marinelepen

Auteur Blanche

Publié le 9 Sep, 2017 sur Blanche Europe.

Marine Le Pen devait déjà faire face à l’hostilité des médias et d’une large partie de la population endoctrinée à détester le nom « Le Pen ». Sa stratégie opportuniste fut d’amollir toujours plus le message identitaire – motivation première de l’électorat du FN – pour essayer de chasser à gauche en promettant des distributions d’argent à foison et en critiquant (non sans raison) l’Union dite Européenne.

Le résultat de cette stratégie de reniement fut mauvais, puisque cela n’a même pas permis un « moindre mal ».

 

Mais surtout elle s’est suicidée politiquement lors de son débat avec Emmanuel Macron avant le second tour de la présidentielle. Le début du débat n’était pas si affreux (d’où ma sous-estimation du raté dans mon récit) ; mais les petites attaques gamines qu’elle a employé avec de plus en plus d’insistance jusqu’à la fin, totalement indignes d’un candidat à la direction de l’État, l’ont anéantie. Elle s’est auto-humiliée devant la France entière, et elle ne s’en relèvera jamais politiquement.

Mais apparemment, elle n’a pas compris le message.

AFP :

Affaiblie et guère audible depuis son échec au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen s’est dite samedi à Brachay (Haute-Marne) « déterminée » à redonner de la voix et de la force à un FN miné par les querelles, attaquant les Insoumis et l’exécutif.

« Je reviens avec une grande détermination » a affirmé à l’heure du déjeuner la présidente du Front national devant environ 500 personnes, drapeau tricolore et parapluie à la main, la faute à un temps capricieux après plusieurs années sous un grand soleil dans ce petit village où elle effectue sa rentrée politique depuis 2014.

Mais la population ne veut pas de toi. Les anti-FN, évidemment, mais aussi beaucoup de ses sympathisants mesurant le gâchis.

Le climat s’est en effet détérioré pour Marine Le Pen : présente au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron, elle apparaît supplantée par Jean-Luc Mélenchon comme tête d’affiche de l’opposition au chef de l’Etat.

Son parti, lui, est divisé. Malgré des records de voix à la présidentielle et de députés au scrutin majoritaire, les responsables du parti ne cessent de se renvoyer la responsabilité de l’échec électoral, certains doutant désormais que Marine Le Pen soit leur meilleur atout électoral.

Elle constitue indubitablement un boulet – bien qu’étant loin d’être le seul.

La présidente du FN s’en est prise violemment à Emmanuel Macron (« la France nomade ») et plus encore à Jean-Luc Mélenchon (« les islamo-trotskistes »), présentant son parti comme « l’exacte antithèse du macronisme » et « le seul en mesure d’incarner la grande alternance » dans une France à la situation selon elle catastrophique, notamment du fait de l’immigration.

Elle a saisi l’occasion pour accuser l’exécutif de n’avoir « rien prévu » ni « anticipé » à Saint Barthélemy et Saint Martin, dévastées par l’ouragan Irma.

Elle a aussi directement reproché à Emmanuel Macron, « perché sur les gravats grecs de la politique d’austérité » vendredi lors d’un discours à Athènes, de « traiter de fainéants ceux qui refusent de se plier à sa politique de précarité à perpétuité ».

Mais faute d’élections à venir dans l’immédiat, hormis les sénatoriales dans deux semaines, son chantier majeur est interne, celui de la « refondation », lancé au soir du second tour perdu.

A ce sujet, elle a très vite mis en garde dans son discours de trois quarts d’heure ses lieutenants contre le poison de la division : « Dans les grands combats, les petites carrières personnelles ne comptent pas (…) La première victoire est sur nous-mêmes ».

Ces derniers jours, par exemple, le franc-maçon Collard et la pédale Philippot se disputaient par médias interposés.

C’est par ailleurs assez fort de voir la Le Pen critiquer le carriérisme alors que non seulement elle l’a favorisé délibérément au néo-FN (il suffit de voir son accueil enthousiaste de transfuges de grands partis tandis que des adhérents de longue date étaient évincés des structures dirigeantes), mais qu’elle en fait preuve à titre personnel.

Le nouveau Front national, « qui portera un nouveau nom », verra ses orientations ajustées à l’issue d’un congrès en mars à Lille, dont le vote sera « souverain ».

Ces votes de congrès d’adhérents sont une vaste mascarade, puisqu’il s’agit essentiellement d’approuver ou de rejeter ce qui est soumis par la direction. La date de l’abandon du nom du FN, annoncé au printemps dernier, est aussi désormais connue.

Dans l’attente, une tournée de « refondation », dont Brachay était la première étape avant Toulouse le 23, et un questionnaire envoyé à la fin du mois aux frontistes.

Mme Le Pen a appelé « tous les Français » à participer à son grand-oeuvre, promettant une nouvelle structure, un « mécanisme de fonctionnement rénové », plus « décentralisé », mais aussi un projet d’Europe des nations « davantage formalisé » –c’était souhaité en interne– et l’émergence de « nouvelles personnalités ».

L’émergence de nouvelles personnalités pourrait passer, par exemple, par le départ de la discréditée Le Pen ? Ah, non, ça n’est pas prévu.

Elle a aussi prôné une meilleure « capacité d’ouverture aux alliances politiques et électorales ». Ce voeu est formulé par de nombreux soutiens, certains comme le secrétaire général Nicolas Bay voulant attirer un électorat de droite élargi, d’autres comme le vice-président Florian Philippot rassembler la France du « non » au référendum sur la constitution européenne de 2005.

Les divergences de vue des opposants à ce projet de constitution sont si énormes sur d’autres sujets que ce projet est une chimère.

Une alliance avec la droite cocuservatrice est moins irréaliste, mais cette dernière exigera sans doute des reculs supplémentaires.

Dans l’ensemble, en cherchant à courir plusieurs lièvres à la fois, le néo-FN n’en attrape aucun.

Aucun changement structurel n’apparaît en vue dans un avenir proche.

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