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Les peuples thraces, avec leur culture riche et distincte, ont joué un rôle important dans l'histoire antique de la région des Balkans, avant d'être progressivement intégrés dans le monde gréco-romain. Une récente découverte en Bulgarie révèle la tombe opulente de l'un de leurs réputés guerriers, et souligne son important son statut au Ier siècle apr. J.-C.

 

Thrace and present day state borderlines

 

« Ces découvertes sont précieuses non seulement pour la Bulgarie, mais aussi pour l'Europe », déclarent les archéologues bulgares dans un communiqué publié sur Facebook le 22 août 2024. Sur le territoire du village de Kapitan Petko Voyvoda, dans la municipalité de Topolovgrad (sud-est de la Bulgarie), ils ont en effet récemment mis à jour des trouvailles « remarquables et uniques » : la riche tombe d'un ancien guerrier thrace, enterré avec de nombreux trésors au début de l'ère romaine dans la région (Ier siècle apr. J.-C.), estiment les spécialistes.

 

Qui étaient les Thraces ?

Le terme englobe les peuples indo-européens qui occupaient la vaste région de la Thrace, englobant l'actuelle Bulgarie, la partie nord de la Grèce et la partie européenne de la Turquie – l'emplacement des nouvelles révélations, Topolovgrad, se trouve d'ailleurs à proximité des frontières grecque et turque. Les premières mentions des Thraces remontent à l'époque de l'Antiquité classique, à travers des auteurs grecs comme Hérodote. Ils étaient organisés en tribus et en royaumes, parmi lesquels les Odryses, les Besses ou les Gètes, notamment.

Bien qu'ils n'aient jamais formé un empire unifié comme leurs voisins les Grecs ou les Romains, les Thraces avaient une société bien structurée, avec une classe aristocratique d'habiles guerriers – dont le plus célèbre est sans doute le gladiateur Spartacus. Ils étaient en effet réputés pour leurs compétences militaires, en particulier comme cavaliers et fantassins légers, si bien qu'ils étaient appréciés des armées grecques et perses. Leurs mercenaires ont par la suite servi dans les forces auxiliaires romaines (non citoyennes) pour soutenir les légions.

D'autant que durant les guerres macédoniennes (214 av. J.-C. à 146 apr. J.-C.), leurs territoires sont annexés en tant qu’État client permanent de la République puis de l'Empire romain. Sous cette domination, de nombreuses régions thraces sont intégrées aux provinces romaines de Mésie et de Thrace. Et bien que les populations conservent certaines de leurs traditions (par ailleurs sophistiquées), cela marque le début de leur assimilation progressive dans les cultures dominantes de l'époque ; elles finissent par être largement hellénisées ou romanisées.

 

Le lieu de repos d'un riche guerrier

En outre, les Thraces pratiquaient des religions polythéistes, honorant une variété de divinités liées à la nature, à la guerre et à la fertilité. Leur art religieux se manifestait à travers de tombes monumentales, dont celles de la période hellénistique et romaine, notamment, sont célèbres pour leurs fresques luxueuses et leurs artefacts précieux. Ces derniers témoignent du niveau élevé des richesses et du statut des individus enterrés il y a plusieurs millénaires.

C'est ce qui a permis aux experts bulgares d'établir que la sépulture qu'ils ont décelée lors de fouilles de sauvetage appartenait à un guerrier thrace aisé. À l'intérieur, ils ont découvert de nombreuses offrandes funéraires, tels qu'un collier, une couronne et une bague en or. Elle renfermait également des équipements de combat : deux épées, un fourreau, différents types de couteaux et de lances, une cotte de mailles ; mais aussi, un couteau de chasse en or orné de pierres précieuses et de motifs uniques, sans aucun autre exemple connu en Bulgarie.

Les recherches adjacentes à la tombe ont aussi révélé les restes squelettiques d’un cheval et de son harnachement, décoré avec des éléments en or. C'est ce qui laisse penser à l'équipe dirigée par Daniela Agre, du département thrace de l’Institut national bulgare d’archéologie, que l'individu inhumé-là était un cavalier thrace, comme souvent représenté dans les reliefs anciens du monde romain. À ce stade, les spécialistes datent la sépulture du début du Ier siècle apr. J.-C., si bien que le guerrier pourrait avoir été un haut dignitaire au service de Rome.

 

Préservation des précieux artefacts

Les fouilles se poursuivent à Kapitan Petko Voyvoda. D'après Daniela Agre, interrogée par le média Haskovo.info, d'autres trouvailles continuent d'émerger, telles un récipient et une cruche en bronze, donne-t-elle pour exemple. Si les lieux semblent aujourd'hui « au bout du monde », ajoute-t-elle, depuis le Ier millénaire av. J.-C. et tout au long de la période romaine, « il y avait ici une vie intense, comme en témoignent les nombreuses riches villas aristocratiques de la région ».

Les objets récupérés – dont certains ont des parties dégradées par le feu du bûcher de l'enterrement il y a deux mille ans – ont été envoyés au musée d'histoire de Topolovgrad, où ils seront conservés jusqu’à ce qu’une exposition permanente soit organisée. Afin de soutenir la préservation de ces découvertes uniques, la municipalité envisagerait la construction d'une salle de coffre, pour la conservation du patrimoine culturel, avancent nos confrères bulgares.

Mathilde Ragot Journaliste rédactrice web Histoire GEO.fr - 26/08/2024

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