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Au nord de l’île de Bretagne, bien au-delà des plaines pacifiées et des villes romaines florissantes, s’étendaient les terres farouches de Calédonie, peuplées de tribus montagnardes jalouses de leur indépendance. C’est là, sur ces territoires rebelles, que l’Empire romain mena l’une de ses campagnes les plus longues, les plus dures, et peut-être les plus vaines : la conquête des régions septentrionales.

Une résistance farouche face à l’impérialisme

La stratégie de soumission des peuples celtiques du nord de l’actuelle Angleterre débute réellement après la révolte emblématique de Boadicée. Celle-ci, bien que réprimée dans le sang, inspira d’autres soulèvements. Ainsi, les Brigantes, sous l’impulsion de Venutius, s’érigèrent contre la domination romaine. Leur territoire, immense et montagneux, obligea les légions à bâtir un réseau de fortins pour surveiller chaque vallée, chaque colline.

Les Silures et les Ordovices, au pays de Galles, furent eux aussi des adversaires coriaces, capables d’anéantir des escadrons entiers de cavaliers romains. La réponse de Rome fut brutale : destruction, représailles, et occupation militaire systématique. La conquête devenait un étouffement par quadrillage.

 

Agricola, le conquérant du Nord

C’est à Cnaeus Julius Agricola que revient le mérite – ou l’acharnement – d’avoir poussé les légions romaines jusqu’aux confins du monde connu. Gouverneur éclairé mais implacable, il lança une série de campagnes de 77 à 84, traversant rivières, forêts et marais pour briser la résistance calédonienne.

Face à lui, un peuple uni dans la fureur. Les tribus calédoniennes, galvanisées par le chef Calgacus, tinrent un discours d’une rare vigueur : « Vous n’avez plus de terres à fuir : l’océan est derrière vous, l’esclavage devant. » Ces mots, rapportés par Tacite, sonnent encore aujourd’hui comme un cri de guerre et de liberté.

 

Mons Graupius : victoire ou mirage ?

En 83, au mont Graupius, se déroula l’un des affrontements les plus célèbres de l’histoire militaire romaine en Bretagne. Face à 30 000 guerriers calédoniens couverts de peintures de guerre, les Romains opposèrent leur discipline et leur stratégie. La victoire, bien que sanglante, fut romaine.

Mais à quel prix ?

Le terrain était conquis, mais non soumis. Sitôt Agricola rappelé à Rome, les légions commencèrent leur repli. Le rêve d’une conquête totale de la Calédonie s’évapora dans la brume des Highlands.

 

Le mur d’Hadrien : frontière d’un empire en recul

Pour contenir les tribus du Nord, l’empereur Hadrien fit édifier un mur colossal en 122. Long de 117 kilomètres, ponctué de forts et de tours, il visait moins à isoler qu’à contrôler : passage des hommes, des marchandises, et surveillance des allégeances tribales.

Mais malgré sa majesté, le mur d’Hadrien symbolisait une vérité amère : Rome n’avait pas vaincu les peuples du nord, elle s’en était prémunie. Plus tard, Antonin le Pieux tenta une avancée supplémentaire avec un second mur, plus au nord encore, mais dut lui aussi se résoudre au retrait.

Même aux heures de paix relative, les escarmouches, les incursions et les révoltes étaient fréquentes. Les Calédoniens, devenus Pictes dans les textes latins, n’acceptèrent jamais la domination. Jusqu’au IIIe siècle, les empereurs eux-mêmes, comme Septime Sévère, durent mener campagne dans ces terres hostiles.

À la fin, Rome n’avait gagné qu’une illusion de victoire. La Bretagne du Nord resta indomptée, libre et farouche, et le mur d’Hadrien demeure, encore aujourd’hui, la trace d’une frontière entre deux mondes irréconciliables : l’ordre impérial et la liberté des peuples.

Crédit photo : DR

Source : Breizh-info.com - 19/04/2025

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