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A l’heure même de la discussion sur le régime des retraites - les Français demeurant majoritairement pour le système par répartition -, où la gauche ferraille contre le gouvernement – principalement sur un départ à 64 ans et non plus 60 ans, ce qui n’est d’ailleurs plus le cas depuis longtemps – il est de bon ton de rappeler que nous devons ce régime au gouvernement du maréchal Pétain, rebaptisé alors Etat français. Et ce n’est pas la seule révolution apportée par Vichy et validée illico par le Conseil national de la résistance (CNR) à la Libération.  

Dès juillet 1940, le Maréchal va légiférer à son gré, assisté par un gouvernement de techniciens apolitiques pour beaucoup issus des milieux bancaires. D’où le foisonnement législatif que connaît la France en quatre ans : 16 786 lois et décrets promulgués entre 1940 et 1944. De l’accouchement sous X à la fête des Mères en passant par le certificat prénuptial, l'Ordre des médecins, les Régions, la carte d'identité etc., toutes ces mesures et bien d’autres nous viennent du régime de Vichy (*)

Chose surprenante, ces changements issus des quatre années noires de l’Occupation vont pour beaucoup entrer dans nos mœurs... L'un des plus grands chantiers de Vichy concerne la retraite des vieux travailleurs. Pétain reprend une revendication de la gauche : la mise en place d'une Allocation aux vieux travailleurs salariés, ceux qui étaient jusque-là exclus de la pension de retraite instaurée en 1930. « Je tiens les promesses, même celles des autres lorsque ces promesses sont fondées sur la justice », annonce-t-il à la radio le 15 mars 1941 en présentant la réforme préparée par son secrétaire d'État au Travail, René Belin, un dirigeant de la CGT (Confédération Générale du Travail) rallié à Vichy, assisté de ses collaborateurs, Pierre Laroque et Alexandre Parodi qui basculeront dans la Résistance.

Le décret du 14 mars 1941 du régime de Vichy va créer non seulement l’AVTS (« Allocation pour les Vieux Travailleurs Salariés »), une réforme qui viendra préfigurer la mise en place du « minimum vieillesse », mais également un système de « retraite par répartition », remplaçant le système de « retraite par capitalisation », pour les assurés du commerce et de l’industrie et les professions agricoles dans le cadre de la Révolution nationale.

La « retraite par capitalisation » reposait sur le dogme individualiste de la responsabilité personnelle : chacun doit cotiser pour lui-même. Cette forme de retraite est donc individuelle à l’inverse du système de « retraite par répartition » qui assure une solidarité intergénérationnelle comme voulue par le maréchal Pétain. A partir de 1941 en France « les cotisations ne donneront plus lieu à un placement, mais seront utilisées au fur et à mesure de leurs rentrées dans les caisses pour le service des pensions ». Auparavant, le régime par capitalisation était en vigueur depuis 1930 mais malgré les 7 millions de salariés qui capitalisaient, le régime n’arrivait pas à verser des pensions décentes…

Jarente de Senac

(*) Voir à ce sujet, Cécile Desprairies, L’Héritage de Vichy : ces 100 mesures toujours en vigueur, Armand Colin, 2012

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