Fouille place des Carmes à Clermont-Ferrand : découverte de tombes médiévales d’une densité exceptionnelle. • © Archeodunum
Clermont-Ferrand a révélé un trésor caché depuis des siècles. Plus d’une centaine de tombes médiévales ont été découvertes place des Carmes. Une découverte exceptionnelle qui éclaire d’un jour nouveau l’histoire de la ville.
Clermont-Ferrand a livré un secret enfoui depuis des siècles. Lors des travaux d’aménagement de la place des Carmes, quartier historique de la capitale auvergnate, des fouilles ont révélé plus d’une centaine de sépultures médiévales. Une découverte majeure pour comprendre le passé de la ville. « On ne s’attendait pas à une telle densité, c’était une surprise », confie Jérôme Besson, responsable scientifique.
Plus d'une centaine de tombes
« Tout a commencé avec un diagnostic archéologique demandé par les services de l’État, explique Jérôme Besson, responsable scientifique. L’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) a réalisé ce diagnostic, et il s’est avéré positif. Dans quelques tranchées, nous avons trouvé des vestiges importants. Cela a conduit à une fouille sur une grande surface ».
Fouille archéologique place des Carmes à Clermont-Ferrand. • © Archeodunum
Au total, près de 2 500 m² ont été explorés dans ce secteur historique. Et après plusieurs mois de fouilles menées par Archeodunum, sous le contrôle du Service Régional de l’Archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes, le résultat est impressionnant. Au cœur du parvis, une tranchée a révélé une densité incroyable : plus d’un squelette par mètre carré, avec au moins 80 individus sur seulement 57 m². Une concentration funéraire exceptionnelle qui dépasse toutes les attentes. « Nous avons découvert plus d’une centaine de tombes médiévales en tout, témoigne Jérôme Besson. C’est assez conséquent ».
Le mystérieux cimetière du monastère de Chantoin
Ces tombes appartiennent probablement au cimetière de l’ancien monastère de Chantoin, cité dès le haut Moyen Âge. « On pense que ce cimetière accueillait des laïcs, pas seulement des religieux, précise l’archéologue. Il y a des enfants, des bébés, des adultes, hommes et femmes. Ils souhaitaient être inhumés ‘ad sanctos’, près des saints, pour bénéficier, sans doute, d’une protection spirituelle ».
Aucun objet personnel ou parure n’a été retrouvé avec les corps. « Il y a une forme d’anonymisation à l’inhumation, poursuit Jérôme Besson. Pas de bijoux, pas de stèles funéraires. Juste le corps placé sous terre, à proximité du monastère ».
Plus d’une centaine de sépultures médiévales découvertes lors des fouilles place des Carmes à Clermont-Ferrand. • © Archeodunum
En parallèle de cette découverte, les archéologues ont aussi révélé des vestiges romains. « Ils montrent que cette zone était en périphérie de la ville gallo-romaine, mais déjà un secteur urbanisé, ajoute le scientifique. Cela repousse un peu les limites de la ville telles que nous les connaissions ».
Seules les tombes directement menacées ont fait l’objet d’une fouille exhaustive. Pour le reste, des discussions sont en cours pour assurer la sauvegarde du site. Les vestiges - ossements, poteries, objets métalliques - seront étudiés pendant au moins deux ans. « Ces objets seront conservés dans des dépôts d’État, prêts pour de futures recherches », précise l’archéologue.
Le coût global de l’opération s’élève à 10,5 millions d’euros, dont 2,4 millions pour les fouilles. La livraison des travaux d’aménagement est prévue pour septembre 2025.
manale makhchoun
Source : France 3 Auvergne-Rhône-Alpes - 16/07/2025
