Pourtant, la plupart des victimes sont originaires de la Bretagne, dont la piété était alors notoire.
Pourquoi d’un côté de glorieux martyrs sans cesse honorés et de l’autre des morts honteux ?
La France de la IIe Guerre mondiale comptait environ quarante millions d’habitants, contre cent cinquante pour les USA, aussi le massacre de Mers-el-Kébir a en proportion été deux fois plus importante que celui de Pearl Harbor.
Par ailleurs, si l’un des deux gouvernements cherchait un casus belli qu’il a même provoqué, l’autre s’est efforcé d’éviter le drame jusqu’à la limite des concessions permises par l’honneur national.
Mers-el-Kébir-Pearl Harbor : deux poids, deux mesures de Louis-Christian Gautier, 246 pages, 29 euros, éditions Déterna, collection « Documents pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa.
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