MONTÉE EN PUISSANCE IDENTITAIRE

Dans notre camp, de plus en plus de gens se disent identitaires. Nous nous en réjouissons. Nous ne ferons à personne de procès en revendication de paternité mais il est simplement juste de rappeler que nous avons été les premiers à mettre en avant ce terme, parce qu'il nous paraît définir au mieux ce que nous sommes (voir en particulier les éditos des numéro 10 et 11 de notre revue). Le terme pouvait surprendre au départ mais il a trouvé sa place dans le vocabulaire médiatique. Tout bonnement parce qu'il correspond à une réalité. Dans une remarquable étude de la crise du politique et d'un système de représentation confisqué à son profit par la classe politicienne, Alain de Benoist écrit "Le fait que la société se structure aujourd'hui essentiellement autour d'une revendication d'identité, plus encore que d'égalité ou de liberté, n'est pas le fait du hasard : au sein d'une collectivité politique, plus il y a de représentation et moins il y a d'identité" (Éléments n° 105 Juin 2002).

L'idéologie officielle, qui règne autant à gauche qu'à droite et qui est le point commun de cette France "d'en haut" qu'en d'autres temps on appelait le pays légal, considère la volonté identitaire comme l'ennemi absolu. Et cherche à l'éliminer par une technique bien connue, aussi vieille que la chasse aux hérétiques et que l'on appelle la diabolisation. Une illustration emblématique en est fournie par un récent numéro (26 août 2002) de la revue Marianne, gardienne autoproclamée de la vertu républicaine et "citoyenne" (ce terme est la dernière tarte à la crème du Système...). Pour faire frémir le lecteur, on lui explique que derrière la volonté identitaire se cache un monstre : le tribalisme. A Marianne, on regrette le bon vieux temps où les affrontements aux quatre coins de la planète étaient des illustrations du duel URSS­USA, communisme-capitalisme. Depuis qu'un seul des deux modèles survit, celui du mondialisme libéral, "dans l'immense vide ainsi créé s'est engouffré le flot le plus tumultueux de l'identitarisme ethnico-religieux". D'où l'horreur absolue : "La faillite des aspirations collectives a réhabilité le culte du sol et du sang". En effet, devant "l'effondrement des grandes doctrines universalistes et intégrationnistes", les individus se solidarisent avec leur communauté d'origine et l'appartenance identitaire est désormais donneuse prioritaire de sens.

L'appartenance identitaire, se lamente Marianne, est revendiquée par toutes les ethnies : "Avant d'être français, Ahmed, d'origine pakistanaise, se sent d'abord musulman. Le cœur d'Aiwa, de nationalité française, bat avant tout pour le Togo. Sarah, Française de confession juive orthodoxe, ne pense qu'à Israël". Quant à Mademoiselle Xang, elle se sent "plus l'héritière de Confucius que du siècle des Lumières". Ahmed, Aiwa, Sarah, Mademoiselle Xang... . Aucun d'eux ne veut s'intégrer au modèle occidentalo-libéral. Comme on les comprend.

Bref, alors que le concert des voix politiquement correctes nous dit que nous devons tous devenir citoyens du monde, les réalités se vengent : le multiethnisme révèle et met en relief la force irremplaçable des identités communautaires. Voilà de quoi nous encourager à continuer notre combat puisque nous sommes, tous comptes faits, dans le sens de l'Histoire.

P. VIAL

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