LES OFFICIERS S’INTÉRESSENT AUSSI AU CINÉMA. Celui que nous avons rencontré lors d’un « dîner en ville » commande un escadron d’hélicoptères ; il déplorait l’ignorance – sinon la détestation – des valeurs patriotiques dans les films français sortant sur les écrans. Avec les néfastes conséquences que cela entraîne sur l’état d’esprit de la jeunesse.
L’exemple à suivre ? Ce serait le cinéma américain qui n’hésite pas à valoriser les défenseurs de la nation. De prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit d’une réflexion de bon sens. Nous pensons qu’il en va tout autrement. Prenons l’exemple de La Chute de la Maison-Blanche réalisé en 2013 par Antoine Fuqua, avec un scénario collant aux réalités géopolitiques contemporaines. Le film commence par une série de gros plans sur le drapeau des Etats-Unis. Le président se rend à Camp David avec sa famille pour fêter Noël ; femme aimante et gamin gentiment espiègle sont de la partie, ainsi que le sympathique garde du corps, Mike Banning (Gerard Butler), ancien des forces spéciales. Fatalité ! Un accident de la route provoque la mort de la première dame des USA et Mike en est tenu pour responsable. Désormais il sera cantonné dans des besognes administratives. Mais voilà que, après une série d’incidents en mer Jaune, un commando nord-coréen déguisé en civils, avec appui aérien, lance une attaque contre la Maison-Blanche, prenant en otage le président, ses proches collaborateurs et son jeune fils. Le but de l’opération déclenché par le dictateur communiste de Pyongyang ? « Rapatriez vos hommes de Corée du Sud et la 7e flotte. Quittez la zone tampon. Sinon on tue votre président. » Les circonstances vont faire que seul Mike Banning va pouvoir venir en aide aux prisonniers.
Déculturation de la France et de l’Europe
La Chute de la Maison-Blanche représente le film type qui contribue à la déculturation de la France et de l’Europe. Du point de vue de l’ambiance tout d’abord. Le fait d’affronter en solitaire victorieusement des dizaines d’ennemis et de se jouer d’innombrables explosions n’a rien à voir avec le courage. Nous nous trouvons tout bonnement dans le domaine des personnages de jeux vidéo. Sous ses prétentions réalistes, le film se situe au niveau des « super-héros » Batman, L’Homme araignée et autres Captain America. Le réalisateur sait comment doser le produit. Toutes les grosses ficelles sont au rendez-vous ; alternent de façon mécanique violences gratuites et scènes sirupeuses.
L’arrière-plan politique, quant à lui, s’appesantit sur la vision du monde made in USA. Ainsi, le traître à l’Amérique profère des propos contre la mondialisation ! Quant aux déclarations tenues par le président libéré des mains des « crados » (sic) nord-coréens, elles s’apparentent plus à de l’impérialisme qu’à du patriotisme : « L’ennemi voulait mettre à bas les Etats-Unis. Mais nous nous relevons plus fort, plus unis pour guider le monde libre. » Avec, pour finir, l’appui de Dieu, bien sûr : « Puisse Dieu nous bénir et bénir les Etats-Unis d’Amérique. » Rappelons, dans un cadre qui n’est pas de cinéma, les paroles prononcées lors de la guerre du Golfe, en 1991, par George Bush père pour légitimer l’intervention des USA au Koweït : « Ce qui est en jeu est plus qu’un petit pays. C’est une grande idée : un Nouvel Ordre mondial, où différentes nations s’unissent pour réaliser les aspirations universelles de l’humanité : la paix, la sécurité, la liberté et l’Etat de droit. »
■ Philippe Vilgier