Une tombe rare et scellée depuis 2600 ans, appartenant à la civilisation étrusque, a été découverte dans le centre de l'Italie. © SGARP / Jerolyn Morrison
Une équipe d'archéologues a fait une découverte exceptionnelle en Italie : une tombe étrusque intacte datant du VIIe siècle avant J.-C. et dont le riche matériel funéraire livre un aperçu rare et précieux de cette civilisation pré-romaine.
Le 15 juillet, l’équipe de chercheurs du projet international des recherches archéologiques de San Giuliano (SGARP), dirigée par l’Université Baylor au Texas, a découvert une remarquable tombe étrusque dans la nécropole de San Giuliano, situé dans le parc régional de Marturanum, près de Barbarano Romano, à 70 kilomètres au Nord-Ouest de Rome. Fait exceptionnel pour cette région en proie aux pilleurs de tombes depuis l’Antiquité, celle-ci est restée inviolée depuis près de 2600 ans. Les archéologues ont ainsi pu découvrir qu’elle abritait les restes de quatre individus inhumés avec plus de 100 objets remarquablement bien conservés. Cette découverte est considérée comme l’une des plus importantes de ces dernières décennies pour la compréhension de la civilisation étrusque.
« Cette chambre funéraire complètement scellée représente une découverte rare pour l’archéologie étrusque, explique le Professeur Davide Zori qui dirige le SGARP. Dans la région vallonnée du centre de l’Italie, où travaille l’équipe, une tombe à chambre préservée de cet âge n’a jamais été fouillée avec des techniques archéologiques modernes. » Depuis le lancement du projet, l’équipe a répertorié plus de 600 tombes sur le site archéologique du plateau de San Giuliano. Toutes les autres tombes à chambre précédemment identifiées ont été pillées au fil des siècles, ce dès l’occupation romaine à la fin du troisième siècle avant J.-C.
L’équipe de chercheurs du SGARP, dirigée par Davide Zori, s’apprête à retirer la dalle de pierre qui protège l’entrée du tombeau depuis plus de 2 600 ans.© SGARP / Jerolyn Morrison
En explorant la tombe restée intacte, les archéologues ont pu inventorier une centaine d’objets, comme des vases en céramique, des ornements en bronze, des armes en fer ou encore de délicats accessoires pour cheveux en argent. L’analyse préliminaire de ce riche matériel funéraire suggère que les individus inhumés, sur des lits en pierre, pourraient être deux couples formés chacun d’un homme et d’une femme, mais une étude anthropologique, isotopique et génétique des restes dit encore être réalisée pour confirmer cette hypothèse.
Les vases étrusquo-corinthien découvert dans la tombe de San Giuliano par l’équipe du SGARP. © SGARP
Vers une meilleure compréhension des rites funéraires et religieux étrusques
Peuple fascinant de la Méditerranée ancienne, les Étrusques ont développé une civilisation raffinée et florissante au centre de la péninsule italienne, entre le IXe et Ier siècle av. J.-C. Organisés en cités-États autonomes, ses peuples excellaient dans le commerce maritime (en particulier avec la Grèce, l’Égypte et l’Orient), la métallurgie et les arts. Leur société, dont l’apogée se situe entre le VIIIe et le IIIe siècle avant J.-C., se distinguait par le rôle émancipé des femmes, des pratiques religieuses complexes (divination, rites funéraires élaborés) et un art de vivre sophistiqué au sein duquel le rituel du banquet prenait notamment une place prépondérante.
Modélisation en 3D de la tombe inviolée découverte en 2025 à San Giuliano © SGARP
Progressivement absorbés par Rome, les Étrusques lui ont légué un riche héritage culturel, religieux et politique avant de disparaître définitivement au Ier siècle av. J.-C. Pour Davide Zori, la découverte de cette tombe préservée du temps à San Giuliano « est une occasion unique d’étudier les croyances et les traditions funéraires de cette fascinante culture ». Les Étrusques étaient en effet considérés comme « le peuple le plus religieux du monde antique », tant ils sacrifiaient à de nombreux rites, fêtes et traditions et excellaient dans la pratique des arts divinatoires. Leurs rites funéraires étaient également très codifiés.
Albert Serdet, Anne-Sophie Lesage-Münch le 28.07.2025