TOUT VA BIEN SUR LE TITANIC
Ce pauvre Benoît XVI n'en revient pas. On lui fait une querelle d'Allemand parce qu'il a benoîtement cité, au cours d'un long discours prononcé le 12 septembre en Allemagne, à l'université de Ratisbonne – discours consacré aux rapports entre raison, violence et religion – quelques passages d'une controverse ayant opposé l'empereur byzantin Manuel Il Paléologue (1350-1425) à un érudit musulman. Texte que peu de gens connaissent, évidemment, mais que le fin théologien qu'est Benoit XVI connaît, lui. La controverse porte sur la violence et la religion : l'empereur dit à son interlocuteur : "Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait". Benoit XVI, dans son discours, explicite le point de vue du souverain byzantin : "L'empereur explique pourquoi il est absurde de diffuser la foi par la violence. Une telle violence est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme : Dieu n'aime pas le sang (…) Agir de manière déraisonnable est contraire à la nature de Dieu". Blasphème ! C'est en tout cas ainsi que les musulmans ont dénoncé, partout dans le monde, les paroles du pape. En exigeant qu'il demande pardon à l'islam…
Bien entendu, il s'agit là d'une instrumentalisation destinée à saisir le premier prétexte venu pour culpabiliser et humilier une Eglise catholique assimilée à l'Europe. Cette Europe que l'islam veut soumettre à la loi d'Allah. Une volonté de conquête religieuse recouvrant et justifiant, en fait, une conquête ethnique, dont certains aspects se révèlent : parmi les Africains squatters de Cachan – qui exigent haut et fort des logements aussi confortables que vastes et gratuits (et pas n'importe où, s'il vous plaît !) – un cas de tuberculose a été repéré. Une maladie qui avait disparu de France…
21 mars : les Français découvrent sur leurs écrans de télévision un homme allongé sur un lit d'hôpital, le visage déformé par les coups reçus, un œil fermé par des caillots de sang. Des images qui font choc. Celles d'un homme qui a commis deux crimes : être flic, être Européen. Il s'appelle Ludovic Aubriot. Il est capitaine de CRS. Deux jours plus tôt, en soirée, il faisait une patrouille de routine, avec un collègue, dans une voiture banalisée. Dans le quartier des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes. L'une de ces zones pourries que l'on appelle des "quartiers sensibles" dans le jargon hypocrite des institutions officielles. Leur voiture ayant été lapidée à coups de pavés par trois individus, les CRS en sont descendus. Une vingtaine d'agresseurs ont alors surgi, les ont jetés à terre et frappés à coups de barres de fer.
"Un véritable guet-apens" constatent les supérieurs des deux blessés. "Un lynchage" reconnaît Sarkozy – vous savez, celui qui est partisan de la "discrimination positive"… Le quotidien Libération, fidèle à lui-même, s'est penché sur les états d'âme, concernant cette affaire, d'Abdelkader, "longtemps médiateur dans la cité voisine des Pyramides". Pour ce citoyen d'élite, c'est "une embuscade. C'est comme une guerre. Il y avait les jeunes de tout Tarterêts. Ceux qui ne sont pas en prison. Le plus vieux n'a pas 17 ans. Qui n'a pas commis quelques actes à ces âges-là ?". C'est vrai, ça. On a tous "commis quelques actes à ces âges-là". Volé des carambars, par exemple. Tiré la sonnette des voisins. Ou massacré des CRS à coups debarre de fer.
Libération a interviewé un autre expert, Hamza Bouguerra, animateur de quartier et responsable de l'Association des Jeunes des Tarterêts (AJT… ces gens ont de l'humour). Lui, il a tout compris : "Que faisaient deux flics à dix heures du soir tout seuls. C'est un suicide. Ils n'avaient rien à faire là". Cet individu, salarié en temps que "médiateur" aux frais du contribuable, exprime à sa façon ce qu'en éthologie on appelle l'impératif territorial : une population donnée, pour affirmer son identité, revendique l'occupation et l'usage exclusif d'un territoire, son territoire. L'interdit aux autres populations. Et agresse ceux qui enfreignent l' interdit.
Ils ont bonne mine ceux qui, Sarkozy en tête, affirment à grands coups de menton quasi mussoliniens que la loi de la République doit régner sur tout le territoire de la République. La République ? Les "jeunes" lui pissent dessus.
Ceux qui le savent particulièrement bien, en raison de leurs fonctions, ce sont les préfets. Celui de Seine-Saint-Denis a jeté un pavé dans la mare, en adressant avant l'été au ministre de l'intérieur une note qui est un constat lucide, sans faux-fuyants : augmentation de 14 % des violences aux personnes et de 23 % des vols avec violence au cours du premier semestre 2006. Car "ce département concentre les facteurs de délinquance avec une population proportionnellement plus pauvre et plus jeune qu'ailleurs en Ile-de-France". Le préfet ne mentionne pas le facteur ethnique dans ce rapport. Mais il s'est fait, depuis, plus précis, au sujet des "attaques aux personnes" : "Elles son fréquemment commises par des groupes de 4 ou 5 individus d'origine africaine ou maghrébine" (Le Monde, 22 septembre).
Par ailleurs le préfet pointe du doigt les responsabilités des juges, dont le laxisme à motivation idéologique – le préfet parle du "dogmatisme du juge des enfants dans ce département" –fournit aux mineurs délinquants un sentiment d'impunité. Tandis que l'IGS (Inspection générale des services, "la police des polices") réussit à démoraliser les policiers de terrain par des enquêtes "rudes et disproportionnées" dès qu'on touche à un cheveu d'un "jeune". Les élus de droite et de gauche du département – en particulier les maires, placés en première ligne dès qu'il y a des « problèmes » – ont salué le courage du préfet. Le maire communiste de La Courneuve, évoquant les suites des émeutes de novembre 2005, déclare même : "Le problème s'est accentué". Osant du coup rompre la loi du silence, 28 préfets, en charge de départements de différentes régions, ont rejoint dans leurs constatations leur collègue de Seine-Saint-Denis. Ainsi le préfet de Belfort a-t-il transmis à son ministre les instructions écrites, effarantes, du procureur de Belfort, prescrivant de "limiter le nombre des gardes à vue" et de "ne pas mettre en œuvre" l'article de loi réprimant l'occupation abusive des halls d'immeuble.
On voit où l'on en est. Mais il y a plus grave. En effet, prenant ses fonctions, le général Cuche, nouveau chef d'état-major de l'armée de terre, a déclaré à la presse sa volonté de recruter désormais plus d'officiers issus des "minorités visibles" (traduction : des Noirs et des Maghrébins). Car il juge "opportun que l'armée soit le plus proche possible" de l'image de la nation (Libération, 23-24 septembre). Autrement dit multiethnique.
C'est déjà le cas pour les militaires du rang, comme le constate avec jubilation Libération, où "les engagés issus des « minorités visibles » se bousculent au portillon. La loi interdit toute mesure statistique sur l'origine ethnique des soldats, mais une simple visite dans un régiment le montre". Un officier avoue : "Ils sont très nombreux, au-dessus de la moyenne nationale"'.
A ce niveau, l'inconscience et l'irresponsabilité sont proprement criminelles. Il faut en prendre bonne note. Pour l'avenir. Car les conséquences de ce délire seront dramatiques.
Pierre VIAL