Mardi 5 août. Les écrans de télévision montrent des soldats israéliens quittant la bande de Gaza. Hilares. Très contents d’eux. Ils peuvent. Leur tableau de chasse se monte à 1822 Palestiniens tués, dont plus de 400 enfants. Ensevelis sous les décombres d’hôpitaux, d’écoles, de bâtiments de l’ONU censés être un havre protecteur pour les civils. « C’est un scandale du point de vue moral et un acte criminel », une »violation flagrante du droit humanitaire international » a déclaré Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU.

Israël s’en contrefiche ouvertement, sous les applaudissements des Juifs du monde entier. Crimes de guerre ? Génocide ? Cela n’existe pas si ce ne sont pas des Juifs qui e      n sont les victimes.

Yves Darchicourt rappelle à juste raison, sur le site de l’excellente revue Synthèse Nationale, les « propos sans ambigüité » de l’Israélien Jacques Kupfer, co-président du Likoud mondial, le 15 juillet dernier : « Lorsque les alliés ont voulu mettre un terme à la guerre contre l’Allemagne nazie, ils ont détruit la ville de Dresde. A juste titre. Lorsque les Etats-Unis ont voulu mettre un terme à la guerre contre le Japon, ils ont détruit Hiroshima et Nagasaki en lançant la bombe atomique. A juste titre. Si nous voulons mettre un terme à la guerre, nous devons raser Gaza. Gaza doit devenir un champ de ruines d’où ne peuvent sortir que des gémissements ». Si une telle déclaration émanait d’un cinglé inconnu, on pourrait traiter son auteur d’irresponsable, au sens psychiatrique du terme. Mais elle émane de quelqu’un qui parle au nom d’un parti dont le chef, Benyamin Netanyahou, est Premier ministre d’Israël. C’est dire qu’elle représente le point de vue officiel de cet Etat. Lequel refuse par principe la seule solution possible – comme l’admettent certains Juifs – au conflit israélo-palestinien, à savoir l’existence de deux Etats, l’un juif l’autre palestinien, en application du principe  « Une Terre un Peuple » qui est notre credo doctrinal.

Netanyahou voit dans la boucherie de Gaza un double bénéfice politique : à l’intérieur, il soude autour de lui les Israéliens ; à l’extérieur, il amène les Juifs du monde entier  et leurs supporters occidentaux (Valls en est un exemple emblématique) à manifester leur solidarité inconditionnelle avec Israël, au-delà de toute autre considération, humanitaire ou pas.

C’est un calcul d’apprenti sorcier car 1) Le Hamas sort renforcé de l’épreuve, en incarnant le martyre du peuple palestinien 2) Les Juifs amassent sur leur tête un capital de haine qui va leur retomber dessus un jour ou l’autre. Un effet boomerang comme ils en ont connu beaucoup au cours de leur histoire, tant ils sont incapables de maîtriser leurs pulsions les plus violentes, en subordonnant tout aux intérêts de leur communauté, quelles qu’en soient les conséquences. Certains Juifs le savent fort bien et s’en inquiètent en privé. Car apparaître, aux yeux de l’opinion internationale, comme des tueurs d’enfants, est une bombe à retardement aux effets dévastateurs.

 

Pierre VIAL

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