Irish potato famine Bridget ODonnel

 

Un million de morts. Deux millions d’exilés. Et un Empire britannique plus soucieux de profits que de vies humaines. C’est le terrible constat qui s’impose à la vision du documentaire La grande famine irlandaise, réalisé par Ruán Magan (2020), et désormais diffusé en France. Une plongée saisissante dans l’un des chapitres les plus sombres – et trop souvent occultés – de l’histoire européenne.

Entre 1845 et 1851, l’Irlande, alors colonie britannique, est frappée par une catastrophe sans précédent. Le mildiou, champignon venu d’Amérique du Sud, détruit les récoltes de pommes de terre, base quasi exclusive de l’alimentation pour des millions de paysans irlandais. L’île, misérable et surpeuplée, déjà exsangue d’un siècle de domination anglaise, sombre dans la famine.

Mais ce n’est pas une simple calamité naturelle. C’est l’inaction, voire la froide indifférence du pouvoir britannique, qui transforme cette crise en hécatombe. Tandis que les récoltes pourrissent et que les familles meurent à même la terre, Londres refuse d’intervenir. Pire encore : l’Angleterre continue d’exporter le bétail, les céréales et les produits agricoles de l’Irlande vers ses autres possessions, usant de l’île comme d’un grenier colonial vidé de ses habitants.

Une Europe hypocrite face à sa propre barbarie

Le documentaire de Ruán Magan s’appuie sur des archives rares, des récits poignants, et les éclairages d’historiens parmi lesquels le Français Fabrice Bensimon. Il démonte le mythe d’un Royaume-Uni civilisé et protecteur. Ce que l’on découvre, c’est une administration sourde à la souffrance, des élites économiques cyniques, et une classe moyenne anglaise qui justifie l’inaction au nom du libéralisme économique triomphant. « Les largesses sans fin ne peuvent s’éterniser », déclarent alors les responsables, pendant que le peuple irlandais meurt de faim, réduit au cannibalisme dans certaines régions.

Certains historiens vont jusqu’à parler de génocide par négligence, dénonçant un système qui a laissé mourir un peuple pour mieux le remplacer. Une politique d’écrasement qui n’aura pas été sans conséquences : la famine fut un élément déclencheur majeur des insurrections européennes de 1848, et un ferment de révolte qui nourrira durablement l’indépendantisme irlandais.

La grande famine irlandaise raconte l’histoire d’un peuple trahi par ses dirigeants, victime d’une politique coloniale déshumanisée. Il rappelle que les nations ne se détruisent pas toujours à coups de canon : l’indifférence, la lâcheté et le mépris peuvent suffire.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
Source : Breizh-info.com - 18/07/2025

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