ET MAINTENANT LES GROS MOTS

Nettoyage"..."guerre urbaine"..."populisme"... Oh, que voilà donc de bien vilains gros mots. Passe encore qu'ils soient utilisés par les affreux que nous sommes. Mais ne voilà-t-il pas que son Eminence Sarkozy, grande figure de la République pure et dure, s'y met aussi ? Mais où va-t-on ? Les bonnes âmes, à juste titre, s'inquiètent. Car les bonnes âmes n'aiment pas que l'on appelle les choses par leur nom. Cela ne se fait pas.

Pourtant le constat, fait devant toute la presse assemblée pour la circonstance, est accablant. "Nettoyage". Il a dit "nettoyage". Et même "nettoyage au karcher" ! Le président de l'Union syndicale des magistrats s'étrangle, se drape dans sa robe et sermonne : "Le mot de nettoyage est un mot historique lourd de sens dont il faut éviter l'usage". Sarkozy s'assoie sur le sermon. Lui, il est là pour faire de l'abattage électoral. Il est là pour 2007. Le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale a tout compris et joue le jeu : "Seul un candidat populiste (...) peut l'emporter à la présidentielle. Sarko, lui, est populiste".

"Nettoyage", donc. Le mot est prononcé dans un endroit emblématique, La Courneuve. "Sarko" s'y est précipité. Car un garçon de 11 ans, Sidi-Ahmed, a été tué de deux balles de 9 mm, pris dans un règlement de compte. A base communautariste. C'est une journaliste du Monde qui le dit... Elle explique (22 juin 2005) : "La bagarre aurait eu lieu entre un Tunisien et un Comorien qui "sortait" avec la sœur du premier. « Le Tunisien n'a pas supporté que sa sœur soit avec un "Renoi" (Noir) », affirme une voisine de la victime. « Il a voulu le tuer. Mais le "Renoi" a tiré le premier et le Tunisien s'est caché derrière l'enfant »" . Le Monde ajoute : "La mort de Sidi-Ahmed délie les langues sur une vérité taboue : la haine opposant dans la cité les beurs et les Noirs, les "Rebeus" et les "Renois ". « Depuis que les "Renois" sont arrivés, c'est le bordel » disent en cœur les "Rebeus" de la cité. « C'est culturel, explique l'une d'eux. Les "Renois" ont plusieurs femmes et des familles de 10 à 15 enfants. C'est une machine à délinquance ». Une autre poursuit : « Avant c'était mieux, il y avait aussi des Français aux 4 000 » ". La journaliste du Monde se laisse aller à commenter le décor : on est dans une "barre immonde et gigantesque de 4 000 logements HLM" et le ministre Sarkozy a dû se déplacer "le long des murs taggés, dans des odeurs pénibles". Et, alors qu'il est venu vendre sa camelote, les habitants n'en ont rien à faire et, ministre ou pas ministre, "les palabres continuent".

Changement de décor (encore que...). Perpignan, trois semaines plus tôt. Huit jours après le lynchage du "Franco-Algérien" Mohamed Bey-Bachir par des Gitans, un autre Maghrébin a été tué. "L'appel à la vengeance s'est alors propagé de quartier en quartier : Saint-Matthieu, Saint-Jacques, le Vernet. En moins d'une heure, la ville s'est retrouvée à feu et à sang. Rue Dugommier, alors que tous les accès au quartier étaient bouclés par les forces de l'ordre, un attroupement de membres de la communauté maghrébine se pressait autour du lieu du crime pour crier sa haine et sa soif d'en découdre : "La guerre est déclarée. On ne va quand même pas se laisser faire" entendait-on dans la foule (...) Des groupes se sont détachés du rassemblement pour ouvrir la voie en direction de Saint-Jacques avec la ferme intention de "déloger les Gitans" de la place du Puig. D'autres arrivaient encore, barres de fer, couteaux et pelles de chantier à la main. Des habitants de Saint-Matthieu ont ensuite formé un cortège destructeur; brisant les vitrines des commerces de la rue Foch, fracassant les pare-brises et les vitres des véhicules, incendiant les poubelles et les voitures et laissant sur leur passage un spectacle apocalyptique dans toutes les rues du centre-ville. Les abords de la place Cassanyes avaient déjà sombré dans le chaos. Au milieu des flammes et des affrontements entre les forces de police et les casseurs, des coups de feu ont retenti depuis les fenêtres et les balcons des immeubles (...) Deux coups de feu ont été tirés contre les forces de l'ordre" (Le Monde, 31 mai 2005).

Vous avez dit "guerre urbaine" ? Bien entendu, le maire UMP de Perpignan explique à qui veut l'entendre que tout cela n'a rien à voir avec les communautarismes. Il n'y a que lui (et encore) qui le croit.

Une remarque : à La Courneuve, à Perpignan, ailleurs encore on nous parle de "Franco-Algériens", de "Franco-Marocains", de "Franco-Tunisiens". Question : ces gens sont-ils Français OU Algériens, Marocains, Tunisiens ? Français, sûrement, quand il s'agit de profiter de la manne des aides sociales en tous genres. Mais quand on en vient aux choses sérieuses — et la mort est toujours la minute de vérité — leur famille part les enterrer en Afrique du Nord. Retour aux origines. Retour à la vérité des réalités. Les réalités des communautarismes.

Face à cela, il nous faut dire, redire et marteler la nécessité vitale d'une conscience identitaire européenne.

P. VIAL

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