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L’Espagne marquera, le jeudi 20 novembre, le cinquantenaire de la mort du dictateur Francisco Franco et, par la même occasion, un demi-siècle de retour à la démocratie. Avec, toutefois, encore quelques stigmates…

À une heure et demie de Madrid, dans le paysage plat et agricole de Castille-La Manche, un rond-point indique la direction du village : Alberche del Caudillo est l’une des six communes espagnoles qui portent encore le nom de Franco ou son surnom El Caudillo, « le chef suprême », cinquante ans après sa mort, le 20 novembre 1975, et la fin de près de quarante ans de dictature (1939 - 1975).

Selon la loi de mémoire historique votée en 2007, tous les symboles ou références au franquisme sur la voie publique doivent être retirés. Il en reste pourtant près de 6 000 à travers le pays, principalement des plaques sur des immeubles à loyer modéré créés par le régime, quelques noms de rues et une poignée de villages.

 

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Encarne Gonzalez Ramos, Manu, Marino Moreno Suela et Gustavo Gonzalez Ramos, ne sont pas choqués de voir leur village d’Alberche del Caudillo conserver le nom de Franco : « Cela fait partie de notre histoire. » (Photo : Ouest-France)

 

Une colonie créée par le dictateur

« Cela fait partie de notre histoire », défend Gustavo Gonzalez Ramos, cafetier natif de la petite commune de 1 700 habitants. Car Alberche del Caudillo n’est pas un village comme les autres. C’est une colonie agricole, créée par Francisco Franco en 1957. « Il a pris aux riches pour donner aux pauvres », explique très sérieusement le quinquagénaire, affairé derrière son comptoir.

Environ 200 communes de ce type ont été fondées par le dictateur, qui a exproprié des riches, souvent dans l’opposition, pour distribuer maisons et lopins de terre à des familles modestes. Gustavo est le petit-fils de premiers « colons » comme on les appelle ici.

 

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Gustavo et Marino cherchent le nom de leurs parents et grands-parents sur la stèle des premiers « colon » du village, comme on les appelle ici. (Photo : Ouest-France)

 

De l’autre côté du comptoir, Marino Moreno Suela, un retraité de 86 ans, sent les larmes monter à l’évocation de la création d’Alberche. Lui n’était encore qu’un adolescent quand toute sa famille s’y est installée. « Franco nous a donné une maison, un petit terrain, une vache et une mule, raconte-t-il. C’était une chance mais ce n’était pas gratuit : on allait travailler à l’usine de coton, il prenait 75 % de la production pour se rembourser et les travailleurs se partageaient le reste. »

Alors ici, enlever la mention « Caudillo » du nom du village ne fait pas vraiment débat, tant la figure du dictateur est liée à son histoire. « On ne peut pas effacer le passé, que Franco ait été bon ou mauvais », lance Gustavo. « Enfin, il a beaucoup aidé et ça, on ne le dit jamais », ajoute sa femme Encarne Gonzalez Ramos.

 

Ce nom, un fardeau pour certains…

De l’autre côté de la place du village, Mario Carbajal, 23 ans et jeune restaurateur, estime que le Caudillo est devenu un fardeau pour les habitants. Pas forcément pour des raisons idéologiques - « Franco, c’est de l’histoire ancienne » - mais plutôt pour l’image. « À l’école, je disais que j’étais d’Alberche tout court, parce que si je disais Caudillo, on me traitait de facho alors que mes grands-parents étaient des républicains. »

 

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Dans les rues d’Alberche del Caudillo. (Photo : Ouest-France)

 

Mais pour les maires successifs, socialiste jusqu’en 2015 puis conservateur du Parti populaire, pas question de changer l’appellation. L’actuelle première édile, qui « ne donne pas d’interview à ce sujet », a même reçu un prix de la Fondation Francisco Franco, dirigée par la famille du dictateur, pour son refus d’appliquer la loi de mémoire historique. Dans son discours de remerciement, elle a déclaré que le Caudillo fut « sans aucun doute le meilleur chef d’État espagnol du XXᵉ siècle », et s’est engagée à continuer de défendre son « œuvre ».

Aurélie CHAMEROIS - 18 novembre 2025

Source : Ouest-France

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