Selon de nombreux analystes[i], la Russie mènerait en Ukraine et contre les alliés de cet état, une « guerre hybride ».
Avant d’examiner cette affirmation, il peut être utile de comprendre le concept de « guerre hybride », puis de voir qui la pratique réellement et depuis quand. Pour finir, on examinera aussi le concept de « guerre hybride » pour voir s’il ne permettrait pas de mieux comprendre des événements comme la répression des Gilets Jaunes en France, la tricherie électorale industrielle de 2020 aux États-Unis ou la persécution des « non-injectés » durant la crise sanitaire du Covid.
Qu’est-ce que la Guerre Hybride ?
Une Guerre hybride est d’abord une guerre « hors limites », selon la formule de stratèges chinois[ii] qui y ont réfléchi au début des années 2000 en examinant les interventions occidentales de la Serbie à l’Irak, c’est-à-dire à une guerre hors des limites classiques de la guerre.
Longtemps, la guerre fut conduite avec des moyens exclusivement militaires[iii] comme une sorte d’ordalie pour soumettre la volonté d’un ennemi. Selon l’expression de Clausewitz[iv], « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ».
Il y avait dans cette formule à la fois l’idée d’une appartenance de la guerre au champ politique[v] (la continuation) et d’une césure dans l’ordre des moyens (par d’autres moyens). Assez vite, et dès le XIXe siècle pour tout dire, les enseignements que Clausewitz avait tiré de l’examen des guerres du XVIIIe siècle jusqu’aux guerres napoléoniennes, se sont trouvés bousculés. L’apparition des guérillas[vi] faites par des civils militarisés, de l’arme du terrorisme[vii] et de la guerre révolutionnaire fortement idéologisée avaient déjà bouleversé les limites classiques entre domaines social, politique et militaire.
Au cours du XXe siècle on a accumulé la lecture de divers types de conflits sous l’angle de la guerre. Certains étaient anciens, comme les guerres religieuses dont la logique est proche des guerres idéologiques révolutionnaires. D’autres étaient plus récents dans la prise de conscience : guerre économique, guerre des monnaies, guerre technologique, guerre culturelle, guerre de l’information, cyberguerre, guerre ethnique, guerre sociétale etc.
À force d’ouvrir de nouveaux domaines de la vie des sociétés à l’analyse sous le prisme de la guerre, on avait fini par brouiller toutes les catégories et tout devenait guerre ou plus rien ne l’était. Devant cette situation de guerres « hors des limites de la guerre », il y avait nécessité de produire un concept unificateur, ce qui a commencé à se faire avec le concept de « guerre hybride ».
Ce concept est apparu au début des années 2000 dans divers cénacles militaires qui réfléchissaient aux mutations des guerres dans lesquelles ils étaient plongés et qui utilisaient des claviers de plus en plus étendus en dehors des affrontements militaires classiques (cf. tous les champs énumérés ci-dessus) avec des continuités visant toujours à la destruction d’un ennemi ou à la soumission de sa volonté.
Ceux qui ont inventé le terme « guerre hybride » sont des américains, Franck Hoffman et James Mattis dans un livre de 2005, non traduit en français, Future Warfare : The Rise of Hybrid Wars. Le premier des auteurs a continué ses réflexions sur le sujet dans des ouvrages toujours non traduits. Cette première définition reste liée au domaine militaire. Franck Hoffman écrit en 2009 : « Je définis une menace hybride ainsi : tout adversaire qui emploie simultanément et de façon adaptative un mixte d’armes conventionnelles, de tactiques irrégulières, de terrorisme et de comportements criminels dans l’espace de bataille afin d’atteindre ses objectifs politiques »[viii]. En 2010, le responsable du commandement interallié de l’OTAN chargé des questions doctrinales reprend à son compte cette définition : « … nous avons développé l’idée de « menace hybride ». Par le passé, il y avait des menaces bien différenciées qui se présentaient de manière séquentielle ; aujourd’hui, les adversaires, qui sont ou ne sont pas des États, peuvent tirer sur plusieurs cordes à la fois et mettre en œuvre des menaces de différentes natures. »[ix]
En réalité, il s’agissait surtout de prendre en compte la montée en gamme des combattants irréguliers auxquels les armées occidentales faisaient face dans leurs expéditions néocoloniales, comme en Irak ou en Afghanistan. D’une autre manière, devant la montée en puissance des techno-guérillas menées par des adversaires non étatiques (ou privés d’état quand celui-ci était officiellement conquis par les occidentaux), il s’agissait d’adapter les stratégies de contre-insurrection. En tout cas, de notre point de vue cette première approche de la « guerre hybride » reste assez limitée car d’une part, elle n’envisage pas vraiment le cas d’états puissants usant de stratégies de « guerre hybride » et d’autre part, elle ignore des cas où seraient simultanément utilisées la guerre conventionnelle, la « petite guerre » de guérilla, la subversion, la guerre économique et la guerre culturelle.
Une seconde approche de la guerre hybride, plus diffuse, semble être apparue vers 2014 pour analyser la manière dont la Russie s’était impliquée sans le revendiquer en Crimée et la manière dont évoluait la guerre de Syrie où la Russie se trouvait également engagée à l’époque. On crédita alors la Russie d’appliquer une « doctrine » impliquant d’user de l’ingérence, de la subversion et de l’excitation des mécontentements dans les pays cibles, de la guerre de l’information, de la cyberguerre, des actions clandestines, de blocus, d’embargos et de guerre économique, de l’usage de forces proxies[x], du terrorisme et, pour finir de la guerre conventionnelle elle-même. Tout était parti d’un article de juillet 2014, d’un analyste américain, Mark Galleotti, pour rendre compte de la reprise de la Crimée par les russes. Il se réfèra alors à un discours prononcé en 2013 par Valéry Gherassimov, chef d’État-Major Général des forces armées russes. Ainsi naquit la « doctrine Gherassimov de la guerre hybride » dont l’intitulé sera repris par tous analystes politiques et militaires occidentaux et nourrira, par exemple, les soupçons d’ingérence russe dans les élections américaines de 2016 ou les élections européennes de 2019. En réalité, Mark Galeotti devait s’excuser en 2018, dans le magazine américain de réflexion en politique internationale, Foreign Policy, d’avoir involontairement, par un titre racoleur, créé un bobard. En effet, le discours de Gherassimov auquel il faisait allusion dans son texte originel n’était pas l’expression d’une « doctrine », c’est-à-dire un programme, mais était une analyse des guerres, menées par l’Occident, depuis l’attaque contre la Serbie en 1999 jusqu’aux révolutions arabes des années 2010, en passant par les révolutions de couleur des années 2000. Gherassimov décrivait la façon dont les Occidentaux procédaient et s’interrogeait sur la façon dont la Russie pourrait les contrer. Si on pouvait lire, en creux, une doctrine de guerre hybride, c’était celle des Occidentaux et pas celle des Russes.
En réalité, la pratique de la guerre hybride s’est construite en Occident, avec les États-Unis comme épicentre du phénomène, par l’interconnexion d’éléments étatiques (l’armée et les services spéciaux tels que la CIA), paraétatiques (tels que l’USAID, l’agence américaine pour le développement et l’aide humanitaire, ou la NED, fondation bipartisane – républicaine et démocrate – dont l’objet est la « démocratisation » mondiale selon les critères – et les intérêts – américains) et privés (comme les ONG Soros par exemple). Le but principal de cet ensemble est de pratiquer des changements de régime dans les pays ciblés comme obstacles à l’Occident pour les rendre plus réceptifs à ses intérêts géoéconomiques et géopolitiques.
Ces pratiques peuvent se suffire à elles-mêmes, préparer des guerres ou suivre des guerres.
L’exemple type de ces guerres hybrides, ce sont les « révolutions de couleur ». Le prototype récent en est la « révolution » menée par le mouvement Otpor contre le président serbe Milosevic en 2000. Ce mouvement Otpor, officiellement structure étudiante, était cofinancé par la NED et l’Open Society de Georges Soros. Ses animateurs avaient été formés aux techniques de contestation « non-violentes » théorisées par Gene Sharp dans son ouvrage de 1993 : De la dictature à la démocratie. Les techniques développées dans cet ouvrage, visaient à déstabiliser et délégitimer l’état cible en le mettant devant le choix d’une répression féroce pouvant justifier une intervention extérieure au nom du devoir de protection des populations ou d’une capitulation et d’un passage de relai à de nouvelles autorités. Ce type d’action suppose, pour réussir, un soutien extérieur actif en financement, en apport de matériels et en propagande médiatique.
Ce qui est intéressant de souligner, dans le cas serbe, c’est que la « révolution Otpor » n’a pas précédé mais suivi la guerre de l’OTAN. En effet, si après 78 jours de bombardements intensifs sur les cibles civiles et administrative de la Serbie en 1999, les serbes ont évacué le Kossovo, les troupes de l’OTAN n’ont pas osé la conquête militaire du territoire serbe, ce qui a permis au gouvernement de Milosevic de rester en place. La guerre avait permis de créer l’état-maffieux du Kossovo et d’une très grande base militaire américaine, mais elle n’avait pas permis le changement de régime en Serbie même. C’est pour cette raison, l’année suivante, que fut lancée, avec le succès que l’on sait, l’opération Otpor.
Dans la foulée de ce succès, toujours avec l’appui des organisations Soros, les services américains avec, très souvent, la collaboration des services britanniques et allemands, ont lancé d’autres révolutions de couleur avec des succès divers : Révolution des Roses en Géorgie en 2003, Révolution Orange d’Ukraine en 2004, Révolution des Tulipes du Kirghizistan en 2005, Révolution des jeans au Belarus en 2005, Révolution du Cèdre au Liban en 2005, Printemps arabe en 2011-20012… La fameuse « Révolution du Maïdan » en 2013-2014, à nouveau en Ukraine, a été le point de départ de la guerre actuelle, suivie de tentatives analogues en Arménie avec la Révolution de velours de 2018, au Belarus à nouveau en 2020 et au Kazakhstan en janvier 2022.
Dans l’ensemble, ces révolutions aux succès variables (certaines furent des échecs comme au Belarus et ai Kazakhstan) furent menées dans l’environnement de la Russie, ce qu’on nomme là-bas « l’étranger proche ». Les révolutions arabes étaient un cas à part, même si elles pouvaient viser, à travers la Syrie, un allié de la Russie. On comprend que celle-ci se soit préoccupée de ce nouveau style d’ingérence qui, en Ukraine et en Syrie avait dérapé vers le terrorisme et la guerre réelle, d’autant plus qu’il y eut des tentatives en Russie même avec des Occidentalistes libéraux, comme Alexeï Navalny, appuyés par les ONG Soros et la NED américaine.
Ces guerres hybrides suivent un schéma récurrent. Il y a d’abord des interventions subversives menées par les services secrets, souvent anglo-saxons, en lien organique avec des structures parapubliques des USA ou de l’UE et des ONG le plus souvent, mais pas uniquement, de la mouvance Soros. On développe ensuite une agitation utilisant les réseaux sociaux avec l’appui des médias occidentaux pour valoriser des opposants présentés comme des combattants de liberté et des droits de l’homme et délégitimer les réactions des autorités en place dont les dérapages sont grossis et assimilés à des crimes contre l’humanité. On peut ensuite, soit terminer par de grandes manifestations dont la logistique est financée par les ONG, basculant vite en émeutes après des provocations judicieuses, le tout devant aboutir à la chute des régimes en place, eux-mêmes travaillés par de la corruption et de l’intimidation. C’est ce qu’on appelle la phase « pacifique » de la révolution de couleur. Si elle ne suffit pas et si les circonstances s’y prêtent, on peut embrayer sur du terrorisme ou la guerre civile avec intervention de forces extérieures si besoin est. Tout est fait, devant l’opinion occidentale manipulée par les médias pour que le régime visé endosse le mauvais rôle du méchant, du « nouvel Hitler » quitte à utiliser des bobards, dont l’archétype restera à jamais celui du montage stigmatisant des soldats irakiens arrachant des bébés de couveuses koweitiennes pour les embrocher. Cet épisode, organisé par un cabinet de consultants américain, fut déterminant pour faire basculer l’opinion publique américaine en faveur d’une guerre contre l’Irak en 1990.
En cette première année (?) de la guerre frontale de l’OTAN et de la Russie en Ukraine, il est intéressant de se replonger dans une étude de l’un des analystes les plus percutants de la résistance anti-occidentale qui a produit un livre fouillé décortiquant les événements d’Ukraine, entre 2013 et 2015, sous l’angle de la guerre hybride[xi]. Ce livre a d’ailleurs été au-delà d’une simple analyse géostratégique puisqu’il a replacé les événements d’Ukraine à l’intérieur d’une guerre civilisationnelle menée par l’oligarchie occidentaliste contre tous ses adversaires internes et externes. Ce travail est d’autant plus intéressant qu’il permet de ne pas être prisonnier du mois de février 2022 quand la Russie fait entrer son armée dans la guerre. Il montre comment, dès 2013 – 2014 et sans doute depuis la Révolution Orange de 2004, les Occidentalistes ont joué sur un clavier riche de multiples touches pour mener une guerre globale contre le monde russe. Le « Maïdan », comme on nomme couramment le coup d’État de Kiev et la guerre civile qui s’en suivit, fut à la fois une révolution colorée avec les ONG Soros à la manœuvre, un coup d’état atlantiste et européiste où se discerne la main de nombreux acteurs officiels ou officieux de l’OTAN et de l’U.E., un arraisonnement capitaliste par le déferlement des multinationales et des affairistes occidentaux, une révolution cosmopolite et LGBT servie par une alliance improbable de mouvements juifs, nazis et djihadistes qui y seront les proxies de l’Occident.
Dès 2017, lors de la première édition de son livre, Lucien Cerise détectait dans l’Ukraine un laboratoire géant où se roderaient des méthodes et des techniques qui pourraient aussi servir au contrôle des populations rétives de la zone occidentale elle-même.
C’est dans cette direction qu’il faut aller maintenant pour donner à la notion de « guerre hybride » une extension qui permet de comprendre ce qui se joue sous nos yeux dans de nombreux pays d’Occident.
Les oligarchies ploutocratiques et les classes dirigeantes de ces pays sont en effet engagées dans un double conflit. Elles sont, d’une part, engagées dans une guerre géopolitique et géoéconomique pour garder le contrôle du monde face à la contestation de nombreux états ou régimes révisionnistes (Russie, Chine, Iran pour ne citer que les principaux). Mais elles sont aussi engagées dans des guerres internes contre leurs propres populations. Nous sommes ici face à une « révolte des élites » radicale considérant de plus en plus la masse des classes populaires et moyennes comme inutiles du fait des révolutions technologiques de la fin du XXe et du début du XXIe siècles et, de ce fait, devenant des « boulets » sociaux et écologiques. Cette évolution étant perçue, sinon comprise, par les classes populaires et moyennes, des révoltes sociales et politiques de style populiste se produisent qui renforcent chez les dominants l’impression d’avoir affaire à des « classes dangereuses » contre lesquelles il convient de lutter pour les assujettir.
Il faut alors comprendre la « guerre hybride » comme un continuum d’actions et d’opérations allant de manœuvres culturelles et intellectuelles non violentes par définition à des opérations de très grande violence (arrestations, matraquages, assassinats ciblés, opérations militaires dans des guerres civiles ou des interventions extérieures) en passant par l’utilisation du droit (interdictions, proscriptions), de la censure privée et/ou publique, de la propagande, de la manipulation, de la désinformation, de la déculturation, de la cyberguerre, de la désactivation économique des opposants etc.
Comprendre ce qu’est une « guerre hybride » permet alors de replacer tous les éléments disparates auxquels on peut être confronté dans une unité conceptuelle. Et cela, quel que soit le type de conflit : conflit international ou conflit civil interne à un pays en particulier. Ce qui permet aussi d’identifier l’ennemi et de ne pas être naïf devant ses actions. Trop de gens voient des révoltes spontanées au nom de la liberté là où il n’y a que des orchestrations savamment construites à grand renfort de moyens. Inversement, beaucoup ne perçoivent pas que l’accumulation de chocs politiques, sociaux ou sociétaux dans un pays donné prend place dans une optique de guerre du « Haut » oligarchique contre le « Bas » populaire.
Ainsi, on peut diagnostiquer une guerre hybride, menée, à l’échelle du monde occidental, par le « haut » (c’est-à-dire l’oligarchie des possesseurs de capitaux appuyées par la majeure partie des classes dirigeantes qui vivent d’elle) contre le « bas » (c’est-à-dire l’immense majorité des gens ordinaires et des classes moyennes, toutes origines confondues même si les albo-européens – c’est-à-dire les ethno-cultures blanches d’Europe – sont une cible privilégiée pour des raisons sur lesquelles il faudra revenir un jour).
L’hypothèse que nous formulerons alors, c’est que cette guerre, dont les premiers éléments se cristallisent dans le dernier tiers du XXe siècle, est devenue vraiment consciente au début du XXIe siècle, sans doute avec une date charnière au moment de la crise financière de 2008 qui a lancé à la ploutocratie financière un signal d’alarme quant à son possible effondrement.
Qu’on se comprenne bien : cette guerre hybride est consciente chez ceux qui la mènent, elle l’est beaucoup moins chez ceux qui la subissent. On peut simplement penser que les sursauts populistes ou souverainistes, comme celui du trumpisme jacksonien[xii] aux États-Unis, ou les explosions de type Gilets Jaunes ou contre le covidisme en France, sont des manifestations de défense instinctives de peuples qui ne veulent pas mourir.
Pour développer, en prenant la France comme exemple, on peut analyser un grand nombre de mesures démographiques, sociétales, culturelles, politiques et économico-sociales comme des actes de guerre contre la population autochtone. Chacune de ces mesures, prise individuellement, peut apparaître comme le fruit d’un mauvais hasard ou d’une dérive, mais envisagées ensemble et dans une chronologie qui apparaît cohérente, on se trouve bel et bien face à une guerre hybride du « haut » contre le « bas ».
D’un point de vue démographique, par exemple, il est extrêmement troublant de constater la complémentarité dans le temps et les effets produits, de la politique favorisant l’avortement, de la politique favorisant l’installation de nombreuses populations africaines et des réformes sociétales affaiblissant la famille traditionnelle et encourageant l’homosexualité comme le transgenrisme.
Qu’on se comprenne bien : chacun de ces éléments pouvait se justifier à petite dose : autorisation d’avortement pour résoudre des pathologies, les conséquences de viols ou d’incestes ; l’immigration d’individualités ayant démontré un amour fort de la France et une volonté d’être « digérés » par elle ; au sein de la famille, un rééquilibrage juridique des rôles masculin et féminin ; la dépénalisation et la non stigmatisation de l’homosexualité etc.
Mais ce n’est pas ce qui s’est produit : on a fait de l’avortement, qui concerne surtout les femmes blanches, un phénomène massif et un « droit » éminent ; on installe à jet continue des populations entières qui n’ont plus ni l’envie ni le besoin de rechercher l’assimilation ; on inverse les privilèges juridiques en survalorisant le féminisme par rapport à la condition masculine ; on fait de l’homosexualité et du transgenrisme un idéal social qui a le droit de s’imposer bruyamment sans être contesté…
On peut bien sûr voir dans ces phénomènes des mutations sociales et culturelles produites par le hasard d’une évolution culturelle « naturelle ». Il y a évidemment des tendances de longue durée dans lesquelles s’inscrivent les à-coups que nous décrivons. Mais, il ne faut pas se laisser abuser par l’illusion d’une trop grande naturalité des faits sociaux. Cela déresponsabilise. Dans l’histoire humaine, il y a des projets, des agendas, des objectifs qui s’incarnent dans des décisions prises par des individus ou des groupes concrets. Il y a des volontés à l’œuvre.
Dans le cas présent, si on considère les résultats de ces ensembles de décisions, on s’aperçoit qu’ils concourent tous à l’affaiblissement du peuple autochtone : affaiblissement démographique, affaiblissement moral, affaiblissement culturel, affaiblissement politique. Cet affaiblissement global permet à l’oligarchie (c’est-à-dire, rappelons-le sans cesse, aux possesseurs de capitaux appuyés par les classes dirigeantes qui gravitent autour d’eux) d’accroître son contrôle en générant, soit des conflits triangulés entre autochtones et allochtones, soit la liquidation des bases anthropologiques et culturelles d’une résistance collective à leur emprise. C’est bel et bien le résultat d’une guerre hybride du « haut » contre le « bas ».
Le[xiii] Covid 19 et la terreur sanitaire ont été l’occasion de monter d’un cran dans les hostilités[xiv]. Indépendamment de l’origine exacte du virus « chinois », accident de laboratoire ou accident naturel, il a été immédiatement saisi et utilisé pour malmener les peuples occidentaux et les placer sous dictature sanitaire. On a sur joué les risques pour attiser la peur et faire croire que l’on se trouvait devant une résurgence de la Grande Peste. On a enfermé les peuples par des confinements à répétition ou des couvre-feux. On les a placés sous contrôle policier permanent. On a volontairement enclenché un processus de destruction du travail indépendant. On a commencé un processus de séparation des individus pour les laisser seuls, sans possibilité de se coordonner. On a accéléré le processus de destruction de l’éducation populaire. Désormais, on est au-delà des méthodes d’ingénierie sociale traditionnelles, on est dans la stratégie du choc, dans la maltraitance globale, voire dans une volonté de destruction. La politique d’injection de produits expérimentaux douteux avec leurs terrifiants effets secondaires, pourrait même être reliée à des objectifs de dépopulation que semblent partager un certain nombre d’oligarques[xv]. La guerre hybride contre les peuples est montée d’un sérieux cran.
La brutalité de l’attaque a eu pour résultat un certain réveil instinctif des peuples occidentaux, un réveil trop partiel mais qui a le mérite de s’être produit. Il est fondamental que les « éveillés », ceux qui ont compris les enjeux et les méthodes de cette guerre hybride, accompagnent ce réveil en donnant du sens à ce qui se produit. Il faut expliquer sans cesse, donner des informations, mettre en perspective, avec pédagogie, en s’adaptant au niveau de conscience de chacun afin de « booster » et d’élargir ce premier mouvement. Car ce n’est que lorsque les cibles auront compris qu’une guerre d’extermination leur est faite, et pourquoi[xvi], qu’elles pourront réagir au bon niveau et entrer elles-mêmes dans la guerre hybride comme combattants conscients, en cessant d’être du pur gibier.
Jean-Patrick Arteault – 18 décembre 2022 - T & P.
Notes :
[i] Cf. en guise d’exemple cet article de Josias David Valle Guerrero : https://atalayar.com/fr/blog/le-conflit-en-ukraine-guerre-hybride-et-intervention-militaire-conventionnelle
[ii] Liang Qiao et Xiangsui Wang, La Guerre hors limites, Rivages poche, 2006 pour l’édition française.
[iii] Et cela, même si elle pouvait avoir des répercussions dans d’autres domaines (économiques, religieux, culturels etc.)
[iv] Carl von Clausewitz (1780 – 1831), officier et théoricien militaire prussien, auteur du célèbre livre De la Guerre (édition française chez Tempus – Perrin, 2014)
[v] Et on se rappellera que selon Carl Schmitt, le grand théoricien du Politique, la désignation de l’Ami et de l’Ennemi est l’acte politique fondateur.
[vi] Il faut reconnaître que Clausewitz n’avait pas méconnu la guérilla qu’il avait vu à l’œuvre en Espagne et au Tyrol contre l’armée napoléonienne. Il l’appelait la « petite guerre ».
[vii] Au passage, on rappellera ici que le terrorisme n’est ni un ennemi en soi, ni une idéologie mais une simple technique de guerre. Ceci pour souligner que toutes les « guerres contre le terrorisme » menées par les Occidentaux depuis trente ans sont des inepties.
[viii] Revue Stratégique 2016 – 1, p.11.
[ix] Revue Stratégique, ibid.
[x] On appelle « proxy » des états ou des organisations terroristes financées, armées et utilisées par des grandes puissances qui ne veulent pas intervenir elles-mêmes dans des guerres.
[xi] Lucien Cerise, Retour sur Maïdan. La guerre hybride de l’OTAN, Le Retour aux Sources, 2017, nouvelle édition chez Culture et Racines, 2022.
[xii] Jacksonien : relatif à Andrew Jackson (1767 – 1845), septième Président des USA, rendu célèbre par sa défense de la démocratie populaire, pour avoir été le seul président à avoir intégralement remboursé la dette de l’état fédéral et pour avoir lutté contre la ploutocratie financière et son projet d’une banque centrale privée. Donald Trump s’était explicitement présenté comme son héritier politique et avait fait accrocher son portrait dans le bureau ovale.
[xiii] Comme on a remarqué que dire « La » Covid était un marqueur sémantique des intellectuels organiques de l’oligarchie (et des covidiots naïfs qui les écoutent), on emploi délibérément le masculin…
[xiv] Nous aurions pu prendre aussi l’exemple de la terreur écologiste liée au supposé « réchauffement climatique d’origine anthropique » : ce sont les mêmes, avec les mêmes objectifs qui sont à la manœuvre.
[xv] On peut se référer ici au dossier très argumenté de Pierre-Antoine Plaquevent, Globalisme et Dépopulation. Biopolitique, vaccination, transhumanisme, Stratégika, TheBookEdition.com, 2022.
[xvi] Nous renvoyons ici à de précédentes interventions, dans la revue TP Mag ou sur le site, sur le sens du Great Reset, sur l’État Profond, sur l’Oligarchie et la guerre de civilisation à l’œuvre dans le conflit OTAN – Russie.