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Le thème des « Indo-Européens » est d’une extrême complexité scientifique : il fait appel aux ressources les plus fines de la linguistique et de la phonétique ; il doit être sans cesse consolidé par les travaux des archéologues sur un vaste terrain qui part des Iles Britanniques pour s’enfoncer très loin dans les terres d’Asie centrale ; il fait ensuite appel à la mythologie comparée comme le montre l’œuvre de Georges Dumézil et l’ouvrage fondamental de Jean Haudry sur la religion cosmique des IE.

Cependant, même pour un adulte dûment scolarisé en classes latines et grecques, pour un universitaire moyen, la thématique, dans tous ses aspects demeure extrêmement complexe. Pour poursuivre l’œuvre de Jean Haudry, pour rendre, en bout de course, ses ouvrages philologiques, linguistiques et mythologiques accessibles à tous ceux qui entendent s’inscrire dans les traces de nos plus lointains ancêtres, faire œuvre de continuité, pour eux et pour leurs descendants, le travail de l’Allemand Reinhard Schmoeckel me semblent tout-à-fait adéquat. Il s’étale sur près de 1100 pages et devrait constituer l’ouvrage de référence de nos familles, celui que l’on saisit à toute occasion opportune pour raconter aux amis et aux enfants l’histoire plusieurs fois millénaires de nos ancêtres. Schmoeckel ne jargonne jamais mais cite ses sources scientifiques, auquel ses lecteurs, fortifiés par le savoir de base qu’il nous prodigue, peuvent alors se référer.

Schmoeckel procède simplement, en présentant un récit simple, évoquant une population IE de la protohistoire. Ainsi commence-t-il son ouvrage sur les IE par l’évocation d’une communauté du « peuple des kourgans » vers 3380 av. l’ère chrétienne. Elle vit sur le cours inférieur du Don, dans une région qui fut fertile mais est désormais, par le truchement d’un changement climatique, victime d’un assèchement progressif, compris comme une punition infligée par « Dieus petér », dieu du ciel rayonnant. Le « Uik-poti » est le chef de la communauté : on reconnait dans « uik » la racine du futur mot latin « vicus » (village), du futur mot néerlandais « wijk » et du suffixe onomastique anglais « -wich » (p. ex. Greenwich), ainsi que la racine du verbe latin « potere », « pouvoir ». La sécheresse persistance, la transformation d’une terre jadis riche en steppe plus ou moins aride, oblige la communauté de ce « uik-poti » à sacrifier un « printemps » soit toute la récolte d’une année et tous les jeunes animaux nés cette même année, pratique qui est attestée par celle du « ver sacrum » des Latins et Samnites avant le développement de Rome. Quant aux enfants nés dans la communauté pendant la même période, ils seront sélectionnés pour partir au loin, une quinzaine d’années plus tard, pour quitter définitivement leur communauté d’origine, afin de trouver ailleurs un nouveau territoire où vivre. Ces jeunes hommes, âgés de 16 ans au moment de ce grand départ, auront été, au préalable, entraînés dans tous les arts de la guerre, de l’élevage et de l’économie ménagère, afin d’être supérieurs à tous les autres peuples qu’ils rencontreront dans leurs pérégrinations. Dans un premier temps, affirme Schmoeckel, le chemin emprunté les mènera vers l’Ouest mais en évitant le territoire de la « culture de Cucuteni », à l’Ouest du Dniepr. Il leur faudra longer la rive orientale du Dniepr, traverser le territoire irrigué par le Pripet, trouver le Niémen, la Vistule et l’Oder, les trois fleuves qui coulent vers la « minuit » (vers le Nord). Ils y trouveront des ressortissants de leur propre peuple des kourgans, partis des dizaines d’années plus tôt. Les migrations successives mèneront d’autres groupes venus de la steppe en voie de formation dans les Monts Métallifères et dans les forêts de Thuringe. Puis sur le cours de l’Elbe voire de la Weser. L’anthropologue Ilse Schwidetzky perçoit cependant des affinités génétiques entre les représentants du peuple des kourganes, dont les restes biologiques datent de 3000 av. l’ère chrétienne, et les populations d’Europe centrale et occidentale du paléolithique supérieur (30.000 av. l’ère chrétienne). Faut-il y voir une même population, à l’origine, qui a progressé vers le nord au fur et à mesure que la calotte glaciaire fondait, que la toundra initiale se transformait en forêt et dont une partie a ultérieurement descendu les grands fleuves russes pour se fixer dans un territoire fertile au climat clément qui, ensuite, s’assèchera, forçant les populations à migrer voire à retourner vers des terres que leurs ancêtres avaient préalablement quittées ? Reinhard Schmoeckel parle du « peuple des kourganes » comme d’un « enfant trouvé » dont on ne connaît pas l’ascendance.

Ce schéma migratoire se reproduira, selon Schmoeckel, durant des siècles, de sorte qu’aucune population autre que celle de la culture des kourganes n’est arrivée en Europe centrale et occidentale depuis lors, si l’on excepte évidemment les flots migratoires qui arrivent sans discontinuité depuis ces quatre dernières décennies.

L’expansion lente de cette population en toutes les directions a permis des échanges d’informations et suscité des vocations à migrer vers des espaces plus riches et plus prometteurs que celui d’une steppe devenant de plus en plus aride. Comme nous le disait quelques fois Jean Haudry, les archéologues soviétiques ont apporté des contributions décisives au savoir relatif aux IE. Schmoeckel est du même avis. Ils nous ont permis de distinguer plusieurs cultures « kourganes » : la culture dite de Faltianovo (qui pratiquait essentiellement l’élevage du bétail) et qui s’était étendue vers l’actuelle Russie centrale ; la culture de « Tazabag-Jab » hauteur de la Mer d’Aral ; la « culture de Maikop » au nord du Caucase ; la « culture de Baden » dans les Balkans septentrionaux et, partiellement sur le territoire actuel de l’Autriche.

La migration constante des peuples de l’espace nord-pontique (soit les territoires au nord de la mer Noire) vers l’Europe centrale d’abord, vers d’autres horizons ensuite, est donc due à un assèchement progressif de la steppe nord-pontique et, aussi, de la zone sahélo-saharienne, qui prendra des proportions plus inquiétantes à partir de 2400-2100 av. l’ère chrétienne. L’Europe, elle, a maintenu un climat suffisamment humide pour permettre un développement ultérieur, en attirant principalement la population nord-pontique.

Schmoeckel formule un rappel utile : lorsque les linguistes, dont Sir William Jones à Calcutta au 18ème siècle, découvre le fait linguistique IE, via les sanskrit, l’archéologie n’existe pas encore comme science. Au 20ème siècle, les archéologues ont été en mesure de repérer les étapes des migrations IE (et les migrations celtiques et germaniques ultérieures) en Europe occidentale et centrale mais le territoire de la Russie méridionale, de l’Ukraine et de l’Asie centrale demeurent largement inexplorés. Les choses vont changer à partir de 1950, toutefois lentement : « vers 1980 encore, on croyait, par exemple, pour ne citer qu’un fait important, que les IE ou ‘peuple des kourganes’ en Russie du Sud n’avaient pu domestiquer le cheval, et le monter, que vers 3000 av. l’ère chrétienne », écrit Schmoeckel. Or l’archéo-zoologue américain David Anthony et son collègue ukrainien Dimitri Teleguine ont découvert, à 250 km au sud de Kiev dans un site relevant de la « culture de Sredni-Srog », des mâchoires de cheval datant de 4000 av. l’ère chrétienne et portant la trace d’un mors, typique des équidés domestiqués. Or la maîtrise du cheval est l’indice majeur de ces populations IE, l’instrument premier de leur expansion, hors de leur habitat initial. Pour Schmoeckel, le « paradis terrestre », qui est présent dans les récits de bon nombre de peuples et qui a dû être abandonné, ne se réfère pas au récit biblique mais à la terre initiale qui s’est asséchée et qu’il a fallu quitter par vagues successives pour affronter un monde hostile, armé de savoirs techniques hors du commun, dont les arts équestres et les techniques du chariste.

Les travaux de l’archéologue lituanienne Marija Gimbutas ont permis de déterminer, entre 4500 et 2000 avant l’ère chrétienne, quatre périodes migratoires majeures du « peuple des kourganes », attestées par la présence, sur les sites archéologiques, d’artefacts différents (bijoux, céramiques) : 1) de -4400 à -4200 ; 2) de -3400 à -3200 ; 3) de -3000 à -2800 ; 4) de -2500 à -2200. 

Les découvertes relatives à la période la plus ancienne dans les sites de la « culture nord-pontique » ou « culture du Dniepr/Donets » indiquent l’arrivée d’agriculteurs, éleveurs de porcs, vraisemblablement en provenance de territoires à cheval sur la Pologne et la Biélorussie actuelles, présentant des caractéristiques raciales quelque peu différentes de celles du « peuple des kourganes », plus « cromagnonides » et propres aux populations du Nord-Est de l’Europe. Le porc est indice de sédentarité et est donc non compatible avec un mode de vie nomade, basé sur le cheval. De l’Europe occidentale au Dniepr, il y a eu donc fusion permanente entre ces deux populations aux débuts de l’histoire européenne.

La première vague migratoire du « peuple des kourganes » part du territoire initial, entre Don et Dniepr et pousse vers l’Ouest, vers le Dniestr et l’embouchure du Danube, l’actuelle Dobroudja roumaine, fleuve dont elle remonte le cours.

La seconde vague s’étend une nouvelle fois vers l’Ouest, le Nord-Ouest, le Nord et le Sud-Est : les Balkans (à l’exception de la Grèce méridionale), les territoires des actuelles Hongrie, Autriche et Allemagne orientale jusqu’à l’Elbe, la Pologne et le centre de la Russie et l’espace au nord de la chaîne du Caucase reçoivent une population « kourgane ».

La troisième vague passe essentiellement à l’Ouest, consolide les établissements kourganes de l’Europe centrale et orientale et franchit le Rhin, s’établit en Allemagne du Nord, en Scandinavie et en Russie septentrionale. Des groupes s’établissent sur les côtes de l’Egée en Grèce et en Asie mineure ; d’autres franchissent les cols du Caucase, arrivent dans le Nord de l’Iran.

La quatrième vague fait suite à un assèchement accru de la zone aujourd’hui steppique, que les géologues d’aujourd’hui ont pu prouver. Cette quatrième vague déferle encore sur l’Europe centrale et septentrionale mais l’objectif majeur se trouve désormais au Sud, dans le Croissant fertile. Certains groupes arrivent aux portes de l’Egypte.

Vers -1800, un roi nommé Pithana, épaulé par son fils Anitta et établi dans une cité appelée Kussara, non encore découverte par les archéologues, rassemble une armée de cavaliers et s’empare de la ville de Kanesh, tout en épargnant ses habitants. Plus tard en marchant vers l’Ouest de l’Anatolie, Anitta s’empare de Hatti, prend, pour son peuple, le nom de cette ville et de ce royaume pour créer ce qui deviendra l’Empire hittite, de langue indo-européenne mâtinée d’autres parlers. Anitta aurait, disent les inscriptions hittites ultérieures, rassemblé 1400 guerriers et 50 chars de combat, ce qui permet de déduire qu’une population de 10.000 âmes était sous l’autorité de ce roi. Deux faits sont à signaler en rapport avec l’histoire de Pithana et Anitta : le récit est mentionné dans des inscriptions hittites du 14ème siècle avant notre ère, qui sont probablement la transcription d’un récit antérieur ; par voie de conséquence, ces inscriptions hittites contiennent les mentions les plus anciennes de noms de personnes indo-européennes apparues sur les théâtres anatolien et assyrien ; ensuite, une légende affirme que cinq cents familles venues du pays du Nord, où coule la Volga, auraient franchi les neiges du Caucase pour arriver en Anatolie, dont le climat était plus clément à l’époque. Ensuite, quand le philologue tchèque Bedrich Hrozny (1879-1962) parvint à déchiffrer le hittite, il est obligé de constater que la langue, ainsi que les langues voisines, le louvite et le palaïte, est du groupe « Centum », donc relève de l’IE occidental, comme le latin, le celte et le germanique (ex : « ezzan », « manger » ; « watar », « eau »). Enfin, Schmoeckel nous rappelle aussi que les codes de droit hittite, élaboré par le roi Telepinu vers -1525/-1500, sont nuancés et non pas la rigueur des codes non indo-européen du Croissant fertile, comme celui d’Hammourabi. La société hittite était une société féodale, monarchique, équilibrée qui ressemble très fort à l’idéal véhiculé jusqu’à nos jours par les peuples de notre famille.

Les vagues successives méritent certes d’être chacune explicitée et commentée mais cela excèderait bien entendu le cadre de ce modeste article : avec Schmoeckel, nous avons présenté le schéma général de ces migrations et montré qu’elles ont progressivement investi l’Europe : il resterait à parler de la maîtrise du char où les peuples IE pontiques vont marquer l’histoire du Proche-Orient et de l’Egypte, puis passer en Inde entre -1600 et -1500 en venant du bassin de l’Oural ; cette vague dominera d’abord le bassin de l’Indus puis, de -1000 à -500, lors de la période dit « védique tardive », le cours supérieur du Gange ; Schmoeckel appelle « migration illyrienne » ou « migration de la culture dite des champs d’urnes », la poussée qui a porté une population venue de l’Autriche et de la Hongrie actuelles vers l’Adriatique et, de là, vers l’Egypte et la Palestine où on les connaîtra sous le nom de « peuples de la mer » ; vers -760, les Cimmériens, apparemment venus du bassin du Dniestr, ravagent l’Asie mineure et, à l’Ouest, s’installent essentiellement dans l’Europe danubienne, laissant des traces archéologiques finalement assez chiches ; des légendes orientales les font toutefois venir de la « minuit du monde », d’un monde de brumes et d’obscurité, chassés de leur patrie, disent d’autres, par les effets climatiques désastreux d’une suite ininterrompue d’éruptions volcaniques en Islande.

Cependant, l’élément le plus déterminant dans ces migrations venues de la steppe pour peupler notre sous-continent  étroit et péninsulaire, fut l’élément sarmate. Vers 250 avant l’ère chrétienne, les Sarmates, voisins occidentaux des Scythes, qui, eux, étaient très liés à la civilisation grecque de l’Egée, inventent les étriers, qui procurent une grande stabilité au cavalier, et passent de l’usage de l’arc et des flèches pour les combattants masculins et féminins (d’où les récits relatifs aux Amazones), à l’usage de la lance maniée par des hommes protégés par des cotes de mailles (les « cataphractaires »). Les Scythes doivent plier face à ce nouvel art militaire. Ces dispositifs nouveaux de l’art équestre assurent donc aux Sarmates (et aux tribus alliées des Roxolans et des Iazyges) une supériorité militaire qui fera date : de cette époque lointaine, en passant par l’alliance avec Rome, puis avec les Mérovingiens (eux-mêmes d’origine sarmate et non germanique) et avec les Wisigoths, ils donneront à l’Europe l’idéal et les pratiques chevaleresques.

Au premier siècle de l’ère chrétienne, des tribus sarmates s’installent dans la plaine hongroise et en Transylvanie. Elles se heurtent d’abord aux Romains avant d’en devenir les alliés et de se répandre dans la plaine nord-européenne sur les cours de la Vistule, de l’Oder, de l’Elbe jusqu’aux confins de l’actuel Danemark, sur la Lippe (affluent occidental de la Weser), sur le Rhin (où ils tiendront garnison) et dans le delta des trois fleuves (Escaut, Meuse, Rhin) en Flandre et Zélande actuelles. Une armée entière de cavaliers sarmates est envoyée par Rome en Britannia, en 160, où elle gardera le Mur d’Hadrien et s’installera principalement dans le Pays de Galles, donnant naissance à l’épopée médiévale celto-sarmate de la Table Ronde et donc à l’idéal européen de chevalerie, fleuron indépassable de notre civilisation, dont la disparition a amorcé le déclin dont nous vivons l’apex de nos jours. Les unités de cavaliers sarmates, à partir du 2ème siècle, étaient appelées « dracones » par les Romains. Le chef d’un « draco » se nommait le « Shah ».

Dans son ouvrage sur les « siècles obscurs de l’histoire allemande », Reinhard Schmoeckel revient en détail sur l’apport sarmate à la civilisation germano-européenne pré-médiévale, qui a émergé vaille que vaille suite à l’effondrement de Rome.

Pour résumer le fil conducteur de cette « sarmatisation » réelle mais discrète de l’écoumène romain-européen germanisé, Schmoeckel rappelle quelques faits historiques :

  • Après la défaite et la mort d’Attila, le chef des Huns, des « dracones » sarmates quittent la Pannonie déromanisée pour se transposer en Basse-Saxe, y créer un foyer et des élevages de chevaux. Les couleurs de ces « dracones » étaient le rouge et le blanc et les « Shah » portaient un manteau à carreaux rouges et blancs. Les armoiries de la Saxe sont un écu rouge orné d’un cheval blanc. Plus tard, les empereurs « saliens » (Salier), seront issus de cette partie de l’antique Germanie. La saga scandinave dite de Thidrek, rédigée en vieux-norrois, retraduite en allemand moderne en 1816 seulement, évoque une lutte entre Hunen et Schächermänner dans la région basse-saxonne baignée par la Lippe, où les Hunen ne sont pas les Huns mais une petite tribu locale qui s’est dressée contre les nouveaux venus, les « hommes au damier », les Schächermänner où « Schächer» est devenu synonyme de bandit ou de larron (Luther traduira le terme « larron », attribué aux deux hommes crucifiés en même temps que le Christ, par « Schächer», terme qui n’existe en ce sens dans aucune autre langue germanique). Le « draco » qui s’empare de la Thuringe vers la même époque (5ème siècle) avait pour uniforme un manteau bleu sombre. L’héraldique de la Thuringe reprend cette couleur en l’oblitérant par des lignes d’or. Ces Thuringiens entretiendront d’excellents rapports avec les Mérovingiens.
  • L’apport sarmate est présent dans la lignée des mérovingiens et dans le fait franc en général, car des « dracones » étaient stationnés en Rhénanie, à proximité de Cologne, et dans le delta des trois fleuves, soit dans les espaces tenus au départ tant par les Francs ripuaires que par les Francs saliens. Plus tard, la chevalerie, surtout la chevalerie française, adoptera les formations denses et le combat à la lance sur des cavaliers et des chevaux en armure, invention des Sarmates avant l’ère chrétienne.
  • Enfin, Schmoeckel rappelle que le rôle dirigeant des élites cavalières sarmates ne se repère pas seulement en Europe occidentale avec l’épopée de la Table Ronde (la lutte de l’élément romain résiduaire en Britannia et les troupes de fantassins auxiliaires ingwéoniens cherchant à imposer un nouveau pouvoir entièrement germanique dans les Iles Britanniques) et avec la prise de contrôle de la Germania Inferior et de la Belgica Secunda, puis de la Gaule sequanaise et lugdunaise par le Mérovingien Chlodowegh (Clovis). Ce rôle se repère également en Pologne, qui reprend les deux couleurs attribuées aux Schächermänner de Basse-Saxe. De même, la migration croate vers le nord de la péninsule balkanique aurait été favorisée par l’appui de guerriers et de cavaliers sarmates, d’où les armoiries du pays faites d’un damier rouge et blanc.
  • Enfin, il est bon d’ajouter, ce que Schmoeckel ne fait pas, que les Wisigoths d’Espagne ont hérité des traditions cavalières sarmates des Alains (les actuels Ossètes), tribu qui les a accompagnés pendant leurs pérégrinations des rives de la Volga jusqu’à la péninsule ibérique. Les traditions alanes donneront le ton aux ordres de chevalerie ibériques qui joueront un rôle prépondérant tout au long de la reconquista.

En conclusion, les traditions sarmates celtisées ou germanisées ou ibérisées ont donné le meilleurs des traditions européennes : la Table Ronde dans les Iles Britanniques et leur influence sur la littérature non religieuse du moyen-âge français et allemand ; les traditions militaires européennes qui reviendront en force à partir du 12ème siècle s’inscriront dans un tradition qui dérive de ses origines sarmates, surtout dans la chevalerie française ; l’Ordre de la Toison d’Or nous ramène à un mythe grec antique situé dans l’espace pontique, d’où sont issus les peuples cavaliers depuis les premiers ressortissants du « peuple des kourganes » jusqu’aux cavaliers des « dracones » romains qui ont eu une si noble postérité en Europe, postérité à laquelle nous entendons nous identifier ;  enfin, la figure de l’hidalgo et celle du chevalier de la reconquista imprègnent encore, le meilleur du mental ibérique.

Les deux livres de Reinhard Schmoeckel, totalisant près de 1100 pages, méritent certes une exploration plus méticuleuse. Nous avons simplement voulu donner ici un avant-goût de tout ce qu’ils recèlent.

Robert Steukers

 

Bibliographie :

Reinhard Schmoeckel, Die Indo-Europäer. Aufbruch aus der Vorgeschichte, Lindenbaum Verlag, Beltheim-Schnellbach, 2012-2023 (2ème éd.) (Pour commander : https://lindenbaum-verlag.de/produkt/die-indoeuropaeer-aufbruch-aus-der-vorgeschichte/ ).

Reinhard Schmoeckel, Deutschlands unbekannte Jahrhunderte. Geheimnisse aus dem Frühmittelalter, Lindenbaum Verlag, Beltheim-Schnellbach, 2013 (Pour commander : https://lindenbaum-verlag.de/produkt/deutschlands-unbekannte-jahrhunderte-geheimnisse-aus-dem-fruehmittelalter/ ).

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