LE MOUVEMENT IDENTITAIRE

 

L'accueil fait au n° 1 de Terre et Peuple est révélateur d'une attente et d'un espoir : il est grand temps de dire, haut et clair, pour quoi nous combattons. J'écris bien "pour quoi" et non "pour qui" car les hommes n'ont de valeur, à nos yeux, que dans la mesure où ils incarnent le sens de notre combat, c'est à dire notre conception du monde.

 

Cette conception du monde est bien résumée par le mot "identité". Un mot qui échappe aux clivages partisans et nous nous en réjouissons, car nous refusons et proscrivons l'esprit de boutique, l'esprit de chapelle, ce vice bien gaulois qui entretient les divisions et donc les faiblesses de nos peuples pour la plus grande satisfaction et le plus grand profit de nos ennemis.

 

Soyons clairs. L'avenir est au mouvement identitaire. Un mouvement multiforme, multipolaire. Que mille fleurs fleurissent, et alors viendra le printemps des peuples. Un printemps qu'annoncent ces alouettes que sont les fortes identités culturelles qui se manifestent, chacune à sa façon, en Alsace, en Bretagne, en Corse, mais aussi en Lombardie, en Flandre, en Irlande, en Lituanie et dans bien d'autres pays, tant il est vrai que certaines terres ont su garder, en leur tréfonds, de solides racines, gages de l'éternel retour. Ces identités culturelles sont le meilleur barrage contre la marée noire du cosmopolitisme qui pollue tout ce qu'il touche. Étant bien entendu que nous lions organiquement identité culturelle et identité ethnique, l'illustration de cette nécessaire liaison étant fournie par les patries charnelles.

 

C'est pourquoi tout ce qui sert la cause identitaire est bon. Y compris l’action d'un José Bové, militant gauchiste déguisé en paysan du Larzac, qui sait user fort intelligemment des techniques de l'agit-prop pour mettre dans sa poche les médias bourgeois. (Paris Match lui consacre un papier extasié sous le titre "Astérix chez l'oncle Sam"... Il doit bien se marrer, le gaucho, en se disant - à juste titre - que les "bourges" sont décidément très cons.) Mais se rend-il compte, le José Bové, qu'il manipule de la nitroglycérine qui risque de lui péter dans la gueule ? Car, tel un apprenti sorcier, il tourne dans le grand chaudron de la vie un brouet redoutable, redoutable pour lui et ses copains : le combat pour l'identité, par sa puissance émotive et mobilisatrice, digère et assimile des références idéologiques coupées des réalités - comme l'est le gauchisme. (Quand la CFDT reprend à son compte le slogan "vivre et travailler au pays", elle se rallie, inconsciemment, à la doctrine de l'enracinement, c'est à dire très exactement l'antithèse de son idéologie officielle...)

 

En écrivant ces lignes, je me rends compte que j'utilise un langage très direct, fort peu académique... Certains vont encore dire que je suis vraiment trop populiste. Va pour populiste. Cela vaut mieux que la langue de bois ou l'eau tiède destinée à rassurer les frileux. Des frileux que, de toutes façons, les temps difficiles qui viennent vont inciter à se faire tout petits, pour essayer de se faire oublier. Et puis, populiste, populaire, rappellent que la raison première de notre engagement est le combat pour l'identité de nos peuples, tous les peuples frères de la Grande Europe. D'où la nécessité d'une solidarité, d'une liaison et d'une collaboration entre tous ceux qui se reconnaissent dans l'action identitaire, tout en respectant la liberté de chaque groupe, de chaque organisation. Une confédération des actions identitaires, efficace car très souple, est une idée à creuser.

 

Le mouvement identitaire est l'enjeu majeur des années décisives qui s'annoncent. C'est en fonction de lui, par rapport à lui que vont s'affirmer les véritables lignes de clivage, tandis que seront de plus en plus caduques les vieilles querelles politiciennes, qui n'intéressent et n'abusent plus grand monde, surtout au sein de la jeunesse. Faut-il être pour Chirac ou pour Jospin ? Quand j'entends une telle question je sors mon sac à dos et je pars marcher en forêt, ce domaine des fées et des lutins qui est ma vraie patrie. Pour retrouver le goût de la vie, loin des insectes accrochés à leur volant dans les embouteillages et chloroformés par France-Info.

 

Dans les médias il est de bon ton, à l'entrée d'un nouveau siècle, de poser de soi-disant questions existentielles sur le sens du Progrès, l'évolution des sociétés et des sciences, l'avenir de l'Homme, etc. Pour nous, la seule question qui vaille d'être posée est celle-ci : au moment où le modèle métis (voir "miss France"!) est célébré comme la référence obligée, incontournable, les peuples d'Europe seront-ils capables de résister, mentalement et physiquement ? De se battre pour affirmer et assurer leur identité, envers et contre tout ? Bref, sont-ils encore dignes de vivre ? La réponse est pour bientôt.

 

Pierre VIAL

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