C'est une découverte fascinante qu'a faite l'équipe du Programme archéologique des glaciers de Oppland en Norvège, au mois d'août. Lors d'une expédition dans les montagnes du Jotunheimen, les archéologues ont déniché une flèche remontant à l'ère viking, il y a environ 1.300 ans, et qui a refait surface à cause de la fonte des glaces.
Dans les montagnes norvégiennes, la fonte des glaces continue de faire ressortir des trésors oubliés depuis des siècles. Après les flèches du Néolithique, les armes de chasseurs de rennes et la sandale de 1.700 ans, c'est un nouvel artéfact qui vient de refaire surface sur un site exploré par l'équipe du Programme archéologique des glaciers de Oppland (Secret of the Ice).
L'expédition a démarré à la mi-août et ciblait une plaque glaciaire située dans les montagnes du massif de Jotunheimen, au sud-ouest du pays. Une flèche datée de l'époque viking avait déjà été exhumée à cet endroit en 2007. En 2019, la zone a toutefois connu un épisode intense de fonte des glaces qui a fait ressortir d'autres pièces très bien préservées.
En retournant sur place, les archéologues de Secret of the Ice espéraient ainsi faire de nouvelles trouvailles. Ils n'ont pas été déçus. Quelques jours après l'installation de leur camp à quelque 1.750 mètres d'altitude, ils ont exhumé une première flèche très bien préservée dont l'âge a été estimé à 1.500 ans au vu de ses caractéristiques.
Comme l'a expliqué l'équipe sur sa page Facebook, l'artéfact est apparu entre des pierres, à proximité de la bordure inférieure de la masse de glace. Les spécialistes pensent qu'elle a probablement été perdue plus haut mais qu'avec la fonte, elle s'est retrouvée libérée de la glace puis transportée plus en contrebas où elle s'est retrouvée coincée entre les pierres.
« La flèche s'est probablement retrouvée exposée quelques fois après avoir été perdue dans la neige parce que l'empennage a disparu et que le tendon et la résine ne sont pas parfaitement préservés », ont détaillé les archéologues. « Malgré tout, sa préservation est assez impressionnante ».
La tête de la flèche est fabriquée en fer tandis que le bois est probablement du pin, bien que cela reste à confirmer. Cette pièce n'a toutefois constitué qu'une première découverte. Deux jours plus tard, c'est une autre flèche qui est apparue, là aussi entre les pierres et légèrement recouverte par de la terre.
Une flèche de l'ère viking vieille de 1200 ans
Au vu de ses caractéristiques, notamment la forme de pointe, cette pièce-ci a été datée de l'ère viking, probablement autour du IXe siècle de notre ère. La tête a été trouvée détachée du reste de la flèche et rouillée, probablement en raison du contact étroit avec le sol. Des restes d'écorce ainsi qu'une petite partie de l'empennage ont pu être observés.
« A partir de sa préservation, nous pouvons dire que cette flèche a été exposée plus longtemps que la flèche légèrement plus ancienne que nous avons publiée précédemment", ont précisé les archéologues dans une publication. « Mais quand même : quelle belle découverte ! ».
Les traces de nombreuses activités
Cette double trouvaille vient s'ajouter à la longue liste des artéfacts déjà retrouvés par l'équipe de Secrets of the Ice et qui s'étendent de l'âge du bronze jusqu'au XIVe siècle. Autant de pièces qui témoignent des nombreuses activités qui se sont déroulées pendant des siècles à travers ces glaciers norvégiens.
« Ce sont les plus hautes montagnes de Norvège avec de la glace vieille de plusieurs milliers d'années, qu'il s'agisse de glaciers ou de plaques glaciaires », justifiait en mars 2022 l'archéologue Espen Finstad, membre du projet, auprès de Sciencenorway.no lors de la découverte d'armes et d'affûts associés à de la chasse aux rennes remontant à quelque 1.500 ans.
« Il y a eu beaucoup de rennes ici au fil des siècles, et les distances sont courtes entre les montagnes et les vallées où les populations vivaient. Donc les conditions de préservation ainsi que le contexte culturel historique de cette région signifient qu'il y a eu beaucoup d'activités ici et que des choses y ont été abandonnées et préservées », ajoutait-il.
Outre la chasse aux rennes, les archéologues pensent que les peuples d'autrefois s'aventuraient aussi dans les paysages élevés et accidentés des montagnes pour rencontrer d'autres individus et réaliser des échanges, peut-être du commerce de cuir, de peaux, de bois de rennes ou d'autres biens.
Emeline FÉRARD - GEO