Raffaela Stramandinoli, appelée depuis sa naissance « Assuntina » et connue sous le nom de « Donna Assunta », est décédée, ce 26 avril 2022, à l’âge de cent ans, à son domicile situé dans un quartier cossu de Rome. Elle était la veuve de Giorgio Almirante, le dirigeant historique, mort en 1988, de l’ancien parti politique néo-fasciste dénommé Mouvement social italien (MSI).
Née en 1921, à Catanzaro, en Calabre, dans la pointe de la botte, quelques mois après la fin de la première expérience fasciste – appelée « Régence italienne du Carnaro » – réalisée sur les confins orientaux du pays, à Fiume – de nos jours, Rijeka en Croatie – par l’écrivain et héros de la Première Guerre mondiale Gabriele D’Annunzio, avec la complicité d’anciens combattants – les arditi –, de futuristes, de dadaïstes et d’anarchistes, elle épouse en première noce le marquis Federico de Medici avec lequel elle a trois enfants.
Giorgio
En 1952, elle rencontre, à Rome, le député du MSI Giorgio Almirante – qui avait été le chef de cabinet du dernier ministre de la Culture, fusillé en avril 1945, de Benito Mussolini, Fernando Mezzassoma – et se sépare de son mari.
Raffaela et Giorgio ont, en 1958, une fille, Giuliana, reconnue par le marquis afin qu’elle ne soit pas un enfant illégitime.
Avant la mort, survenue en 1988, de Giorgio Almirante, elle soutient la prise de la direction du MSI par le tenant de la ligne conservatrice, jugée porteuse d’un point de vue électoral, Gianfranco Fini, au détriment du nationaliste-révolutionnaire Pino Rauti.
La fin du MSI
En 1995, le parti néo-fasciste MSI, qui a pris part en 1994 au pouvoir au sein du premier gouvernement de Silvio Berlusconi, se transforme, sous la direction de Gianfranco Fini, lors du congrès de Fiuggi, en parti post-fasciste, dénommé Alliance nationale. Assunta Almirante (Raffaela) critique cette évolution, qu’elle considère trop rapide.
Survient ensuite la disparition électorale et politique de Gianfranco Fini, qui a renié les idées du MSI les unes après les autres et a tenté de devenir le dauphin de l’insubmersible Silvio Berlusconi – avant de s’en séparer –, puis la naissance de Frères d’Italie, parti qui porte l’héritage politique du MSI et de l’Alliance nationale, et qui, sous la direction de Giorgia Meloni, ancien membre du MSI puis d’Alliance nationale, est désormais devenu, dans les sondages, le premier parti du pays, avec plus de 20 % des voix.
Assunta et Giorgio Almirante
Hommages
L’ancien dirigeant du MSI et d’Alliance nationale Gianfranco Fini affirme : « La disparition de Donna Assunta rassemble idéalement, dans l’émotion de la mémoire, tous ceux qui ont été inscrits dans le Mouvement social de Giorgio Almirante. »
Le sénateur de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, Maurizio Gasparri relate : « Elle a marqué une époque dans la vie italienne. Généreuse, prodigue en conseils, sincère, infatigable gardienne de la mémoire de Giorgio Almirante, elle a représenté au fil du temps une référence pour beaucoup. Son affection a été un privilège pour nombre d’entre nous. Je me souviens d’elle avec affection et émotion. »
Francesco Storace écrit au sein d’un long éditorial publié sur le média Internet 7colli.It : « Pendant des décennies, elle fut avant tout l’amour inlassable d’un leader dont elle a ensuite su protéger et transmettre la mémoire. » et « L’Italie – et pas seulement la droite – a perdu une grande personne. Gardons-en tous le souvenir qu’elle mérite. »
Le chef de la Ligue, Matteo Salvini, affiche sur Twitter : « Bon voyage et une prière pour Donna Assunta Almirante. Cent ans vécus intensément. »
Giorgia Meloni, la dirigeante de Frères d’Italie, prétend sur Facebook que c’était une « femme extraordinaire, sincère, intelligente, un pilier de la mémoire historique de la droite italienne. » Elle ajoute « En mon nom et au nom des Frères d’Italie, j’exprime mes plus sincères condoléances pour cette disparition, ainsi que le respect et la gratitude pour ce que Donna Assunta a représenté pour nous tous. Au revoir. »
Le chef de groupe des élus de Frères d’Italie à la Chambre des députés Francesco Lollobrigida publie sur Twitter : « Vous avez traversé et marqué l’histoire de la droite italienne. Salut Donna Assunta Almirante, maintenant vous pouvez rejoindre le vôtre, notre Giorgio. »
La présidente du Sénat, membre de Forza Italia, Anna Maria Bernini la décrit : « Une pasionaria lucide qui a toujours su regarder vers l’avenir tout en préservant les racines d’une communauté politique dont elle est restée jusqu’au bout une référence irremplaçable. Un exemple de cohérence, de volonté de dialogue et de confrontation reconnu et apprécié de tous. Aujourd’hui une femme extraordinaire est décédée qui laisse un vide profond chez tous ceux qui l’ont connue. »
Massimo Magliaro, le porte-parole historique de Giorgio Almirante et auteur d’un ouvrage, paru en français aux éditions Synthèse nationale à Paris, sur l’histoire du MSI : « Une personnalité hors du commun. Elle n’a jamais été écrasée par la figure de son mari. Elle avait son propre caractère, sa propre façon de faire. Elle avait avec nous une relation mère-enfant. Assunta Almirante a été très ferme dans la défense de l’histoire politique de son mari. On dit toujours que, derrière les grands hommes, il y a de grandes femmes. C’est le cas classique. Elle a réussi à faire vivre seule la mémoire de son mari, avec ses initiatives qui se sont ensuite traduites dans la fondation Almirante. Elle allait partout où elle était appelée. Elle était une pèlerine en tournée pour l’Italie. Ils lui ont demandé d’être présente et elle est partie immédiatement, se lançant dans de très longs voyages même lorsqu’elle avait atteint un âge avancé. »
Le président d’Italia Viva, le parti libéral de l’ancien Premier ministre Matteo Renzi, Ettore Rosato annonce sur Twitter : « Un témoin important de l’héritage moral et politique de son mari Giorgio Almirante et du mouvement social italien disparaît. Une femme d’une grande intelligence et d’une grande lucidité, également respectée par les opposants politiques. Une pensée à la famille, dont nous sommes proches en ce moment de douleur. »
Lionel Baland
Source : Breizh-info.com, 2022.