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La banque américaine SVB (Silicone Valley Bank) a été fermée par les autorités financières américaines. Véritable coup de tonnerre dans le ciel réputé bleu de la Californie, la planète financière tremble à nouveau.

 

Que s’est-il passé ?

L’augmentation des taux d’intérêts de la Réserve Fédérale a rendu les emprunts plus difficiles, car les taux sont des « taux de base » auxquels les banquiers « prêteurs » doivent ajouter leur propre marge. La SVB finançait essentiellement des start-up de la Silicone Valley, entreprises en développement dont les besoins financiers sont importants. Certaines d’entre-elles ont dû, compte-tenu des difficultés à obtenir des crédits, faire appel aux liquidités qu’elles avaient déposé sur leur compte bancaire à la SVB. Jusque-là, rien d’anormal, si ce n’est qu’elles ont été nombreuses à le faire et que, pour honorer ses engagements, la SVB a été forcée de vendre des bons du trésor américain (US bonds) pour environ 21 milliards de dollars.

 

Le mauvais moment

Cela, en temps normal, n’aurait pas posé de problème particulier, mais nque de chance, la FED ayant relevé ses taux d’intérêt à 4,5 %, les bonds émis récemment sont beaucoup plus « attractifs » que ceux d’avant, qui ont plus de difficultés à trouver preneur. Le prix de ces derniers a chuté à la revente et, en définitive, la SVB a subi une perte de 2 milliards de dollars.

Mais ce n’est pas tout. Il faut garder présent à l’esprit que les banques doivent garder en fonds propres une fraction déterminée de leurs en-cours de prêts. C’est ce qu’on appelle les « règles prudentielles » et elles ne peuvent y déroger.

Evidemment, les banques placent leurs fonds propres et s’arrangent pour que ces placements soient les plus sûrs possible et, de ce point de vue, quoi de mieux que les « bons du Trésor » ?

Si elles ne sont pas obligées de les revendre et peuvent les garder jusqu’à la fin du contrat conclu ave  le Trésor américain, elles sont sûres de récupérer leur mise.

Par contre, et c’est le cas dont nous parlons, en cas de vente « anticipée », c’est la loi dite « du Marché » qui s’applique. La SVB a ainsi vendu à un cours inférieur d’environ 10 % du nominal.

Mais cela peut avoir des conséquences quasi incalculables car le nouveau prix de ces bons devient alors la référence et oblige toutes les banques qui en détiennent à recalculer leurs fonds propres, et cela réserve certaines surprises.

C’est ainsi que jeudi 09 mars, les quatre premières banques américaines ont essuyé une perte en capital cumulée de 52 milliards de dollars, provoquant la panique dans les marchés financiers.

 

Hasard ou non, la Chine vend aussi

On apprenait le mardi 03 mars que les réserves de change de la Banque de Chine avaient diminué durant le mois de février de 51 milliards de dollars. Pendant des années, la Chine a été le plus gros acquéreur des bons du Trésor américain et ce n’est qu’en 2019 que le Japon l’a dépassé.

Sur l’exercice 2022, les réserves en bonds américains de la Chine sont passées de 1040 milliards de dollars à fin 2021 à 867 milliards à fin 2022, soit une baisse de 173 milliards en un an.

On ne peut écarter l’idée que ces ventes massives soient un des aspects de la guerre financière qui oppose depuis 2019 la Chine aux Etats-Unis.

L’administration Trump a décidé fin 2018 d’augmenter les droits de douane sur certains produits chinois importés aux Etats-Unis afin de relancer l’industrie américaine. Cette mesure a été fortement contestée par la Chine qui y voyait une entorse au principe de l’économie libérale.

En réalité, les tensions entre les deux pays avaient, sur un plan économique, commencé bien avant.

C’est vers 2009 que la Chine s’est rendue compte que sa propre monnaie était en partie contrôlée par la Réserve Fédérale, en raison de ses énormes réserves de change en dollars, qui provenaient de ses exportations massives, lesquelles se faisaient quasi exclusivement en dollars.

 

La genèse de la « Guerre des monnaies »

Pour s’affranchir de ce monopole du dollar, et voyant dans la situation du Japon le danger que cela représentait pour elle, la Chine est passée à l’action. Assez discrètement au départ, pour ne pas éveiller la foudre de la finance internationale, elle a conçu un plan à long terme qui devait permettre, non seulement à elle, mais également à tous les pays qui la rejoindrait, de s’affranchir de ce carcan du dollar.

Sachant parfaitement que ce dollar était le pilier essentiel sur lequel s’appuyait l’hégémonie occidentale, il était tout à fait normal que la Chine soit suivie par tous les pays, grands ou petits, qui subissaient ou avaient subi ses méfaits. La guerre des monnaies que nous connaissons aujourd’hui est la cause profonde des désordres actuels.

 

Quelles perspectives aujourd’hui ?

Bien malin est celui qui pourrait prédire l’avenir. La baisse des valeurs financières semble se poursuivre ce matin 13 mars. Sur le plan politique, la situation est assez confuse. Nul ne sait qui sortira vainqueur de la guerre en Ukraine tant les informations apparaissent contradictoires.

Le monde d’aujourd’hui, en proie à un clivage grandissant entre l’Occident et le reste, donne l’impression d’être en attente d’un formidable évènement dont personne ne peut prédire ce qu’il sera. Espérons simplement que nos décideurs sauront raison garder.

Jean Goychman

Source : Breizh-info.com - 13 mars 2023

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