Chronique d’une époque formidable
Justice à deux vitesses : Les media occidentaux, dociles aux injonctions de leurs sponsors-tuteurs, s’étranglent d’indignation parce que le président iranien Ahmadinejad a traité le gouvernement d’Israël de « raciste » à la conférence de Genève sur le racisme. Comme quoi il n’y a que la vérité qui fâche. Voir à ce sujet le livre d’Israël Shahak, Le racisme de l’Etat d’Israël (Guy Authier éditeur), qu’il a publié en 1975 alors qu’il était professeur à l’université hébraïque de Jérusalem.
Le Monde (24 avril) : « L’armée israélienne a publié, mercredi 22 avril, les résultats de plusieurs enquêtes internes qui exonèrent Tsahal de tout crime de guerre durant son opération militaire à Gaza en décembre-janvier ». Nous voilà rassurés.
Pantalonnade électorale : l’Algérien Bouteflika, qui a un air si patelin qu’on lui donnerait Allah sans confession, a été réélu président avec 90,24 % des suffrages. Très admiratif et un peu envieux devant cet art consommé du bourrage des urnes (cela dure depuis 1962, année qui marqua, comme chacun sait, le triomphe de la démocratie en Algérie). Sarkozy a envoyé ses « chaleureuses et amicales félicitations » à Bouteflika, qui, toujours modeste, n’a pas voulu rappeler qu’il avait pris auprès de la France tout ce qu’il sait en matière de républicanisme. Léger détail : alors que la participation a été, officiellement, de 74 %, la Kabylie a en fait très peu voté. L’identité berbère, qui refuse depuis toujours la domination arabe, est très vivante et l’avenir le montrera. Il y a d’ailleurs une exception kabyle par rapport à l’évolution régressive qui marque la société algérienne sous l’influence du fondamentalisme islamiste. Une enquête récente, publiée à Alger en mars par le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme, reconnu sur le plan international pour le sérieux de ses travaux, révèle que « la société algérienne est plus conservatrice qu’il y a dix ans et les libertés des femmes sont menacées » (Le Monde, 10 avril). Les mentalités ont même régressé. En 2000 27 % des Algériens se disaient favorables à l’égalité des sexes. Ils ne sont plus que 16 % aujourd’hui (…) A l’exception notable de la Kabylie, toutes les régions d’Algérie semblent touchées par une vague rétrograde. Seuls deux Algériens sur dix se disent ainsi favorables au travail des femmes. En matière d’habillement, sept personnes sur dix souhaitent que « toutes les femmes et les filles algériennes portent le hijab (NDLR : le voile islamique) ».
Pantalonnade parlementaire : le 9 avril l’Assemblée nationale a rejeté le projet de loi du gouvernement favorisant la la diffusion et la projection de la création sur Internet, dit « Hadopi », du nom de la haute autorité devant être chargée de lutter contre le piratage d’œuvres sur le Web. Le gag c’est que le projet a été rejeté par 21 voix contre 15. C’est à dire qu’il y avait ce jour-là dans l’hémicycle 36 députés…sur 577. Illustration d’un absentéisme chronique bien connu. Sarkozy a piqué une crise de rage. Jean-François Coppé, censé être le patron des députés UMP, s’est fait méchamment engueuler. Et n’a rien trouvé d’autre à dire que les députés sont absents des débats…parce qu’ils sont en commissions. Pieux prétexte et piètre excuse. Ceux qui s’intéressent de près au fonctionnement du Parlement savent très bien que l’absentéisme en commissions est aussi flagrant qu’en plénière. Le problème est d’ailleurs le même au Parlement européen, où un homme du sérail, Flavien Deltort, ancien collaborateur du député radical italien Marco Cappato, a entrepris de cocher les présences (ou absences) des élus pour évaluer leur degré d’assiduité. Il a donné une note de 0 à 10 aux uns et aux autres en fonction de leur participation aux plénières et aux commissions, de leur nombre d’interventions et de rapports rédigés. Marine Le Pen est une des rares à avoir obtenu…0. Elle illustre ce type d’élu qu’intéresse essentiellement le fait d’empocher les (très confortables) indemnités à la fin du mois.
André Brink, célèbre écrivain afrikaner qui a trahi son peuple en appuyant depuis très longtemps Mandela et ses partisans, avait évidemment applaudi l’arrivée au pouvoir de l’ANC. Aujourd’hui, il est très pessimiste sur l’avenir de l’Afrique du sud. Il en est venu à brûler ce qu’il avait adoré, en déclarant que l’ANC était « l’ennemi du peuple sud-africain ». A cause de la corruption de ses chefs : « C’est ma plus grande déception personnelle (…) Après quelques mois seulement au pouvoir, on a vu que certains se laissaient déjà aller aux abus » (Le Monde, 22 avril).
A la veille des élections européennes, Sarkozy enfourche à nouveau le cheval sécuritaire et multiplie les déclarations tonitruantes en ce sens. Il s’agit de battre le rappel de l’électorat qui l’a porté au pouvoir et tout spécialement celui d’origine lepeniste. Le Pen et sa fille ont beau avoir repris, récemment,
Jargon : le populisme est un sujet digne d’intérêt. Ernesto Laclau a publié La raison populiste (Seuil). Alain de Benoist dit, dans le n° 130 d’Eléments, tout le bien qu’il pense de cet ouvrage. En citant la définition que donne l’auteur du concept de peuple : « Un ensemble de demandes équivalentielles articulées par un signifiant vide est ce qui constitue un peuple ». Effectivement, il suffisait d’y penser.