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Juan Gabriel Caro RiveraMedellín, discours lu le 20 juillet 2022 à la Fondation du mouvement Vanguardia Colombia.

 

Le processus de déconstruction de la nation colombienne s'est accéléré ces dernières années grâce à l'imposition de toutes sortes d'idéologies étrangères visant à reformater notre mode de vie, notre culture, notre civilisation, nos coutumes et notre société. Ces idéologies sont diffusées par les médias et le système éducatif contrôlés par les oligarchies colombiennes et visent à dissoudre nos communautés et nos peuples dans une société cosmopolite dont le modèle serait les États-Unis ou l'Union européenne. La droite et la gauche colombiennes collaborent de manière égale à la mise en œuvre de ce projet, d'où la surprenante continuité entre les différents gouvernements qui se sont imposés ces dernières années, mais qui sont fondamentalement inspirés par les mêmes objectifs : l'établissement d'une société ouverte et l'intégration de notre nation dans la mondialisation. Une seule façon de penser domine actuellement l'ensemble du spectre politique colombien, composée de trois grandes maximes que personne n'ose remettre en question : la défense des droits de l'homme, la liberté du marché et l'idéologie du progrès. Au nom de ces trois grandes idoles, notre communauté nationale doit être restructurée, de sorte que notre histoire, notre pensée, notre culture, notre société et notre civilisation doivent être mises au rebut afin d'aplanir nos différences individuelles et de nous transformer en une copie des sociétés occidentales, atlantistes et mondialistes sécularisées.

 

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Face à ce modèle promu par les élites politiques, économiques et médiatiques, nous devons opposer une idéologie contre-hégémonique basée sur des hypothèses totalement différentes. Cette nouvelle idéologie doit avoir une théologie (un esprit), une ethno-sociologie (une âme) et une géopolitique (un corps) particulières qui s'opposent point par point aux droits de l'homme, à la liberté du marché et à l'idéologie du progrès :

    - La théologie ou la théologie politique de cette nouvelle idéologie contre-hégémonique doit partir d'une confrontation eschatologique, d'une révolte contre le monde moderne : le monde est dominé par le mal et l'État comme l'Église sont en proie à l'iniquité. Pour faire face aux ténèbres qui planent maintenant sur le monde, il faut la rébellion des cœurs, c'est-à-dire du Sacré-Cœur, qui, par l'intermédiaire des Apôtres de la Fin des Temps et des guerriers de la Vierge, établira le Troisième Royaume comme Katechon. En ce sens, nous devons nous tourner vers des présupposés théologiques qui nous éloignent des idéologies sécularistes, laïcistes et libérales qui ont privé l'homme moderne de la recherche de la Vérité et de la divinité au nom de l'utilité ou de la mal nommée « liberté d'expression ». Notre objectif doit être de retourner à notre Dasein et de redécouvrir par tous les moyens l'El Dorado, Paititi, ce royaume dont on dit qu'il est le « cœur du cœur du cœur des Indiens et dont les habitants sont appelés Indiens ». « Tous les royaumes le bordent mais il ne borde aucun ».

 

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- Le second aspect, l'ethno-sociologie, repose sur la thèse selon laquelle il existe sur notre continent une confrontation entre une culture baroque catholique qui a absorbé toutes sortes d'éléments européens, noirs et indigènes, et qui est en confrontation avec une culture « éclairée », promue par les oligarchies créoles. La culture baroque catholique de notre continent se caractérise par le fait que les saints et les anges de la religiosité populaire ont fini par converger avec les anciens dieux préhispaniques. Ainsi, les théologiens de notre continent ont confondu saint Thomas avec Quetzalcoatl ou Inti avec Santiago. Par ailleurs, jusqu'au XVIIIe siècle, la doctrine des anges apocryphes, venue d'Europe de l'Est, ou le culte de la Vierge du lait, étaient très répandus sur notre continent avant d'être supprimés par la culture éclairée tant celle du clergé que celle des oligarchies créoles qui voulaient imposer un modèle rationaliste exporté d'Occident, notamment de France et de Grande-Bretagne.

 

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- Enfin, il faut que toutes ces idées prennent forme, c'est-à-dire qu'elles aient un fondement réel et s'incarnent dans la réalité, d'où nos propositions géopolitiques qui visent à créer un Grand Espace au Nord de l'Amérique du Sud qui rassemble en son sein plusieurs peuples et nations afin de faire de notre espace civilisationnel un casse-tête pour le gobalisme. Notre objectif est de passer de l'Espace fermé (l'État-nation) à l'Espace ouvert (un Grand Espace continental) s'étendant des Guyanes à Guayaquil et de Playa Mosquitos à l'Amazonie. Ce Grand Espace doit défendre notre souveraineté par l'autosuffisance économique grâce au fait que nous aurons les réserves énergétiques du Venezuela, l'accès au Pacifique avec Guayaquil et la possibilité d'étrangler le commerce mondial avec l'incorporation du canal de Panama. En outre, nous pourrons affronter les puissances mondiales qui veulent aujourd'hui s'emparer de notre territoire amazonien, un projet parrainé par l'ONU et le Vatican.

Pour mener à bien cette tâche, nous devons changer complètement nos coordonnées de lutte politique. Le système démocratique capitaliste est basé sur une confrontation horizontale qui organise le spectre politique et social en fonction de partis politiques qui se disent de gauche ou de droite. Cependant, tous les grands leaders politiques de notre pays (Miguel Antonio Caro, Gilberto Álzate, Jorge Eliécer Gaitán) ont identifié que la véritable lutte politique n'est pas de caractère horizontal (droite et gauche), mais vertical, c'est-à-dire une lutte entre le peuple et les politiciens, tant les bleus que les rouges.

 

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Gaitán (photo) a appelé cette confrontation la lutte entre le pays politique, composé de l'oligarchie libérale et conservatrice, contre le pays national (ouvriers, paysans, artisans, familles, etc.). D'autre part, l'idéologie brandie par le pays politique est basée sur le libéralisme intégral, c'est-à-dire la défense du capitalisme et du libre marché dans la sphère économique, ainsi que la déconstruction des identités collectives raciales, religieuses et sexuelles dans la sphère culturelle. Face à cette idéologie qui promeut l'individualisme dans les domaines économique et culturel, nous proposons la création d'une pensée contre-hégémonique qui défend la protection économique et la justice dans le domaine social, tandis que dans le domaine culturel, elle se caractérise par une défense de nos traditions culturelles. Cette idéologie devrait prôner le protectionnisme économique, l'autarcie et la méfiance à l'égard du capitalisme étranger, ainsi que la récupération de nos valeurs culturelles, en particulier de notre culture baroque catholique, qui n'a rien à voir avec les formes de colonialisme promues par les instances politiques et culturelles et le réseau d'ONG qui dominent aujourd'hui notre pays. Ce nouvel axe de lutte implique une confrontation non seulement entre deux classes sociales différentes, mais aussi entre deux cultures et civilisations différentes. Le pays politique est constitué des classes sociales intégrées à la mondialisation et à la société de l'information créées par les puissances atlantistes et thalassocratiques qui, à travers les Lumières, le libéralisme, la défense de la civilisation occidentale et de la Modernité, veulent détruire par tous les moyens possibles les cultures et les peuples nationaux, tellurocratiques, antimondialistes, protectionnistes et défenseurs des cultures agraires ou paysannes.

L'objectif de notre mouvement politique doit être d'empêcher les puissances atlantistes qui dominent aujourd'hui notre pays de dissoudre notre nation dans le camp de concentration numérique et cosmopolite qu'elles souhaitent créer. Si nous n'y parvenons pas, nous risquons de perdre notre âme et d'être dissous par les institutions de gouvernance internationale telles que l'OCDE, l'OTAN, l'OMC et d'autres qui souhaitent nous transformer en simples chiffres et algorithmes avec lesquels construire la Babel électrique mondialiste. Face à ce processus de déconstruction de notre peuple, nous devons reprendre les bannières de la rébellion contre le monde moderne que beaucoup d'autres avant nous ont déjà brandies. Il est nécessaire de créer un traditionalisme révolutionnaire, bolivarien, catholique et nationaliste qui mettra fin à ce processus de dissolution. Ce n'est que de cette manière que nous pourrons établir une véritable entité souveraine qui défendra nos intérêts au milieu d'un monde multipolaire de plus en plus convulsé.

Medellín, 16 juillet 2022.

Juan Gabriel Caro Rivera

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/hacia-la-creacion-de-una-ideologia-contrahegemonica

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