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José Medina, 36 ans, en Colombie, le 13 septembre 2024. AFP - JOAQUIN SARMIENTO

 

Deux anciens soldats colombiens partis combattre en Ukraine seront jugés à Moscou en octobre 2024. Alexander Ante, 47 ans et José Medina, 36 ans, encourent une peine de 15 ans de prison. Les deux hommes ont été arrêtés en juillet dernier à l’occasion d’une escale à Caracas alors qu’ils rentraient en Colombie après plusieurs mois sur le front. Le Venezuela les a envoyés en Russie, sans prévenir ni leur famille, ni le gouvernement colombien

Les familles des deux hommes, très modestes, se sont démenées pour alerter l’opinion de leur disparition, raconte la correspondante de RFI à Bogota. José Medina et Alexander Ante avaient prévenu de leur retour en Colombie. Ils comptaient passer par la Pologne et avec une première escale à Madrid. Pourquoi une escale au Venezuela ? Probablement parce que les billets étaient moins chers.

De Caracas, Alexander a appelé sa famille. José a envoyé un message. Mais ils ne sont jamais arrivés à Bogota. Les familles ont contacté un député d’opposition pour faire pression sur le gouvernement de Gustavo Petro et tenter d’en savoir plus. Finalement, le 28 août, la Russie a annoncé que les deux Colombiens étaient détenus à Moscou. Dans une vidéo, on les voit menottés. La chaîne russe RT a ensuite diffusé une interview des deux hommes qui disent regrettés d’être partis en Ukraine.

 

D'anciens soldats colombiens partis combattre aux côtés des Ukrainiens

L’armée ukrainienne recrute à l’étranger et paie – dit-on - 3 000 dollars par mois. C’est beaucoup pour des ex-soldats colombiens qui dans leur pays en touchent 300 ou 400. Alexander qui avait passé 14 ans dans l’armée était au chômage depuis des mois, José avait, lui, un prêt à rembourser. Les mercenaires colombiens sont très recherchés.

Le pays a connu un long conflit armé et les militaires ont une vraie expérience de la guerre. Les anciens paramilitaires et les anciens guérilleros aussi. Selon les experts, il y aurait quelque 4 000 mercenaires colombiens engagés dans des conflits actuels. Bogota a reconnu qu’une cinquantaine de Colombiens étaient morts en Ukraine.

Le sort de ces deux hommes implique trois pays qui entretenaient plutôt de bonnes relations. Le président Petro, de gauche, s’est toujours prononcé en faveur d’une solution négociée entre la Russie et l’Ukraine. Et, il a été proche du président vénézuélien, enfin jusqu’au 28 juillet dernier, date de sa réélection contestée. En extradant les Colombiens, Nicolas Maduro s'est ainsi montré loyal envers la Russie – qui a reconnu sa réélection – et a pris ses distances avec Gustavo Petro qui ne l’a pas fait. Ces enjeux diplomatiques ne sont pas de nature à rassurer les familles de José et d’Alexander.

 

Moscou les accuse d'être des mercenaires

« Si le ministère colombien des Affaires étrangères avait agi, mon mari et son ami auraient pu être récupérés au Venezuela », affirme Cielo Paz, l'épouse de José Medina. Elle dit avoir frappé à toutes les portes possibles pour demander de l'aide.

Mi-septembre, le ministère des Affaires étrangères colombien a, pour la première fois, communiqué sur le sujet, indiquant avoir demandé à la Russie « des informations sur le statut juridique, la localisation et l'état de santé » des deux hommes, y compris d'un troisième détenu dont l'histoire n'avait jusqu'ici jamais été évoquée. Ce que l'on sait, c'est que la Russie leur a attribué un avocat commis d'office, avec lequel ils n'ont pas pu communiquer. Alexander Ante et José Medina rejettent l'étiquette de « mercenaires » car ils n'ont pas été engagés « par une société privée » mais par le gouvernement ukrainien, selon le frère d'Alexander.

Marie-Eve Detoeuf

Source : RFI - 23/09/2024

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