Il fallait choisir
Les Français pouvaient voter il y a trente ans pour Jean-Marie Le Pen. S'ils l'avaient choisi, ils auraient conservé leur appareil industriel, leur production agricole, leur souveraineté, leur sécurité. Plus d'enfants auraient vu le jour. Des succès insoupçonnés auraient éclos. Lola, Thomas, Philippine et bien d'autres seraient aujourd'hui en vie et heureux.
Les Français ont choisi le front républicain, acceptant l'instauration dans l'entre-deux tours d'une élection présidentielle d'un climat totalitaire, suivant les consignes de désistement, des gauchistes aux gaullistes.
Comme Cassandre inspirée par Apollon, Jean-Marie Le Pen prédit la chute de la Cité, s'opposa à l'entrée du cheval piégé dans les murs de Troie. En vain. Prophète inspiré, il n'avait pas hélas le don de persuasion.
Aujourd'hui, les républicains dansent sur le cadavre de Jean-Marie Le Pen. C'est le triomphe de l'esprit du tyran Créon. Antigone sacrifia sa vie pour que son frère Polynice soit inhumé dignement, en homme libre, selon les lois de la Cité. Car la profanation des morts ne porte pas chance. On sait que de désespoir, sa femme Eurydice se suicida. Les républicains verront peut-être un jour eux aussi les cadavres de leurs enfants profanés. Personne alors ne défendra leur dignité. Il sera trop tard.
Jean-Marie Le Pen fut un éveilleur. Nul n'est prophète en son pays dit l'adage. Sans doute inspira-t-il, inspirera-t-il plus encore demain des Européens de bonne race à lutter ailleurs pour leur liberté. Clio est fille de Zeus et de Mnémosyné, la mémoire : on se souviendra, et l'Histoire jugera.
Robert Dragan, Terre & Peuple Magazine