Malgré les appels à la clémence et les cris à la dictature de la dite communauté internationale, Tangaraju Suppiah a été pendu hier mercredi 26 avril à l’aube.
L’homme, un Singapourien de 46 ans, avait été condamné en 2018 pour la possession de plus d’un kilogramme de cannabis. Singapour est l’un des pays les plus répressifs au monde en matière de stupéfiants. La détention de plus de 500 g de cannabis, de 30 g de cocaïne ou de 15 g d’héroïne est immédiatement considéré comme relevant du trafic, un crime puni par la peine de mort, au même titre que le meurtre, la possession illégale d’armes à feu, ou encore l’enlèvement ou l’abus sexuel ayant entrainé la mort.
En 2022, à Singapour, 11 personnes y ont été exécutées pour des faits de drogue. Tangaraju Suppiah est le premier de l’année en cours. Selon les associations de lutte contre la peine de mort, au moins 50 autres personnes attendraient dans des couloirs de la mort, chiffre que le gouvernement n’a pas rendu public. Singapour est l’un des 35 pays qui maintiennent la peine de mort pour les infractions liées à la drogue.
Comme à chaque exécution, parents de la victimes et des militants anti-peine de mort ont protesté devant la prison. Le Bureau des droits humains des Nations unies, Amnesty International, le milliardaire Richard Branson, membre de la Commission mondiale sur la lutte contre les drogues ont demandé à Kuala Lumpur de revenir sur sa décision. Des appels de « la communauté internationale » sont arrivés de toutes parts.
Or, il faut bien se défier de voir dans cette formule l’opinion unanime mondiale. Car cette même communauté ne représente en fait qu’une partie de l’Occident, une avant-garde mondialiste, libérale et droit-de-l’hommiste.
A t’on entendu des voix provenant de Chine, d’Inde, de Russie, ou d’Amérique latine ? La non-ingérence, ou l’absence d’intervention dans la politique intérieure d’un État étranger, demeure un principe fondamental pour beaucoup d’acteurs de la scène internationale. L’ingérence, la volonté messianique d’imposer son agenda, ses opinions, est par contre, un vilain défaut de cet Occident donneur de leçon et de ses succursales supranationales.
Et pendant que ses médias minimisent, au son de : « Singapour exécute deux petits trafiquants de drogue », « pendu pour 3 cuillères à soupe d’héroïne », les Singapouriens, eux, restent en grande majorité favorable à la peine de mort, et peuvent jouir de la liberté qu’offre une des capitales les plus sûres – et sécuritaires, certes – du monde.
Le gouvernement quant à lui persiste et signe, faisant état des dégâts de la drogue. M. Shanmugam, ministre de l’intérieur et de la justice, de rappeler que « Les statistiques et les études montrent, qu’ici, au fil des ans, la peine de mort a eu un effet dissuasif sur grand nombre de crimes graves, chez nous ». Ajoutant au passage : « au lieu de pleurer pour le sort des trafiquants dans le couloir de la mort, vous devriez penser aux victimes. »
Selon le rapport mondial sur les drogues 2022, la consommation de stupéfiants a augmenté de 25% en 10 ans, alors que les décès liés directement ou indirectement à la drogue a augmenté de 17.5% entre 2009 et 2019. Le prix des drogues ne cesse de baisser et touche une proportion de plus en plus vaste des populations de par le globe. Et de plus en plus jeune, aussi.
Mais en Occident, ce qui inquiète, c’est une poignée de trafiquants condamnés à la peine de mort. Le sort des milliers de jeunes filles rendues dépendantes de la drogue pour être ensuite réduites en esclavage sexuel, celui des millions d’enfants maltraités ou abandonnés par des parents toxicomanes, les centaines de milliers de morts par overdoses, la violence, terrible, inhumaine, qui accompagne le trafic, émeuvent moins. Des vies qui semblent – étrangement – donner moins bonne conscience que la défense des premiers.
Audrey D’Aguanno
Source : Breizh-info.com - 28 avril 2023