Le nationalisme révolutionnaire représente une tentative de prise en charge de la crise actuelle de l’Europe, sur le plan d’une remise en cause radicale des valeurs de ladite société. Ce nationalisme révolutionnaire propose comme noyau central de l’action humaine l’idée de nation, conçue comme un rassemblement organique d’éléments qui, sans elle, ne représenteraient qu’un agrégat sans consistance et traversé de tensions destructrices. La nation organisée ne peut être qu’une nation où les différences de classe ont été éliminées d’une façon réelle, et non par des vœux pieux, car de telles différences supposent automatiquement des tensions, néfastes à l’harmonie nationale. Ces tensions doivent être éliminées par l’Etat, qui est celui du « peuple tout entier ». Comment pouvons-nous définir le peuple d’une façon cohérente ? Le peuple ne peut être que l’ensemble de ceux qui contribuent au développement national, ce qui en exclue les profiteurs, les parasites, les représentants des intérêts étrangers. Quels sont les groupes sociaux qui font partie de la réalité de notre peuple ? :
- les ouvriers, en tant que producteurs de base ;
- les paysans, petits propriétaires, fermiers, métayers ou ouvriers agricoles, puisqu’ils forment un groupe directement attaché à la production ;
- la petite bourgeoisie, dans la mesure où elle participe elle aussi à la production, et où ses activités de service et de distribution sont directement liées aux nécessités du développement harmonieux des échanges au sein de la population ;
- les éléments nationaux de la bourgeoisie en tant que classe maîtresse d’une bonne partie des moyens de production, c’est-à-dire tous les participants actifs à la production, au niveau de la direction et de la gestion, dans la mesure où ils forment un secteur réellement indépendant des groupes et intérêts étrangers. Nous devons insister sur l’aspect national exigé de ce groupe en sachant qu’une bonne partie de ses membres sont, en réalité, liés à des forces étrangères à notre peuple.
Le nationalisme révolutionnaire envisage la France comme une nation colonisée, qu’il est urgent de décoloniser. Les Français se croient libres alors qu’ils ne sont, en vérité, que les jouets des lobbies étrangers, qui les grugent et les exploitent, grâce à la complicité d’une fraction des classes dirigeantes, à qui ces lobbies jettent quelques morceaux de leur festin.
Face à cette situation, nous pouvons estimer que les conditions de lutte des nationalistes révolutionnaires sont similaires à celles qui furent le lot des groupes nationalistes du tiers monde (il importe peu, à cet égard, que la France, en raison de son passé colonial, ait été, en même temps, durant une certaine période, à la fois colonisatrice et colonisée).
Il est évident que cette situation de pays colonisé n’est pas perçue par nos compatriotes ; cette cécité n’est due qu’à l’habilité de nos exploiteurs, qui n’ont de cesse que de prendre le contrôle des médias, puis, insensiblement, de toute notre culture nationale, dont la réalité même peut désormais être délibérément niée. Par cette méthode, il devient incontestablement très difficile de faire comprendre aux Français qu’ils vivent dans un pays dont le peuple n’est pas forcément maître de son destin.
Le processus de destruction de notre identité nationale, pour hypocrite et camouflé qu’il puisse être, n’en est déjà pas moins très fortement entamé et le premier devoir des nationalistes révolutionnaire est d’y faire face.
La conscience de l’état de nation-dominée qui est celui de notre patrie représente la première pierre de notre édifice doctrinal. En effet, nous devons estimer que notre devoir le plus impératif et le plus évident est de tout faire pour mettre fin à cet état de chose.
Puisque les Français ne sont pas les vrais maîtres de leur patrie, la traditionnelle opposition faite par les nationalistes entre un « bon capitalisme » national et un « mauvais capitalisme » international, n’est qu’une pure et simple duperie. Le capitalisme en France ne peut être qu’un outil entre les mains des véritables propriétaires de la nation. Dès lors, les nationalistes révolutionnaires ne peuvent accepter une formulation économique totalement contradictoire avec leurs aspirations nationales les plus évidentes.
Le capitalisme est une formule économique qui sous-entend l’esclavage de notre nation.
Mais il doit s’agir pour nous d’une opposition radicale et non uniquement dans les mots (comme ce fut trop souvent le cas). La nation doit reprendre le contrôle de la vie économique, et, spécialement, des secteurs où les intérêts étrangers sont les plus puissants. Banques, secteurs de pointe, centres de recherche et de distribution doivent être repris par le peuple français. Le pseudo-sacro-saint principe de la propriété privée n’a pas à jouer, car des biens illégalement acquis ne réclament ni respect, ni compensation.
Les biens repris par la nation devront être gérés selon les techniques qui assureront à la fois la pérennité de leur récupération et une utilisation rationnelle. La formule la meilleure serait probablement un contrôle souple de l’Etat et la remise au public, sous forme de don ou de vente à bas prix, d’actions représentant le capital des biens retournés à la communauté nationale.
La reprise en main de notre économie permettra la récupération de l’indépendance nationale, puisque les éléments exploiteurs, privés de toute source d’enrichissement, n’auront plus aucune raison de demeurer sur le territoire national. Nous devons donc considérer que notre programme de libération politique et sociale de notre peuple passe par l’adoption d’une économie communautaire au niveau des moyens de production. Les moyens de production sont aujourd’hui aux mains d’intérêts étrangers, pour une bonne part, soit directement, soit indirectement. Or, la possession de ces moyens représente la possibilité d’exploiter le travail de notre peuple, en secrétant de nouvelles richesses, qui assurent le renforcement de la mainmise extérieure.
La récupération des richesses nationales doit aller de pair avec la fin de l’imprégnation culturelle étrangère au sein de notre sphère civilisatrice. Nous devons remettre en honneur notre tradition nationale, refuser les apports extérieurs qui en sont la négation ou l’affadissement, tout en redonnant à notre peuple une tâche à la mesure de son destin historique. Cette tâche ne peut être que l’édification d’un système politico-économique susceptible de servir de modèle aux nations confrontées au même problème, à savoir celui de la libération interne d’une influence extérieure prédominante.
En redonnant aux Français, l’ambition des nationalistes révolutionnaires se plaçant à ce niveau, la volonté de combattre et de vaincre, nous aurons donné le signal de la renaissance nationale de la Patrie. L’histoire glorieuse de notre nation a toujours été fondée sur une volonté acharnée de vivre libre ; en restaurant cette tradition multi-séculaire, nous mettrons fin à ce processus de « génocide culturel et biologique », qui vise à détruire notre peuple et son organisation, en tant qu’entité cohérente et unie.
Notre volonté de libérer notre nation prend place dans une conception plus large de l’histoire, conception qui est à la base même de nos concepts idéologiques fondamentaux. Pour nous, nationalistes révolutionnaires, l’histoire est fondée sur la compétition des peuples, qui agissent d’une façon bénéfique en vue de maintenir leur originalité dans tous les domaines, aussi bien sur le plan ethnique, culturel, politique, etc. Tout ce qui s’oppose à cette originalité vise, en fait, à détruire le moteur même de l’histoire et constitue une attitude foncièrement réactionnaire et anti-populaire, au sens plein du terme. Jamais l’homme n’aurait pu progresser sans une attitude foncière d’émulation, par rapport à ses semblables et les luttes entre groupes, ethniques ou autres, soit militaires soit pacifiques, ont toujours été le véritable moteur de l’histoire. L’indépendance des groupes humains s’est codifiée, il y a des centaines d’années, dans un type, désormais universel, celui de l’Etat-Nation. Par contre, les tentatives d’Empires, universels ou plus limités, se sont effondrées dans le sang ou représentent, comme les Empires chinois ou soviétiques, de véritables « prisons des peuples », vouées tôt ou tard, à l’éclatement, lors d’un nouveau « printemps des peuples ».
L’Etat-Nation, moteur de l’histoire, doit être homogène, non pas sur un plan strictement racial, ce que l’expérience historique ne prouve absolument pas, mais sur un plan de cohésion et de coopération mutuelle entre les divers participants de ce groupement historique. Les éléments qui refusent cette cohésion ne sont pas les bienvenus dans cet Etat-Nation et, au minimum, ne doivent pas avoir la possibilité matérielle de développer leur influence et leur puissance au détriment de la communauté nationale.
L’histoire ne peut prendre son sens que si la réalité nationale des peuples est préservée. Le colonialisme économique et culturel que nous subissons, vise directement à interdire à notre nation de conserver ses caractéristiques propres. Le meilleur moyen de développer les potentialités nationales réside dans le maintien de notre intégrité en tant que peuple et tant que des menaces pèseront sur celle-ci, cette tâche sera primordiale pour les nationalistes révolutionnaires.
Ce souci exclusif de protection nationale ne se place pas dans le cadre d’une hostilité quelconque à l’encontre des autres entités nationales. Bien au contraire, nous pensons qu’une France nouvelle aurait comme objectif d’aider les autres nations-sœurs à acquérir le même type d’indépendance qu’elle.
Si l’histoire est, avant tout, libre jeu des compétitions entre groupes organisés, le principe même de la vie humaine est, issu de cette conception. Pour nous, l’homme n’est capable de progrès que si sa vie est fondée sur deux principes clairs :
- émulation compétitive avec ses concitoyens,
- coopération avec les autres membres de son groupe.
L’émulation, facteur de progrès, doit être complétée par la coopération, pour éviter un écrasement, toujours possible, des faibles par les forts. La véritable fonction de l’Etat est d’ailleurs de compenser les inégalités inévitables, afin de maintenir la cohésion du groupe national. Ce rôle de l’Etat est directement lié à notre conception de la nation ; l’Etat n’est pas seulement le gardien de l’indépendance de la nation, il est aussi le garant de sa cohésion. L’Etat doit nécessairement disposer de larges pouvoirs et de moyens d'action étendus pour réaliser ses objectifs.
Mais l’Etat doit être réellement au service du peuple et non au service exclusif des intérêts des groupes dominants ; il doit être le régulateur de l’activité nationale, en cherchant en priorité à permettre le libre développement de notre peuple. Pour cela, l’Etat doit être directement issu du peuple et contrôlé par lui ; le peuple doit être associé à l’Etat et à ses organismes de direction. La pseudo-doctrine élitiste, qui vouait la direction de l’Etat à des « élites » auto-déterminées est à abandonner. L’Etat populaire doit être un Etat où le peuple exerce pleinement ses droits politiques. En outre, il doit avoir les moyens de s’opposer à toute tentative d’oppression. Le meilleur moyen réside dans un article bien simple de la Constitution américaine : le droit pour tout citoyen de détenir à son domicile des armes pour sa défense. Cette conception du citoyen armé correspond d’ailleurs parfaitement à notre volonté de réaliser une véritable défense nationale, par la mise en œuvre d’une organisation militaire de type populaire (dans le style d’une Garde nationale, ouverte à tous les citoyens français).
Si les citoyens de l’Etat-populaire doivent participer pleinement à la vie et à l’organisation de leur Etat, c’est bien parce que nous refusons totalement la notion typiquement réactionnaire qui voudrait traiter les Français en mineurs incapables de prendre position sur les grands problèmes de leur pays. Nous estimons, au contraire, que les Français sont des êtres majeurs et il est évident que notre peuple doit prendre en main son destin, sa libération passant par son adhésion librement consentie à une politique de défense nationale et populaire.
Dans cette optique, les nationalistes révolutionnaires sont favorables à une conception politique étatique d’un style nouveau, c’est-à-dire une forme d’Etat authentiquement populaire et fort. Fort, car sa tâche, très lourde, ne peut être assumée avec succès que par l’existence de moyens de gouvernement permettant la mise au pas des intérêts étrangers.
L’Etat, ainsi conçu, est donc directement lié au peuple et ne peut exister que par lui et pour lui. Ainsi, dans cet Etat populaire, les Français auront la possibilité d’être les maîtres de leur destin, tout en récupérant leurs richesses nationales, dont ils sont aujourd’hui frustrés. De cette façon, ils comprendront parfaitement ce qui est en jeu et feront bloc pour défendre ce qu’ils auront ainsi reconquis, par leur action commune.
Comment parvenir à la naissance de l’Etat populaire ? Il est certain qu’un bouleversement aussi profond et aussi radical ne pourra s’effectuer sans des luttes violentes et nombreuses. Les exploiteurs de la nation n’accepteront pas d’être privés de leur butin sans se défendre avec une détermination sauvage. Si la menace devient réelle, ils bafoueront sans hésiter leurs conceptions humanitaristes et répondront par la terreur. Le combat politique doit donc être mené sur deux plans :
- sur le plan électoral, en informant les Français de ce qui les menace, en essayant de regrouper autour de nos thèmes le maximum possible de nos compatriotes ;
- sur le plan purement politique, en mettant sur pied une organisation capable de relever le défi qui lui sera tôt ou tard lancé par les ennemis de la nation, organisation régie selon une discipline et une rigueur toute militaire, en raison des circonstances où elle pourrait être amenée à intervenir.
La lutte politique, surtout une lutte révolutionnaire radicale, est une chose sérieuse ; elle ne peut être menée que dans le cadre d’une organisation disciplinée et structurée. Il importe donc de séparer le mouvement nationaliste, organisation révolutionnaire, du parti chargé de représenter notre idéal au niveau de la population française. Cette action à deux niveaux permet d’encadrer dans des mouvements ayant des buts similaires des individus qui ne sauraient cohabiter dans un mouvement unique. Quiconque accepte intégralement les principes et les buts du mouvement nationaliste, qui veut en partager les tâches et les risques, doit être membre du mouvement nationaliste. Ceux qui ne peuvent accepter qu’une fraction, plus ou moins importante, de ces mêmes principes, peuvent être membres du parti, afin de militer pour l’application de ce programme minimum des nationalistes révolutionnaires.
Dans ce cadre politique, les nationalistes révolutionnaires doivent considérer comme des ennemis d’un type similaire, sur le plan idéologique, les diverses organisations du centre, de droite ou de gauche. Ce refus de l’opportunisme doctrinal n’a évidemment rien à voir avec un pur sectarisme politique. Il est certain que nous devons réagir selon les nécessités du moment, sans nous laisser lier les mains par des a priori sans signification réelle.
François Duprat, Manifeste nationaliste révolutionnaire (extraits)