Notre époque parvient au seuil de ce que le philosophe Oswald Spengler aurait appelé des "années décisives". Nous autres, militants nationaux et nationalistes, avons ainsi une lourde responsabilité devant l’histoire. De la force et de la pertinence de notre engagement dépendra non seulement notre avenir mais encore notre survie elle-même.

On nous a souvent traités de pessimistes. C'est une erreur. Nous sommes avant tout des réalistes, et notre tort n’est finalement que d’avoir régulièrement raison avant les autres. En dénonçant sans relâche les nouvelles menaces, en mettant en garde nos contemporains contre les nouveaux périls, nous faisons oeuvre de haute politique. Tel est l’aspect réflexion de notre mission. Cependant chacun sait que sans la capacité d’agir, toute pensée, aussi haute soit-elle, se trouve dépourvue d’influence sur le monde sensible. L’acquisition d’un savoir ne vaut que par l’application que l’on est capable d’en faire afin de contribuer à préserver l’équilibre d’une société harmonieuse, fondée non pas sur une idéologie aussi brillante soit-elle, mais sur l’observation des lois éternelles. Ce qui compte, ce ne sont pas les mots, mais les actes. Nous n’avons pas pour ambition d’apparaître comme de vieux sages recroquevillés dans leur tour d’ivoire, mais d'être des femmes et des hommes engagés dans la vie de notre cité, et à ce titre, soucieux de son devenir.

 

 
 
 

Or, aujourd’hui et ce pour le première fois depuis longtemps, il semble qu’un nombre toujours plus grand de nos contemporains prenne conscience des dangers encourus, et se mette de nouveau à réagir non plus en fonction des idéologies surannées, en lesquelles plus personne ne croit, mais en fonction de critères simples et de bon sens, parce que les hommes reviennent de plus en plus des illusions, et qu’ils veulent du beau, du juste, du vrai. Cette "paideia", cette éducation au sens antique du mot, exige que nous soyons, à l’instar des grands penseurs de l’antiquité, des "soldats politiques", capables tout à la fois de faire preuve de détermination, de courage, de lucidité et de dévouement. Quand on met sa peau au bout de ses idées, alors on est un "soldat politique". Et que l'on ne vienne pas nous dire que ce terme heurte certaines oreilles ! Socrate, Platon, Xénophon, Démosthène, César, Cicéron ou Plotin, furent des soldats politiques d'Athènes ou de Rome, et quand il y avait péril en la demeure, ils savaient faire taire les divergences et les discussions sur l'agora ou le forum pour saisir les armes et défendre leur patrie. Il n’y a que dans notre époque de décadence où l’on considère qu’il y a impossibilité à être à la fois homme d’action et homme de réflexion. Contrairement aux apparences, la philosophie antique est moins affaire de discussion que de réalisation, et un citoyen au sens plein du terme doit en permanence avoir à l'esprit la défense de la Cité et de ses traditions. Aucun homme libre digne de ce nom n’a le droit de l’oublier.

 
 
 

Nos prétendues élites politiques sont justement aujourd'hui celles qui ont le moins de bon sens, celles dont la tête est farcie de toute sortes de schémas préétablis qu'on leur a martelés dans les écoles dont elles caquettent bêtement dans les salons. Comment les princes qui nous gouvernent pourraient-ils prendre la décision adéquate alors que toute leur formation les pousse à faire le contraire ? Ce qui est grave, c’est que des hommes comme Chirac se trouvent à la tête du pays alors que nous nous dirigeons vitesse grand V vers des affrontements dont nous n’avons pas idée. Ce qui est grave, c'est qu'ils ne savent ni décider, ni désigner l’ennemi. Ce qui est grave, c'est que nous sommes en train d’abandonner les emblèmes de la puissance à la veille de conflits qui seront capitaux, au sens premier du terme, autrement dit qui engageront notre existence même. Julien Freund l’a fort justement noté : "Tous les grands penseurs politiques de notre temps, tels Max Weber, Pareto ou Carl Schmitt, en conformité avec ceux des siècles passés comme Hobbes, Spinoza et aussi J.J. Rousseau, sont d'accord pour reconnaître que la finalité du politique consiste dans la protection, ce qui veut dire assurer la sécurité intérieure contre l'inimitié intestine, et la sécurité extérieure contre les ennemis du dehors".

 

Les combats à venir seront d’une ampleur que nous ne soupçonnons même pas. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement notre niveau de vie, notre bien-être, mais le devenir même de notre peuple. On nous reproche souvent de peindre la réalité sous des traits tragiques.

 
 

Mais le monde est dans son essence première profondément tragique. Cela ne signifie nullement qu’il faille se résigner à baisser les bras et renoncer à combattre. Le propre de notre pensée est de refuser ce que l'on nous présente comme inéluctable. Nous n’avons jamais hésité à aller à contre-courant des modes et des idées reçues. Si nous voulons que la France existe encore en tant que telle à l’aube du 3e millénaire, nous avons une responsabilité colossale à l’égard des générations à venir. Car si nous échouons, notre pays n’aura plus de France que le nom. Or la France, ce n’est pas une simple dénomination géographique. C’est une histoire, chargée de sang, d’honneurs, de souffrances, qui ne peuvent s’oublier. La France, ce sont des traditions dont nous sommes les dépositaires et que nous entendons transmettre. La France c’est une certaine façon de concevoir l’homme et sa place dans le monde, c’est un humanisme au sens le plus élevé du terme. Mais humanisme n’est pas mièvrerie. On ne fait pas de politique avec de bons sentiments. C’est même avec de tels sentiments qu’on fait souvent la pire des politiques, car on le sait, le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Il n’est de bonne politique que fondée sur l’expérience et sur l’observation de l’ordre naturel du monde.

Seule la puissance nous permettra de survivre et seule la puissance nous permettra de faire respecter la justice et la liberté. Lorsque cessent les jeux des diplomates et les dialectiques stériles, et que s’approche l'heure des combats, alors la vérité apparaît nue et la puissance se révèle comme l'ultime garante de la survie d’un peuple. N’oubliez pas, n’oubliez jamais, que nous sommes avant tout des soldats politiques. "Tu vaux ce que tu veux" : cette devise inscrite sur les murs des régiments parachutistes vaut aussi en matière de philosophie politique ou de relations internationales, car comme le dit le poète, tout dans la vie est une question de foi et de ténacité.

FaLang translation system by Faboba
 e
 
 
3 fonctions