{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}’offensive déclenchée par Villepin, exécuteur des basses œuvres de Chirac, contre le courant identitaire, vicieusement amalgamé avec les débiles mentaux et les provocateurs qui prospèrent aux franges de l’extrême-droite, ne nous détournera évidemment pas de notre mission. Celle-ci, il faut le rappeler sans cesse, est aussi simple que claire : amener les Européens à prendre conscience de leur identité. Par la découverte ou une meilleure connaissance de ce qui est l’expression de l’âme d’un peuple, sa culture.
Cette action culturelle semble beaucoup chagriner ceux qui aimeraient bien que les Européens, précisément, soient amnésiques en ce qui concerne leur patrimoine culturel. Car cela permettrait aux apôtres du cosmopolitisme de faire un grand bond en avant vers ce nouvel ordre mondialiste qu’ils veulent imposer à la planète. A regarder autour de nous, leur œuvre de destruction est déjà largement avancée. Mais il reste quelques grains de sable pour gripper la machine monstrueuse qu’ils ont fabriquée : ces femmes et ces hommes qui, dans diverses régions du monde, restent viscéralement attachés au souvenir de leurs origines et qui veulent transmettre ce bien si précieux, irremplaçable, à leurs enfants et aux enfants de leurs enfants. C’est pourquoi une solidarité sans faille doit unir, le plus concrètement possible, toutes celles et tous ceux qui, sur tous les continents, se battent pour la même cause : LA CAUSE DES PEUPLES.
Cette cause des peuples est – ou, en tout cas, devrait être – au coeur de l’actuel débat sur la constitution de l’Europe et le referendum qu’elle provoque. Un referendum ambigu, vicié et vicieux du fait qu’il concerne le projet d’une Europe qui n’est pas la nôtre. Dire oui à l’Europe ? Évidemment, puisque nous nous sentons d’abord et avant tout Européens. Mais dire oui à l’Europe de Bruxelles, technocratique, libérale et mondialiste ? Évidemment non. On voit bien que l’alternative est piégée. D’où un débat difficile, car faussé à la base, pour chaque membre de Terre et Peuple qui veut, qui doit se prononcer en conscience. Il n’est donc pas question de fixer un mot d’ordre, sur le referendum, dans le cadre de Terre et Peuple. Chaque adhérente et adhérent de Terre et Peuple est adulte, conscient(e), responsable. Il serait déplacé de ma part de dire à chacune et à chacun ce qu’il doit faire. J’avoue d’ailleurs avoir beaucoup tourné et retourné en pensée cette question car les arguments aussi bien en faveur du oui que du non ne manquent pas – et je sais que les avis sont partagés au sein de Terre et Peuple, ce que je respecte totalement.
Un élément, cependant, me paraît peser lourd. Qu’on le veuille ou non - et trouver cela regrettable ou pas n’y change rien – beaucoup de nos compatriotes lient, dans leur esprit, le referendum sur la constitution et l’entrée de la Turquie dans la Communauté européenne. Et cette liaison est peut-être une chance pour cette prise de conscience identitaire que je définissais plus haut comme notre raison d’être. A cet égard, je suis totalement d’accord avec Dominique Venner lorsqu’il écrit dans son édito deLa Nouvelle Revue d’Histoire (n° 16, janvier-février 2005) : « Qu’est-on en droit de demander à une constitution européenne, sinon de dire en priorité ce qu’est l’Europe, définir son identité, fixer ses frontières ? Si la constitution ne dit pas cela, à quoi peut-elle donc bien servir ? Mais en réalité, elle répond à ces questions, bien que de façon masquée. Elle admet en effet implicitement qu’une population asiatique et musulmane comme celle de la Turquie, sans parler des masses turcophones qui afflueraient dans son sillage, peut être admise au sein de cette drôle d’Europe qu’elle a pour ambition de définir et d’organiser. On peut même dire que l’un des objectifs voilés de cette constitution est de favoriser l’inclusion de la Turquie en attendant d’autres pays du Moyen-orient et du Maghreb. N’en déplaise donc aux organisateurs du referendum, le projet de constitution européenne et la question de l’intégration de la Turquie sont indissociables (…) Le referendum sur l’Europe impliquant le refus de la Turquie pourrait être l’occasion, à notre époque, pour les Européens de prendre pour la première fois conscience de leur identité ».