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Que penser de ces élections présidentielles américaines et pourquoi devrions-nous tant nous y intéresser comme identitaires européens ?
Nous savons maintenant (à la date du 15 décembre 2020), que Donald Trump, président Républicain sortant a officiellement perdu les élections puisque les Grands Électeurs en ont décidé ainsi. C’est donc Joe Biden, son challenger Démocrate, qui deviendra le 46ème président des États-Unis en titre le 20 janvier 2021, sauf coup de théâtre inouï sur la possibilité duquel je reviendrai. Cette « victoire » est le résultat cumulé d’une fraude électorale massive, de manipulations du système informatique de comptage des voix, des manœuvres de l’État Profond et de la pression des médias mainstream comme des réseaux sociaux contrôlés par les méga-entreprises de communication. Fraudes et tricheries sont très documentées et méritent d’ores et déjà à Joe Biden les surnoms de Joe le Tricheur ou Joe le Fraudeur. Des procédures judiciaires sont en cours, sur de multiples points, qui pourraient, dans les prochaines semaines ou les prochains mois réserver de grosses surprises politiques. Il faut comprendre au passage que calendrier politique et calendrier judiciaire ne se recoupent pas. Une double incertitude existe donc : si certains scandales sortent avec des preuves solides (et ils ne concernent pas seulement l’élection elle-même mais aussi de troubles soupçons de corruption en lien avec des intérêts chinois ou les retombées en cascade de l’affaire Epstein), avant le 20 janvier prochain, Biden pourrait être « empêché » avant l’investiture officielle, l’inauguration comme on dit aux U.S.A.. Si cette investiture devait malgré tout avoir lieu, l’exaspération des trumpistes, frustrés d’une victoire qu’ils estiment leur appartenir, est telle que des troubles politiques sont possibles sur fond de poursuites judiciaires, oblitérant de fait les marges de manœuvre de la nouvelle administration.
Le thème d’une « nouvelle guerre civile » américaine revient avec insistance dans les conversations. Que faut-il en penser ?
J’aurais sans doute l’occasion d’en développer les causes profondes, mais on peut d’ores et déjà affirmer que cette guerre civile a déjà éclaté. Elle est même en cours depuis la première élection de Donald Trump en 2016. Les Démocrates n’ont jamais accepté l’élection de Donald Trump à une magistrature qu’ils estimaient leur appartenir. Ils n’ont cessé de livrer une guerre larvée au Président durant les quatre ans de son mandat pour en obtenir le départ.
Ce qui trouble, c’est que cette guerre n’a rien à voir avec l’imagerie traditionnelle d’une guerre : pas de front, pas d’armées militairement opposées. C’est une guerre hybride qui se mène dans et par les médias et les réseaux sociaux, qui se mène à coups d’intimidations et de corruption, qui se mène par les manœuvres juridiques et celles des services secrets. Il y a de temps en temps des éruptions de violence, des émeutes ou de grandes manifestations mais pas (encore ?) de guerre traditionnelle.
Il est vrai cependant que les fraudes et les coups bas de la campagne électorale 2020, les tricheries du dépouillement, les mensonges et les insultes ont atteint un tel niveau d’intensité que le sentiment d’appartenance commune, le fameux « vivre ensemble », a atteint un point de rupture au-delà duquel, tout effectivement peut arriver. Mais il faut déjà bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une rupture entre entités géographiques mais entre entités sociales, sociologiques et culturelles. C’est le paroxysme de ce que le sociologue Christopher Lasch avait diagnostiqué dans son livre de 1995 « La révolte des élites et la trahison de la démocratie »[1]. Car cette guerre civile a été voulue et initiée par les élites dirigeantes des États-Unis. Et, s’il y a une surinfection ethno-raciale à cette guerre civile, c’est parce que ces élites l’ont encouragée et exploitée sans s’interroger sur ce que cela pouvait produire. Comme on dit : il est plus facile de faire sortit le génie de la lampe que de l’y faire rentrer… Ce conflit donne aussi l’impression d’opposer un camp Républicain à un camp Démocrate, mais c’est beaucoup plus complexe que cela : si le camp Démocrate paraît homogène, au moins au sommet, le camp Républicain ne l’est pas car il est lui-même traversé par cette lutte.
Vous n’avez pas répondu à ma question : pourquoi les identitaires européens doivent-ils s’intéresser au duel Trump – Biden ?
Pourquoi les européens, et en particulier la cohorte des identitaires, patriotes, populistes ou nationalistes, doivent-ils s’y intéresser par-delà la simple observation d’un événement de politique internationale affectant la puissance dominante ?
Que les identitaires, patriotes, populistes ou nationalistes européens le veuillent ou non, qu’ils en soient conscients ou non, cette élection aura pour eux des conséquences capitales. Si Joe Biden l’emporte, et il semble désormais que ce soit le cas, le Système oligarchique occidental en sortira renforcé pour une période importante. Si Donald Trump est réélu, et il conserve à ce jour une mince chance d’inverser la vapeur, Le Système sera affaibli durablement, ce qui pourrait, enfin, offrir des perspectives de changement radicaux en Europe, favorables à tous les opposants à l’occidentalisme, quelle que soit leur chapelle.
Une telle affirmation paraît folle : en quoi ce qui est, en apparence, une affaire politique intérieure aux États-Unis pourrait-elle influer directement sur le destin des pays européens ? En réalité, lorsque l’on parle d’un « Système », on parle d’un ensemble d’éléments interdépendants et tout ce qui en affecte une portion rétroagit sur les autres. Les oligarchies européennes sont à ce point connectées à l’oligarchie étatsunienne, qui est leur vaisseau amiral, que ce qui affecte cette dernière a nécessairement des répercussions sur le devenir des premières. C’est au décryptage de ces enjeux que je souhaite maintenant m’attacher.
Justement, qu’est-ce que ce « Système » ? De quoi est-il le nom ?
Les oligarchies européennes sont de longue date, principalement depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et les débuts de la Guerre Froide, soumises à la version de l’occidentalisme incarnée par l’Oligarchie Anglo-américaine dont l’historien américain Carroll Quigley[2] a décrit l’émergence du dernier tiers du XIXème siècle aux années 1950.
Plus exactement, à partir de 1945 il faudrait dire « Oligarchie Américano-britannique » pour rendre compte du passage de témoin de la puissance entre les membres du couple anglo-saxon.
On n’entrera pas, dans des détails qui devraient être appréciés pays par pays, mais, globalement sonnées par la Guerre Mondiale et apeurées par le risque d’une extension de la zone soviétisée jusqu’à l’Atlantique, les oligarchies et les classes dirigeantes européennes se sont soumises idéologiquement et politiquement au monde anglo-américain. Cette soumission fut acceptée d’assez bon cœur, puisqu’en échange on les admettait à recevoir de substantielles miettes du gâteau économique et à participer aux réseaux de sociabilité comme à la culture des maîtres. Cela fait donc 75 ans à peu près que les oligarchies et les classes dirigeantes européennes ont appris à suivre par idéologie et intérêt les oligarchies et les classes dirigeantes anglo-saxonnes, principalement américaines. C’est ce ronronnement de l’allégeance que l’élection de Donald Trump a, une première fois, bousculé en 2016 et qu’il pourrait vraiment mettre à mal en cas de maintien au pouvoir.
Peut-on s’arrêter un instant et développer ce point : pourquoi les États-Unis qui ont profité de la mise sous tutelle de l’Europe pourraient-ils être à la source de sa libération ?
Pour comprendre le choc qu’a constitué la première élection de Donald Trump et la déstabilisation dont il est porteur, il faut faire un bref détour par l’histoire pour comprendre l’état des lieux aux États-Unis.
Les U.S.A. ont une population, constituée de bric et de broc par de l’immigration volontaire ou forcée (les Noirs), longtemps fédérée par le genre de vie capitaliste, la langue commune (l’anglo-américain), le culte du drapeau et un patriotisme constitutionnel. Du moins, c’est ainsi que les choses se présentent en grandes tendances depuis la Guerre de Sécession (1860 – 1865). On remarquera que le plus fort afflux de population, avant les cinquante dernières années, a eu lieu, venant d’Europe, entre le dernier tiers du XIXème siècle et 1914. On a donc, quasiment depuis les origines, une population en apparence homogène (les Noirs mis à part) mais dont les facteurs de division culturelle, économique et sociale sont toujours très puissants sous la surface d’une commune allégeance au drapeau. Ces facteurs se sont aggravés depuis une cinquantaine d’années avec le phénomène bien connu d’une immigration désormais massivement non albo-européenne (noire) et non WASP (latinos catholiques, moyen-orientaux musulmanes ou asiatiques). Cela, c’est pour poser le décor humain qui est l’environnement dans lequel vont jouer les oligarchies américaines.
Parler d’oligarchies en système libéral-capitaliste, aux États-Unis comme en Europe, nécessite des précisions. On met souvent sous le même chapeau oligarchique la véritable oligarchie, celle des propriétaires de capitaux, le fameux 0,01%, et la classe dirigeante composée des hauts cadres du public, du privé et de la politique comme de la classe supérieure intellectuelle éduquée des universités, du droit et des médias. Cette dernière catégorie, n’étant pas vraiment propriétaire de capitaux fait en réalité partie des dépendants puisqu’elle dépend de la première fraction pour ses moyens d’existence.
En revanche, elle lui est plus ou moins apparentée par le genre de vie et les références culturelles. Ce sont, pourrait-on dire, les « domestiques de luxe » parmi lesquels les vrais oligarques puisent leurs collaborateurs immédiats et, parfois, leurs belles-filles ou leurs gendres.
Ce qui compte vraiment pour la mise en forme des pays, ce sont les choix de la véritable oligarchie, celle des possesseurs de capitaux, surtout dans une ploutocratie libérale comme le sont les États-Unis. Ensuite la classe dirigeante se répartie entre ces choix selon les inclinations propres de ses membres.
La première oligarchie américaine par ordre d’apparition, est celle qui, basée au Nord, a survécu à la Guerre de Sécession, et est issue de la finance, de la banque et des grands cabinets d’avocats d’affaire dont le centre, très tôt, fut New York. On la désignera lapidairement comme « Wall Street ».
La seconde vague oligarchique est née pendant le boom économique qui a suivi la Guerre de Sécession avec l’afflux d’immigrants et la phase de la conquête de l’Ouest. Elle provient de ceux que l’on a appelé les « Barons voleurs », capitaines d’industrie et hommes d’affaires, grands prédateurs utilisant tous les moyens, même légaux, pour s’enrichir. C’est une oligarchie née de l’industrie et de l’énergie, en gros l’ancêtre du complexe militaro-industriel et énergétique d’aujourd’hui.
Les logiques de développement de ces deux oligarchies étaient différentes mais leurs intérêts ont convergé dans les faits durant de longues années.
Le principe de l’oligarchie financière, c’est la liquidité et la fluidité planétaire des flux financiers. Il est établi que Wall Street est, tout au long du XIXème siècle, étroitement connectée à la City de Londres, elle-même au centre de la finance de l’époque avec, entre autres, la prestigieuse famille Rothschild. Cette connexion, par l’intermédiaire de l’Empire britannique, alors 1ère puissance mondiale, crée d’emblée une « planète finance » couvrant le monde utile. La seule limitation était alors technique : l’or physique, la monnaie physique et des systèmes de communication et de transport, en développement mais encore rudimentaires, ne permettaient pas la fluidité absolue. C’est ce qui a changé profondément avec les révolutions technologiques de la seconde moitié du XXème siècle, lequel a vu, dans son dernier quart, l’apparition de la troisième vague oligarchique.
À l’inverse, le principe de l’oligarchie industrialo-énergétique c’est la localisation territoriale des industries, des instituts de recherche et des gisements de charbon ou de pétrole. C’est donc aussi la localisation de la main d’œuvre, ce qui crée une solidarité organique entre cette oligarchie et les gens d’en bas. Cette oligarchie a besoin du peuple pour la main d’œuvre, elle en a aussi besoin pour alimenter l’armée et la marine de l’état pour assurer la sécurité intérieure, ouvrir des marchés étrangers et assurer la sécurité des approvisionnements extérieurs (Rappelons-nous du général du corps des Marines Smedley Butler, l’un des militaires les plus décorés de l’époque, qui a publié, en 1935, son livre de mémoires, « La guerre est un racket » dans lequel il dévoilait les finalités économiques des guerres des U.S.A. jusque-là). À l’inverse, le peuple a besoin de travailler pour assurer sa subsistance et profite donc de la nouvelle puissance industrielle américaine.
Certains éléments de cette oligarchie sont à cheval sur les deux logiques. C’est vrai surtout dans le secteur de la nouvelle énergie pétrolière. Ainsi, très rapidement, à la fin du XIXème siècle, Rockefeller mondialise son empire et se diversifie dans la finance.
Il y a bien, cependant, deux logiques oligarchiques différentes mais qui, pendant longtemps, vont s’appuyer l’une sur l’autre. La finance draine les capitaux vers l’industrie et l’énergie ; l’industrie et l’énergie soutiennent Wall Street et les deux sont attentifs à la puissance d’un État qui les sert (la finance contrôle même cet état depuis 1913 et la création de la Réserve Fédérale) ; la population générale, même exploitée, profite du « ruissellement » et voit augmenter son bien-être.
Ajoutons, qu’à travers le réseau constitué entre Wall Street et la City de Londres, à travers les relations de sociabilité et les échanges intellectuels que Quigley a été le premier à mettre en lumière, ces oligarchies américaines sont étroitement connectées aux oligarchies britanniques. Si une puissance colossale apparaît aux États-Unis au tournant des XIXème et XXème siècles, c’est de Grande-Bretagne que proviennent alors l’essentiel des conceptions philosophiques et sociologiques qui construisent l’idéologie occidentaliste ainsi que les méthodes d’acculturation de cette idéologie.
Cet équilibre entre les deux premières vagues oligarchiques a été mis à mal par les innovations technologiques (transports, télécommunications, informatiques, robotiques) de la seconde moitié du XXème siècle et par l’apparition de la 3ème vague oligarchique qui les porte et devient prépondérante dans le dernier quart du siècle et le début du XXIème.
Pour la première fois, grâce au mariage des télécommunications et de l’informatique, la finance peut se dématérialiser et gagner une liquidité numérique qui lui permet de s’affranchir du temps et de l’espace. Cette révolution s’accompagne d’une accélération des transports et d’une révolution normative libre-échangiste qui abolit pratiquement et juridiquement les frontières commerciales et donc, quasiment les frontières politiques des états. De nouveaux mastodontes se créent, les fameux GAFAM (Google Amazon Facebook Appel Microsoft) qui ne sont que la pointe avancée d’une quarantaine d’autres entreprises de ce type.
Ces nouveaux venus n’obéissent plus à la logique territoriale du complexe militaro-industriel et énergétique. Ils se projettent d’emblée à l’échelle du monde et le pensent en termes de réseaux et de points d’appui. Les points d’appui sont les grandes métropoles mondiales où se situent leurs centres de recherches et leurs plus gros marchés comme les lieux de fabrication dispersés de par le monde, là où les coûts sont les moins élevés. On y joindra ports, aéroports et lieux de villégiature et de plaisir réservés aux happy few. Leurs réseaux sont à la fois les lignes d’approvisionnements, les liaisons téléinformatiques et les liaisons aériennes. Ces nouveaux acteurs réalisent l’idéal de fluidité et de liquidité d’une finance à laquelle ils ont apporté les outils qui lui manquaient pour s’autonomiser réellement.
Le plus fondamental, c’est qu’ils n’ont plus besoin, du moins le croient-ils, d’un vaste ancrage territorial sur lequel vit une population nombreuse et prospère. En un mot, que ce sentiment soit basé sur la réalité ou qu’il soit fantasmé, ils n’ont plus besoin des États-Unis dans leur globalité ni d’une population américaine grandement superflue. La conséquence en fut la décomposition économique du territoire américain par disparition ou délocalisation de bon nombre d’industries de production, la tiers-mondisation des infrastructures et le naufrage éducatif, intellectuel et social de la population. Une population que leur idéologie foncièrement cosmopolite (on pourra revenir sur cette question) plonge également dans un multiculturalisme générateur de tensions.
Cette situation a fini par produire un conflit interne à l’oligarchie étatsunienne. Les choix globalistes concrets de l’oligarchie 2.0 des GAFAM, accompagnés par une grande partie de la finance (celle qui est la plus tournée vers l’international), ont produit des effets pervers qui jouent contre le maintien à terme de la puissance de l’État américain. Celle-ci est rendue dépendante par la désindustrialisation, la perte de champs entiers de compétences, la chute du niveau intellectuel et technique de la population générale et la tiers-mondisation sociale et sécuritaire. Dans le même temps, ces choix ont conduit à donner à un rival géopolitique, la Chine, les moyens de l’emporter très rapidement sur les États-Unis dans les domaines où ceux-ci étaient traditionnellement sans rivaux.
C’est là qu’intervient le phénomène Trump. Il est le produit d’une triple rencontre : celle des Blancs de la sphère anglo-saxonne, jadis interpelés sur leur identité par Samuel Huntington dans son livre « Qui sommes-nous ? »[3], celle de la population laborieuse, Blancs, Asiatiques, Noirs et Latinos confondus qui veut interrompre la spirale de son déclin économique et celle des fractions de l’oligarchie et des classes dirigeantes qui ont leurs intérêts majeurs sur le sol américain et qui ont besoin de la puissance de l’État américain pour tenir leur rang dans le monde face au compétiteur chinois.
La victoire de Trump en 2016 semble avoir enclenché une lutte au couteau entre les oligarchies américaines. Compte-tenu des grands mouvements de plaques tectoniques que vous venez d’esquisser, quels sont les adversaires de Trump ? sur qui peuvent-ils compter ?
Avec Trump, on est effectivement entré dans une lutte multifactorielle qui mobilise la population laborieuse et patriote (parmi laquelle la majorité des Blancs du peuple et des petites classes moyennes mais il importe de comprendre que les Blancs ne sont pas les seuls à soutenir Trump : des Noirs et des Latinos intégrés par le travail et la réussite le soutiennent également) avec la fraction de l’oligarchie et des classes dirigeantes qui veut maintenir ou retrouver des États-Unis forts, capables de s’imposer dans le monde et surtout face à une Chine dont elle a le sentiment qu’elle la plume. Contre ce mouvement « trumpiste », on trouve globalement (il peut y avoir des exceptions) la conjonction de l’oligarchie financière, qui a pourtant beaucoup profité des réformes de Trump, et de l’oligarchie 2.0 avec la grande majorité de la classe dirigeante et des classes supérieures éduquées.
Ce qui fédère cet ensemble, c’est l’idéologie du Politiquement Correct. C’est-à-dire, cet ensemble idéologique venu de l’extrême-gauche européenne antifasciste (les penseurs judéo-allemands de l’École de Francfort modifiés et complétés par les penseurs français de la French Theory) et retravaillé dans les campus américains à l’époque de la Guerre du Vietnam et du mouvement noir dit des « droits civiques ».
Fondée sur le socle idéologique de l’anti discrimination, le Politiquement Correct est devenu une machine de guerre tous azimut contre les hommes, contre les adultes, contre les Blancs, contre les races, contre les hétérosexuels, contre les enracinés, contre les frontières, contre les patriotes, contre tout ce qui peut servir de fondement à une « civilisation de la Terre ». Le Politiquement Correct est hors-sol et recherche la fluidité et la liquidité absolue à l’échelle du monde. On ajoutera que cette idéologie se marie très bien avec celle de la « société ouverte » prônée par Georges Soros qui la tient de son maître, le philosophe Karl Popper inventeur du concept[4], et qu’il a combinée avec le néo-libéralisme économique.
Peu importe que tous les buts de ce conglomérat idéologique soient effectivement réalisables, on comprend bien que cette utopie peut être utilisée comme machine de guerre par les oligarchies financières et 2.0, dont fluidité, liquidité et ouverture sont les principes existentiels. Cela permet de comprendre aussi les réflexes de haine hystérique que la personne Trump excite dans ces milieux : comme homme Blanc d’un certain âge, non intellectuel, riche, puissant, macho, époux de belles femmes successives, patriote, ayant construit une relation de confiance avec un peuple de base qu’ils considèrent tous comme « affreux, bête, sale et méchant », l’homme Trump cristallise la détestation des classes aisées, nourries de l’anti discrimination mais qui se considèrent tout de même comme le sel de la terre.
Qu’en est-il de la constante référence, dans la propagande des « trumpistes » au rôle d’un État Profond ?
La notion d’État Profond demande à être préalablement définie parce qu’avec les meilleures intentions du monde, on l’emploie souvent à tort et à travers.
On a commencé à parler d’état profond à propos de la Turquie des années 1980/1990. Des journalistes et des analystes avaient mis en lumière l’existence de groupes lovés au sein des institutions de l’état turc : des éléments de la haute hiérarchie militaire et des services secrets, des groupes économiques, des groupes mafieux et des éléments politiques, souvent proches des fameux Loups Gris dont on parle beaucoup en ce moment. Ces éléments, aux yeux des enquêteurs, expliquaient les permanences de certains choix politiques et affairistes malgré les alternances politiques. Ces analystes ont alors parlé d’un « état profond », clandestin, guidant l’état officiel.
Le politologue canadien Peter Dale Scott a repris et longuement développé ce concept dans une série de trois livres majeurs portant sur les soubassements de l’état américain depuis l’après-seconde guerre mondiale[5]. Son enquête fouillée, dont les éléments peuvent être reliés à notre actualité, met en évidence des réseaux d’hommes et d’intérêts, au cœur des institutions publiques et privées qu’ils colonisent, constituant « l’État Profond » pour mener des « politiques profondes », « trans-partisanes », non assumées publiquement et souvent dans l’ignorance du grand public.
On peut tout à fait relier cette enquête à celles menées par Carroll Quigley, qui se centrait davantage sur les réseaux idéologiques et politiques, à celles menées par Eustace Mullins sur les réseaux financiers gravitant autour de la Réserve Fédérale[6] ou celles de William Engdahl sur l’influence des réseaux pétroliers[7] (pour ne mentionner que quelques enquêteurs connus). On retrouve de multiples passerelles entre ces champs d’étude avec des individus, des groupes, des institutions privées et publiques, des entreprises, des groupes idéologiques dont l’omniprésence et les liens entrecroisés donnent vraiment l’impression d’une toile d’araignée. On n’oubliera pas de mentionner, dès à présent, pour y revenir ultérieurement les multiples interactions entre ces réseaux spécifiquement étatsunien, les réseaux britanniques et du Commonwealth, les réseaux de l’Europe occidentale et un certain nombre de réseaux asiatiques, sud-coréens, taïwanais et japonais principalement.
Plus récemment, et c’est sans doute à cela que vous faites allusion, la notion « d’État Profond » est revenue dans la polémique sous la poussée des réseaux QAnon qui associent aux visées politiques, idéologiques, économiques et financières classiques des soupçons de pratiques pédophiles et sataniques. Ces soupçons retrouvent de très vieilles accusations portées contre les réseaux de pouvoir clandestins, en particulier en provenance des milieux religieux fondamentalistes, des milieux antimaçonniques et antisémites. Ce qui les fait ranger facilement, par les courants dominants, dans la case du complotisme nauséabond. Cependant, il est assez troublant de retrouver dans les milieux de « l’État Profond » des individus glauques, des références et des pratiques pour le moins surprenantes qui font qu’on ne peut pas balayer d’un revers de main les allégations des réseaux QAnon. Ces derniers ont aussi tendance à percevoir « l’État Profond » comme une entité unique à l’échelle du monde dans une perspective eschatologique.
Pour ma part, j’ai tendance à considérer qu’au sein de la matrice sociologique globale de l’oligarchie occidentaliste américaine, elle-même reliée aux autres oligarchies du monde occidental (le terme « occidental » étant pris ici au sens géopolitique et culturel), l’aile marchante et consciente de cette oligarchie, son « avant-garde », est bel et bien organisée dans une constellation de groupes et d’institutions dont les membres ont pénétré les arcanes de l’état officiel pour constituer ce fameux « État Profond ». Lequel est relié aux « états profonds » des autres pays occidentaux. La notion d’état profond est inhérente à la structuration des états modernes mais se présente sous des formes et avec des agendas qui ne se recoupent pas nécessairement. Il faut donc conserver une vision plurielle des choses. Quant aux pratiques spirituelles ou sexuelles de certaines fractions de cet « État Profond », je garde l’esprit ouvert, attentif aux preuves conséquentes qu’on pourrait me fournir (Pensons en particulier au dossier Epstein avec tous ses éléments concernant la prostitution de mineurs et de mineures), mais je crois qu’il est plus sûr et plus audible de se focaliser sur les éléments idéologiques, politiques et économiques dont les effets sont, eux, parfaitement discernables.
Peut-on classer dans cet État Profond, des institutions ou des groupes comme le C.F.R., le Bilderberg , la Trilatérale et d’autres encore ?
Au sens strict, je dirais non car la notion d’État Profond fait bien référence à la part occulte des appareils d’état ou en forte proximité avec eux. Alors que la plupart des institutions, fondations, groupes, associations, forum, O.N.G. dont vous parlez sont plutôt des réseaux qui touchent les états comme bien d’autres structures publiques ou privées. Elles sont d’ailleurs si nombreuses aujourd’hui que leur énumération et leur description intégrale est quasi impossible pour un seul homme ! Ajoutons aussi que ces structures ne cachent pas leurs activités, elles agissent au grand jour, ce qui n’est pas toujours le cas des structures des états profonds. On y reviendra sans doute, mais ce qui donne une impression de conspiration en ce qui concerne l’action de toute ces institutions, c’est plutôt le foisonnement d’opérations dont on sent la congruence sans que leur complémentarité soit clairement affichée.
Cela dit, pour ce qui est du Council on Foreign Relations, vous avez en partie raison. D’ailleurs, s’attarder un instant sur son cas précis nous fournira une sorte de fil d’Ariane pour évaluer des évolutions de doctrine ou d’approches car le globalisme occidentaliste n’est ni monolithique ni figé.
Si vous consultez sa fiche Wikipédia, vous y trouverez l’indication que le C.F.R. est un think tank non partisan (c’est-à-dire selon l’approche américaine, ne regroupant pas exclusivement des Démocrates ou des Républicains) ayant pour but d’analyser la politique étrangère des États-Unis et la situation politique mondiale. Son siège social est à New York et non pas à Washington, cela a son importance, et il compterait de nos jours environ 5000 membres. Vous apprenez aussi qu’il a été créé en août 1921 (il y a presque cent ans) ce qui en fait l’un des plus anciens think tank du monde occidental.
En réalité, si le C.F.R. a été juridiquement constitué en 1921 à New York, il avait été créé deux ans plus tôt à … Paris dans des circonstances qui méritent d’être évoquées car elles indiquent clairement ses racines originelles.
Nous sommes le 30 mai 1919, à Paris dans l’hôtel Majestic, avenue Kleber où loge la délégation britannique à la Conférence de la Paix. Il s’y tient, ce jour, une réunion entre les membres de la délégation britannique qui appartiennent ou sont proches du Groupe de Milner et les membres de la délégation américaine issus de The Inquiry, le groupe d’études internationales travaillant sous la supervision du Colonel Edward Mandell House, alter ego du Président Wilson.
Le Groupe de Milner a été nommé ainsi par l’historien Carroll Quigley. Il l’a été d’après Alfred Milner, principal animateur du Cabinet de Guerre britannique, ami et disciple de Cecil Rhodes, dont il poursuivait le projet d’un mondialisme autour de « l’Idée Anglophone », c’est-à-dire de la vision idéologique occidentale anglo-saxonne. Ce sont ses propres disciples, à son instigation, qui ont fondé la revue et les cercles de la Table Ronde en Grande Bretagne et dans les Dominions. Ce sont eux qui, devenus incontournables, fournissent les principaux experts de la délégation britannique et en orientent les décisions, comme ceux de The Inquiry orientent celles de la délégation américaine. Certains des membres de ces deux entités se connaissaient depuis l’avant-guerre, les autres ont appris à travailler ensemble et à s’estimer durant les travaux de la Conférence de la Paix où ils opéraient souvent clandestinement de concert pour imposer leurs vues aux autres alliés et en particulier aux français. Ils partagent la même vision du monde et les mêmes valeurs. En ce 30 mai, la Conférence de la Paix est pratiquement terminée et tous ces personnages ont envie de fonder un organisme spécialisé dans la politique internationale qui pourrait prolonger dans le temps les relations ainsi nouées. On va donc décider la création de deux instituts privés, l’un basé à Londres et qui disposera bientôt d’une patente royale officielle : le Royal Institute of International Affairs, plus communément connu comme Chattam House (du nom de sa résidence), l’autre basé au États-Unis. Ce dernier a eu quelques soucis au démarrage, et c’est finalement en août 1921 qu’il est officiellement créé à New-York, sous le nom de Council on Foreign Relations, avec le parrainage des grandes banques d’affaire, des grands cabinets d’avocats travaillant pour Wall Street et des deux principales Fondations de l’époque, la Dotation Carnegie et la Fondation Rockefeller.
On peut avoir l’impression de la mise en place d’une communauté atlantiste avant la lettre…
Vous avez parfaitement raison, sauf qu’il ne s’agit que d’une officialisation de quelque chose qui existait de manière plus ou moins informelle depuis la fin du XIXème siècle. Toujours est-il que nous avons, à ce moment-là, deux instituts qui sont sur la même longueur d’onde idéologique (occidentalisme culturel de l’Anglosphère, libre-échange économique, projet d’organiser le monde autour de l’univers anglo-saxon, culture des experts qui doivent s’imposer aux politiques), les mêmes méthodes (travailler sur des dossiers concrets pour les diffuser aux politiques, former et éduquer des cadres dans les ministères des Affaires Étrangères des deux puissances) et le même but global de coordonner l’action du monde occidental, d’abord entre les deux rives de l’Atlantique mais ensuite dans le monde entier par l’intermédiaire de l’Empire britannique. D’ailleurs sur le modèle du R.I.I.A., des instituts analogues sont créés dans les Dominions. Puis le C.F.R. et le R.I.I.A. vont créer ensemble l’Institute of Pacific Relations qui aura une destinée abrégée après la 2nde Guerre Mondiale quand on s’est aperçu que les Soviétiques en avaient fait un nid d’espions communistes.
Un État mondial était-il déjà en projet ?
Au risque de décevoir, je dirai qu’il ne me semble pas que le mondialisme occidental ait eu longtemps le projet d’un état unitaire. L’État mondial est une projection qui a surtout du succès chez les antimondialistes européens et particulièrement français qui raisonnent sur le modèle de l’extension planétaire d’un état à la française. Or, le Groupe de Milner a porté, avant 1914, un projet d’état fédéral planétaire mais non unitaire, réunissant les pays de l’Anglosphère, y compris les États-Unis. Ce projet a été abandonné assez vite, à la fois pour des raisons d’impossibilité technique et parce que les oligarchies des divers pays anglo-saxons n’en voulaient pas. Elles n’en voulaient pas parce qu’elles voulaient conserver un contrôle direct sur leurs diverses sphères d’influence. On est passé assez rapidement, à l’occasion de la guerre mondiale, à l’idée d’une organisation interétatique qui préserverait l’existence des états, et donc des prébendes et des dignités multiples, tout en les liant par du droit, des procédures et une vision idéologique commune.
C’était le projet de la Société des Nations, fondée sur l’idéal des 14 points du Président Wilson (eux-mêmes conçus par les deux groupes que j’ai évoqués plus haut). Comme vous le savez, cette S.D.N. a capoté puisque, après avoir porté le projet, les élites américaines, victimes d’un retour de flamme isolationniste, s’en sont retirées. Le projet sera repris par l’Organisation des Nations Unies en 1944 et développé par diverses organisations régionales comme les Communautés Européennes. Mais il faut bien comprendre que durant cette période, sauf chez quelques utopistes, on n’est plus du tout sur le mythe d’un état mondial unitaire. On est dans la recherche d’une architecture d’états juridiquement indépendants mais liés par le droit et des procédures variées.
Cette étape-là, sans avoir disparu (les organisations internationales sont toujours existantes), n’est plus dominante de nos jours.
La réalisation concrète d’une mondialisation économique depuis les années 1960 a produit une profusion d’acteurs non-étatiques très puissants (firmes marchandes et institutions financières transnationales ou organisations non gouvernementales diverses) qui ont relativisé l’importance des états. Le remplacement, dans le vocabulaire politique, du concept de gouvernement par la notion de gouvernance centrée sur des processus et non plus sur des acteurs est un indice. Le mondialisme occidental contemporain a, depuis longtemps, abandonné l’idée d’état mondial fédéral ou unitaire ; il est en train d’abandonner celle de l’inter-étatisme pour adopter vraiment la notion de système global, mouvant, composé de pôles divers, politiques, économiques, financiers, intellectuels, culturels qui interagissent en suivant des procédures impersonnelles mais idéologiquement marquées.
On notera, au passage, qu’un tel système favorise encore davantage l’influence de lobbies divers agissant en essaim pour pénétrer, subvertir, contourner ou combattre les institutions officielles. À titre indicatif, on ne parle plus de « Gouvernement mondial » qui désignerait un acteur précis mais de « gouvernance mondiale » qui désigne un ensemble de processus impersonnels.
Quel rôle joue le C.F.R. de nos jours ?
Le C.F.R., comme son frère britannique, n’ont plus l’aura qu’ils avaient lorsqu’ils étaient pratiquement les seuls think tanks du mondialisme occidentaliste. Avec ses 5000 membres, le Council on Foreign Relations constitue encore l’un des réservoirs d’idées et de débats les plus importants pour déterminer la politique étrangère des États-Unis, ainsi qu’un vivier pour la diplomatie ou la para-diplomatie. S’il est toujours trans-partisan, au sens où il recrute toujours des démocrates et des républicains, il n’est pas trans-idéologique. La localisation de sa maison-mère à New York (à Manhattan, sur Park Avenue, non loin de Central Park) donne symboliquement le « la ». Il est dans l’optique de l’oligarchie financière et de l’oligarchie 2.0, à mille lieux des préoccupations trumpistes, même si son siège n’est pas très éloigné de la Trump Tower. On peut même dire, qu’il se situe en opposition totale à celles-ci. Là où le trumpisme, comme les isolationnistes d’antan, regarde les seuls intérêts du centre étatsunien, le CFR considère les intérêts occidentaux de manière planétaire quitte à défendre des options qui peuvent fragiliser les États-Unis et leur population. En cela il travaille en symbiose avec d’autres institutions dont il est parfois à l’origine.
Ainsi, par exemple, il est en partie à l’origine (avec le R.I.I.A.) de la création du Groupe de Bilderberg en 1954. Il s’agissait, au départ, dans un contexte de guerre froide, de rassembler autour de l’aile marchante de l’oligarchie américano-britannique, les principaux acteurs oligarchiques des pays de l’ouest-européen intégrés à l’Otan. Le Bilderberg a permis de formaliser officieusement une entente atlantiste par-dessus les états. En 1973, le CFR et le Bilderberg ont coproduit la Commission Trilatérale, à la suite des analyses géopolitiques de Zbigniew Brezinski, pour élargir le recrutement restreint du Bilderberg, non seulement aux États-Unis et à l’Europe, mais aussi à la portion de l’Asie occidentalisée après la 2nde Guerre Mondiale. À côté de ces institutions très connues, le CFR continue de travailler (en en recevant des subsides) avec les vieilles fondations qui ont été ses bonnes fées à l’origine, la Dotation Carnegie et la Fondation Rockefeller, mais aussi avec tout un ensemble de think tanks et de fondations apparues depuis pour « traiter » de manière plus pointue (avec des spécialistes de haut niveau) tel ou tel aspect de la politique, de la stratégie ou de la finance. On ne peut pas les citer tous, mais en voici quelques-uns : la Rand Corporation qui travaille sur des modélisations militaires et stratégiques, l’Atlantic Council, spécialisées dans les relations internationales au profit de l’OTAN, l’Heritage Fondation qui travaille sur les politiques publiques conservatrices, la National Endowment for Democracy qui est une fondation bipartisane spécialisée dans l’agit-prop et les changements de régime dans lesquels elle opère souvent de concert avec les réseaux de l’Open Society de Georges Soros, l’Aspen Insitute qui milite pour les « sociétés ouvertes » etc.
Toutes ces institutions sont privées ou semi-privées et comportent dans leurs comités de surveillance souvent les mêmes têtes pensantes et dirigeantes oligarchiques.
Comme je l’ai dit tout à l’heure, la mutation de l’orientation politique de l’intergouvernemental vers une gouvernance globaliste a entrainé la multiplication des acteurs pour couvrir l’ensemble du spectre géographique et fonctionnel de la mondialisation. Le Forum de Davos, dont on parle beaucoup actuellement parce qu’il a lancé l’idée de la Grande Réinitialisation, en est devenu en quelque sorte le « parlement » (au sens étymologique du terme, « l’endroit où l’on parle et échange »), lieu où tous ces acteurs rencontrent les acteurs politiques, économiques, médiatiques etc. Quand vous additionnez tout cela, pour les États-Unis et l’ensemble du monde occidental, c’est du « lourd ». Vous y trouvez l’essentiel des possesseurs de capitaux du monde occidental. L’essentiel du monde qui s’est mobilisé autour de la campagne de Joe Biden.
Pourtant vous soutenez l’idée d’une rupture au sein de l’État Profond dont ces institutions constituent l’architecture …
Il y a, en effet aux États-Unis surtout, une rupture au sein de l’État Profond. Une fraction minoritaire des oligarchies et des élites refuse la dissolution du pays dans le projet globaliste et appuie ce refus sur la révolte populaire, sur une révolte des classes moyennes en voie de paupérisation, blanches en grande partie, mais pas seulement.
C’est une lutte pour le pouvoir, doublée d’une lutte pour la possession. Cette fois ci, il risque d’y avoir de vrais perdants et de vrais gagnants, ce ne sera pas simplement un jeu de chaises musicales. Ce qui me fait diagnostiquer une rupture au sein de l’oligarchie, entrainant une fraction de la classe dominante, ce sont les moyens que sont parvenus à mobiliser les trumpistes pour combattre et, globalement, malgré leur défaite, pour tenir en respect les globalistes occidentalistes. Si on n’avait affaire qu’à la lutte d’un mouvement populiste contre une oligarchie unie, le mouvement populaire qui a cristallisé autour du milliardaire Trump aurait été balayé depuis longtemps et les turpitudes électorales du clan Biden n’auraient même pas pu être mises sur la table avec la puissance que cela a aux États-Unis, même si les médias français et européens les abordent peu.
Dans le cas où, à la fin, Biden devait l’emporter, il lui restera malgré tout, collée au front, une étiquette de tricheur et une période de troubles pourrait alors s’ouvrir.
On parle beaucoup, je l’ai dit, d’une nouvelle sécession. Cela n’aura sans doute rien à voir avec une vraie guerre et la division du pays en deux camps géographiques bien identifiés comme au XIXème siècle, mais des troubles risquent bien d’embraser l’ensemble des états « désunis » avec une vraie incertitude quant à leurs conséquences. Cela, parce que le trumpisme n’est pas seulement un mouvement populaire, dont on sait qu’il ne l’emporte jamais dans l’histoire. Le mystère Q qui a entrainé l’émergence du mouvement QAnon n’apparaît pas du tout quelque chose de spontané de ce point de vue.
Cela fait plusieurs fois que vous évoquez le phénomène QAnon. Pouvez-vous développer ?
QAnon est un mouvement qui prend son origine en octobre 2017 quand apparaît sur le forum 4chan un contributeur qui se présente comme un haut responsable gouvernemental disposant de l’une des plus élevées accréditations de sécurité de niveau « Q ». Le forum étant construit autour de l’anonymat de ses utilisateurs, les premiers internautes à l’avoir suivi l’ont surnommé alors « Q ». Par la suite, l’intervenant a repris lui-même cet identifiant. La communauté suivant ce « Q » anonyme s’est alors auto-désignée comme les « QAnon(ymous) ».
La thèse principale de « Q » est qu’une lutte à mort est engagée entre l’État Profond étatsunien, personnalisé entre autres par les hiérarques du Parti Démocrate, et le Président Trump. Sur une toile de fond eschatologique rejouant la lutte du Bien et du Mal, dont le fond parle à la culture religieuse de l’Amérique, Trump mènerait une lutte acharnée contre la trahison au profit de la Chine, la corruption et la pédo-criminalité d’un État Profond lové depuis des décennies au cœur de l’état américain. Dans ce combat, « Q » laisse entendre que Trump bénéficierait de l’aide d’un groupe situé au sein de l’appareil militaire qui se serait constitué après l’assassinat du Président Kennedy. Il incite aussi ceux qui le suivent à se défier et à se défaire de l’influence médiatique pour chercher la vérité par eux-mêmes en se documentant et en vérifiant des preuves. Une sorte de nouvelle doctrine du libre-examen protestant. « Q » s’exprime de manière diverse : par énigmes, par citations bibliques, par aphorismes, par photographies, par bribes d’informations, par communication de liens vers tel ou tel média etc. qui donnent tous à la communauté des « QAnon » l’occasion d’une véritable herméneutique, d’une exégèse et d’une quête de sens basée sur la relecture constante des « posts » de « Q ».
On interroge sans cesse tel ou tel post de « Q » pour savoir comment l’interpréter au vu des nouvelles circonstances. Très curieusement, « Q » a souvent semblé anticiper sur des événements ou des options stratégiques du gouvernement Trump, ce qui a accrédité l’idée de sa pertinence et de sa bonne information. Le succès des communautés « QAnon » est immense (il y aurait plusieurs dizaines de millions de suiveurs), si fort que les médias mainstream et les réseaux sociaux officiels, tous d’orientation pro-démocrates, leur mènent une guerre de l’information sans merci. D’un côté les médias mainstream ne ménagent pas leur mépris pour l’inculture et la crédulité supposées des suiveurs de « Q », de l’autre, les réseaux sociaux officiels (Facebook, Twitter, Youtube etc.) bannissent toute référence à « Q » et ont supprimé des milliers de comptes qui y faisaient référence. Ce parti pris et ces bannissements ne font que renforcer la crédibilité de « Q » et de ses allégations pour ses suiveurs.
Maintenant, je vois venir votre question : « que/qui peut-il bien se cacher derrière Q ? ». Vous vous doutez bien que je ne peux pas être catégorique. Cependant, la manière dont « Q » manœuvre et dont se répand son influence en jouant parfaitement sur un clavier dont les notes résonnent parfaitement avec la culture et l’esprit des classes moyennes et populaires américaines, donne à cette opération un petit côté « psyops » (psychological operations) qui évoque bel et bien quelque chose qui aurait sa source dans un groupe frotté aux techniques du renseignement et de l’ingénierie sociale. L’idée selon laquelle « Q » serait effectivement la marque d’un groupe militaire, maîtrisant les techniques d’opérations psychologiques, est sans doute la plus rationnelle. Si elle est fondée, compte tenu de l’ancienneté de l’opération « Q », on peut penser que la réaction des trumpistes à la fraude massive du camp Démocrate durant les élections, est très certainement basée sur des stratégies anticipées et pourrait avoir des rebondissements saisissants. Et cela, malgré la victoire apparente de Joe Biden, produite par la fraude, les manipulations informatiques, la solidarité d’élites corrompues et les menaces.
Ce phénomène « QAnon » a-t-il des répercussions ailleurs qu’aux États-Unis ?
Pour être complet, il faut effectivement souligner que le mouvement « QAnon » a débordé dans le monde entier, particulièrement en Europe, notamment en France, où il a des relais qui ont conscience d’un lien très fort entre le sort de l’oligarchie globaliste aux États-Unis et le sort de l’oligarchie globaliste en Europe.
Je pense en particulier à l’influenceur Silvano Trotta ou au site des DéQodeurs (https://lesdeqodeurs.fr/) en France. C’est un mouvement très intéressant qui a profité du confinement pour se développer. En effet, beaucoup de gens ordinaires se sont trouvés bloqués chez eux avec des questions sur les vraies raisons qui poussaient les dirigeants à les emprisonner à domicile, avec du temps de libre et un accès internet. Beaucoup de gens ont cherché des réponses aux incohérences apparentes de la gestion de la crise du covid dans le monde occidental, aux grandes manœuvres économico-financières qui se présentent comme Great Reset et ont fait le lien avec les luttes de Donald Trump contre son État Profond. Il y a le pire et le meilleur dans cette dynamique. Beaucoup de gens ont débarqué dans cette problématique en étant « brut de fonderie », sans les bases doctrinales et historiques que vous et moi pouvons avoir. Il y a donc souvent de la naïveté dans les approches. On a tendance à prendre Donald Trump comme une sorte de synthèse entre Saint Michel, tueur des dragons de l’État Profond et Machiavel, ordonnateur d’un Plan où toutes les évolutions de la situation sont prévues. Si Trump ne mérite pas le mépris de ses adversaires, il ne mérite sans doute pas cette adulation. Les sympathisants « QAnon » ont tendance aussi à percevoir la situation aux U.S.A. et dans le monde de manière binaire, manichéenne. Beaucoup n’ont pas les références historiques ou géopolitiques pour la mise en perspective et le décryptage de la complexité. Mais il y a des éléments très positifs chez ces néophytes. D’abord, ils sont curieux, sans idées préconçues et progressent vite. Lorsque « Q » donne la consigne de tout mettre en question, ils le font. Je dois reconnaître, par exemple, que le site des déQodeurs fait un travail sérieux de critique de ses propres sources, en même temps qu’il met toujours les références de ses sources et donne les traductions quand c’est nécessaire. D’une certaine manière, il fait un travail de journaliste que les journalistes mainstream ne font plus. Enfin, les sympathisants « QAnon » font preuve d’un optimisme stratégique rafraichissant. Quand beaucoup de nos propres camarades partent battus d’avance, persuadés que l’adversaire a toujours des coups d’avance qui le rendent imbattable, ces néophytes cherchent dans les situations, même en apparence compromises, les éléments qui permettent d’avancer vers le succès. Cette attitude positive est, selon moi, un grand avantage psychologique dans le combat. Car les « QAnon » agissent sur le champ de bataille que « Q » leur a assigné en les appelant à devenir des « soldats numériques » dans la guerre de l’information. Aux États-Unis, si les carottes ne sont pas encore complètement cuites pour Donald Trump, c’est grâce à cette implication dans les réseaux sociaux maintream et alternatifs qui contrebalance dans une grande mesure l’artillerie lourde des gros médias.
Tout cela paraît ressortir du complotisme…
C’est assez amusant que vous souligniez ce point : en regardant un certain nombre de commentaires sur les forums « QAnon », je me suis aperçu que les néophytes de la prise de conscience n’étaient absolument pas perturbés par cette accusation de la part des courants mainstream. L’accusation de complotisme est pour eux l’hommage du vice à la vertu. Persuadés d’être à la chasse de vrais complots qu’ils documentent avec acharnement, ils revendiquent même ce qualificatif. Pour eux, être complotiste est synonyme d’esprit critique et de libre-examen. L’insulte tombe donc à plat. Les gens ordinaires qui gravitent dans l’orbite de ce mouvement apparaissent beaucoup moins sensibles aux mythes incapacitants véhiculés par leurs adversaires que nos propres cadres et intellectuels qui éprouvent souvent le désir de se justifier sur le mode « je ne suis pas complotiste mais… ». Pour être honnête, l’abus de la référence complotiste par les dominants a beaucoup nuit à l’efficacité du mythe. Le fait que tout cela se répande à la base, de manière horizontale, est aussi un indice de la perte d’influence des dominants, à relier avec le recul de l’influence des médias mainstream.
Les « QAnon » croient aussi en la théorie des dominos : si les dominos oligarchiques américains tombent, les dominos oligarchiques européens pourraient être entrainés dans leur chute. Ce n’est pas faux et on peut en revenir au lien que je faisais au départ entre l’élection américaine et les opportunités de l’ensemble des dissidents européens.
En partant de cette dernière remarque, quelle est la perception des événements vus des oligarchies européennes ?
D’abord une précision : comme tous les observateurs qui ne sont pas dans le secret des dieux, je ne peux réfléchir qu’à partir des réactions publiques des uns ou des autres, en l’occurrence en examinant les réactions des politiques et des médias. On a observé immédiatement, après la proclamation de la victoire de Joe Biden par les médias mainstream américains, une sorte de soulagement qui s’est traduit par les félicitations immédiates, en cascade, des dirigeants européens, dont notre Macron, et des éclats de joie dans les médias mainstream européens, ainsi qu’à une danse du scalp autour de Donald Trump promis à être ignominieusement chassé de la Maison Blanche. Le tout, bien sûr sans tenir compte de la réalité des procédures électorales étatsuniennes, dans l’espoir de forcer le destin. Naturellement aussi, dans le déni des controverses sur les fraudes engagées dès le jour même. C’est cette touchante unanimité dans la précipitation qu’il faut expliquer et on ne peut le faire qu’en revenant à certaines bases.
D’abord je rappelle que je différencie oligarchie et classe dirigeante. L’oligarchie, c’est-à-dire le petit nombre qui gouverne le grand, est constituée, depuis qu’existe l’Occident moderne, par les principaux détenteurs de capitaux qui constituent au sens propre, une ploutocratie, à savoir le gouvernement par les plus riches. La classe dirigeante, c’est l’ensemble des élites intellectuelles, médiatiques, administratives, économiques et politiques qui dirigent l’ensemble des activités essentielles de nos pays. C’est une classe à haut niveau d’éducation et à hauts revenus, dont le style de vie et les valeurs se rapprochent de ceux de l’oligarchie mais qui reste fondamentalement dans une situation de dépendance par rapport à celle-ci qui, directement ou indirectement, contrôle son statut social et ses moyens d’existence. D’où la malléabilité de la classe dirigeante aux désidératas de l’oligarchie.
Un trait commun à l’ensemble des classes dirigeantes des pays occidentaux, et particulièrement européens, est l’adhésion au gauchisme culturel (certains parlent de « progressisme » pour caractériser cette vision du monde). Je ne développerai pas plus avant dans cette dimension qui est hors du sujet immédiat mais elle est importante pour saisir l’orientation métapolitique de l’Occident moderne.
Ensuite, par rapport à votre question, je vais surtout me concentrer sur le cas français, que je connais le mieux, avec des incidentes générales sur les cas d’autres pays européens, sachant que chacun d’eux présente une configuration particulière liée à son histoire propre.
Dans le cas français, par exemple, l’oligarchie et la classe dirigeante présentent des traits de caractère particuliers qui viennent de loin.
On a d’abord, et depuis longtemps, depuis l’Ancien Régime en fait, une oligarchie rentière, basée, à cette époque, sur la rente des terres, des droits judiciaires et de l’exploitation de la bureaucratie d’état. Au XIXème siècle, on y rajoutera la rente des jetons de présence dans les conseils d’administration et la rente des actions. Le contraste avec l’oligarchie britannique est saisissant. En Grande Bretagne, on a très tôt une oligarchie entreprenante et dynamique dans le commerce, dans la banque et dans l’industrie. La rente terrienne n’y est qu’un appoint, même dans les familles aristocratiques. Naturellement, il faut voir cela dans les grandes masses : on trouvera toujours des cas particuliers, exceptions à la règle générale, comme les maîtres de forge ou les grands industriels de la fin du XIXème siècle. Mais, d’une manière générale, l’oligarchie française n’aime pas le risque et préfère la rente, surtout quand elle peut s’adosser à l’état ou, aujourd’hui, aux spéculations du marché international garanties par les banques centrales. Cela crée déjà un trait de caractère qui incite au suivisme.
Un deuxième trait vient conforter le premier, qui prend, là aussi son origine dans l’histoire de l’Ancien Régime et principalement de l’épisode Louis XIV. Et là encore, une comparaison avec la Grande Bretagne est éclairante.
La France, comme la Grande Bretagne ont connu des conflits de pouvoir entre l’aristocratie et un état moderne en voie d’affermissement. Ils ne se sont pas conclus de la même manière. Après la guerre civile de la Fronde (1648 – 1653), Louis XIV a réussi à, littéralement, domestiquer sa noblesse par des pensions (des rentes) et des fonctions au sein de l’état, ce qui est considéré comme l’apogée de l’absolutisme royal.
En Grande Bretagne, c’est l’oligarchie qui, au bout de 50 ans de guerres civiles et de troubles, s’est imposée face au pouvoir royal en contraignant à un changement de dynastie à ses conditions.
Cela a produit deux profils différents d’oligarchie au regard du politique. En France, on a eu une oligarchie nobiliaire privilégiée, contrebalancée par une oligarchie bourgeoise qui ne l’était pas, ou beaucoup moins ; une oligarchie nobiliaire qui s’est vue rejetée vers la frivolité culturelle et/ou le service administratif d’un état (qui tolérait intelligemment un certain niveau de corruption) qui avait le monopole du souci politique, aussi bien en politique intérieure qu’en politique internationale.
En Grande Bretagne, ce fut l’oligarchie qui s’est s’arrogée la réflexion et les projets politiques en politique intérieure comme internationale et qui a colonisé les structures publiques par ses réseaux. De ce point de vue, le mouvement qui produira le Groupe de Milner au XXème siècle, comme réseau oligarchique lové au cœur de l’état britannique, est déjà engagé à la fin du XVIIème siècle. La politique de l’état britannique de dépend pas ainsi de la capacité (variable) d’un souverain, elle est conçue et propulsée par de vastes réseaux résilients.
En France, la puissance politique dépend de la capacité et de la force du souverain qui incarne l’état, à dominer une classe dirigeante qui n’est qu’une classe de serviteurs courtisans plus attentive à la préservation de son statut qu’aux desseins et projets politiques.
Cette dépendance à l’égard du souverain, puis de l’état bureaucratique quand le souverain aura disparu en tant que tel, survit à la Révolution française pour être accentuée par les réformes napoléoniennes dont tous les régimes ultérieurs seront les héritiers. On a là une des clés de compréhension de la faiblesse conceptuelle, de l’absence de conscience politique souveraine, de l’incapacité de grande projection géopolitique des oligarchies et des classes dirigeantes françaises, de la monarchie à notre république, confrontées aux autres oligarchies et classes dirigeantes occidentales, et en particulier britanniques. On peut parler ici d’un dressage sociologique qui s’est transmis de Louis XIV à nos jours par-delà les variations de régimes.
Un troisième trait vient parachever ce conditionnement historique, c’est la fascination des oligarchies et classes dirigeantes françaises pour les modèles étrangers. C’est patent dès le début du XVIIIème siècle. On nous a vendu le fait que ce siècle était un siècle de domination culturelle, linguistique, intellectuelle et de sociabilité française. Ce n’est qu’en partie vrai. La France, dont l’Europe subit la marque au XVIIIème siècle, c’est l’effet retard du siècle de Louis XIV. Cette France-là disparaît au cours du siècle et les élites françaises sont plutôt fascinées par ce qui vient de Grande Bretagne. Même la pensée française des Lumières est en partie issue d’une méditation sur le modèle britannique. Je ne vais pas pouvoir développer mais les élites oligarchiques et dirigeantes françaises, depuis le XVIIIème siècle jusqu’à nos jours, sont dans la fascination et le suivisme de modèles étrangers, tantôt britannique, tantôt allemand et, depuis 1918 / 1945, américain. Il y a un tropisme de mimétisme du modèle étranger qui entraîne souvent, par contrecoup, un mépris de ces classes pour leur propre peuple jugé arriéré au regard de ce modèle.
Si vous faites le total : une culture de rentier, un tropisme à la soumission au pouvoir en « même temps » qu’à son exploitation parasite, la fascination pour les modèles étrangers dominants joint au mépris pour le peuple français auquel on ajoutera le gauchisme culturel et le progressisme néo-conservateur qu’elle partage avec le reste de l’Occident et vous avez le portrait peu reluisant de l’oligarchie et des classes dirigeantes françaises. Avec Macron, se produit l’acmé de ce phénomène, comme l’a bien vu le politologue Jérôme Sainte-Marie qui a montré la fusion des bourgeoisies de droite et de gauche dans le soutien à un homme qui est lui même la caricature des travers de la classe dirigeante.
Pour en revenir à la relation au cas américain, l’oligarchie française a mis son portefeuille entre les mains américaines et la classe dominante, dont Emmanuel Macron est le Majordome (le premier des domestiques faisant fonction de patron), imite, singe le modèle américain dans sa langue et ses tics culturels et sociétaux. Plus exactement, elle singe le modèle de la classe dont Joe Biden est le représentant sénile, celle de l’américanisme occidentaliste, néolibéral, néoconservateur et politiquement correct.
Tous les dirigeants européens, tous les médias, toutes les personnalités mainstream se sont précipités pour féliciter Joe Biden…
Tout ce petit monde vit dans l’espoir de pouvoir renouer avec le business habituel de ces soixante-quinze dernières années, celles de la soumission heureuse et profitable à une Amérique qui reviendrait avec l’idée d’apporter la Lumière démocratique au monde. Comprenez la Lumière de l’occidentalisme néolibéral, néoconservateur et politiquement correct, agrémentée de quelques guerres ou opérations de changement de régime, toujours profitables aux portefeuilles boursiers. Chaque classe dirigeante européenne, pour des raisons un peu différentes parce chacune n’a pas le même rapport aux États-Unis, suit cette tendance. Comparons un peu la France et l’Allemagne.
Aussi bizarre que cela paraisse, les États-Unis (c’est-à-dire l’oligarchie étatsunienne à travers la classe dirigeante américaine) ont toujours préféré les allemands aux français bien qu’ils leur aient fait la guerre deux fois au XXème siècle. On pourra revenir un jour à cette problématique, tenons-nous en à ce qui a suivi la 2nde G.M.
L’Allemagne, dans sa partie ouest (mais c’est la seule qui compte encore aujourd’hui) a été littéralement reconfigurée, reformatée sur le modèle occidental véhiculé par les États-Unis qui, comme vrais vainqueurs à l’ouest et les plus puissants au monde, ont été à la manœuvre de la dénazification. Il ne faut pas se tromper sur le mot « dénazification ». Bien sûr il a consisté à rejeter le national-socialisme, ses pompes, ses œuvres et son idéologie. Mais sauf pour les plus éminents ou les plus compromis, les hommes n’ont pas été rejetés mais récupérés pour reconstruire l’Allemagne fédérale et être réinjectés dans le processus européen et otanien. De ce point de vue la dénazification a été beaucoup moins radicale que la débaathification en Irak en 2003 dans laquelle tous les personnels politiques et militaires de l’état irakien de Saddam Hussein ont été rejetés.
En revanche, la dénazification a surtout été l’occasion d’une dé-germanisation en profondeur. C’est tout l’A.D.N. culturel multiséculaire de l’Allemagne qui a été retravaillé pour faire des allemands de bons occidentaux, solubles dans l’univers mental et culturel des anglo-saxons. Certes les allemands ont conservé quelques traits anthropologiques indéracinables (qui seront sans doute irrémédiablement changés par l’immigration en cours) comme la rigueur au travail et dans l’étude, la discipline sociale, une certaine rigidité psychologique mais l’ensemble de leurs valeurs générales a été occidentalisé. C’est sans doute ce qui rend compte des incompréhensions actuelles entre l’Ouest et l’ancienne Allemagne de l’Est qui n’a pas connu le même processus de rééducation globale malgré le communisme.
L’oligarchie et la classe dirigeante allemande se sont tournées vers ce qui restait licite dans l’optique occidentale, c’est-à-dire l’œuvre économique et financière, domaine dans lesquels leurs anciennes qualités anthropologiques les ont fait devenir les meilleurs en Europe. Mais pour le reste, culture, politique et grande stratégie, la classe dirigeante allemande s’en est remise à l’Amérique, mais à l’Amérique de l’Occident globaliste dont elle a épousé l’être profond. Il y a dans l’Allemagne, même réunifiée, car la réunification a été faite sous le contrôle de l’Ouest, un refus de la puissance politique, de la puissance militaire, du jeu diplomatico-géopolitique classique, ensemble qui a été déposé sur les États-Unis comme on dépose un fardeau trop lourd.
Imaginez alors le traumatisme ouvert par l’arrivée de Trump au pouvoir. Voilà un nouveau président américain qui arrivait avec un logiciel de souveraineté et de puissance sans utiliser les habituels faux semblants conceptuels de la douceur mondialiste, qui questionnait l’utilité de l’Otan, qui rejetait globalement les valeurs politiquement correctes du gauchisme culturel et qui semblait bien décidé à faire rendre gorge aux allemands sur le plan économique. Précisons au passage, que le fait de se décharger en grande partie du fardeau de leur défense sur les États-Unis et l’Otan durant la guerre froide avait permis à l’Allemagne de concentrer ses ressources sur la construction d’une puissance économique qui lui permettait d’être largement excédentaire dans sa balance commerciale avec les États-Unis. La classe dirigeante allemande s’en est trouvée tétanisée. L’accord tacite, qui abandonnait aux États-Unis une souveraineté bienveillante en acceptant de se faire leur relai en Europe, en échange d’une domination économique sur cette même Europe et d’un accueil favorable aux exportations allemandes en Amérique, se trouvait remis en cause. Contrainte et forcée, cette classe dirigeante allait devoir réapprendre la grande politique, tout simplement pour faire respecter ses intérêts.
Mais de cela, elle est aujourd’hui culturellement et psychologiquement incapable, ce qui pourrait entraîner un changement de classe dirigeante, en même temps qu’une remise en cause drastique du dressage occidental de ces 75 dernières années. L’annonce d’une possible victoire de Biden a donc été perçue outre Rhin comme une divine surprise, la fermeture d’une parenthèse à l’orée d’un cauchemar, la certitude de pouvoir ronronner à nouveau dans les mêmes habitudes. Que cela soit impossible au regard de la marche actuelle du monde est un autre débat.
La classe dirigeante française est partie d’une autre problématique pour aboutir au même résultat. On peut presque dire que les rapports globaux entre la France et les États-Unis sont symétriquement inverses de ceux que ces derniers entretiennent avec l’Allemagne. France et États-Unis ont fait trois guerres côte à côte. Les U.S.A. doivent même leur indépendance à l’intervention déterminante de la France. Malgré cela, ou peut-être à cause de cela, la classe dirigeante américaine n’a pas une grande appétence pour la France, ne nourrit pas de grandes affinités avec ce pays. Attention, cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas aux U.S.A. de fervents francophiles, même haut placés, mais qu’en tendance générale, l’état américain, comme vecteur des intérêts de l’oligarchie, se méfie de la France comme état.
Rappelons-nous les relations franco-américaines durant la 2nde G.M. (sans entrer dans la controverse franco-française quant à savoir s’il valait mieux Pétain ou De Gaulle : l’histoire a tranché : il valait mieux De Gaulle). Roosevelt et les américains ont préféré Pétain à De Gaulle jusqu’au débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942. À ce moment-là, si Pétain avait gagné l’Afrique du Nord, c’est lui qu’ils auraient définitivement reconnu comme le gouverneur légitime de la France. L’État Profond américain de l’époque jugeait que, pour l’après-guerre, l’administration de Vichy serait plus coopérative que les gaullistes de Londres. De Gaulle a été combattu par un Roosevelt encouragé par Jean Monnet, alors directeur du Victory Program. C’est en partie cette mauvaise entente qui a poussé De Gaulle à contrebalancer l’inimitié américaine en recherchant une entente avec Staline et donc avec les Communistes français. Pour De Gaulle, ce fut formateur et il ne devait jamais avoir d’illusion sur ce qui poussait vraiment ces américains-là à s’accrocher au contrôle de l’Europe occidentale après-guerre. D’où sa politique d’indépendance à l’égard de tous les instruments américains (dont l’Otan) après son retour au pouvoir. Cette politique devait, en retour, renforcer les américains dans leur avis négatif sur lui et les engager à saboter les intérêts français à chaque fois qu’ils le pouvaient.
Ainsi, leurs agents ont incité le Bundestag à vider de sa substance géopolitique l’accord conclu entre De Gaulle et Adenauer et, plus tard, si l’on considère que Mai 68 fut une co-production entre la C.I.A. et les milieux gauchistes dont la première avait l’habitude, on peut estimer que l’on a eu là, la première Révolution de couleur de l’histoire. L’épisode gaulliste a fâché les occidentalistes atlantistes américains car il leur a fallu de nombreuses années et beaucoup d’efforts pour en gommer les traces concrètes. Et il y a toujours cette crainte de voir la France incarner un pôle de résistance souverainiste à leur emprise. En témoigne par exemple, ce qui a été un épiphénomène mais qui a ravivé d’un coup toutes leurs craintes, à savoir le refus de Jacques Chirac, pourtant ectoplasme gaulliste reconnu, de cautionner la guerre contre l’Irak en 2003. La France est le seul pays occidental où existe une « école de la Collaboration » des élites, la French-American Foundation. C’est dire l’intérêt américain pour la normalisation des élites françaises toujours suspectes. Souvenons-nous que notre Emmanuel Macron est un ancien « Young leader » de cette organisation contrôlée par les globalistes.
On a donc une France, traditionnellement alliée des États-Unis (lesquels, globalistes ou impérialistes classiques à la Trump veulent des sujets et non pas des alliés à traiter sur un pied d’égalité), mais rendue suspecte par une volonté de souveraineté qui se nourrit de la légende du Général de Gaulle et qui doit donc être surveillée comme le lait sur le feu. D’où l’investissement dans l’éducation et le contrôle des élites depuis l’après-guerre, d’où l’encouragement à la subversion, hier purement gauchiste, aujourd’hui islamo-gauchiste et d’où l’attention au démantèlement de tous les outils de souveraineté, militaires, industriels, énergétiques ou culturels français. Et pour cela, les globalistes occidentalistes américains s’appuient sur leurs instruments que sont l’Allemagne et l’Union Européenne.
Qu’il soit bien clair que Trump et le nouveau souverainisme américain qui renouait avec une méthode ancienne d’impérialisme, faite d’un mélange d’unilatéralisme, d’isolationnisme, de culture du « deal » et de brutalité mesurée (mesurée car Trump est le seul président américain depuis Jimmy Carter à n’avoir pas engagé de guerre), n’auraient pas été nécessairement des amis d’une puissance française et/ou européenne retrouvée. Mais la poursuite de leur action aurait déstabilisé profondément la classe dirigeante française.
En effet, outre ses travers de long terme que j’ai déjà évoqués, la classe dirigeante française, telle qu’elle s’incarne aujourd’hui dans La République en Marche et dans l’équipe gouvernementale Macron, cultive « en même temps » (slogan macronien !), un haut degré de corruption compradore[8], une arrogance inouïe et une inculture crasse. En cela, elle est le résultat d’une évolution sur les trente ou quarante dernières années.
On ne fera ici qu’effleurer les choses. Tout jugement de valeur mis à part, la Vème République post-Gaullienne avait hérité de la Libération et du Général de Gaulle, via l’œuvre de Michel Debré, d’une école de formation de hauts cadres bureaucratiques d’état de grande qualité : l’École Nationale d’Administration. Ce sont ces cadres qui ont, en grande partie, conduit la renaissance de la puissance française, pour le meilleur et le pire, durant la période des 30 Glorieuses. Quelles que soient les arrière-pensées politiciennes de ses élèves, leur idéal restait le service de l’État. Les choses ont progressivement et profondément changé après le Général de Gaulle. La compétition des élèves s’est concentrée sur l’objectif de sortir dans la « botte » de l’E.N.A., c’est-à-dire dans les premiers qui pouvaient postuler dans les trois grands corps ouvrant sur de hautes carrières administratives et/ou des carrières politiques : l’Inspection des Finances, le Conseil d’État et la Cour des Comptes. Ces lauréats de la « botte » se sont mis également à profiter à fond de l’opportunité de « pantoufler » et « rétro-pantoufler ». « Pantoufler » signifie que, sans quitter leur corps d’origine, ces hauts-fonctionnaires pouvaient aller faire des carrières de haut-dirigeants dans des entreprises d’état puis des entreprises privées. « Retro-pantoufler » signifie qu’ils pouvaient revenir facilement avec une ancienneté maintenue dans le giron de l’État. Sans compter les aller-retours entre carrière de haut-fonctionnaire et carrière politique. En fin de compte, ce qui est devenu capital dans le plan de carrière de ces gens, c’est de se construire, au cœur de l’état, un carnet d’adresses à monnayer dans le privé, puis enrichir ce carnet d’adresses dans le secteur privé pour s’en servir de retour dans la fonction publique, éventuellement en y avantageant ses anciens partenaires du privé. Est ainsi apparue de manière grandissante la notion de « conflit d’intérêt », un nom plus sexy pour désigner ce qu’on appelle « corruption » dans les pays du tiers-monde. On a donc une classe dirigeante d’état qui passe son temps dans des allers-retours entre secteur public et secteur privé, un secteur privé dans la main de nos grands oligarques affairistes, organiquement liés avec tous les oligarques du monde occidental, en particulier américains. On comprend mieux ainsi les compromissions de l’État avec Big Pharma dans la crise du Covid. On comprend mieux également la dévotion de ces dirigeants aux intérêts étrangers, comme l’accord donné par Macron, ministre de l’économie, à la vente d’Alsthom Énergie à General Electric sous supervision de la Banque Rothschild dont il avait été l’employé. Ce qui explique mon qualificatif de compradores pour désigner les membres de la classe dirigeante.
Cette classe dirigeante est en plus d’une arrogance inouïe en politique internationale. Après avoir achevé de détruire méthodiquement tous les instruments d’autonomie stratégique et de puissance de la France, ces dirigeants se permettent des gesticulations prétentieuses qui les rendent ridicules et font courir des risques inconsidérés à leur pays et à ses habitants. Pour s’en tenir à quelques dossiers récents, vouloir réformer dans un sens démocratique le gouvernement du Liban alors qu’on déconstruit le gouvernement de son propre pays par une pratique autoritaire, vouloir s’opposer aux aventures géopolitiques de la Turquie avec de simples paroles, quand les deux tiers des matériels de sa propre armée sont en panne faute d’entretien, ou vouloir donner des leçons de tolérance à l’islam mondial quand on est à la fois incapable de le maîtriser chez soi et que l’on poursuit judiciairement, par ailleurs, toute expression dissidente, sont des éléments qui ont fait de la classe dirigeante française et du majordome Emmanuel Macron la risée des vraies puissances.
Enfin, il faut considérer la grande perte de niveau intellectuel de la classe dirigeante française telle qu’elle s’incarne dans l’équipe Macron et qui est sans doute l’une des causes du point précédent. On ne reviendra pas en détail sur l’abêtissement général de la population : massification et new-yorkisation de la culture, remplacement du livre par l’audiovisuel, démolition contrôlée de l’instruction publique transformée en éducation prisonnière des dogmes pédagogistes, remplacement du savoir par l’idéologie de la compétence, impact du manichéisme du « politiquement correct » sur la capacité à penser la complexité joint à la gauchisation de la culture. Tous ces éléments ont contribué de manière systémique à l’abaissement global des capacités intellectuelles du pays.
Ce qui n’était pas prévu, en revanche, c’est que ce mouvement d’ensemble, conçu pour accroître la malléabilité des gens ordinaires par les classes dirigeantes, affecterait aussi ces dernières. L’ingénierie culturelle et sociétale est comme les gaz de combat sur le champ de bataille : vous savez vers où vous les envoyez mais vous n’êtes pas à l’abri d’un retournement du vent !
Dans la formation des classes dirigeantes, cet élan de crétinisation s’est accompagné d’un primat de la forme sur le fond et de la communication sur l’action. Avoir l’air de faire, raconter une belle histoire (storytelling) qui donne l’impression d’être, dire qu’on va faire et croire qu’ainsi on a fait, sont devenus le nec plus ultra de la formation des élites au sein des grandes écoles comme l’E.N.A. Quand les élites politiques françaises enclenchent la mécanique de la Grande Réinitialisation conformément à l’agenda davosien, elles le font désormais bêtement, sans finesse, sans stratégie intelligente, à tel point que cela finit par se voir, même par les gens ordinaires que l’on voulait berner.
Un simple regard en arrière sur les quatre premières années du quinquennat Macron et toutes ses erreurs et contreperformances amène à se dire que la stupidité peut parfaitement se conjuguer à l’arrogance et à la malfaisance.
À ce jour, de la loi Travail à la (mauvaise) gestion du Covid, en passant par la révolte des Gilets Jaunes, la « réforme » des retraites, la sécurité publique, la lutte contre le terrorisme islamique ou l’immigration illégale, tout ce qu’a touché ou entrepris le régime Macron porte la marque de l’incompétence.
Devant un niveau inouï de haine et de méfiance populaire, ce régime ne tient plus que par le resserrement autour de lui des classes dirigeantes, qui n’ont pas de plan B, le contrôle et la flagornerie des médias mainstream et les matraques de forces de l’ordre que, par ailleurs, il méprise. Ce régime se sait sur un siège éjectable. Et il sait aussi que cette fois-ci l’éjection se fera sans douceur. Incapable de contrôler durablement le mouvement de l’intérieur, il en est réduit à espérer qu’une influence extérieure vienne le consolider.
On va peut-être retrouver ici la problématique de l’élection présidentielle américaine…
En effet. Notre classe dirigeante espère beaucoup être consolidée par le mouvement des oligarchies globalistes en faveur de la Grande Réinitialisation, dont la réussite mettrait pour longtemps les peuples en esclavage et résoudrait donc son propre problème de gouvernement intérieur tout en assurant son avenir. Mais elle sait que ce mouvement ne peut pas réussir s’il échoue à prendre le contrôle du centre américain de l’Occident.
Les Démocrates et Biden représentent la dernière chance des globalistes pour « tenir » les États-Unis, et, à travers les États-Unis, l’ensemble de l’Occident. Beaucoup plus qu’en Allemagne, la classe dirigeante française joue sa peau car les français, même abâtardis, restent un peuple révolutionnaire et l’incompétence de la macronie a réussi à hisser l’atmosphère politique à un niveau prérévolutionnaire. Il faudrait peu de chose aujourd’hui pour que les choses basculent dans un sens ou dans l’autre. L’empressement de Macron (comme des autres dirigeants occidentaux) à reconnaître Biden tient autant de la révérence au futur Maître que de l’espérance auto-réalisatrice : Dieu, faites que cela arrive, autrement on est mort...
A quoi doit-on s’attendre en cas de victoire définitive de Biden ou … de Trump ?
La victoire de Biden qui semblait certaine au début du mois de novembre n’était plus si évidente au début de décembre étant donnée l’ampleur du scandale lié aux impressionnantes fraudes électorales. Grâce au contrôle de l’État Profond sur les classes dirigeantes, y compris Républicaines car Trump n’a pas eu le temps de faire un ménage complet dans l’appareil du parti dont il s’était emparé, Biden a réussi à se faire désigner président par les Grands Électeurs.
À ce jour, et compte tenu des circonstances, trois cas de figures se présentent.
Premier cas de figure : Trump reconnaît sa défaite ou les juridictions donnent massivement et définitivement raison à Biden. La population accepte de bon cœur le 46ème président et se rallie à lui. Confortablement élu par les Grands Électeurs, il s’installe paisiblement à la Maison Blanche, prend le pays en main, installe le nouveau pouvoir des globalistes et c’est le signal attendu pour le lancement, dès le premier trimestre 2021, du Great Reset dans tout l’Occident.
Pour les peuples européens et les dissidents en particulier, ce sera le début d’une longue descente aux enfers. Cela ne veut pas dire que la Grande Réinitialisation, dont on attend une capacité de reprendre en main le monde entier, réussisse. Il n’est pas évident que l’alliance des oligarchies chinoises et russes accepte de (re)passer complètement sous la coupe des oligarchies occidentales. Mais, si échec du Great Reset il y a, il sera dû à un choc de volontés de puissance planétaires, avec sans doute une ou plusieurs guerres, sans que les albo-européens soient en mesure d’influer en quoi que ce soit sur le processus.
Cependant, la victoire aisée et acceptée de Biden n’est plus une probabilité forte à ce jour.
Deuxième cas de figure : Biden l’emporte à l’arraché, essentiellement parce que le temps des procédures judiciaires ne coïncide pas avec le temps politique et parce que toutes les forces médiatiques et des réseaux ont été jetées dans la balance. Mais des centaines de procédures judiciaires continueraient sur leur lancée. Quelques états pourraient voir leurs votes annulés, d’autres non et si Biden l’a emporté par 306 voix, un certain nombre de ces voix pourraient être retoquées ultérieurement. Trump, comme il l’a annoncé, quittera la Maison Blanche (peut-être sans croiser Biden) mais en clamant haut et fort qu’il avait gagné et que l’élection lui a été volée par tricherie.
Biden serait alors président, avec une réputation de fraudeur et ne serait pas accepté par une majorité d’américains. Les instituts de sondages, pourtant aux mains d’élites Démocrates, reconnaissent que 60% des américains sont persuadés d’une élection par fraude. Dans le même temps, les structures de force se diviseraient à la base et les procédures judiciaires pourraient donner raison à Trump au bout de quelques mois. Certains états pourraient aussi basculer dans une quasi dissidence.
De toute façon pour Biden, il y aura une grande difficulté à gouverner dans une atmosphère de troubles, sans majorité au Sénat et avec la menace d’une procédure d’impeachment dans l’année. Pour les États-Unis, ce serait le pire cas de figure, avec des troubles internes, une paralysie extérieure et, peut-être, l’occasion donnée à la Chine de tenter le coup de force dont elle rêve à Taïwan....
Pour la Grande Réinitialisation, ce serait un mauvais cas de figure avec des risques de dérapages incontrôlés. On imagine les dirigeants européens désorientés et les dissidents encouragés par la déstabilisation américaine.
Une alternative doit être envisagée, celle d’une fuite en avant. L’oligarchie et les classes dirigeantes démocrates peuvent imaginer qu’une guerre pourrait souder les américains autour d’elle. On pourrait décider d’attaquer un ennemi détesté globalement aux U.S.A. et surtout par le puissant lobby juif, en partie favorable à Trump jusque-là : l’Iran. Les groupes qui entourent Biden sont bellicistes et pourraient faire ce choix. Mais, comme je l’ai dit, ce serait une fuite en avant, d’une part sans garantie d’union sacrée tant les divisions sont importantes, d’autre part avec des risques immenses d’accélérer une confrontation avec la Russie et la Chine, sans compter qu’il s’agit, avec l’Iran, d’un morceau sans commune mesure avec l’Afghanistan et l’Irak où l’armée américaine a dépensé des fortunes sans briller.
Pour moi, c’est le cas de figure le plus probable car, je le rappelle, le temps politique et le temps des procédures judiciaires, sur lesquelles comptait Trump, ne coïncident pas. C’est déjà avéré. Trump n’imaginait pas non plus sans doute que le camp Démocrate tiendrait à ce point les élus républicains des états clés, comme les juges, par la menace et la corruption.
Troisième cas de figure, Trump finit par l’emporter. Cela aurait pu se faire par le biais normal des Grands Électeurs après recomptage des votes et annulation judiciaire des votes suspects (en particulier tous les votes par correspondance bizarrement exclusivement au profit de Biden) ou, si à l’issue du processus dans les états incriminés, on s’était avéré incapable de désigner les Grands Électeurs. Le quorum des 270 voix nécessaires pour valider une élection ne pouvant alors être atteint, on aurait vu la convocation de la Chambre des Représentants pour élire le président, non à la majorité des voix des présents mais à la majorité des États, chaque état comptant pour une voix. Le Sénat aurait fait de même pour le vice-président. Les Républicains étant majoritaires en nombre d’états à la Chambre et au Sénat, Trump et Pence auraient pu être réélus.
Cela ne s’étant pas produit, il reste à l’équipe Trump les procédures qui concernent le logiciel de comptage des votes et les éventuels échanges de données électorales, interdits légalement, entre les U.S.A et d’autres pays. Il existe un décret présidentiel, pris en septembre 2018, le fameux ordre exécutif 138-48 punissant sévèrement une ingérence dans le processus électoral en la considérant comme une attaque contre les États-Unis. Les Américains s’étant prêtés à une telle opération pourraient être condamnés pour trahison.
Les QAnon espèrent que Trump utilisera cette arme fatale avant le 20 janvier 2021.
Si cela se produit, les troubles intérieurs devraient être vite jugulés du fait que les structures de forces sont majoritairement favorables au président et, si l’hypothèse militaire concernant « Q » était vérifiée, les forces armées devraient y être préparées. Ce pourrait être l’occasion d’en finir avec les Antifas et les Black Live Matter qui sont les milices des Démocrates, comme les Antifas et les Blackblocs sont, en France, les milices des macroniens.
Par ailleurs, si la manipulation des votes et du logiciel de comptage, avec interférence de l’étranger, était avérée, cela fournirait à Trump l’occasion de régler ses comptes à l’intérieur. En effet, il ne serait plus question alors d’un bourrage d’urnes artisanal mais d’un système concerté à grande échelle avec des complicités très haut placées. On se trouverait placé devant une vraie conspiration contre le système électoral américain, c’est-à-dire devant un crime fédéral avec, à la clé, des dizaines d’années de prison ou la peine de mort.
Outre l’état-major Démocrate, les Républicains anti-Trump, les patrons des grands médias et d’un certain nombre de GAFAM, dont par exemple ceux qui se sont fait remarquer par un anti-trumpisme militant, pourraient se voir incriminés. Une telle épuration serait soutenue par de très nombreux américains de base qui n’en peuvent plus de l’arrogance de ces gens, du « Marais de Washington » comme on dit là-bas. Le paysage institutionnel, médiatique comme celui de certains géants économiques pourrait s’en trouver bouleversé.
À l’extérieur, Trump aurait aussi des comptes à régler. Nous savons, sans pouvoir le prouver au niveau des gens ordinaires, que de nombreux dirigeants européens hauts placés sont vulnérables par la corruption financière ou la corruption de leurs mœurs. Il appert de l’affaire Epstein, si peu exploitée par les médias mainstream, de nombreux soupçons sur le contrôle que des services secrets étrangers (Mossad et C.I.A. pour ne pas les nommer) pourraient avoir sur les turpitudes de bon nombre de membres de nos classes dirigeantes. Une C.I.A., reprise en main par Donald Trump, pourrait appuyer où cela fait mal afin d’obtenir des concessions politiques et économiques majeures de certains états européens. À moins que les trumpistes ne souhaitent directement balayer nos classes dirigeantes pour avoir d’autres interlocuteurs. Ils pourraient aussi faire les deux : obtenir d’abord des concessions sous la menace, puis balancer les informations sur une classe dirigeante qui se serait, au préalable, déconsidérée par sa soumission. De toute façon, si Trump l’emportait au final, il y aurait un prix à payer pour l’empressement mis à reconnaître la « victoire » de Biden. Il est possible que les deux pays amenés à payer le prix le plus élevé soient l’Allemagne (au plan économique) et la France (au plan politico-stratégique). Le « bazard » que cela mettrait dans le jeu politique interne aux états européens, et en particulier en France, serait tel que cela pourrait fort bien créer des ouvertures pour des forces populistes, patriotes ou souverainistes marginalisées aujourd’hui, voire même susciter l’apparition de forces nouvelles.
L’hypothèse de la victoire finale de Trump est loin d’être encore la plus plausible, mais le développement du scandale de la fraude et de l’ingérence (chinoise) comme la colère populaire lui maintiennent une certaine crédibilité.
Et les positions de la Russie et de la Chine dans tout cela ?
Elles sont intéressantes à observer parce que ce ne sont pas exactement les mêmes, au moins en apparence mais, je le rappelle, je ne peux me baser que sur l’analyse des apparences.
Dans un premier temps, montrant qu’elles connaissaient la logique des institutions étatsuniennes (ce qui ne semble pas être le cas des très pressés courtisans européens), elles ont annoncé qu’elles attendraient le choix des Grands Électeurs pour adresser leurs félicitations au vainqueur. La Russie s’est tenue à cette position jusqu’à la réunion des Grands Électeurs au vu de laquelle Poutine a acté la désignation de Biden. La Chine, au bout de quinze jours a adressé ses félicitations à Joe Biden. Regardons les choses par ce que l’on peut interpréter de l’une et l’autre puissance.
La Russie se fait peu d’illusion sur l’évolution de la position américaine à son égard, quel que soit le vainqueur. La russophobie est trans-partisane au Congrès américain. Cependant, il se dessine que derrière Biden, vient le retour aux affaires des néo-conservateurs les plus rabiquement antirusses. De ceux qui, avec Hillary Clinton, étaient prêts à la guerre en 2016. De ce point de vue, les Russes peuvent percevoir Trump comme le moins désireux de mener une politique de confrontation dure avec eux susceptible de dégénérer en conflit nucléaire. Trump a déjà montré qu’il était réticent à l’aventurisme militaire. Il est donc une sécurité. Ce que ne sont pas les Démocrates, surtout s’ils sont tentés par la fuite en avant dans une aventure guerrière.
La Chine, elle, est déjà dans une position de confrontation rude avec les États-Unis. Trump a fait d’une reconquête de l’autonomie économique et financière par rapport à la Chine son cheval de bataille. Il a compris l’avance technologique que la Chine envisageait de prendre et la combat férocement, comme dans le cas de l’affaire Huawei. Sa victoire, serait l’accentuation de la pression, surtout s’il s’avère que les rumeurs sur les financements chinois des sociétés gravitant autour du fameux logiciel Dominion sont exactes, ainsi que les rumeurs de corruption financière et politiques des Biden père et fils, des rumeurs d’espionnage visant le personnel politique de Washington ou des rumeurs sur l’origine exacte du « virus chinois ». Or Biden semble vouloir déconstruire toute la politique étrangère de Trump, en particulier vis-à-vis de la Chine. Lui-même, on l’a dit, à travers son fils Hunter, semble avoir eu des intérêts financiers en Chine et pourrait être tenu par eux. Biden paraît donc le meilleur choix du point de vue chinois, surtout si sa politique devait aboutir à une hausse simultanée du chaos ethnique et de la désindustrialisation américaine, comme de la poursuite de l’abaissement technologique au profit des exportations chinoises.
Biden est en effet, objectivement, un facteur d’affaiblissement du centre américain : sachant que la majorité des américains ordinaires intégrés le déteste en même temps que ses amis, il ne sera pas tenté de poursuivre la politique de renaissance de son prédécesseur. Les réseaux globalistes qui le contrôlent pensent pouvoir ré-arrimer la Chine à leur agenda. Il est de l’intérêt des oligarchies chinoises de le leur laisser croire.
Cependant, un élément m’interpelle : au bout de quinze jours, au moment où les affaires de fraudes électorales commencent à prendre de l’ampleur, Xi Jinping reconnaît Biden comme président élu. Compte tenu de la sinophobie ambiante aux États-Unis, c’est comme s’il lui collait une étiquette d’agent chinois sur le dos, comme une cible. Dans la période de confrontation féroce qui s’ouvre avec les trumpistes, cela ne va pas lui faciliter la tâche. De la même manière, on laisse filtrer des propos d’officiels chinois laissant entendre que les chinois contrôleraient une partie du personnel politique étatsunien. Autant agiter un chiffon rouge directement sous le museau du taureau…
Étant donnée l’habileté traditionnelle des chinois, un tel pas de clerc est difficile à comprendre, sauf si le but est de faire monter les tensions internes aux États-Unis pour leur donner d’autres chats à fouetter… dans la perspective d’une reprise de Taïwan par la force ?... Ou bien, finalement, Trump leur paraît-il le personnage idéal pour conclure un deal au sortir d’une période de confrontation ?...
Et enfin, pour ce qui est du Moyen-Orient, comment se positionnent les principaux acteurs ?
Difficile à dire, tant les positions sont devenues changeantes dans cet Orient compliqué. Les quatre acteurs principaux, l’Iran, la Turquie, l’Arabie saoudite et Israël ne semblent pas avoir les mêmes intérêts. L’Iran et la Turquie devraient avoir davantage intérêt à voir arriver une équipe Biden. Dans la perspective d’un affrontement recherché avec la Russie, les États-Unis, version Biden, pourraient choisir de lâcher la bride à Erdogan par des concessions substantielles pour le ramener dans leur camp. L’Iran a tout aussi intérêt à voir une administration Biden en place. Ce dernier a déjà annoncé vouloir renouer avec l’accord sur le nucléaire dénoncé par Trump. Toujours dans la perspective d’un conflit plus ou moins ouvert avec la Russie, ramener l’Iran dans le giron américain ou en tout cas, mettre fin au tropisme d’un rapprochement irano-russo-chinois serait une bonne chose. Cela dit, il est possible aussi, je l’ai dit, que l’Iran fasse aussi une bonne cible pour une « guerre d’unité nationale »….
Il n’est pas certain que l’Arabie saoudite et surtout Israël apprécient ces rapprochements, si rapprochement il devait y avoir, surtout avec l’Iran. Ces deux-là, liés de longue date par une alliance de moins en moins informelle, ont des ennemis communs pour des raisons différentes : l’Iran et, dans une moindre mesure la Turquie dont les nouvelles ambitions les inquiètent. Trump était une sécurité pour ce couple d’un genre spécial.
C’est surtout les choses vues d’Israël qui importent puisqu’il s’agit de la superpuissance de la région. Pour diviser un lobby juif traditionnellement plus favorable aux Démocrates (et donc pour ruiner un peu le front commun des néo-conservateurs) comme pour fidéliser l’actif lobby des chrétiens-sionistes, très puissant chez les évangélistes de la Bible Belt, Donald Trump a entamé une politique de reconnaissance des faits accomplis israéliens sur le terrain palestinien, notamment par le transfert de l’ambassade étatsunienne de Tel Aviv à Jérusalem ainsi que par le lancement d’un plan de paix entre Israël, les Palestiniens et d’autres états arabes. Si le processus est en panne côté palestinien, car sa conséquence serait pour eux un hara-kiri politique, il a débouché en septembre 2020 sur accord entre Israël, les Émirats Arabes Unis Dubaï et maintenant le Maroc, avec l’accord bienveillant de l’Arabie Saoudite.
Donald Trump devrait donc avoir, aux États-Unis, l’appui enthousiaste du lobby juif. C’est plus compliqué que cela et il faut dire maintenant un mot de la division de l’oligarchie juive.
Il y a d’un côté ceux pour lesquels l’intérêt de l’État d’Israël doit être le seul étalon de mesure. Ce sont ceux qui soutiennent la politique de Benjamin Netanyahou, avec entre autres sa récente réforme de la Loi Fondamentale faisant d’Israël « l’état-nation » du peuple juif. On peut les désigner vraiment par le qualificatif de « sionistes ». Ce sont ceux qui ont eu les meilleures relations avec la présidence Trump.
De l’autre côté se trouvent ceux que l’on pourrait surnommer les « planétariens ». Sans doute du fait de visées mystico-pratiques dont l’exploration nous emmènerait trop loin, ils sont dans un agenda d’influence à l’échelle du monde dans lequel l’État d’Israël est un point d’appui parmi d’autres. Un point d’appui certes sentimentalement et eschatologiquement important, mais malgré tout un simple point d’appui sur les intérêts duquel on peut transiger si c’est pour la réussite de la stratégie planétaire d’ensemble. Cette oligarchie planétarienne est idéologiquement hostile au concept même d’état-nation et a contesté férocement le choix constitutionnel fait par l’équipe Netanyahou. On pourra mettre dans cette catégorie l’ennemi personnel du premier ministre israélien, Georges Soros ou le bon Jacques Attali, bien connu sous nos latitudes.
Sinon, quant aux fins dernières, du moins pour ce qui est des projets à moyen terme, il y a alliance entre les planétariens et les globalistes occidentalistes. On a ici l’une des clefs de la division du lobby juif américain concernant la personne de Donald Trump. Pour ce qui est d’Israël, le maintien ou le départ de Trump aurait des répercussions quant à sa liberté d’action régionale, en particulier vis – vis de l’Iran, mais aussi des répercussions en politique intérieure en fragilisant encore plus un premier ministre déjà contesté. Certes, la gauche israélienne reste sioniste dans ses rapports aux palestiniens mais elle est aussi beaucoup plus sensible aux influences planétariennes. Or, si le navire israélien tangue, en particulier dans sa confrontation avec l’Iran (si l’équipe Biden ne fait pas le choix d’attaquer ce pays), cela ne fera pas les affaires d’une Arabie Saoudite que le jeune premier ministre et futur roi, Mohammed Ben Salman, a, de fait, arrimé à l’état hébreux à cause de ses propres et multiples difficultés.
Bref, du côté de Téhéran, d’Ankara, de Jérusalem et de Ryad on doit suivre en priant les péripéties post-électorales américaines.
Jean-Patrick Arteault
Notes:
[1] Christopher Lasch, La révolte des élites et la trahison de la démocratie, Flammarion Champs/essais, 1995 / 2007
[2] Carroll Quigley, Histoire secrète de l’Oligarchie Anglo-Américaine, Culture & Racines Éditeur, nouvelle édition, 2020.
[3] Samuel P. Huntington, Qui sommes-nous ? Identité nationale et choc des cultures, Odile Jacob, 2004.
[4] Pierre-Antoine Plaquevent, SOROS et la société ouverte. Métapolitique du globalisme, suivi de la Société Ouverte contre la France, Avant-propos de Xavier Moreau, préface de Iurie Rosca, postface de Lucien Cerise, Culture & Racines, 2020.
[5] Peter Dale Scott, La route vers le nouveau désordre mondial, 50 ans d’ambitions secrètes des États-Unis, Éditions Demi-Lune, Coll. Résistances, 2007 / 2011 – La machine de guerre américaine : la politique profonde, la C.I.A., la drogue, l’Afghanistan…, Éditions Demi-Lune, Coll. Résistances, 2010 / 2012 – L’État Profond américain. La finance, le pétrole et la guerre perpétuelle, Éditions Demi-Lune, Coll. Résistances, 2014 / 2015.
[6] Eustace Mullins, Les secrets de la Réserve Fédérale, Le Retour aux Sources, 2010 / 2020.
[7] William Engdahl, Pétrole, une guerre d’un siècle. L’ordre mondial anglo-américain, Jean-Cyrille Godefroy, 1992 / 2004.
[8] Compradore : Dans l’Amérique du sud colonisée par l’Espagne, on appelait ainsi l’autochtone servant d’intermédiaire avec la puissance coloniale.