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Je ne suis pas de ceux qui subitement, parce que depuis la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 le seul ennemi du genre humain demeure l’idéologie atlanto-sioniste, trouve quelques grâces au communisme. Je sais bien qu’il y a dans notre mouvance aussi quelques « z’intellos » repus, qui ont toujours mangé à leur faim et globalement pu écrire, circuler, parler librement et qui désormais trouvent que ces régimes de terreur qui en 70 ans ont tout de même fait mourir près de 100 millions de personnes dans le monde (URSS, Chine, Cambodge, Vietnam, Laos, Cuba, Hongrie, RDA, Pologne…), ruinés l’économie de tous ces pays, instaurés des régimes de terreur sous couvert de libération et d’émancipation des peuples, avaient aussi quelques vertus qu’ils seraient bien en peine d’énumérer…et qu’on ne vienne pas nous sortir la blague sur le fait que ces régimes auraient mieux protégé l’identité de leur peuple que le mondialisme menace aujourd’hui : ces pays étant globalement fermés à l’extérieur et non-attractifs économiquement et socialement, qui avaient envie d’émigrer dans ces prisons à ciel ouverts ?

Gloire et honneur donc à ceux qui ont combattu le monstre les armes à la main ! Parmi eux, une place de choix revient aux combattants de la liberté hongrois dont Boris Eltsine en 1989 a avoué qu’ils étaient les premiers en Europe à avoir porté un coup fatal au communisme soviétique.

Le général Lajos Marton pour qui j’éprouve une admiration sans borne et qui m’honore de son amitié fut de ceux-là. Deux fois condamnés à mort (en 1956 et en 1962), il n’a rien renié de ses combats d’hier et mènent aujourd’hui ceux du présent contre l’idéologie mondialiste dissolvante et les financiers cosmopolites que la banque Goldman Sachs a placé à la tête des grandes instances européennes.

 

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LE SANG DE BUDAPEST

En 1956, Lajos Marton est élève-officier dans l’Armée de l’air hongroise. Anti-communiste, croyant (naïvement) que les Etats-Unis en tant que berceau du monde libre pourraient un jour aider à la libération de sa patrie du joug communiste, il n’hésite-pas, avec un sang-froid hors norme, à porter des documents confidentiels sur l’aviation hongroise (fiches techniques sur les modèles d‘avion en service, emplacements des bases aériennes…) à la légation US à Budapest.

 

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Le 23 octobre 1956, il participe (en uniforme) à la grande manifestation interdite par le régime mais qui réunira tout de même 500000 étudiants, ouvriers et paysans dans les rues de la capitale. Dans ce pays verrouillé par le stalinisme depuis 1948, ou comme on le disait dans la rue « ici tout le monde a un pied en prison, l’autre dans la tombe, » le peuple réclame simplement le droit d’exister et demande des élections pluralistes, libres et à bulletin secret, la révision des rapports hungaro-soviétiques, la liberté syndicale, le procès des dirigeants communistes tous passés par l’Ecole de Moscou, un nouveau gouvernement dirigé par Imre Nagy certes issu du sérail communiste mais qui entend ne plus être inféodé à Moscou et redonner plus de souveraineté à la vieille nation magyar. Dès le premier soir, la statut de Staline est déboulonnée, la radio d’état occupée. La terrible AVO (Direction de la Sureté de l’Etat) fait intervenir ses troupes et ses blindés…La révolution vient de commencer, elle trouvera son apogée le 4 novembre lorsque les troupes soviétiques interviendront en envoyant 200000 hommes et 4600 chars (en comparaison le 10 mai 1940, la Wehrmacht a envahi la France avec seulement 2800 blindés…) Lors de ces terribles combats de rue, gardons toujours en mémoire le sacrifice magnifique des gosses de Budapest, portant parfois des fusils plus grands qu’eux, n’hésitant-pas à jeter des cocktails Molotov sur les chars russes.

 

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Ce sont eux les vrais héros de la révolution hongroise de 1956 qui a couté 10 à 15000 morts et 40000 blessés parmi les insurgés mais aussi à 7000 soldats soviétiques tués en 3 semaines (rappelons que les Soviétiques ont perdu 13300 hommes en Afghanistan, mais sur une décennie.) La révolution écrasée dans le sang, 200000 hongrois (soit 2% de la population) sont contraints de fuir leur pays. Parmi eux, le lieutenant Marton, condamné à mort par le régime pour sa participation aux évènements et pour avoir déboulonné et brisé l’étoile rouge qui ornait l’entrée de sa caserne.

 

L’EXIL

N’ayant-pas d’autres choix que de fuir et de passer en Europe de l’ouest, Lajos Marton décide de passer par l’Autriche. Dans sa fuite, il entraine un jeune professeur d’économie marxisant, Antal Fekete (qui trouvera refuge bien plus tard en Amérique ou il deviendra une sommité mondiale de l’économie réelle par un retour à l’étalon-or contre la politique de la planche à billets qui entraine toutes les bulles spéculatives et une économie qui ne repose que sur du vent – ce qu’il essaiera sans succès d’expliquer à la Maison Blanche, notamment à Georges Bush.) Pris sous le feu des gardes-frontière, Marton réussit à passer contrairement à Fekete qui prostré sous les tirs, se fait reprendre et reconduire en prison à Budapest (les deux hommes ne s’étaient pas revus depuis cet incident, je les ai fait se retrouver à Paris 60 ans plus tard, avec beaucoup d’émotions comme on peut l’imaginer.) Après quelques temps passés en Allemagne, le lieutenant Marton arrive à Paris où il retrouve quelques insurgés arrivés avant lui et où il est accueilli à bras ouverts par toute la galaxie anti-communiste parisienne, en premier lieu les nationalistes de Jeune Nation et les anciens d’Indochine et de Corée qui ont à peine 30 ans, en pleine force de l’âge et qui ont connu eux aussi l’épreuve du feu, les blessures, la mort des camarades, les humiliations, les abandons, les promesses trahies…et qui ont compris qu’on ne gagnait pas une guerre révolutionnaire uniquement les armes à la main. 1957-1958, le combat anti-communiste se confond aussi avec le combat pour l’Algérie française dont l’abandon ferait bien évidemment le jeu du communisme mondial. Lors des évènements du 13 mai 1958 qui verra la mort de la IVe république et le retour de De Gaulle aux affaires, Lajos Marton fait partie des groupes censés instaurer un Comité de Salut Public aux mains de l’Armée après avoir pris d’assaut la mairie de Paris. Dans un premier temps, les grandes promesses de De Gaulle quant au maintien de la présence française en Algérie rassurent la plupart des activistes. Mais très rapidement, le parjure et la trahison étant devenues politique d’état, dans l’esprit de ces hommes, le verrou à faire sauter pour tenir les engagements auprès des populations (notamment le million d’Européens menacés de mort ou d’exil ainsi que les 200000 soldats musulmans servant sous le drapeau français), c’est le général De Gaulle.

 

L’ATTENTAT DU PETIT CLAMART

 

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Un homme l’a compris, le colonel Jean-Marie Bastien-Thiry, polytechnicien, inventeur des fusées SS-10. Sur ses propres deniers, il va recruter une équipe d’hommes (qu’il va faire vivre dans la clandestinité), la plupart chevronnés (dont 3 Hongrois, Lajos Marton, Laszlo Varga qui a 14 ans a affronté les troupes soviétiques dans les rues de Budapest, Gyula Sari, sous-officier déserteur de la Légion étrangère, ancien de Dien Bien Phu), Jacques Prévost (ancien de Corée et de Dien Bien Phu également), le lieutenant Louis de Condé (officier déserteur de la Légion), le lieutenant Alain de la Tocnaye ( ancien officier en Algérie)…on est loin d’une équipe de bras cassés comme certains toujours plus malins que les autres mais qui n’étaient pas – jamais - là l’ont colporté…Malheureusement, l’armement fait défaut à ces hommes qui doivent se contenter bien souvent d’armes ayant appartenu à la Résistance et qui dormaient sans entretien dans des greniers depuis 1944 ! Le 22 aout 1962 ( après avoir été mis en alerte à 17 reprises,) suite à une information venue d’une taupe à l’Elysée, le commando a la certitude que De Gaulle ira passer le week-end dans sa propriété de Colombey et qu’il ira prendre son avion à l’aéroport militaire de Villacoublay. Les hommes de Bastien-Thiry sont placés en embuscade sur le trajet présidentiel, au Petit Clamart. Jouant de malchance, la pénombre s’étant installée et un léger crachin commençant à tomber, ils n’aperçoivent qu’au dernier moment l’arrivée du convoi et ne peuvent ouvrir le feu qu’au tout dernier moment, certaines armes et munitions mouillées s’enrayant même lors de la fusillade…Néanmoins, selon le chef de l’Etat qui a vu tout de même son véhicule criblé et une balle ayant traversé en diagonale l’habitacle de la DS, le manquant lui de peu ainsi que son épouse, de sa propre expression, lui qui avait déjà échappé à d’autres attentats, « cette fois-ci, c’était tangent ! »

 

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Après l’échec de l’opération, toute les polices de France à leurs trousses, tous les conjurés du Petit Clamart furent arrêtés l’un après l’autre, jugés, emprisonnés, fusillé dans le cas du colonel Bastien-Thiry…sauf Lajos Marton, le dernier arrêté après avoir tenu un an en clandestinité, condamné à mort (par contumace) pour la deuxième fois de sa vie en moins de 6 ans ! Embastillé au pénitencier de l’ile de Ré, il sera amnistié comme tous les prisonniers politiques de l’Algérie française en 1968.

 

EPILOGUE D’UNE VIE MOUVEMENTEE

A sa sortie de prison, Lajos Marton a dû comme tous ses camarades renégocier sa vie et repartir de zéro, au sein d’un monde qui ne l’avait pas attendu et dont les valeurs pour lesquelles il avait lutté continuaient de s’effondrer. Après un épisode comme mercenaire au Tchad au début des années 80, il décide de coucher sur papier l’aventure d’une vie bien remplie. La fin du communisme en Hongrie lui permit de retourner fréquemment sur son sol natal ou il a été totalement réhabilité, considéré comme un héros (il a même été nommé à titre symbolique général de la Garde hongroise et élevé au titre de Vitez – chevalier - au sein d’un vieil ordre magyar…) De même, il put avoir accès à son « dossier politique » reposant dans les archives de la police. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que son dossier était constitué de pas moins de 1103 pages, qui dit mieux ? Lors de la parution de son ouvrage traduit en hongrois, il fit même une tournée de promotion de ce dernier en assurant plus d’une vingtaine de réunion dans tout le pays, y compris au sein des minorités hongroises rattachées aux pays voisins suite au funeste traité de Trianon qui en 1919 avait amputé la Hongrie de près de 80% de son territoire…

 

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Si pour beaucoup, le nationalisme révolutionnaire demeure une simple posture intellectuelle, pour Lajos Marton, ce fut d’abord et avant tout une attitude : celle qui l’a conduit à mettre sa peau au bout de ses idées.

E. Krampon

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