Nous avions évoqué la victoire judiciaire pour l’hebdomadaire nationaliste Rivarol face à Paypal. Une victoire symbolique et qui pourrait faire jurisprudence pour d’autres médias, personnalités politiques, victimes elles aussi de la censure de Paypal, mais plus globalement des GAFAM.
Pour évoquer cette affaire, nous avons interrogé Jérôme Bourbon, rédacteur en chef de Rivarol.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter ainsi que RIVAROL à nos lecteurs ?
Jérôme Bourbon : RIVAROL est un hebdomadaire d’opposition nationale et européenne fondé en janvier 1951 par René Malliavin. Il paraît sans discontinuité depuis bientôt 72 ans et il est disponible tant en kiosque que sur abonnement. Même si depuis le retrait de notre agrément par la commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) le 4 mai 2022, des activistes de gauche et judéo-sionistes comme les Sleeping Giants ou BTA (Balance Ton Antisémite) ou des comptes analogues font pression sur les distributeurs et marchands de presse pour nous éliminer totalement de la vente, ce qui nous pose une vraie difficulté que nous essayons de contourner autant que nous le pouvons, mais ce n’est pas facile.
Pour ma part, j’ai 50 ans, je dirige RIVAROL depuis bientôt 13 ans et j’y collabore régulièrement depuis près d’un quart de siècle. Je suis un militant catholique et nationaliste. Je suis marié et père de cinq enfants, et bientôt de six (si Dieu veut, dans quelques jours !), ce qui fera trois garçons et trois filles. Je fonctionne à l’africaine, si j’ose dire !
Breizh-info.com : Vous venez de remporter une bataille juridique contre Paypal. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’il s’était passé, quelles sont les conclusions judiciaires, mais aussi les conséquences immédiates à appliquer ?
Jérôme Bourbon : Le 23 mai, PayPal a bloqué notre compte de manière immédiate et définitive, sans même avoir la délicatesse de nous prévenir, fût-ce par un courrier électronique ou une lettre recommandée. Et alors même que nous n’avions jamais eu le moindre contentieux, le moindre litige, la moindre difficulté jusque-là. Nous avions ouvert ce compte PayPal le 9 mars 2010 et pendant plus de 12 ans tout s’est très bien passé. Il n’y avait absolument rien à signaler.
Simplement, les mêmes activistes qui ont obtenu de la commission paritaire le retrait d’un agrément dont nous disposions sans discontinuité depuis 71 ans ont fait pression sur PayPal en arguant du caractère prétendument haineux et délictueux de nos activités. Considérant que nos activités étaient à risque (sic) et haineuses, PayPal a donc décidé unilatéralement de restreindre définitivement notre compte, c’est-à-dire d’empêcher toute transaction.
Scandalisés par cette décision arbitraire envers l’un de ses clients, nous avons saisi le 15 juillet en référé le tribunal de commerce de Paris. L’audience s’est tenue le 23 novembre et, le 7 décembre, le tribunal a fait droit à toutes nos demandes. L’ordonnance de référé rendue par M. Jean-Louis Gruter, président, assisté de M. Renaud Dragon, greffier, est même particulièrement sévère pour la société PayPal. Qu’on en juge :
« Nous relevons que les “activités interdites” (par le règlement de PayPal) prévoient des sanctions, PayPal se réservant le droit de juger elle-même sans passer par les autorités judiciaires compétentes, sans débat contradictoire, de sanctionner ses clients.
Nous relevons que les banques sont autorisées effectivement à prendre des sanctions de fermetures des comptes de leurs clients, mais les seuls motifs possibles sont strictement financiers, en général à raison de découverts significatifs (par rapport à l’activité du compte) non autorisés ou dépassés régulièrement. En l’espèce PayPal s’octroie le pouvoir de sanction au titre d’une morale strictement personnelle qui n’est pas opposable à la Loi ou à la jurisprudence.
Nous relevons au surplus que les dispositions de l’article 873 du Code de procédure civile sont justifiées, tant par l’évidence que l’urgence.
En conséquence, nous disons que les clauses 10.1 et 10.2 (du règlement de PayPal) sont considérées non écrites, et condamnerons par provision PayPal à remettre le compte des « Editions des Tuileries » en état, laissant ainsi les sommes disponibles à la libre disposition d’Editions des Tuileries, et ordonnerons une astreinte de 200 euros à compter du troisième jour à compter de la mise à disposition de la présente ordonnance jusqu’à parfaire.
Il paraît équitable, compte tenu des éléments fournis, d’allouer à la partie demanderesse une somme de 3000 euros en application de l’article 700 du nouveau code de procédure civile, déboutant pour le surplus. Nous condamnons en outre la PayPal Europe et Cie SCA aux dépens de l’instance. »
Toutefois, à ce stade, PayPal ne s’est toujours pas plié à cette décision exécutoire (même en cas d’appel, elle ne peut être suspendue). Nous saisissons donc le juge de l’exécution pour forcer PayPal à appliquer la décision du tribunal de commerce de Paris.
Breizh-info.com : En quoi cette victoire juridique est-elle symbolique ? Va-t-elle faire jurisprudence — on pense notamment aux banques qui ferment facilement les comptes d’organisations, de journaux, de personnalités qui ne sont pas franchement politiquement correctes ?
Jérôme Bourbon : C’est en effet une victoire symbolique car cette décision est un coup d’arrêt, au moins temporaire, aux décisions unilatérales et arbitraires des organismes bancaires qui se permettent de fermer sans raison valable et sérieuse des comptes de la mouvance nationale, nationaliste et dissidente. Cela dit, restons prudents. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Il est trop tôt pour savoir s’il s’agit d’une décision isolée (qui peut d’ailleurs être éventuellement infirmée en appel) ou si elle fera jurisprudence.
Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il faut toujours se battre jusqu’au bout, utiliser tous les moyens légaux et réglementaires à notre disposition, travailler ses dossiers, avoir de bons avocats, tenir, résister, rendre coup pour coup. Il n’est que les batailles que l’on ne mène pas, et que l’on ne mène pas jusqu’au bout, qui sont perdues d’avance.
Breizh-info.com : Votre hebdomadaire a également perdu récemment son agrément au niveau de la presse, qu’est-ce que cela signifie pour vous ? A combien de procès devez-vous faire face à l’heure actuelle ?
Jérôme Bourbon : En effet, après une campagne incessante de deux ans sur les réseaux sociaux des activistes déjà cités, et surtout après la tribune de délation parue dans Le Monde le 7 mars 2022, cosignée par les époux Klarsfeld, les présidents de la LICRA et de Sos Racisme et d’autres personnalités qui réclamaient le retrait de notre agrément et de notre immatriculation comme publication d’informations politiques générales (IPG), la CPPAP, qui est un organisme dépendant directement du ministère de la Culture et qui n’a donc rien d’indépendant, contrairement à ce qu’on lit ici ou là, a cédé lâchement et a décidé à l’unanimité le 4 mai 2022 en séance plénière de nous retirer cet agrément à cause d’un défaut d’intérêt général tenant à l’orientation jugée antisémite du journal. Bref, on juge les opinions, la ligne éditoriale d’une publication et on distribue les bons et les mauvais points.
Dans une lettre adressée à la présidence de la commission paritaire, Madame Laurence Franceschini, avant que notre agrément soit retiré, j’avais écrit que, si on nous expulsait des registres de la CPPAP, ce serait ouvrir la boîte de Pandore selon le fameux adage latin : hodie mihi cras tibi. Aujourd’hui c’est mon tour, demain ce sera le tien. Et de fait, six mois après nous avoir retiré son agrément, la CPPAP le supprime également à France Soir (le 30 novembre 2022). Et cela ne s’arrêtera pas là, selon toute vraisemblance. Tout ce qui est un tantinet de droite, dissident, politiquement incorrect, est clairement dans le collimateur de la police de la pensée. Nous vivons une tyrannie qui se renforce et s’aggrave chaque jour davantage.
Les conséquences pour nous de la perte de cet agrément sont considérables : les tarifs postaux ont quasiment triplé, le taux de TVA sur les ventes est multiplié par dix (de 2,1 à 20 %). Et pis encore : n’étant plus immatriculé à la CPPAP, le journal n’a plus l’obligation d’être exposé et vendu. Par conséquent, il est facile pour les activistes déjà nommés de faire pression sur les marchands, les distributeurs et les dépositaires. Ils ne s’en privent pas ! Et cela fonctionne (au moins en partie) : nous sommes interdits de Carrefour, des Relays (qui sont dans les gares et les aéroports), de Monoprix, de Cora et de Cultura et d’une partie des maisons de la presse et des Mac Presse. Donc, oui, il s’agit d’une véritable persécution. Et nos persécuteurs osent parler sans cesse et sans vergogne de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de respect du pluralisme. Ils se scandalisent régulièrement de ce qui se passe en Russie ou en Iran mais appellent à l’écrasement des vrais dissidents en France !
Breizh-info.com : Les soutiens politiques de premier plan ne se bousculent pas souvent au portillon pour défendre la presse indépendante. Comment l’expliquez-vous alors que dans le même temps, ils prônent justement la liberté, notamment celle de la presse ?
Jérôme Bourbon : Je l’explique par la peur. Ils pètent tous de trouille. Il ne faut pas chercher plus loin. Leur devise : c’est tous aux abris ! C’est minable. Pour notre part, lorsque quelqu’un est persécuté, nous dénonçons cette persécution, même si ce sont des personnalités, des publications ou des mouvements éloignés de nous et ne nous renvoyant jamais l’ascenseur. Mais qu’importe, c’est une question de principe.
Même dans notre mouvance largo sensu, le courage intellectuel n’est pas hélas la vertu la première, sauf rares exceptions. Il ne suffit pas de se réclamer de Soljenitsyne, de s’autoproclamer dissident, d’organiser des Forums de la dissidence, d’écrire des essais vantant le courage pour avoir l’audace de dénoncer la persécution scandaleuse touchant un Ryssen ou un Reynouard, ou les coups de boutoirs portés à un hebdomadaire libre et insolent comme RIVAROL. C’est à cela aussi qu’on mesure la décadence d’une époque : la lâcheté ne s’est jamais aussi bien portée.
Cela s’explique aussi par le refroidissement de la charité et le tarissement de la grâce. La plupart de nos compatriotes, n’ayant plus de fortes convictions religieuses qui les illuminent et les transcendent, les fortifient et les rassasient, ils sont moins sensibles à l’injustice et à l’imposture, et ils ont moins d’amour pour la vérité, celle qui rend libre. Ils ne veulent plus prendre de risques alors que tout engagement comporte un risque. C’est cette couardise qui permet à la tyrannie de devenir toujours plus féroce, toujours plus intense.
Breizh-info.com : Quel regard portez-vous sur les restrictions de plus en plus drastiques touchant à la liberté d’expression et d’opinion en France et globalement, en Europe de l’Ouest aujourd’hui ?
Jérôme Bourbon : L’empilement des législations dites antiracistes et mémorielles (loi Pleven, 1972, loi Gayssot, 1990, loi Lellouche, 2003, loi Perben, 2004) conduit à une situation où l’on ne peut plus rien dire sur des sujets fondamentaux chaque jour plus nombreux. Dès qu’on exprime une opinion, un jugement, une conviction, on nous dit que c’est un délit. On a recréé le délit d’opinion et la loi des suspects.
Voulez-vous défendre votre pays et votre civilisation contre l’immigration incontrôlée, on dit que vous êtes raciste et xénophobe, ce qui est un délit passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Voulez-vous dénoncer le sort cruel et inhumain fait depuis plus de 70 ans au peuple palestinien privé de sa terre, de ses droits, de ses biens, de tout avenir et de toute dignité, voulez-vous dénoncer ce que François Mitterrand appelait « l’influence puissance et nocive du lobby juif », voulez-vous critiquer le rôle nuisible du CRIF et de la LICRA, voulez-vous rester fidèle à la doctrine catholique sur le nouvel Israël (théologie dite de la substitution), on dit que vous êtes antisémite, ce qui est passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Voulez-vous défendre la liberté de recherche, d’expression et de publication des historiens révisionnistes pourchassés, exilés, ruinés, emprisonnés, car la parole et l’écrit devraient être totalement libres en matière de controverse historique, on dit que vous êtes négationniste, ce qui est un délit passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Voulez-vous défendre la morale naturelle et la famille traditionnelle contre les folies du lobby LGBT promues par l’Etat, l’ONU, l’Union européenne, les ONG, les institutions internationales, et la quasi-totalité des mouvements politiques, on dit que vous êtes homophobe, ce qui est un délit passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Voulez-vous fermement vous opposer au changement de sexe, à « la transition de genre » promus par les organisations LGBT dans les écoles, avec un succès hélas croissant, voire spectaculaire, ces individus profitant de la fragilité voire du malaise d’adolescents, on dit que vous êtes transphobe, ce qui est un délit passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Et c’est ainsi que l’on ne peut plus rien dire, sauf à risquer la ruine et la prison, que l’autocensure se généralise, que la tyrannie progresse, que l’immoralité explose, que ce qui est contre-nature fait la loi, bref que Satan mène le bal.
Breizh-info.com : Quel avenir faut-il souhaiter à RIVAROL en cette fin d’année 2022, pour l’année 2023 et celles qui suivent ?
Jérôme Bourbon : Ce qu’il faut nous souhaiter, c’est de durer. Vous connaissez la belle devise des parachutistes : être et durer. Et ce n’est pas simple dans le climat actuel. L’étau se resserre chaque jour davantage. Que les personnes intéressées par une publication intransigeante, polémique, pamphlétaire, qui ne répugne pas à l’humour et à l’ironie, et qui ne pratique pas la langue de bois, n’hésitent pas à nous lire, à nous aider, à s’abonner. On peut le faire directement sur notre site rivarol.com où il y a tous les tarifs et toutes les durées d’abonnement, papier et numérique, ou en nous écrivant à : Editions des Tuileries, 19 avenue d’Italie, 75 013 Paris.
Enfin, à quelques jours de la Nativité, permettez-moi de souhaiter à tous vos lecteurs un saint et joyeux Noël. La Crèche qui est interdite quasiment partout en France par les sectateurs de la laïcité, laquelle est depuis l’origine une machine de guerre contre le catholicisme, doit raviver notre foi, enflammer notre espérance, dilater notre charité. L’Enfant-Dieu est venu pour nous changer, nous transformer, nous sauver. Il nous a rouvert le Ciel. Pour peu que nous écoutions son message, que nous le mettions en pratique, que nous combattions pour le beau, le bien, le vrai, en nous et autour de nous, l’Enfer et ses suppôts ne pourront rien contre nous. Face à une société désincarnée et qui réalise même une contre-Incarnation avec son transhumanisme, sa culture de mort, sa constitutionnalisation du droit à l’avortement, c’est-à-dire du massacre industriel et délibéré des bébés dans le ventre de leur mère, sa légalisation à venir de l’euthanasie et du suicide assisté, sa location de ventres et demain ses utérus artificiels, adorons le Verbe incarné, le Dieu qui s’est fait homme, l’Auteur de la Vie, le Prince de la Paix. Pas la paix de Pilate qui est compromission, égoïsme, faiblesse et lâcheté. La paix du Christ qui est celle du devoir accompli, de la bonne conscience, de la fidélité aux principes, de l’amour vécu et partagé, de la vie qui se donne et se sacrifie. Avec un tel compagnonnage et sous un tel patronage nous ne risquons rien. Satan peut bien se déchaîner, tenter de nous effrayer, de nous décourager, de nous vaincre mais il est vaincu depuis le Vendredi Saint. Dieu est le grand vainqueur. Voilà ce qui, malgré les ténèbres actuelles, les ruines qui partout s’accumulent, doit nous remplir de paix et de joie. Une joie simple et humble, pleine de confiance et d’abandon. A la plus fine pointe de l’âme.
Courage et persévérance ! Joyeux et saint Noël à tous !
Propos recueillis par YV
Source : Breizh-info.com - 19 décembre 2022