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Le chevalier errant est une figure culturelle et littéraire de première importance typique du monde indo-européen. Celui-ci était dominé spirituellement par une caste de prêtres, mais politiquement par une caste de chefs de guerre. Car si les prêtres sont en charge des rituels et des cérémonies, ce sont bien les guerriers qui décident de la politique d'une cité ou d'un clan. En Inde, ces chevaliers, et autres princes, rois ou champions, font partie de la caste des kshatriyas, c’est-à-dire des hommes en armes. Leur rôle sur terre est de défendre le Rta (ou Dharma), une justice cosmique que l'on pourrait rapprocher de la foi martiale des djihadistes ou des templiers, tout comme du commandement chevaleresque de « défendre la veuve et l'orphelin ».

Le chevalier errant de la littérature médiévale est le fils d’une famille aristocrate, qui court l’aventure pour pouvoir à son tour s’établir dans un fief, au prix de bravoure ou de faits militaires. Selon la coutume, l’héritage familial revenait alors entièrement au plus âgé des fils ou au préféré du père, ce qui poussait les autres enfants à courir l'aventure, faute de pouvoir compter sur une part de l'héritage afin de s'établir à leur tour. De telles pratiques avaient pour objectif de ne pas voir le patrimoine familial divisé entre de trop nombreux prétendants, en concentrant tout le patrimoine familial et dynastique entre les seules mains d'un fils aîné.

Littéralement, un chevalier errant est donc un beau et fort chevalier qui va de contrées en pays pour redresser les torts des faibles et opprimés, et courir l’aventure dès qu’elle se présente. Il erre sur les chemins, accompagné de ses armes et de son cheval. Au cours de son périple, il est témoin de phénomènes extraordinaires (magie, êtres difformes, forêts sans fin, sommets inaccessibles, etc.) et va devoir faire preuve de courage et d’honneur ; sa force physique étant sans égale.

Pourtant, les chevaliers ne sont pas véritablement dans l'errance, car ils connaissent leur destination, et s'ils voyagent en nomade, c'est avant tout pour mener à bien une quête qui leur est propre et qui les obnubile. Plutôt qu'en errance, ils sont sur le chemin de la réalisation. Par-delà leurs multiples aventures, les héros chevaleresques tendent à réaliser leur idéal et rien ne les détournera de leur but. Leurs aventures successives sont parfois de simples digressions revenant sans cesse à la trame de base. Le plus souvent, ces aventures marginales font partie intégrante du long et rigide processus de la quête.

C'est précisément ce qu'expose le médiéviste Alexandre Micha dans son Essais sur le cycle du Lancelot-Graal :

« Errants, ils ne le sont qu’à moitié, dévoyés par des circonstances ou des appels fortuits. Le véritable chevalier errant est celui qui part pour partir, qui va au-devant d’une aventure inconnue. […] Certes nos chevaliers cueillent l’aventure, quand elle se présente, mais chacun sait où il veut aller, et s’il est provisoirement détourné de la destination qui a motivé le voyage, il ne perd jamais le point qu’il désire atteindre. »

Rédigé par G. de Visme

Source : site Arya-Dharma

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