Mythe européen fondateur de l’amour courtois, la légende de Tristan et Iseult fait l’objet d’une série de bandes dessinées. Le tome 1, qui vient de sortir, explore l’enfance chevaleresque du héros.
En Bretagne, dans le duché de Léon, au château du roi Rivalen, le jeune Tristan de Loonois commence très jeune son éducation de chevalier : épée, arc, nage, sculpture, chasse, harpe, chant… Formé par Gorneval, l’écuyer de son père, le jeune Tristan excelle dans tous les domaines. Mais son père est tué dans une embuscade par le duc Morgan. Contraint de fuir, il trouve refuge au sud de l’Angleterre, au château de Tintagel, où son oncle, le roi Marc, l’accueille. Pour se faire reconnaître, Gorneval lui donne une bague qui vient de sa mère Blanchefleur. Mais Tristan préfère rester anonyme et gagner l’estime de Marc pour ses qualités propres et non par sa filiation. Tristan montre alors ses nombreux talents de chanteur et de harpiste. Pour ses 20 ans, Marc offre à Tristan une prestigieuse épée. Ne voulant plus que Marc continue de devoir livrer comme esclaves de jeunes gens à un seigneur irlandais, Tristan doit affronter le Morholt, colosse en armure, frère d’Iseult, la reine d’Irlande…
La Sagesse des mythes, collection des éditions Glénat consacrée à la mythologie grecque, est devenue, en 2023, La Sagesse des mythes, contes et légendes. Son initiateur, le philosophe et ancien ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry, avait eu l’idée de proposer aux lecteurs de toutes générations des ouvrages de vulgarisation de la civilisation grecque. Il souhaite maintenant y ajouter des récits de l’héritage culturel médiéval.
Cette collection propose ainsi d’étudier la célèbre légende de Tristan et Iseult, dans une série prévue en cinq albums. Cette légende, qui selon certains chercheurs a des points communs avec un roman poétique persan du XIe siècle, a été façonnée par les différents peuples celtes, les Gallois, les Cornouaillais, les Bretons d’Armorique… entre le VIIIe siècle et le XIIe siècle.
Tristan et Iseut forment le couple légendaire le plus célèbre en Europe. Leur histoire, qui illustre la force irrésistible de la passion amoureuse, est bien connue : le roi Marc de Cornouaille envoie en Irlande son vaillant neveu Tristan chercher Iseult la Blonde pour lui demander sa main. Mais lors de la traversée du retour, Tristan et Iseult boivent un philtre d’amour consacré au marié, et tombent éperdument amoureux. Par droiture d’esprit, Tristan accepte de restituer Iseult à Marc. Il se marie avec une autre Iseult, Iseult aux Blanches Mains, laquelle est jalouse de l’amour que son mari porte à Iseult la Blonde. Lorsque Tristan, blessé à mort, appelle Iseult la Blonde à son secours pour le guérir, il convient que le bateau reviendra avec une voile blanche si elle accepte de le secourir. Mais l’épouse de Tristan, par jalousie, lui fait croire que la voile est noire. Se croyant abandonné, Tristan se laisse mourir. Puis Iseult la Blonde, apprenant la mort de Tristan, se laisse mourir dans ses bras. Leur amour leur survit dans les branches entrelacées de deux arbres plantés autour d’une chapelle…
La scénariste Clotilde Bruneau, dans ce premier tome d’une saga prévue en cinq albums, nous dévoile l’enfance méconnue de Tristan en Bretagne. Elle prend le temps de présenter les valeurs éducatives de la chevalerie. Tristan se révèle excellent élève en tout domaine, tant artistique que militaire. Lorsqu’il trouve refuge chez son oncle, le roi Marc, frère de sa défunte mère, il entend gagner son respect par ses actes, et non grâce à sa naissance. Clotilde Bruneau crée ainsi un récit chevaleresque. Elle bâtit celui-ci en alternant les scènes se déroulant dans le passé, qui illustrent la rencontre de Rivalen et de Blanchefleur, et celles présentant la fuite de Tristan vers le royaume de Cornouailles puis sa rencontre avec le roi Marc.
Le dessinateur italien Giuseppe Baiguera, né en 1970, enseigne à l’école internationale de bande dessinée de Brescia. Il alterne deux grandes séries de chez Glénat, Les grandes batailles navales et La sagesse des mythes. Dans une mise en page claire et dynamique, son dessin réaliste convient bien aux récits historiques. Sa reconstitution du château de Tintagel, fortification médiévale située en Cornouailles, au Royaume-Uni, est convaincante.
Luc Ferry imagine la trame de chaque tome mais ne le scénarise pas. N’étant pas un auteur de bande dessinée, il se contente d’écrire un cahier en fin d’ouvrage révélant le thème philosophique. Luc Ferry décrypte ainsi les diverses versions du mythe de Tristan et Iseult.
Kristol Séhec
Tristan et Iseult, tome 1, Le Château de Tintagel, 56 pages, 14,95 euros, Editions Glénat.
Illustrations : DR
Source : Breizh-info.com - 27/10/2024