Face a la dictature du système, soutenons les librairies enracinées et non-conformistes !
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LIVRES NEUFS ET D'OCCASIONS
La Librairie Vincent (ex Facta) est située à Paris, dans le VIIe arrondissement, 115 avenue de La Bourdonnais, tout près du Champ-de-Mars.
Téléphone : 01 42 03 48 52
le site https://librairie-vincent.com
Ouvert du mardi au samedi de 12h30 à 19h30 (fermeture en août).
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Lignes de bus à proximité : Lignes 28-80-82-86-92. Arrêt École militaire.
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La librairie Les deux cités est située 6 grande rue à 54000 Nancy
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(Diffuse les publications de Terre & Peuple)
LIVRES D'OCCASIONS
Club du Livre National, 4 rue de la Mairie 27530 CROTH
(Uniquement en V.P.C.)
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Catalogue sur demande
Immigration, langue arabe, langue berbère. Bernard Lugan interpelle Emmanuel Macron
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Dans son entretien au média Brut donné le 5 décembre dernier, en plus de considérations démagogiques relevant du « café du commerce », le président Macron a enfilé les truismes, aligné les lieux communs et procédé à des généralisations à la fois abusives et erronées. Ainsi quand il déclara :
« Quand votre enfant parle arabe, c’est une chance pour la France, ça a quelque chose à apporter à notre pays », le président français était en réalité sur la même ligne nationaliste arabe que Jack Lang, président de l’Institut du Monde Arabe pour lequel « la langue arabe est une langue et un trésor de France ».
Or, même si l’arabe est la langue religieuse des musulmans, ce n’est pas elle qui est majoritairement parlée en France par la constellation de l’immigration maghrébine, mais la langue berbère (amazighe) sous ses diverses variantes. En faisant ce contre-sens généralisateur, le président Macron livre en réalité les jeunes issus de l’immigration aux radicalistes arabo-islamistes. Donc aux descendants des conquérants arabes qui, au VIIIe siècle, rebaptisèrent Maghreb (le Couchant), la Berbèrie originelle.
Politiquement, la confusion est grave car elle prend le contre-pied de la lutte que les autorités françaises prétendent vouloir mener contre le « séparatisme » islamiste.
Pour le courant arabo-islamiste nord-africain, l’islamisation du VIIIe siècle a en effet marqué la fin de l’histoire des Berbères, leur conversion à l’Islam les ayant inscrits de façon irréversible dans l’aire culturelle de l’arabité. Dans les années 1950, en pleine crise berbériste, la revue Al Maghrib écrivit même que les Berbères ne pouvaient accéder au Paradis que s’ils se rattachaient à des lignées arabes, leur salut passant par leur intégration au peuple ayant donné naissance à l’ultime messager de Dieu. En un mot, le salut par le suicide ethno-national…
En Algérie, mis en accusation, les cadres berbéristes, essentiellement des Kabyles, furent écartés de la direction du mouvement nationaliste, puis exclus. Certains furent même assassinés. Le berbérisme fut ensuite évacué de la revendication nationaliste au profit de l’arabo-islamisme qui devint la doctrine officielle du FLN. En 1962, le gouvernement algérien supprima la chaire de kabyle de l’université d’Alger. Cette mesure symbolique annonçait l’orientation qu’il comptait donner au pays, la légitimité du régime s’ancrant sur la négation de son histoire et de sa composition ethnique. La génétique montre pourtant que le peuplement berbère nord-africain n’a été que très peu pénétré par la colonisation humaine arabe et que le fond ancien de peuplement de toute l’Afrique du Nord, de l’Egypte au Maroc, est Berbère.
Paniqués à l’idée d’un réveil de la belle endormie berbère qui risquait d’entraîner à la fois le rejet de l’arabité et celui de l’islam politique, les dirigeants algériens définirent une ligne nationalitariste arabo-islamique. Ayant échoué, les salafistes, les wahhabites et les diverses obédiences islamistes prirent ensuite le relais, cherchant à dissoudre l’identité berbère dans l’universalisme islamique et la Umma. Actuellement, une course contre la montre est engagée entre l’identité berbère enracinée et le broyeur arabo-islamiste universaliste. Or, le président Macron vient de donner un sérieux appui au second en encourageant la langue arabe…
Portés par le réveil identitaire planétaire, les Berbères vont-ils prendre véritablement conscience de leur situation de colonisés ? S’ils y parvenaient, au terme de leur réappropriation historique, culturelle et politique, la géopolitique de la Méditerranée serait alors totalement bouleversée. Redevenu la Berbérie, le Maghreb cesserait en effet de regarder vers l’Orient pour revenir dans sa matrice occidentale. Comme avant la conquête arabo-musulmane du VIIIe siècle [1].
Mais cela, le président Macron et ses conseillers sont incapables de le voir… et encore moins de le comprendre. Par manque de culture ethno-historique, voilà en effet qu’ils font le lit du nationalisme arabo-islamique qu’ils prétendent pourtant combattre…
Bernard Lugan
[1] Pour en savoir plus, voir mes livres : Histoire des Berbères, Histoire de l’Afrique du Nord et Algérie l’histoire à l’endroit.
Sources : Breizh-info.com - 2020
Ni progressiste, Ni conservateur par G.K. Chesterton
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- Catégorie : Littérature
« L’affaire des progressistes est de continuer à commettre des erreurs. L’affaire des conservateurs est d’éviter que les erreurs ne soient corrigées. »
G.K. Chesterton
The blunders of our parties. Illustrated London News 19/04/1924
Le « merveilleux » XXI ième siècle de Jacques Attali !
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« Tout humain deviendra un être sans père ni mère sans antécédents, sans racines ni prospérité, nomade absolu.
Chacun aura le droit de former simultanément plusieurs couples, polygamie et polyandrie deviendront la règle. Il deviendra licite d’avoir avec « clonimage », toutes les relations sexuelles interdites à un être humain. On autorisera même aux amateurs des relations avec des « clonimages » de mineurs si l’on peut s’assurer qu’elle ne requiert ni ne suppose la participation d’aucun enfant réel. »
Jacques Attali (Dictionnaire du XXIe siècle page 118)
Maître Eric Delcroix : « Les liberté de conscience et d’expression n’existent plus en France et en Europe »
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- Catégorie : SOCIETE
Les éditions Akribeia viennent de sortir un nouvel ouvrage d’Éric Delcroix, avocat à la retraite, auteur notamment de deux livres majeurs sur l’effondrement du système pénal en France et de nos libertés individuelles avec Le Théâtre de Satan suivi de Manifeste Libertin.
Son nouvel ouvrage, intitulé Droits, conscience et sentiments, fait mouche alors que notre société semble tomber de plus en plus dans le totalitarisme.
Voici la présentation du livre par son éditeur (à commander ici) :
Les droits de l’homme permettent désormais tout, y compris et d’abord la répression de la pensée et la censure, au nom d’une morale abstraite qui dénature et supplante le droit au nom du Bien. Les droits de l’homme, dans leur logique de subversion, ont fait passer l’individu de l’état de sujet de droit privé à celui d’acteur de droit public ayant des droits constitutionnels, dits « fondamentaux », qui corrodent l’impératif de l’intérêt général censé être garanti par l’État. L’exemple vient d’Amérique; il mêle l’acte fondateur de la Convention universelle des droits de l’homme de 1948 et le mythe de l’État de droit, fondé sur un concept étranger qui s’est répandu depuis insidieusement chez nous. Pour Maître Delcroix, les libertés de conscience, de pensée et d’expression ne relèvent pas des droits de l’homme, mais de la liberté de l’esprit intrinsèque à la civilisation européenne. Elle est aujourd’hui menacée, spécialement à l’heure où un nouvel ordre moral nous enserre dans ses rets et nous assomme de ses prêches incessants. Pour les droits de l’homme contemporains, la liberté de conscience est réduite à la liberté religieuse, alors qu’ils la bafouent en interpellant le sujet de droit dans son for intérieur pour en extirper le péché capital de discrimination! Éric Delcroix a déjà développé ses idées dans des plaidoiries, des conférences et des livres. Le présent ouvrage en est un résumé actualisé saisissant, accessible aux non-juristes. Il s’agit d’une mise en garde et d’un signal d’alarme contre une société totalitaire rampante et une justice devenue structurellement partiale.
Nous avons interrogé Eric Delcroix à son sujet, mais aussi sur le regard que porte l’avocat retraité sur l’évolution de la Justice en France.
Breizh-info.com : pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Maître Éric Delcroix : J’ai été avocat au barreau de Paris pendant trente huit ans et j’y ai découvert l’involution décadente des libertés publiques en France, singulièrement quant à la liberté d’expression des idées et des sentiments. J’ai vu apparaître les lois subversives, Pleven (1972), Fabius-Gayssot (1990), Lellouche (2003) et Perben (2004).
Breizh-info.com : 15 ans après Manifeste Libertin, qu’est-ce qui vous amène à reprendre la plume avec Droits, conscience et sentiments ?
Maître Éric Delcroix : Toutes ces lois vont dans le même sens, savoir ravir au sujet de droit (vous et moi) son arbitraire intime, pour le livrer à l’inquisition des consciences, ce qui était interdit depuis les Lumières (et c’est ce qu’elles eurent de meilleur). Illustration élémentaire : les testings, qui visent à condamner cet arbitaire intime. La puissance publique (ou la LICRA !) n’a pas à nous confesser et à rechercher ce qui est au fond de nos coeur, pensées, arrières pensée ou phantasmes ; l’antiracisme permet tout et c’est même à ça qu’on le reconnaît, comme le disait Michel Audiard parlant des cons !
Breizh-info.com : Quel regard porte l’avocat que vous êtes sur l’évolution, en matière pénale, des lois encadrant, réprimant, pénalisant, la liberté d’expression ?
Maître Éric Delcroix : Les liberté de conscience et d’expression n’existent plus en France et en Europe (Voir Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, Charte européenne des droits fondamentaux et autres Conseil constitutionnel qui vont dans ce sens et paralysent également les libertés collectives des nations, au nom d’un droit humanitaire qui rime avec délétère : bref, tout ce qui correspond à l’Etat de droit, incongruité importée en France par ces institutions totalitaires). Le droit, de simple et lubrifiant social, est devenu depuis 1945 une idéologie d’essence principalement américaine donc gavée de moralisme et de prêches.
Vous êtes libre de vous exprimer si vous restez rigoureusement fidèle à la philosophie égalitariste des droits de l’homme (le communisme, mais dans la sauvegarde de la Bourse). Avocat de Faurisson pendant 28 ans, et condamné moi-même pour délit d’opinion (ma seule décoration – 1996), j’en sais quelque chose !
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous que personne sur la scène politique française, pas même ceux qui se prévalent d’un statut d’opposants politiques comme les principaux dirigeants du RN, n’entendent revenir sur ces dérives du droit français ?
Maître Éric Delcroix : En trois mots : Ignorance, électoralisme et lâcheté.
Breizh-info.com : Dans votre ouvrage, vous mettez en garde contre une société totalitaire qui se met petit à petit en place. Beaucoup vous rétorquerons que la République française n’est pas la Chine, la Corée du Nord, ou d’autres régimes autoritaires qui existent dans le monde …
Maître Éric Delcroix : Bien sûr que nous ne sommes pas en Chine, ni en URSS où j’avais été soutenir les dissidents (Brejnev regante 1973-1974). En occident c’est beaucoup plus subtile, mais les maîtres du discours éliminent toute dissidence, au nom du Bien, révélé derechef sur terre en 1945. A l’ombre de la Shoah, toute dissidence est regardée, sous un consensus quasi religieux effroyable, comme procédant du Mal…
Breizh-info.com : En tant qu’avocat, quel regard portez vous sur la magistrature française ? Peut-on parler de règne de « juges rouges » qui jugent souvent faiblement vis à vis des forts, fortement vis à vis des faibles ? La justice est-elle réellement indépendante du politique ?
Maître Éric Delcroix : Je porterais plutôt un regard nuancé sur la magistrature française, même si la situation s’aggrave, car elle est à l’image de la Société. Mais les choses se dégradent affreusement quand intervient l’Idéologie. Et dans l’après 1968 elle s’est infiltrée, là comme dans nombre d’institutions… Je ne dis pas une idéologie, car il n’y en a plus qu’une. J’aspire pour ma part à une neutralité axiologique du droit et de la magistrature, ce que l’on peut appeler l’impartialité ou, plus modestement l’aspiration à celle-ci. Les « juges rouges », qui ne sont que des Bobos et ne dérangent en rien le Système, en sont particulièrement éloignés…
Breizh-info.com : Finalement, le courant libertarien (libertin ?) que vous incarnez dans votre fonction d’avocat ne manque-t-il pas d’une relève ? L’erreur des partisans des libertés, et notamment d’une partie de la droite, n’a-t-elle pas été d’abandonner et de mépriser les carrières judiciaires au profit du militaire, de l’économique, laissant les clés à d’autres ?
Maître Éric Delcroix : Non pas libertarien, je suis aux antipodes de ces anglo-saxonneries ! Les libertins, au sens intellectuel du terme, constituèrent un courant européen des XVI° et XVII° siècle (Molière !), avant les illusions messianiques progressistes des Lumières. Il postulait qu’aucune inhibition morale ou théologique ne devait s’opposer au libre constat des réalités tangibles et vérifiables. Le puritanisme des droits de l’homme est à cet égard tout l’inverse, c’est une chape de plomb, que j’appelais déjà la Chape dans le Théâtre de Satan (2002).
Dans le Barreau, que j’ai quitté pour prendre ma retraite, écoeuré, il y a une heureusement certaine relève, mais rarement dans l’esprit, je le crains, que j’exprime dans Droit, conscience et sentiments.
Quant aux carrières dans la magistrature, la question est difficile, car l’ENM (Ecole nationale de la Magistrature) est infectée par l’Idéologie, qui s’y est instillée après 1968… Dans ces conditions, iriez-vous ? Il faudrait des capacités d’entrisme qui font défaut dans ces temps crépusculaires…
Sources : Breizh-info.com - 11/12/2020.
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Eve et Satan, la peur de la femme à la Renaissance
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Alors que pestes, famines et guerres ravagent l'Occident à la fin du Moyen Age, la peur du diable et de ses œuvres s'installe dans la littérature et l'art des premiers temps de la Renaissance. C'est alors que, sous l'impulsion de l'Église, la femme, depuis toujours «sanctuaire de l'étrange», devient peu à peu symbole du péché et «porte du diable». Jean Delumeau, auteur de La Peur en Occident (Fayard), a recherché les origines de cette obsession, qui entraînera entre le XIVe et le XVIIIe siècle, de meurtrières chasses aux sorcières.
Le Moyen Age a exalté Marie et lui a consacré d'immortelles œuvres d'art ; il a, d'autre part, inventé l'amour courtois qui a réhabilité l'attrait physique, placé la femme sur un piédestal au point d'en faire la suzeraine de l'homme amoureux et le modèle de toutes perfections. Le culte marial et la littérature des troubadours ont eu des prolongements importants et ont peut-être contribué dans la longue durée à la promotion de la femme. Mais dans la longue durée seulement.
Pétrarque et le mariage
Car au Moyen Age ne furent-ils pas interprétés et utilisés comme une sorte de mise à l'écart, hors d'atteinte, de personnages féminins exceptionnels, nullement représentatifs de leur sexe ? L'exaltation de la Vierge Marie eut pour contrepartie la dévaluation de la sexualité. Quant à la littérature courtoise, elle ne parvint pas, même en Occitanie, sa terre d'élection, à changer les structures sociales. En outre, elle contenait en elle-même une évidente contradiction. Certes, le fin’amors (l'amour pur) accordait l'initiative aux dames et constituait une manière de triomphe sur une misogynie quasi universelle, sans nier pour autant la sexualité. L'asag - c'est- à-dire «la mise à l'épreuve», avec nudité des partenaires, embrassements, caresses et attouchements, mais refus de l'orgasme masculin — constituait finalement une technique érotique et un éloge du plaisir qui rompaient avec le naturalisme vulgaire et hostile à la femme du second Roman de la Rose. Mais si l'amour courtois sublimait et même divinisait telle ou telle femme exceptionnelle et une féminité idéale, en contrepartie il abandonnait à leur sort l'immense majorité des personnes du «deuxième sexe». De là les palinodies du clerc André Le Chapelain qui, dans le De amore (vers 1185), après deux livres où il chante les mérites de la dame et la soumission de l'amant, se lance dans une furieuse diatribe contre les vices féminins. De là encore - tandis que l'on glisse de l'amour courtois à l'amour platonicien - l'étrange paradoxe d'un Pétrarque amoureux de Laure, angélique et irréelle, mais allergique aux soucis quotidiens du mariage et hostile à la femme réelle, réputée diabolique :
«La femme… est un vrai diable, une ennemie de la paix, une source d'impatience, une occasion de disputes dont l'homme doit se tenir éloigné s'il veut goûter la tranquillité... Qu'ils se marient, ceux qui trouvent de l'attrait à la compagnie d'une épouse, aux étreintes nocturnes, aux glapissements des enfants et aux tourments de l'insomnie... Pour nous, si c'est en notre pouvoir, nous perpétuerons notre nom par le talent et non par le mariage, par des livres et non par des enfants, avec le concours de la vertu et non avec celui d'une femme.»
Bel aveu d'égoïsme misogyne qui prouve, dans le cas du «premier hom¬me moderne» de notre civilisation, le faible impact de l'amour courtois sur la culture dirigeante, encore dominée par les clercs.
A quoi ne pensera-t-elle pas ?
C'est précisément à l'époque de Pétrarque que la peur de la femme s'accroit dans une partie au moins de l'élite occidentale. Tandis que s'additionnent pestes, schismes, guerres et crainte de la fin du monde - une situation qui s'installe pour trois siècles - les plus zélés des chrétiens prennent conscience des multiples dangers qui menacent l'Église. Les périls identifiables étaient divers, extérieurs et intérieurs. Mais Satan était derrière chacun d'eux. Dans cette atmosphère chargée d'orages, prédicateurs, théologiens et Inquisiteurs désirent mobiliser toutes les énergies contre l'offensive démoniaque. En outre, plus que jamais ils veulent donner l'exemple. Leur dénonciation du complot satanique s'accompagne d'un douloureux effort vers plus de rigueur personnelle. Des êtres sexuellement frustrés qui ne pouvaient pas ne pas connaître des tentations projetèrent sur autrui ce qu'ils ne voulaient pas identifier en eux-mêmes. Ils posèrent devant eux des boucs émissaires qu'ils pouvaient mépriser et accuser à leur place.
Avec l'entrée en scène au XIIIe siècle des ordres mendiants, la prédication prit en Europe une importance extraordinaire, dont nous avons maintenant quelque mal à mesurer l'ampleur. Et son impact s'accrut encore à partir des deux Réformes, protestante et catholique. Même si la plupart des sermons d'autrefois sont perdus, ceux qui nous restent laissent assez deviner qu'ils furent souvent les véhicules et les multiplicateurs d'une misogynie à base théologique : la femme est un être prédestiné au mal. Aussi n’apprend-on jamais assez de précautions avec elle. Si l'on ne l'occupe pas à de saines besognes, à quoi ne pensera-t-elle pas ?
Amazones du diable
Dans les ouvrages du prédicateur alsacien Thomas Murner, principalement la Conjuration des fous et la Confrérie des fripons - tous deux de 1512 - l'homme n'est certes pas ménagé, mais la femme est plus encore vilipendée. D'abord, elle est un «diable domestique» : à l'épouse dominatrice, il ne faut donc pas hésiter à appliquer des raclées - ne dit-on pas qu'elle a neuf peaux ? Ensuite, elle est communément infidèle, vaniteuse, vicieuse et coquette. Elle est l'appât dont Satan se sert pour attirer l'autre sexe en enfer : tel fut pendant plusieurs siècles un des thèmes inépuisables des sermons.
Pour Maillard, la traîne des longues robes «achève de faire ressembler la femme à une bête, puisqu'elle lui ressemble déjà par sa conduite». Et «les riches colliers, les chaînes d'or bien attachées à son col» marquent «que le diable la tient et l'entraîne avec lui, liée et enchaînée». Les dames de son temps, ajoute-t-il, aiment lire des «livres obscènes qui parlent des amours déshonnêtes et de la volupté, au lieu de lire dans le grand livre de la conscience et de la dévotion». Enfin, leurs «langues... babillardes causent de grands maux». Quant à Glapion, confesseur de Charles Quint, il refuse de prendre en considération le témoignage de Marie-Madeleine sur la résurrection de Jésus : «Car la femme, entre toutes créatures, est variable et muable, parquoy elle ne poulroit assez prouver contre les ennemis de notre foy» - transposition sur le plan théologique de la sentence des juristes : «Les femmes - devant les tribunaux - sont toujours moins croyables que les hommes».
Au long des siècles, les litanies antiféministes récitées par les prédicateurs ne varieront guère que dans la forme. Au XVIIe siècle, Jean Eudes, célèbre missionnaire de l'intérieur, s'en prend un jour après saint Jérôme aux : «amazones du diable qui s'arment de pied en cape pour faire la guerre à la chasteté, et qui, par leurs cheveux frisez avec tant d'artifice, par leurs mouches, par la nudité de leurs bras, de leurs épaules et de leurs gorges, tuent cette princesse du ciel dans les âmes qu'elles massacrent aussi avec la leur toute la première».
Henri IV est une victime
Rappelons qu'il s'agit ici de cantiques composés à l'usage des fidèles et qui, dans la pensée de leur auteur, constituaient autant de sermons. Ceux-ci, au cours des siècles, exprimèrent de mille façons la peur durable que des clercs voués à la chasteté éprouvaient devant l'autre sexe. Pour ne pas succomber à ses charmes ils le déclarèrent inlassablement dangereux et diabolique. Ce diagnostic conduisait à d'extraordinaires contre-vérités et à une indulgence singulière à l'égard des hommes. Témoin cet extrait d'un panégyrique de Henri IV prononcé en 1776 à La Flèche par le supérieur du collège :
«Déplorons ici, messieurs, le triste sort des rois à la vue des artifices funestes dont Henri IV fut la victime. Un sexe dangereux oublie les plus saintes lois de la retenue et de la modestie, joint à ses charmes naturels les ressources de son art diabolique, attaque sans pudeur, trafique de sa vertu, et se dispute l'humiliant avantage d'amollir notre héros et de corrompre son cœur.»
Ainsi, le sermon, moyen efficace de christianisation à partir du XIIIe siècle, a sans répit diffusé et tenté de faire pénétrer dans les mentalités la peur de la femme. Ce qui était dans le haut Moyen Age discours monastique est devenu ensuite, par l'élargissement progressif des auditoires, avertissement affolé à l'usage de toute l'Église enseignée qui fut invitée à confondre vie des clercs et vie des laïcs, sexualité et péché, Eve et Satan.
Bien entendu, les prédicateurs ne faisaient que monnayer et distribuer largement à l'aide du jeu oratoire une doctrine depuis longtemps établie par de savants ouvrages. Mais ceux-ci, à leur tour, connurent un rayonnement nouveau grâce à l'imprimerie qui contribua à accabler la femme en même temps qu'elle renforçait la haine du Juif et la crainte de la fin du monde. Soit le De planctu ecclesiae rédigé vers 1330 à la demande de Jean XXII par le franciscain Alvaro Pelayo, alors grand pénitencier à la cour d'Avignon. Cet ouvrage, oublié de nos jours, mérite d'être exhumé des bibliothèques. Il fut imprimé à Ulm dès 1474, réédité à Lyon en 1517 et à Venise en 1560 - indications chronologiques et géographiques qui laissent deviner une audience relativement importante, au moins dans le monde des clercs chargés de diriger les consciences. Or, on peut lire dans sa seconde partie un long catalogue des cent deux «vices et méfaits» de la femme. A cet égard, il ressemble beaucoup par sa structure et par le parallélisme des intentions au Fortalicium fidei dirigé contre les Juifs. On se trouve ici devant ce qui est peut-être le document majeur de l'hostilité cléricale à la femme. Mais cet appel à la guerre sainte contre l'alliée du diable ne se comprend que replacé dans le milieu qui l'a lancé : celui des ordres mendiants soucieux de christianisation et inquiets de la décadence du corps ecclésial.
Tantôt le franciscain met en cause «les femmes» ou «des femmes», tantôt «certaines femmes», tantôt plus catégoriquement «la femme», et c'est bien de celle-ci comme telle qu'il instruit le procès sans que l'accusée ne soit jamais assistée d'un avocat. Dès l'abord, il est entendu qu'elle partage «tous les vices» de l'homme. Mais, en plus, elle a les siens propres, nettement diagnostiqués par l'Ecriture :
«N° 1 : Ses paroles sont mielleuses... ; n° 2 : Elle est trompeuse... ; n° 13 : Elle est pleine de malice. Toute malice et toute perversité viennent d'elle [Eccl. XXV]... ; n° 44 : Elle est bavarde, surtout à l'église... ; n° 81 : Souvent prises de délire, elles tuent leurs enfants... ; n° 102 : Certaines sont incorrigibles...»
Vers la chasse aux sorcières
Par leur ton et leur contenu, les accusations et imprécations d'Alvaro Pelayo renvoient dans une assez large mesure à toute une littérature misogyne antérieure où l'on trouve rassemblés des poèmes monastiques et le second Roman de la Rose. Mais, en même temps, elles marquent le passage à une nouvelle étape de l'antiféminisme clérical. Pour mieux saisir celui-ci, relisons des extraits d'un De contemptu feminae (en vers) rédigé au XIIe siècle par un moine de Cluny, Bernard de Morlas, dont l'œuvre poétique se partage par ailleurs entre la louange de Marie, le mépris du monde et la description terrifiante du Jugement dernier :
La femme ignoble, la femme perfide, la femme lâche
Souille ce qui est pur, rumine des choses impies, gâte les actions.
La femme est un fauve, ses péchés sont comme le sable.
Je ne vais pas cependant déchirer les bonnes que je dois bénir.
Que la mauvaise femme soit maintenant mon écrit, qu'elle soit mon discours.
Toute femme se réjouit de penser au péché et de le vivre.
Aucune, certes, n'est bonne, s'il arrive pourtant que quelqu'une soit bonne.
La femme bonne est chose mauvaise, et il n'en est presque aucune de bonne.
A la lecture de ces invectives accablantes, on voit combien Alvaro Pelayo à certains égards est peu original. Dans le noir poème de Bernard de Morlas, on trouve déjà les éléments stéréotypés repris par le franciscain espagnol : le passage de l'accusation contre la femme mauvaise au discrédit lancé contre toutes les femmes ; les griefs contre la perfidie, la tromperie, la violence de l'autre sexe ; contre la luxure effrénée de la femme, son art de se farder et de se peindre, ses instincts criminels qui la conduisent aux avortements provoqués et aux infanticides. Fille aînée de Satan, elle est un «abîme» de perdition. Mais ce discours misogyne qui était banal dans le monde monastique, Alvaro Pelayo le retouche et l'aggrave de plusieurs façons. D'abord - et c'est l'essentiel - il apporte force textes bibliques à l'appui de chaque affirmation qui se trouve ainsi fondée en droit. Ensuite il démontre avec une ampleur nouvelle que la femme est ministre d'idolâtrie - on a vu l'importance qu'il accorde à ce thème -, que le mari doit tenir son épouse bien en main et enfin que l'élément féminin cherche à perturber la vie quotidienne de l'Église. Dès lors apparaissent les objectifs de ces mises en garde. Alvaro Pelayo ne donne pas seulement des conseils à des moines. En tant que prédicateur et confesseur, il s'adresse à l'ensemble des fidèles - clergé séculier et laïcs réunis. Son propos revêt donc une universalité que n'avaient pas ceux des bénédictins et cisterciens de la période antérieure. Mais, aux accusations misogynes du second Roman de la Rose, il ajoute le support d'un solide fondement théologique et les préoccupations de la pastorale.
L'antiféminisme virulent d'Alvaro Pelayo et de ses semblables, cheminant à travers les multiples canaux du discours oral et écrit de l'époque, ne pouvait manquer d'aboutir à la justification de la chasse aux sorcières.
Une diabolisation de la femme - celle-ci se trouvant déshonorée en même temps que la sexualité - : voilà le résultat auquel aboutissent dans un «climat dramatisé» tant de réflexions cléricales sur le danger que représente alors pour les hommes d'Église - et pour l'Église entière qu'ils annexent - l'éternel féminin.
Jean Delumeau
Sources : Histoire magazine – N° 11, 1980.
Une nouveauté: Sparta, vol. 1
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- Catégorie : CULTURE ENRACINEE
Sparta, nom de l’épouse d’un fils de Zeus qui renvoie bien sûr à la célèbre cité grecque, est le titre d’une publication sans périodicité fixe des éditions Aidôs. Sparta n’a aucun équivalent dans l’espace francophone et n’a eu que très peu de devancières dans la culture européenne depuis 1945: la revue romaine Ordine Nuovo, essentiellement évolienne; Nouvelle École (dans une certaine mesure); et Mars Ultor, dirigée en Allemagne par Pierre Krebs. Sparta est une publication ouvertement païenne, racialiste et identitaire, qui naît sous le triple parrainage augural du Rig-Veda, de Nietzsche et de Savitri Devi. Sparta, dès son premier volume, fait le pari de la qualité, tant sur le plan graphique, sobre et soigné, que sur celui du contenu. Grâce à Sparta, vos idées sont enfin défendues et affirmées avec rigueur et érudition ; vous y trouverez une écriture élégante, des références dûment vérifiées et complètes, des traductions (de l’allemand, de l’anglais, de l’italien) vraiment fiables. Sparta reflète le professionnalisme et la compétence de collaborateurs qualifiés, qui ont fait leurs preuves depuis longtemps : Jean Haudry, Philippe Baillet, Pierre Krebs, Jean Plantin, David Rouiller, auxquels viendront bientôt s’ajouter d’autres noms.
Au sommaire du volume 1: un article de J. Haudry sur la notion d’aidôs, « respect, révérence », qualités indispensables aux membres d’une même sodalité.
Deux longues études de Ph. Baillet: l’une sur la « généalogie » et l’origine des valeurs dans la philosophie de Nietzsche; l’autre sur « le mythologue du romantisme », le Suisse Johann J. Bachofen, sa réception considérable dans la culture germanique, l’opposition-complémentarité Apollon-Dionysos, avec des aperçus relatifs à Alfred Rosenberg et à des penseurs völkisch comme Alfred Baeumler et Ludwig Klages. Des textes d’Evola sur Bachofen, par qui il fut fortement influencé. Un inédit du théoricien italien : « Soldats, société, État ».
Trois textes d’un sociologue des arts visuels, Raimondo Strassoldo, sur l’entrée dans l’art moderne et contemporain non moins que sur la subversion organisée des canons esthétiques européens.
Un article de P. Krebs sur le mouvement Der Dritte Weg, véritable « communauté militante identitaire ».
Et un index pour vous repérer facilement dans cette matière.
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I-Média n°322 – Fraude électorale : médias menteurs, médias fainéants
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Les policiers en ont ras le bol, par Pierre Vial
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Sur le média « branché » Brut , favori des jeunes à petite cervelle, Macron a choisi de faire cyniquement le jeu de ceux qui accusent les policiers de tous les maux en relayant leurs accusations, à base de racisme antiBlancs.
Ce que ne digèrent pas, à juste titre, plusieurs syndicats de policiers (Syndicat France Police -Policiers en colère, Alliance police nationale, Syndicat indépendant des commissaires, Alternative Police CFDT) qui appellent donc les forces de l’ordre à ne plus procéder au moindre contrôle d’identité, accusant »la défiance de l’Etat vis-à-vis des policiers ».
Ils mettent ainsi très exactement en application le conseil que je leur donnais il y a quelques jours sur notre site de « rester les bras croisés ».
Pierre VIAL
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